Le luxe de la pauvreté

par Philippe Catier.

Quand je me suis installé dans un petit village près de Rennes je ne me doutais pas qu’un des membres d’une famille très connue serait un jour ministre de l’écologie et représenterait en définitive la caricature de l’homme arrivé qui joue à se faire peur que le ciel lui tombe sur la tête et, prévoyant le pire pour l’humanité, se réfugie dans un bunker fermier écologique en ayant l’air d’un pauvre malheureux ramené aux biens éssentiels laissés par la décroissance.

Cette figure, telle qu’il la revendique lui-même dans ses vidéos, est celle qui nous est présentée comme modèle de la nouvelle société cultivant sa sobriété heureuse loin de la consommation de biens superflus que nous fait saliver la publicité. Le modèle paysan du 19° siècle devient l’objectif à atteindre pour sauver la planète : consommation autarcique, labourage, toilettes au fond de la cour…Les photos de la paysannerie de cette époque ne laisse aucun doute sur l’état de pauvreté subie. 

Un autre ancien ministre de l’écologie, dont la démission récente pour absence de réalisation de ses délires décroissants a défrayé la chronique, nous donne le même exemple indécent de la vedette médiatique élevée au rang de ministre et de figure préférée des français prônant le même ascétisme. Qu’importe l’exemple donné d’un riche propriétaire de villa, de voiture à propulsion thermique et de bateau pneumatique à deux puissants moteurs, le discours reste celui de la modestie de moyens seule capable de résoudre les problèmes de la planète.

On pourrait multiplier les exemples.

Mais savent-ils de quoi ils parlent ? Ce retour à la terre est celui que vivent bon nombre d’agriculteurs dont le revenu de misère les pousse souvent au suicide. Comment ne pas voir l’imposture de ce qui n’est qu’une posture intellectuelle et militante exempte de ses inconvénients que la pauvreté illustre.

Et cependant, complètement déconnectés du réel, ils arrivent à faire adopter leurs thèses à 75% de la population manipulée par la dictature du bien martelée dans les médias. 

A la déconnection répond l’inconséquence.

Nous vivons donc dans une société dont l’aisance matérielle a fait naître des envies Rousseauistes dont on peut mesurer l’absurdité dans la récente fermeture de la centrale de Fessenheim qui risque cette fois sans aucune raison objective de mettre le pays en état de pauvreté énergétique cet hiver. Peut-on se permettre ce luxe ?

De même, nous avons en France une industrie automobile et aéronautique que le dogme de l’écologisme détruit petit à petit par des incantations militantes reprises par l’opinion générale et que les politiques, par souci électoral suivent aveuglément. Espérons que, lorsque les conséquences inéluctables de la crise sanitaire qui s’y ajoute se feront douloureusement sentir par la pauvreté de l’emploi, les consciences se réveilleront et renverrons ces prêcheurs de la décroissance heureuse à leurs mythes.

Ne nous payons pas le luxe de la pauvreté.

19 réflexions au sujet de « Le luxe de la pauvreté »

  1. S’agissant d’Yves Cochet, heureusement que le cumul de ses diverses retraites lui permet de mettre du carburant dans sa voiture à pétrole, laquelle est mentionnée, garée sur le parking, dans un long portrait que lui a consacré le supplément publicitaire du weekend du « Monde », article qui relevait aussi un potager à l’abandon qui ne devait pas donner grand chose. Il suffit de regarder les fines mimines aux ongles parfaits de ces écologistes à la gomme pour voir à qui on a affaire. La déclaration de patrimoine de Nicolas Hulot levait un coin du voile, celui du standing de « mobilité » d’icelui, au moins une dizaine de véhicules divers, pas tous « verts », avec notamment un confortable camping car 4×4 Volkswagen dont le puissant moteur diesel devait rendre plus facile la mobilité en terrain gras…

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  2. Et pourtant l’Objectif de Développement Durable N°1 de l’ONU est la (lutte contre la) pauvreté, et « en même temps » le N°13 « changement climatique ».
    Et, c’est quasi le seul dont nos hommes/femmes/autres politiques, médiatiques et sociologiques, et maintenant économiques,se gargarisent et priorisent;
    Mais bon, puisque la sobriété est, nécessairement, « heureuse », ry la frugalité un must, réjouissons-nous.

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  3. Yves Cochet est peut-être trop pessimiste en annonçant que l’effondrement aura lieu entre 2020 et 2030 mais il a raison sur le fond , la trajectoire actuelle n’est pas soutenable. Cette non- soutenabilité apparaît évidente quand on voit l’ endettement auquel il faut consentir pour maintenir un semblant de croissance économique. Même les fabuleux gains de productivité rendus possibles par la révolution numérique ne permettent pas de dégager une croissance économique saine .

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    • Ces prédictions au long cours me laissent perplexe. Par exemple, tous les « spécialistes » annoncent une débauche d’énergie engloutie par le « numérique », tout le monde y va d’un maximalisme dont je me demande ce qui le nourrit. J’ai vu l’essor de ces « data centers » du point de vue de leur fourniture électrique, et si les installations témoignent d’une grosse puissance installée, d’un potentiel considérable, j’ai surveillé au jour le jour leurs consommations, ça restait modeste par rapport aux puissances nominales annoncées. Je suppose que la redondance exigée par sécurité aboutit à de multiples alimentations, mais en régime de croisière, tout ça consomme fort peu, et n’évolue pas beaucoup ! En attendant, les installateurs électrique auxquels les richissimes « GAFA » délèguent la réalisation des infrastructures s’en mettent plein les poches en vendant des Ferrari alors qu’une Clio suffirait. Plus prosaïquement le PC, assez puissant, que j’ai sur les genoux demeure froid, alors que son prédécesseur chauffait, et soufflait de tous ses ventilateurs. Et c’est général, l’électronique toujours plus performante devient toujours moins vorace, et on nous annonce toujours la quincaillerie 5G comme un futur gouffre énergétique, je demande à partir de quelles sources, et quelle est leur compétence, les journalistes décrivent l’apocalypse…

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  4. Ils me font bien rire Hulot et toute sa clique d’écolos , et pourquoi pas une académie de la trottinette et du cuistax avec des moniteurs pour apprendre à rouler à 2, à 3 ou à 4 ect……. avec un contrôle des gaz méthane . Une interdiction des campings car me semble indispensable aussi , pour la pollution CO2 , déchets etc….voilà des pollueurs qu’il faut éradiquer

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  5. pour développer autour du thème, lire et savourer Yves ROUCAUTE  » L’homo Creator face à une planète impitoyable » . Aucun bobo ne survivrait dans la nature qui tue très vite les insouciants. https://contemporarybookstore.com/produit/https-contemporarybookstore-com-produit-lhomo-createur-a-lassaut-de-la-nature-reponse-aux-ayatollahs-de-lecologie/
    https://yvesroucaute.com/ => entretien récent sur le livre
    «  » » Yves Roucaute :  » Les écologistes ont oublié 7 millions d’années de combats acharnés de l’humanité pour survivre face à une nature impitoyable » «  »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Roucaute (photo pas à jour )

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  6. L’absence de réaction franche de la population ou du milieu intellectuel à ces délires est consternante. Molière où es tu ? Bel article dont je partage pleinement l’analyse. Seul espoir, en France comme ailleurs les écolos lassent tres vite avant de susciter le rejet: vivement !

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    • Vu un reportage au printemps, sur une île paradisiaque difficilement accessible et réservée aux très riches pratiquant le kite surf, pas loin des seychelles. L’habitué du coin expliquait y voir régulièrement notre bulot….

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  7. Nous ne sommes que trop peu nombreux à être lucide. La machine escrologiste est entrain de s’emballer.
    La décadence de la France est en Marche.
    L’aristocratie verte ne se cache plus et revendique ouvertement son dogme mortifère sans aucune résistance.
    J’imagine plusieurs scénario :
    -le plus « violent » : crise économique vraiment dure à la rentrée, black out électrique et renchérissement des coûts de l’énergie. Nouvelle vague des gilets jaune, après une « bavure » et une condamnation méprisante des l’Etat contre ses fonctionnaires de police, ceux-ci se rebellent (arrêts maladie massifs, plus aucune interpellation). Le pays sombre dans le chaos avant un renversement de gouvernement et un changement radical de politique (là, je fantasme….).

    -le plus lent mais en réalité le pire : la crise économique est là mais pas si violente. le gouvernement continue à mettre en place les mesures vexatoires escrologistes. On est dans la situation d’une dégradation lente et inexorable -comme la fable de la grenouille dans la casserole d’eau qui monte lentement en température- enfonçant plus profondément le pays que dans le première scénario. Les éventuels soubresauts sont calmés avec l’arrosage de subventions par augmentation de la dette. La France rejoint l’Italie et la Grèce. L’Union Européenne éclate car les pays de nord ne veulent plus pays pour ceux du sud. La France est complètement déclassée, pauvre, ne survivant que par le tourisme.

    Pas très réjouissant tout cela.

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  8. Ne vous affolez pas, la crise que nous connaissons et surtout que nous connaîtrons est d’origine sanitaire et, bien avant cela, de choix politiques contestables, mais qui n’ont rien à voir avec Hulot et les écologistes. Vous parlez des paysans, oui ils sont abandonnés par les pouvoirs publics, du moins les petits exploitants. C’est ceux-là qui se suicident, car leurs productions, les plus saines, sont bradées aux centrales d’achats et aux hypermarchés, qui ,eux prennent un gros bénéfice. Les grands propriétaires de centaines d’hectares touchent des subventions qui à elles seules forment un revenu correct. Pour l’industrie, les choix ont été destructeurs également, en abandonnant peu à peu, l’habillement, la chaussure, le textile mais pas celui du luxe, fleurissant celui-là, au profit des pays émergents. Et que dire de l’électronique, composants, modules et produits finis. Plus aucun téléviseur n’est fabriqué en France. Tout l’électroménager vient de Chine à de rares exceptions près. Le monde numérique qui était pionnier dans les années 80, a conservé en France quelques rares usines, mais surtout des bureaux d’études qui se font dépasser par les puissantes firmes coréennes et chinoises. Pour les panneaux PV, les batteries, l’Europe a laissé faire le Dumping social pour finir de trucider les quelques rescapés Français ou Allemands. La crise sanitaire a montré aussi que dans le pharmaceutique on avait abandonné le savoir faire et surtout le faire. On a vu le résultat. Rien à voir avec les écologistes, au contraire , les gigantesques porte containers qui crachent leurs particules et CO2 des diesels en sillonnant la planète dans tous les sens (enfin chargés de l’est vers l’ouest toujours !), ne sont pas vraiment peints en vert. Décroissance et pauvreté ? Non , c’est priver comme toujours les pauvres d’une croissance vitale mais saine, et continuer à faire s’enrichir les pétroliers, les énormes fermes industrielles américaines avec antibiotiques et pesticides, les Gafas, les traders et tous leurs parasites. N’ayez crainte, une fois le virus éloigné, les choses vont reprendre encore plus fort qu’avant mais avec toujours autant d’injustices et d’inégalités. Le conservatisme jusquauboutiste prêt à tout pour assurer les dividendes et cours de bourse, quitte à saborder les nouveaux procédés plus modernes, moins polluants, et plus équitables. Ne vous en faites pas , et laissez Hulot à son kind surf. Là au moins on le laisse exploiter le vent et le soleil.

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    •  » les énormes fermes industrielles américaines avec antibiotiques et pesticides »
      pfff!! vous débitez ça comme de la saucisse industrielle (encore que je n’ai rien contre la saucisse industrielle)).

      Les pesticides (anglicisme) sont là , justement pour éviter les pertes, le gaspillage aux champs et au stockage, sinon, vous auriez, parfois des récoltes, parfois, rien du tout (cf les dégats des sauterelles en afrique de l’est). Mais bon, une famine, ça se résout aujourd’hui grâce…aux circuits longs. Mais, c’est comme l’énergie, à force de compter sur les autres, on risque gros. Quant aux antibiotiques, vous les confondez sans doute avec les antibiotiques utilisés comme facteurs de croissance, qui utilisés à très faibles doses, permettent de meilleures efficacités alimentaires (moins d’aliment consommé par kilo de croissance). Comme en Europe, cette utilisation est en baisse (Interdit en Europe depuis 2001)
      Vos remarques respirent l’anti américanisme primaire.

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  9. « quitte à saborder les nouveaux procédés plus modernes, moins polluants, et plus équitables.  »
    Vos procédés « plus moderne » je le vois venir, ils sont surtout plus chers et moins efficaces.
    Moins polluants et plus équitables, ça coûte de rien de le dire, mais ça n’est pas pour cela qu’ils le sont.
    Donc si c’est de la croissance verte dont vous parlez, vous pouvez vous la garder.

    Quant aux énormes fermes « avec pesticides et antibiotiques », c’est surtout dans votre crâne que les pesticides et les antibiotiques posent problème.
    Sans pesticides, les bestioles bouffent vos récoltes, sans antibiotiques elles tuent votre élevage. Si vous imaginez que vous allez vous nourrir à l’hamap du coin, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil.
    Vous n’avez pas l’impression de chausser les bottes de Karl Marx avec un tel discours ?
    Votre lutte contre le profit, c’est la lutte contre le Kapital, celle contre les inégalités, un avatar de la lutte des classes…

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  10. le titre et la remarque finale ont des échos d’une profondeur insoupçonnée. Mais hélas c’est déjà trop tard.

    Le « juste un clou » de Cartier : entre 10 000 et 90 000 €

    Balenciaga et les sac IKEA a 350 euros, Louis Vuitton imitant Tati, les jeans troués a 500 euros, etc. La pauvreté est le nouveau luxe depuis déjà quelques années. C’est aussi l’expression de la « société du mépris » (Axel Honneth).

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    • Votre dernière phrase est vraiment ce que je ressens : il s’agit non pas d’afficher du beau, du travail soigné d’orfèvres utilisant des matières premières rares ou difficiles à travailler.
      Non, il s’agit de mettre son nom sur un produit banal, avec pour seule ambition : montrer aux autres que l’on est assez riche pour payer une fortune quelque chose qui ne le vaut absolument pas. C’est de l’arrogance et du mépris ostentatoirement affiché.

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