Interview pour XMP-Consult

La dernière lettre d’information d’une association de consultants de haut niveau contient un édito qui m’a mis de bonne humeur.

XML-Consult regroupe des anciens de l’École polytechnique, des Mines et des Ponts, pour « mieux accompagner les dirigeants du monde économique confrontés à des défis toujours plus nombreux ». Vu le contexte ambiant, on s’attendrait volontiers à ce que leur lettre d’information soit une énième jolie plaquette qui nous raconte comment la finance internationale disrupte en sauvant la planète. L’édito de Guillaume Dulac du numéro de juillet fait tout le contraire, en éparpillant façon puzzle le principe de précaution et plus généralement l’intellectuellement correct sur l’environnement. Quelques extraits (mais cet édito, comme le reste de la lettre d’ailleurs, est en libre accès) :

[N]ucléaire, éolien, solaire, mobilité électrique, grands barrages, OGM, pesticides, fracturation hydraulique… autant de controverses qui fragmentent la société, experts compris – ce statut étant du reste parfois sujet à caution. Il n’est en réalité pas moins délicat de se prévaloir du monopole de la raison et de l’honnêteté intellectuelle que de celui du cœur. Pourtant, les méthodes de disqualification éhontées ont libre cours (que l’on songe au vocable de négationnisme climatique).

La Nature, pour unanimement plébiscitée qu’elle soit, a horreur du vide et ainsi, la figure du communicant s’affirme à mesure que celle de l’ingénieur s’efface. D’un univers à l’autre, les géodésiques du savoir évoluent: elles prennent aujourd’hui plus volontiers la forme d’anathèmes et d’ostracisations que celles de raisonnements bien carrés ou de doutes hyperboliques.

Les problèmes sont indéniablement complexes mais les ingénieurs doivent peut-être aussi faire leur aggiornamento. Le temps où un diplôme leur garantissait à vie une position offrant le loisir de pontifier divers pathos vulgarisés avec l’autorité d’une homélie est bien révolu, et c’est tant mieux.

Cette lettre d’information n’est pas monolithique, et c’est là aussi tant mieux (elle donne la parole dans le même numéro au président d’Agir pour le climat). L’important, c’est que la diversité de la pensée n’y soit pas taboue. Comme quoi il existe encore des espaces de liberté intellectuelle. Tout n’est pas perdu.

Ah oui, j’oubliais : comme annoncé dans le titre, il y a aussi à y lire cette interview de votre serviteur

5 réflexions au sujet de « Interview pour XMP-Consult »

  1. Sur le nucléaire, Raoul de Saint Venant (page 15) est en contradiction totale avec Remy Prud’homme (MMM du 17 juin). Benoit pourriez-vous en faire une synthèse ?

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  2. Saint Venant a un culot carabiné en parlant de 30 € le MWh comme cout de production pour le photovoltaïque alors que les derniers appels d’offres tournent autour de 75 €.
    En tant que contribuable, je réclame des comptes.
    Voyez :
    https://www.ecologie.gouv.fr/solaire
    Il oublie que le photovoltaïque n’est pas pilotable et à un facteur de charge famélique. Facile.

    On voit pas en quoi la fermeture de phénix, petit frère de super-phénix, retirerait toute cohérence à la filière nucléaire.
    On ne voit pas non plus en quoi les centrales REP qui ont tourné depuis 50 ans dans le monde sans le moindre pépin seraient une source de danger.

    C’est un article politique, pas une analyse honnête et rigoureuse. Le type est de mauvaise foi, a des connaissances limitées sur le sujet et se prétend stratège en énergie.

    Il bosserai pour le syndicat des énergies renouvelables et voterai EELV que ça ne m’étonnerait pas.

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