L’école est un outil indispensable pour le développement de l’enfant. Il y a bien sur l’acquisition des connaissances mais aussi des méthodes de pensée qui feront des élèves les adultes de demain. Parmi les biens intellectuels qu’elle est censée dispenser, l’esprit critique fait partie des plus précieux. C’est l’outil qui permettra de se départir des emprisonnements idéologiques, des sujétions toxiques, des syllogismes vraisemblables, des emprises mentales et bien d’autres avatars de faux prophètes.
On se dit alors qu’après toutes ces années passées dans ce temple du savoir, les membres de notre société, et notre société elle-même, trouveront toujours le moyen de s’approcher de la vérité, d’éviter l’accréditation de fausses nouvelles et que l’opinion sera assez mature pour être forgée solidement.
Dans la vraie vie cependant, on ne constate pas cette solidité. Echec de l’instruction publique, lent affaissement des exigences ?
Si l’on veut être indulgent on peut voir que la connaissance des faits et des réalités sociologiques de notre monde devient tellement complexe, et la confiance faite à ceux qui sont censés nous diriger tellement empreinte de suspicion que se faire une opinion est un parcours du combattant. Le plus souvent l’esprit critique est mis à mal et la crédulité règne.
Alors il devient facile pour les politiques et les médias de faire adhérer, dans ce brouillard d’informations, aux thèses qui flattent l’audimat ou les sondages, par le catastrophisme et le principe de précaution.
Ainsi le bon peuple trouve tout naturel de penser à priori : « Il n’y a plus de saisons ; l’heure est grave, on va dans le mur, c’est la catastrophe ; faut sauver la planète ; le carbone c’est noir, c’est sale, çà fait mourir ; le pétrole c’est noir, c’est sale, c’est l’Amococadix ; le soleil et le vent c’est propre, c’est pas cher, c’est éternel ; le nucléaire c’est la bombe, çà fait des déchets éternels ; il faut croire les scientifiques ; il y a un consensus sur le climat et le CO2,; il n’y a plus de climatosceptiques… »
Tout ce corpus d’idées semble frappé au coin du bon sens, a l’apparence de l’évidence, de la morale et du bien.
Or, fonder son opinion sur les idées à la mode, l’apparence de l’évidence, et l’idée que l’on se fait, ou que l’on vous inculque, du bien-penser n’est-ce pas, là où on ne l’attend pas, la marque d’un populisme qui se contenterait d’idées simples. Adhérer à la pensée dominante n’est-ce pas une forme de simplisme, c’est-à-dire une opinion qui n’a pas passé le filtre de l’esprit critique ? Le conformisme n’est-il pas par définition une abdication de la pensée critique caractéristique principale du populisme (si l’on accepte cette définition d’un terme qui n’en n’a pas vraiment) ?
Il se traduit dans le pays par un unanimisme de la pensée qui adhère les yeux fermés aux incantations politiques s’enfonçant dans un fantasme de « nouveau monde », alors que celui-ci n’est que le jumeau de l’ancien, dominé comme lui par la recherche du maximum de bulletin de votes, de vente d’articles de presse spectaculaires et de d’industries nouvelles vectrices de rentabilité pour les investisseurs.
La manipulation par la peur est bien sûr au rendez-vous pour aveugler les foules. Sans parler du virus, elle peut prendre l’attitude du pompier pyromane comme le traduit cette déclaration récente d’un ex président de la république en s’adressant récemment à la jeunesse à Brest: « Dans les prochaines années vous serez un pays qui va souffrir et attendre des réponses fortes. On voit bien comment les populistes peuvent utiliser la peur et l’inquiétude » Faire peur à dessin pour trouver un bouc émissaire sans le nommer…Le populiste n’est pas toujours celui qu’on croit !
C’est pourtant cette même étiquette « populiste » qu’envoient à la figure des contestataires, les tenants de cette pensée unique qui ne supportent pas la contradiction. Leur formule toute faite se résume souvent à « C’est plus compliqué que çà », sans en dire plus, pour dénigrer l’opposant par un procès en incompétence. L’arme de la honte frappe alors ceux qui n’en pensent pas moins mais ne sauraient s’exprimer, alors que leurs accusateurs ne sont souvent qu’éblouis par la complexité de l’argument qui leur est proposé et qui les empêche de réfléchir. Noyer l’interlocuteur dans la complexité est une technique éprouvée pour susciter l’admiration et l’adhésion, mais ne signe pas une clarté d’esprit. « Ce qui se conçoit bien… »
Philippe Murray dans « la dictature du bien » nous a pourtant depuis longtemps ouvert les yeux : elle provoque l’anesthésie de l’esprit critique.
Il y a donc un populisme conformiste, jamais évoqué mais largement diffusé en face d’un populisme médiatisé, bien connu, plus couramment caricaturé mais qui paradoxalement est, lui, pétri d’esprit critique.
Le climato réalisme fait certainement partie de cette dernière catégorie, brocardé qu’il est dans les médias, par les beaux esprits, comme l’archétype du populiste irresponsable et négationniste qui se permet de ne pas suivre l’évidence reconnue d’un danger mortel.
Au final, si l’on se permet d’échapper aux évidences, de voir la petite lumière qui met l’esprit en alerte, de poser des questions simples, de bon sens, il est fréquent d’être taxé de « populiste », ce terme si injurieux pour le peuple et que l’on applique volontiers à celui qui aurait des mauvaises pensées telles : « Les saisons sont à l’heure, le CO2 est nécessaire à la vie, le nucléaire ne pollue pas et fonctionne tout le temps, les éoliennes c’est pas fiable, c’est H2O le principal gaz à effet de serre … » ou « dans l’urgence médicale, mieux vaut soigner que chercher ».
Quand on exprime ces mauvaises pensées iconoclastes, l’accusation de complotisme qui n’est qu’un avatar du populisme pour les tenants du camp du bien n’est pas loin : « Comment osez-vous salir toutes les mesures que nous prenons en nous accusant d’avoir concocté de longue date un plan destiné à nous en mettre plein les poches, à ramasser les bulletins de vote vert etc…? », « vous n’y comprenez rien »…
Si l’on se réfère à l’actualité on peut se demander par exemple pourquoi y a-t-il des indignations sélectives qui feraient du film de Al Gore « Une vérité qui dérange » un modèle d’information dénué de complotisme comme pourraient l’être les interrogations du professeur Raoult concernant certains laboratoires pharmaceutiques ? Ne peut on regarder tout cela avec discernement et en détecter les codes sans manier l’encensoir ou l’anathème ? C’est à cela que l’esprit critique doit servir. Non, la contestation de la pensée unique devient vite sur les ondes une lubie pour gogos dont les beaux esprits indignés peuvent se moquer sans se rendre compte qu’ils sont eux-mêmes prisonniers de leurs idées toutes faites.
La réalité est en fait plus banale qu’un plan machiavélique ourdi en secret par des puissances occultes : Il s’agit souvent d’une conjonction d’intérêts bien humains, basiques et intemporels qui dans le cas du « climat », comme dans d’autres comme la santé, convergent efficacement en prenant l’apparence d’un complot. La nature éternelle de l’humanité, ne connaissant que la satisfaction de ses besoins, son confort, ses intérêts, en est le moteur :
Les scientifiques se poussent du col, cherchent des financements et la gloire (passagère car la science est naturellement rebelle)
Les journalistes courent le sensationnel (vite oublié)
Les politiques se réfugient derrière le principe de précaution et suivent le fil de l’eau de l’opinion (également versatile)
Les industriels en profitent en créant le besoin (qui n’a pas de fin)
Et tout ce petit monde est en marche, la main dans la main. Vers le précipice ?
Plus que jamais l’esprit critique s’impose !