La nature du progrès

De même qu’il y a le camp du bien, il y a aussi le camp du progrès que l’on prend souvent pour un synonyme, le progrès ne pouvant être que la réalisation du bien dans un mouvement toujours recommencé. La question se pose cependant de savoir si ce mouvement va toujours dans le bon sens et s’il n’est pas en lui-même sa raison d’être, le conservatisme étant considéré à l’inverse comme un immobilisme honteux.

L’écologisme nous donne l’occasion de nous interroger sur ce sujet : Est-ce une théorie progressiste ?

L’association de ces deux mots, nature et progrès, peut poser question mais c’est pourtant un affichage constant des écologistes qui se rangent volontiers dans le camp du progrès, avec les partis de gauche. Ils revendiquent cependant un retour à la nature et condamnent tout ce qui, par l’industrie, la chimie, la génétique, a fait que les Hommes sont sortis pour beaucoup de la misère et de la dépendance à la nature… Nous sommes donc là en plein paradoxe ou plutôt en plein aveuglement. Parler de progrès dans ce domaine relève de la mystification.

Certes la gauche a historiquement apporté une dynamique progressiste efficace, mais n’est-elle pas désormais à la remorque de l’écologie pour se donner un second souffle, privée qu’elle est de son électorat habituel. Et l’écologisme ne puise-t-il pas dans la gauche une légitimité liée à ce parti du mouvement, du changement, du progrès ?

Alors, comment peut-on être dans le camp dit « progressiste » tout en militant pour un arrêt du développement technique, voire pour certains une décroissance, ou en prônant des ersatz de solutions énergétiques dont les apparences cachent la réalité de l’inefficience ? On se rend très vite compte que le progrès invoqué ne se fait qu’en marche arrière vers le paradis perdu de la bonne nature, de la civilisation du cheval et des travaux des champs. Même les techniques « de pointe » comme les éoliennes ou la voiture électrique ne sont que des reprises de vieilles solutions qui ont été supplantées justement par le progrès technique : la voiture électrique a été la première à dépasser les 100km/h en 1880 mais n’a pas supporté la concurrence, de même pour les moulins à vent dont l’inconvénient de l’intermittence n’a pas fait le poids face à l’arrivée du moteur et ne fait toujours pas le poids face au nucléaire… Pourquoi donc vouloir changer de technologie tant qu’elle ne s’avère pas obsolète et qu’une nouvelle, plus efficace apparaisse. Ce n’est pas en conceptualisant le progrès et en le subventionnant que celui-ci se met en marche. C’est au contraire par l’utilité et l’efficacité d ce qu’il propose qu’il remplace les vieilles technologies. En fait, le progrès que nous vend l’écologisme est simplement l’expression d’une frilosité face aux défis techniques, d’un repli sur des solutions qui n’expriment qu’un certain conservatisme ?

Voilà donc ce mouvement annexé à la gauche, revendiquant sa modernité, soutenu par toute une jeunesse, taxé de conservatisme par la réalité de ses choix. La multiplication des interdits en tout genre que nous promet la loi « Climat » en est l’expression parfaite.

Nature et progrès sont deux composants difficiles à définir et à manier, et qui peuvent se révéler explosifs pour l’économie d’un pays qui peine à croire en l’avenir et glisse sur la pente du déclassement.

Jusqu’à ce que se déchire le voile des illusions…

En effet, les freins qu’oppose l’écologisme au progrès ne sont que l’expression des sentiments profond de notre société. Dominique Moïsi dans son ouvrage « Géopolitique de l’émotion » a parfaitement défini les ressorts profonds qui mènent les sociétés : La civilisation occidentale est animée par la peur, sentant son ascendant historique petit à petit menacé et n’ayant plus, du fait de son confort, assise sur ses lauriers, l’énergie nécessaire pour empêcher son déclassement. Les sociétés arabo musulmanes sont animées d’un désir de revanche résultant du sentiment d’avoir été humiliées. Quant aux sociétés asiatiques elles sont mues par l’espoir de conquête dont elles se sentent capables, percevant tout ce que l’avenir peut leur offrir et y mettant toute leur énergie.

C’est donc la peur qui nous dirige et qui nous empêche de saisir l’avenir à pleines dents. Au lieu de la lucidité et du courage, la nature du progrès que nous propose l’écologisme n’est qu’un tragique retour en arrière ! 

9 réflexions au sujet de « La nature du progrès »

  1. Bonjour, le problème majeure de cette pseudo-loi est qu’elle provient d’une proposition d’un groupe non représentatif de 150 français non tirés au sort contrairement à ce qu’on peut lire régulièrement dans la presse. De leur côté les députés n’ont rien voulu voir et maintenant LREM est devant un épouvantail, ajouté à cela l’économie en berne à cause d’un virus, Emmanuel Macron ne sait plus comment s’en sortir. C’est vrai que, par exemple, nous empêcher de prendre l’avion parce la distance serait arbitrairement trop courte est d’une absurdité sans nom. Ensuite est-ce que sera vélo obligatoire pour parcourir moins de 10 km ?

    Nous vivons désormais dans un état piloté par des extrémistes verts… Au moins jusqu’en mai 2022…

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  2. Les écologistes sont une agglomération disparate d’idéologues. Une grosse fraction rêve d’un retour vers un passé « préindustriel » idéalisé, quand la nature était (croient-ils) bonne et généreuse. D’autres sont des lobbyistes de technologies qu’ils présentent comme « naturelles » et prometteuses dans un avenir proche, bien qu’elles n’arrivent pas, après plusieurs décennies, à atteindre la maturité. Dans les deux cas, les technologies qu’ils proposent sont régressives.
    Grâce à la « transition énergétique », nous commencerons à bénéficier dans les prochaines années tous de l’appauvrissement et du déclassement qu’ils souhaitent.

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  3. Tout comme la gauche n’a pas le monopole du cœur, les écolos ne sont pas des progressistes. C’est bien, effectivement, les progrès de la science qui ont donné à l’homme une telle longévité et un tel confort de vie. La bouillie servie par les écolos ne s’explique que par des intérêts électoraux minables. La voiture électrique en est l’exemple parfait. Propre sur mon boulevard, elle est en réalité une catastrophe écologique pour les pays pauvres où l’exploitation de l’homme et des enfants est une honte. Par ailleurs, elle est un non sens pour les métaux rares.

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  4. Merci Philippe, très bon texte.
    L’écologisme politique est une imposture qu’il faut dénoncer par tous les moyens : 90% du vote écologiste provient des grandes agglomérations dans lesquelles vont se planquer ces amoureux de la nature et de la vie sauvage… Comprenne qui pourra, moi ça me rend dingue.

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  5. Bonsoir Philippe, excellent résumé de la situation dramatique dans laquelle notre nation se trouve, avec la complaisance, voire la complicité de très nombreux politiciens. Comme le dit Aragom, si l’on retire les votes de quelques grandes agglomérations, le paysage politique avec l’appui des éscrologisques « planqués » des les villes les plus riches de France n’est plus du tout le même. Que les éscrologistes se rassurent, la Covid va naturellement entrainer une récession, mais qui payera les retraites, l’éducation et la santé ? ne cherchez pas, ceux qui travaillent seront encore plus imposés, la France est déjà devenue le pays ou il ne faut surtout rien faire, et bien, ce sera encore pire. Philippe, il serait peut être intéressant de traiter l’historique de la courbe de l’espérance de vie de l’être humain depuis 1850 en France. Les escrologistes se rendront sans doute compte de la chance d’avoir été C02isés. Merci. Bien à toi. Résistons à l’éscrologie. JR

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  6. Le premier écolo qui a été au pouvoir en France fut Philippe Pétain, avec les chantiers de jeunesse et le retour à la terre qui, chacun le sait, « ne ment jamais ».
    Merci pour cet article.

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