Le pétrole va-t-il couler à pic ?

par MD.

  1. Introduction.

La question des ressources pétrolières, de leur évolution et des perspectives de leur épuisement donne lieu depuis des décennies à une quantité innombrable de publications de toutes sortes. On comprend l’attention universelle portée à cette matière première stratégique, précieuse, à haut contenu énergétique et pratiquement irremplaçable dans de nombreux domaines. La présente note fournit quelques éléments d’appréciation sur ce sujet, appuyée sur les données historiques les plus récentes.

Les données utilisées sont pour l’essentiel issues de la publication statistique annuelle de British Petroleum (BP) : Statistical Review of world energy, édition 2019, qui comporte des séries longues pour toutes les sources d’énergies, jusqu’en 2018 inclus.

  1. La notion de « pic pétrolier ». Exemples de la Norvège et du Royaume-Uni.

L’exploitation d’un gisement de pétrole présente, au début, un rythme d’exploitation lent et progressif : phase d’apprentissage de l’exploitation, organisation de la commercialisation, etc. Il y a ensuite une phase de croissance plus rapide, avec éventuellement de nouvelles découvertes, suivie d’un quasi-palier puis d’une décroissance (souvent appelée « déplétion ») du fait de l’épuisement progressif du gisement et des difficultés d’extraction en fin de vie. La période médiane détermine le « pic pétrolier », défini comme le moment où la production passe par un maximum et commence à décroître. Le graphique de la quantité produite en fonction du temps prend la forme d’une courbe « en cloche » plus ou moins régulière.

On prendra comme exemples les gisements des eaux territoriales de la Norvège et du Royaume-Uni en mer du Nord. Les découvertes de ces gisements « off-shore » et le début de leur exploitation remontent au début des années 1960. Voici les graphiques de production pour ces deux ensembles, qui comportent chacun plusieurs champs pétrolifères qu’on ne détaillera pas ici.

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Malgré des irrégularités, les courbes présentent bien la configuration décrite précédemment. Le pic pétrolier a eu lieu au tournant de l’année 2000 pour les deux pays et la déplétion a alors commencé.

Une autre représentation graphique possible consiste à tracer les productions cumulées, ce qui a pour intérêt notamment de limer les irrégularités de production dues à des accidents de conjoncture ou autres causes occasionnelles et non structurelles.

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Ces courbes sont grossièrement des « courbes en S » ou « courbes logistiques » [1] avec un point d’inflexion où la pente est maximum et qui correspond à l’époque du pic pétrolier. On voit que ces courbes tendront à la longue vers des maxima qui représentent la capacité ultime des gisements de mer du Nord et seront atteints lors de leur épuisement.

Il est maintenant intéressant de rapprocher les productions réalisées et les réserves restant à exploiter dans chacun des gisements compte tenu des extractions antérieures. Les estimations de réserves ont évolué dans le temps, au fur et à mesure des améliorations technologiques, des nouvelles découvertes et de la mise en exploitation de nouveaux puits.

Voici le graphique des estimations de réserves année après année depuis 1980.

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Ainsi pour la Norvège, en 1980 on estimait les réserves à 600 millions de tonnes (Mt) alors qu’avaient déjà été extraites un peu plus de 100 Mt de pétrole ce qui signifie que le gisement de l’époque (site Ekofisk pour l’essentiel) était crédité d’une capacité totale de 700 Mt. Par la suite, la découverte puis la mise en exploitation de plusieurs autres sites ont conduit à réévaluer régulièrement les réserves. En 2019, environ 4 000 Mt ont déjà été extraites et on estime la réserve à 1 200 Mt soit, si ce dernier chiffre est confirmé, une capacité totale de 5 200 Mt.

  1. Production et consommation mondiales de pétrole.

On sait que les ressources pétrolières sont très inégalement réparties dans le monde, ce qui tient à l’histoire géologique des continents. L’équilibre entre la production et la consommation ne peut donc être assuré que globalement et moyennant un ensemble d’exportations et d’importations massives par voie maritime ou terrestre.

Le graphique suivant représente l’évolution de la production et de la consommation mondiales depuis 1965, origine des statistiques BP.

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On peut constater visuellement que les deux courbes sont très proches l’une de l’autre, voire souvent confondues. Il y a donc eu une adéquation satisfaisante entre offre et demande mondiale, les faibles écarts annuels étant peu significatifs (stocks de fin d’années, etc.) : on ne note sur longue période ni surproduction notable ni pénurie notable, en dépit des vicissitudes internationales que l’on sait. Autrement dit, la demande globale des consommateurs a déterminé l’offre des producteurs, qui s’est adaptée sans difficultés apparentes.

La production annuelle, fortement croissante jusqu’en 1973, s’est ensuite notablement ralentie. Puis les deux périodes troublées de 1973-1974 et de 1979-1982 marquées par les deux « chocs pétroliers » ont profondément perturbé le rythme de production ; ces évènements sont bien visibles sur la courbe ; on se rappelle que ces périodes ont connu des augmentations de prix très importantes ; on ne reviendra pas sur les évènements qui ont déterminé ces deux épisodes appartenant maintenant au passé éloigné.

Depuis 1983 environ, la production annuelle a crû de façon pratiquement linéaire, d’où l’allure quasi rectiligne de la courbe malgré quelques irrégularités. On ne décèle pas d’infléchissement qui serait un signe avant-coureur d’un maximum de production, caractéristique d’un « pic pétrolier ».

On peut aussi tracer la courbe de la production mondiale cumulée. La série BP ne commence qu’en 1965 ; à cette époque, la production cumulée (depuis le tout début de l’exploitation industrielle du pétrole) était estimée à environ 25 milliards de tonnes (Gt), on a donc translaté la courbe de 25 Gt vers le haut pour obtenir la production cumulée.

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Enfin, les graphiques suivants illustrent la répartition très inégale de la production pétrolière entre grandes régions du monde.

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  1. Réserves.

La notion de réserves « prouvées » généralement utilisée correspond aux réserves détectées et exploitables selon des technologies existantes ou en cours de mise au point. Contrairement aux productions et aux consommations, qui sont des données observées, les réserves résultent d’estimations déclarées par les compagnies pétrolières ou les pays. Il peut certes exister des surestimations et de sous-estimations dues à des erreurs d’appréciation ou à des arrière-pensées stratégiques. Toutefois, il est permis de considérer que ces approximations se compensent plus ou moins et que les ordres de grandeur globaux sont à peu près fiables.

Le graphique suivant représente l’historique des réserves « prouvées » selon la série statistique de BP, qui ne commence qu’en 1980 [2].

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Un ratio classique est le rapport R/P  entre les réserves estimées en fin d’année (R) et la production de la même année (P), ce qui donne la durée qui resterait à courir jusqu’à épuisement des réserves dans le cas – tout théorique évidemment – où la production se stabiliserait au niveau actuel.

A partir des données précédentes, on peut établir le tableau suivant (en Gt de pétrole).

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(Si on tenait compte des réserves supplémentaires du Canada et du Venezuela, le R/P en 2018 serait de 70 ans).

Par conséquent, l’horizon d’épuisement des ressources pétrolières n’a cessé de s’éloigner au fil des années malgré la croissance de la production annuelle, ceci sous l’effet des progrès technologiques et des nouvelles découvertes.

  1. Consommation de pétrole.

5.1 Utilisations du pétrole.

Il n’est pas inutile de donner un aperçu des utilisations du pétrole brut. Les données correspondantes sont empruntées au World Oil Outlook 2018 publié par l’OPEC [3]. Les carburants routiers représentent un peu moins de la moitié de la consommation mondiale. Le terme « Autres industries » désigne la production et le travail des métaux, du verre, du ciment, ainsi que la construction et le génie civil. Les activités militaires et spatiales ne sont pas évaluées isolément, leur part ne doit pas être négligeable.

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5.2 Tendances.

La tendance générale dissimule de fortes disparités entre les grandes régions du monde, comme l’indique le graphique suivant.

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Pour plus de clarté, ce graphique ne débute qu’en 1986 afin d’éliminer visuellement les périodes troublées des deux chocs et du contre-choc pétroliers. On a ainsi plus de trente ans d’observations.

On voit que les pays les plus développés : Amérique du nord, Europe, Japon, Australie, Corée du sud, ont stabilisé voire légèrement diminué leurs consommations sous l’effet des politiques d’économies d’énergie (sans parler de la chute liée à la crise financière de 2008). Il en va de même pour la Russie et les pays voisins depuis l’effondrement de l’URSS. En revanche, la consommation du reste du monde (plus de la moitié du total) est en croissance régulière, surtout en Asie. Du fait de ces évolutions contrastées, la consommation mondiale de pétrole augmente linéairement d’environ 50 Mt par an en moyenne depuis quinze ou vingt ans.

La répartition des consommations en 2018 est illustrée par le graphique suivant.

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  1. Que réserve l’avenir ?

Il est peu vraisemblable que l’on assiste à une « explosion » de la demande de pétrole dans les pays en développement ni à un renversement des politiques d’économies d’énergie dans les pays développés. C’est pourquoi la perspective d’une prolongation de la tendance actuelle pendant encore quelques décennies n’est pas à exclure. A titre d’exercice, pour des réserves actuellement estimées à 240 Gt (donc hors les 60 Gt du Canada et du Venezuela), considérons deux hypothèses :

1° : la consommation se stabilise à la valeur actuelle, soit 4,5 Gt par an ; dans ce cas, on a vu que les réserves actuellement connues permettraient de tenir encore 53 ans (rapport R/P), ce qui conduit à 2070.

2° : la consommation augmente de 50 Mt ou 0,05 Gt par an comme elle fait depuis vingt ans ; un calcul simple donne alors une durée de 43 ans, soit jusqu’en 2060.

Cette fourchette de 2060 à 2070, somme toute assez pincée, est intéressante en elle-même.

D’autres considérations peuvent entrer en jeu.

Les progrès technologiques d’extraction n’ont aucune raison de s’interrompre, et de nouvelles découvertes de gisements sont d’ores et déjà prévisibles (ressources off-shore du Brésil, gisements en Méditerranée, en Arctique, etc.). Enfin les gisements non conventionnels (dont les pétroles de schistes) ont révélé des ressources nouvelles. Par ailleurs, il est illusoire de penser que les pays, notamment  les pays en développement, seront disposés à abandonner par principe les gisements existants sur leurs territoires ou dans leurs eaux territoriales. Il est donc presque certain que les réserves continueront à être régulièrement réévaluées.

Comme dans de nombreux autres domaines de la consommation et du mode de vie, il est probable que l’ensemble du monde se rapprochera peu à peu des standards occidentaux. A moyen ou long terme la consommation des pays en développement, et donc la consommation mondiale, devrait donc progressivement tendre vers une stabilisation, sans nécessairement y être contrainte par la déplétion des ressources [4].

En partant de ces prémisses, il n’est pas déraisonnable de considérer que le monde disposera encore, pendant de nombreuses décennies, des ressources pétrolières qui lui seront nécessaires. Mais chacun peut se livrer à son propre exercice de prospective, avec autant de risque de se tromper que les « experts » et leurs « modèles ».

Bien entendu, il est utile de rechercher des énergies de substitution, mais méthodiquement et calmement, sans permettre aux émotions, aux préjugés, aux idéologies et aux mensonges institutionnels de prendre le pas sur les considérations scientifiques.

[1] Ce type de courbe présente un caractère universel ; on la rencontre dans un très grand nombre de phénomènes : psychologie, biologie, sociologie, physique, etc. Mathématiquement, la courbe en S est la dérivée de la courbe de Gauss ou  « en cloche ».

[2] La série longue étant exprimée en barils, on l’a convertie en tonnes en utilisant le ratio de 7,1 barils par tonne.

[3] https://woo.opec.org/pdf-download/index.php

[4] On connaît la plaisanterie classique : ce n’est pas la pénurie de silex qui a déterminé la fin de l’âge de pierre.

28 réflexions au sujet de « Le pétrole va-t-il couler à pic ? »

  1. Jancovici est à la manoeuvre pour réintroduire le pic oil dans l’équation (il a raison). En partant de son think tank the shift il a organisé une tribune pour infiltrer l’éducation nationale à la hussarde (c’est pas gentil).

    https://www.lejdd.fr/Societe/exclusif-formons-tous-les-etudiants-aux-enjeux-climatiques-lappel-de-80-dirigeants-detablissements-3919612

    Ca commence plutot très bien. Le climat c’est important, mais n’oublions pas la biodiversité et aussi le pic oil.
    Au bout d’une ligne, la biodiversité est écartée, le vrai dossier c’est le pic oil, les bebetes on s’en fout.
    Au bout de trois paragraphes, nous arrivons à la grande invocation. Ils exigent que le climat soit déclaré urgence première. Hop le pic oil vient lui aussi de passer à la trappe.

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  2. BONNE NOUVELLE
    Jancovici, interrogé par julien aubert dans le cadre des auditions à l’assemblée nationale, disait qu’on avait tout intérêt à stopper les investissements eoliennes e photovoltaique pour equiper toutes les habitations avec des pompes a chaleur (PAC)
    . PAC est une energie renouvelable
    . Ca coute pas cher, un an de budget du ministere de la transition, a la louche 100 milliards.
    . Le chauffage et la clim ne coute plus rien aux menages
    . On va decarboner pas mal
    . On gagne en indépendance énergétique
    . L’italie a beaucoup installé des PAC.
    . Modulable (géothermie, air, eau)
    . Pac est pilotable par les gens, ca ne depend pas d’un reseau electrique externe
    . Universel. Pac en france, en europe, en afrique. Pac partout.
    . On mourra pas de froid, on mourra pas de chaud.

    MAUVAISE NOUVELLE
    Jancovici dit : on mourra de faim. La planète dépend des fossiles pour les transports. Pas d’alternative. On sera paralysés et affamés. Aucune solution en vue.

    BONNE NOUVELLE
    La france dispose de zero fossiles. Elle sera la première a mourir de faim. L’allemagne et la pologne ont du charbon pour 150 ans. Pourquoi partageraient ils ?
    La faim est proche, mais la fin est rapide.

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      • La France est bien placée pour la bouffe ; mais le pétrole pèse aujourd’hui beaucoup dans la chaîne de production : les engrais (ou leur transport) et pesticides, le travail du sol et la distribution. Il faudrait revenir au potagers familiaux (source importante il y a plus de 60 ans), mais on a perdu le savoir-faire, et cela ne s’apprend pas en 5 ans, quand la seule expérience la plus proche est Game of Thrones…

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      • Aztoros>grâce à l’agriculture française on ne mourra pas de faim (sauf si on passe tout en bio).

        Mais les paysans sont souvent les premières victimes des famines. En Irlande, en ukraine, au yunnan. La société n’attend elle pas trop d’eux?
        Au sortir d’une famine atroce, les paysans survivants du yunnan ont planté de l’opium. Depuis ils n’ont pas eu faim, mangent bio, roulent en Tesla.
        Breaking Bad, la résilience avec des tentacules 😉

        ******

        Video de l’audition de jancovici. La séance question réponse débute à 2:52:40 (elle est plus vivante que la présentation)
        http://videos.assemblee-nationale.fr/video.7644063_5cdd567c7e7d6.impact-des-energies-renouvelables–auditions-diverses-16-mai-2019

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  3. Tres bien: il faudrait rappeler les prévisions du très sérieux MIT en 1970 qui ont permis les élucubrations du Club de Rome: on avait pour 28 ans de ressources pétrolières!!!! Pablo s’était donc trompé: la fin du monde c’était pas l’an 2000 mais deux ans plus tôt!
    On notera que les prévisions du MIT ne pouvant pas être plus mises en doute que celles du GIEC, reste à l’académie des sciences à voter que l’on a remonté le temps!

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    • 28 ans avant le pic ou 28 ans de réserves disponibles ? Ca m’étonnerait beaucoup que Meadows et ses collaborateurs se soient hasardés à pronostiquer la fin complète du pétrole pour 1998 . Ca ne serait pas cohérent avec les courbes qui figurent dans leur rapport.

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  4. C’est très intéressant et permet une bonne estimation des perspectives du pic oil. C’était déjà l’idée que j’avais du pic oil mais comme cet article est synthétique, je pourrais le partager pour l’argumenter. Franchement bravo !

    Petit désaccord : Je ne crois pas que la baisse de consommation dans les pays développés soit avant tout liée aux économies d’énergie mais à la tertiarisation de l’économie et à la désindustrialisation/délocalisations industrielles. Sur votre graphique à ce sujet, le phénomène est visible en accéléré sur les quelques années en 2008 où effectivement la consommation chute plus rapidement dans les pays développés mais augmente à un rythme plus rapide en Asie (donc Chine). Nous savons que beaucoup de pays européens ont connu une forte désindustrialisation lors de la crise débutée 2008 (Italie, France…). En effet, si les gros consommateurs de pétrole que sont les industriels en Europe se délocalisatent en Asie, il y a transfert de la consommation de pétrole d’une région à une autre. Plus symboliquement, les grève des ouvriers de l’usine « Continental » en France représente cette dynamique.

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    • Coucou,

      Mr Janconvici, encore lui, démontre de façon assez convaincante , que paradoxalement, plus une société se « tertiarise », plus elle a besoin d’energie.

      bONNE JOURNEE

      Stéphane

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    • La baisse de la consommation est due à de multiples facteurs. Entre autres: les appareils qui consomment du pétrole (autos, motos, avions, camions, chaudières en tout genre) sont améliorés régulièrement et consomment de moins en moins pour produire les mêmes services; de même les procédés de production sont optimisés pour consommer moins. Ce qu’on appelle l’intensité énergétique de l’économie (la quantité d’énergie par une unité de PIB) diminue lentement mais sûrement dans la plupart des pays développés.

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      • Soit, mais si vous regardez le graphique 5.1, vous verrez qu’il n’y a pas que le transport routier et le résidentiel qui consomment du pétrole mais aussi l’industrie (pétrochimie, autres industries) pour un 1/4 de la consommation mondiale et le transport international. Donc une délocalisation massive des entreprises productrices de biens (à base ou utilisant des produits pétroliers) du Nord vers celles d’Asie, comme en accéléré en 2008, a probablement un impact sur les consommations régionales mondiales de pétrole, surtout sur la durée.
        Ensuite, on discute ici « à la louche » et MD ne pouvait pas rentrer dans le détail des « facteurs multiples » expliquant les dynamiques de consommation du pétrole. Il a cité l’intensité énergétique des pays développés, qui est bien un facteur.

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    • En effet, car selon un membre du gouvernement de l’époque (Ségo il me semble), il est « impossible » d’extraire ces produits sans polluer. Si c’est elle qui le dit, pas la peine de gaspiller les budgets de R&D, hein…

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  5. Doit-on accorder beaucoup de crédit à quelqu’un qui prétend faire un état des lieux de la situation pétrolière mais qui ne juge pas utilse de rappeller le fait qu’on a dépassé le pic du pétrole conventionnel en 2008 ?. C’est pourtant tout sauf anecdotique. Le fait que l’on soit désormais contraint de compenser le déclin du conventionnel par du pétrole de mauvaise qualité (et dont le taux de retour énergétique est médiocre) va générer des difficultés majeurs dans les années à venir. Qui peut croire qu’on peut continuer à faire tourner l’économie mondiale pendant 40 ans avec du pétrole de schiste et du sable bitmineux ?

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    • 1/ « La généralisation des conclusions pessimistes, voir alarmistes sur des zones limitées, n’est pas une méthode d’évaluation scientifiquement fondée. »
      2/ De plus, l’article que vous citez dit clairement « Il est beaucoup trop tôt pour conclure quoi que ce soit sur le profil futur de la production américaine de pétrole ».
      Histoire de compléter…

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  6. Bonjour à tous
    On a déjà parlé ici, et tout récemment, des scénarios du MIT (« The Limits to Growth », des consorts Meadows). Je n’en ai pas fait état dans l’article pour ne pas l’alourdir. Le pétrole apparaît notamment au tableau 4 (page 58). Les réserves connues étaient évaluées à 455 x 10^9 barils, soient 64 Gt. En prolongeant la production de 2,1 Mt/an en 1970, le rapport R/P (« static index », colonne 3) était de 64/2,1 = 31 ans, soit un épuisement en 2001. Mais les auteurs supposent que la croissance de consommation est exponentielle, ce qui conduit à un épuisement des ressources en 20 ans (colonne 5), soit en 1990. Toutefois, ils n’excluent pas que les réserves puissent en réalité être 5 fois plus importantes ce qui repousse l’épuisement à 50 ans (colonne 6), soit en 2020. Leur erreur fondamentale est d’avoir prolongé la courbe exponentielle de consommation. C’était une « sottise d’époque » (selon l’expression de Mauriac), qui régnait dans bien d’autres domaines.

    Il existe peut-être un pic pétrolier en 2008, mais il faut avoir de bons yeux pour le repérer sur les courbes. Quant aux difficultés majeures que recèleraient les nouvelles méthodes d’extraction, elles ne semblent pas se répercuter sur les quantités extraites, ni sur les prix, qui restent tout aussi erratiques que par le passé (pour des raisons qui semblent tenir à tout autre chose qu’aux coûts d’extraction). Comme le suggèrent très bien baloo et fm06, la notion de « conventionnel » est glissante dans le temps, comme toute technique de production. L’off-shore a commencé de façon intensive vers les années 1960-1970, il était non-conventionnel à l’époque. Que sera le conventionnel de demain ?
    Production de pétrole des USA : 447 Mt en 2013 ; 523 Mt en 2014 ; 567 Mt en 2015 ; 542 Mt en 2016 ; 574 Mt en 2017 ; 669 Mt en 2018. Elle a probablement « cessé de croître » la semaine dernière !
    Cela étant, libre à chacun de faire ses pronostics et de cultiver ses angoisses. Toutes les données sont disponibles ; pour le futur, il n’y a pas de faits, seulement des opinions.
    Michel

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    • Merci pour l’article.

      MD> libre à chacun de cultiver ses angoisses

      On aimerait bien verbaliser librement, quand soudain un zélote surgit, hurlant urgence climat.
      Priorité au problème sans solution, c’est millénariste.

      Sur l’article, j’ai deux critiques.
      1. Il vaudrait mieux recenser les fossiles (hydrocarbures et uranium) plutôt que le pétrole seul. Les stocks sont plus importants, les intervenants plus nombreux, les pics moins marqués. Ce sera moins angoissant pour les lecteurs.

      2. Vous surestimez les stocks, vous sous-estimez le marché. Les crachs, ce furent des défaillances de l’offre, volontaires. Ce furent des rapports de force. Actuellement le marché libre ouvert s’éloigne. Trump privilégie les relations bilatérales. Le pétrole en mer du Nord? Il faudra le demander à Boris Johnson, qu’est ce qui ferait plaisir à BJ ? La géopolitique comptera.

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    • Merci Michel pour ce complément. Toujours stimulant de vous lire.
      Vous dites « Leur erreur fondamentale est d’avoir prolongé la courbe exponentielle de consommation. C’était une « sottise d’époque » (selon l’expression de Mauriac), qui régnait dans bien d’autres domaines. » Tout à fait, je pense notamment à l’ouvrage « The Population Bomb » d’Ehrlich publié en 68.
      Avez-vous d’autres exemples à cette époque svp ?
      Par contre, la peur exponentielle ne semble pas qu’une sottise d’époque des années 60-70 mais un biais alarmiste bien présent encore de nos jours dans nos représentations. Je suis aussi preneur d’exemples historiques si vous en avez (mais je mènerai quelques recherches là-dessus prochainement). Il semblerait que le déluge soit aussi une peur exponentielle.

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