Les dystopies climatiques de la défense nationale

Par Cédric Moro

En se basant sur les modèles climatiques et certaines études des rapports du GIEC, le ministère des armées françaises envisage un futur climatique des plus sombres pour notre planète : réchauffement climatique pouvant aller jusqu’à 6°C, amplifications des « phénomènes climatiques extrêmes », famines mondiales, guerres liées aux ressources et exodes de centaines de millions de réfugiés climatiques.

Non, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage d’idéologie collapsologiste plus ou moins dérivé du rapport Meadows des années 70, mais bien des horizons stratégiques pour 2030 de nos armées, élaborés par les prospectivistes du Ministère de la défense en 2011/2012, dans le cadre du plan prospectif 2030 (PP30), que nous allons analyser ici.

Pour éviter ce futur climatique des plus catastrophiques, une solution se dégage : amener les pays en développement à supporter le « fardeau de la réduction des gaz à effet de serre », quitte à mettre en place des instances globales ou régionales coercitives et pénalisantes. On peut voir déjà au loin les collapsologues, en plein réjouissement devant l’imminence d’un état d’urgence climatique qu’ils anticipent depuis belle lurette, se mettre à claironner : « ah bein si l’élite militaire de notre pays le dit, c’est qu’on avait raison ! ». Sauf que le livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de 2013, qui oriente l’action militaire de la France, demeure fort heureusement très succint et prudent quant aux visions de leurs prospectivistes sur la gestion de la supposée crise climatique, en pointant les incertitudes des prévisions régionales et en préfèrant agir sur d’autres objectifs de sécurité bien plus urgents et tangibles. Il n’engage donc pas plus de moyens militaires autour de la question climatique.

Dans cet article, nous montrerons que les bases scientifiques sur lesquelles le rapport « horizons stratégiques 2030 » se fonde sont plus que fragiles, car parfois démenties en bonne et due forme par les faits ou la science et souvent des moins rigoureuses. Et puisque l’armée nous amène à nous projeter dans le registre de la dystopie d’un monde idéalement bas-carbone, nous émaillerons nos propos de quelques citations (marquées dans cet article en vert) tirées de l’ouvrage de Science Fiction « Tous à Zanzibar » de John Brunner, paru en 1968 et précurseur des récits dystopiques cyber-punk.

La vision militaire d’un paroxysme climatique sans fin

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Pour la défense nationale, s’il existe un organisme de référence sur le climat, bien connu de tous, c’est Sciences Po. Vous ne rêvez pas, c’est bien cette école qui a créé le graphique présenté ci-dessus, qui sert de base scientifique pour nos armées à la compréhension physique des climats et que nous allons décortiquer dans une première partie. A partir de là, certains se diront probablement que les pospectivistes de nos armées ne sont pas sérieux et arrêteront de lire cette critique et ce serait tout à fait logique mais je vais continuer pour ceux qui cherchent à comprendre.

En choisissant un graphique de Science Po, nos élites militaires ont l’avantage de jouer la transparence et donnent le ton : les questions climatiques se situent dans le registre du politique, même lorsqu’il s’agit de l’analyse de paramètres purement physiques comme la température. Dans le fond, l’armée prouve ici-même ce que les climato-réalistes dénoncent depuis longtemps, à savoir que le politique influence très fortement l’état de notre connaissance des sciences climatiques.

Déjà, pour l’armée comme pour Sciences Po, un climat, c’est une évolution de température. Au diable les évolutions des pressions, des régimes pluviométriques, des vents, de la nébulosité et de toutes les autres variables climatiques, il s’agit ici d’être simple et efficace (car il est bien connu que dans un climat plus chaud, il pleut moins… euh … il peut davantage, …euh .. ça dépend en fait de bien d’autres facteurs que de celui de la température pardi ! ). Et quitte à simplifier, il est ici question de regarder le fameux climat de l’hémisphère nord, si bien connu de tous les climatologues éclairés et qui diffère de bien d’autres climats, dont les dynamiques propres sont passées de mode depuis l’avènement de l’ère du GIEC, comme le climat méditerranéen, océanique, montagnard, soudanien, soudano-guinéen, continental, arctique… et j’en passe. Mais laissons de côté quelques instants ce si pertinent climat de l’hémisphère nord et prenons par exemple le cas du climat méditerranéen. Nous savons que celui-ci est marqué de manière très typique par des précipitations orageuses qui peuvent être violentes et abondantes dans un court laps de temps et par une sécheresse prononcée en été. En faisant oeuvre d’une pédagogie élémentaire comme celle-ci, cela permet de relativiser le caractère exceptionnel de catastrophes naturelles comme par exemple les inondations rapides, les submersions marine ou les incendies de forêt, qui sont souvent attribuées au effets du réchauffement climatique alors qu’elles sont une caractéristique connue depuis longtemps de ce type de climat.

Mais, retournons à ce si typique et homogène climat de l’hémisphère nord dont nous parle notre élite prospectiviste. On se rend compte que la courbe de l’an 1000 à 1900 ne comprend pas toutes les températures passées issues des proxies d’autres zones non occidentales de l’hémisphère nord, comme de sa si insignifiante zone tropicale nord ou de ses très négligeables zones asiatique nord ou pacifique nord, sans compter les zones marines de l’hémisphère nord (dont toutes les oscillations et courants marins) car là aussi, il s’agit de simplifier au maximum pour mieux comprendre la complexité du climat. On est en fait ici clairement dans le cas subjectif et biaisé d’un hémisphère nord en réalité éthnocentré.

La courbe de température présentée dans le graphique ci-dessus est un ajout de plusieurs courbes de nature et de sources très différentes mais qui ont comme (seul) point commun d’évoquer l’évolution des températures. Méthodologiquement, ces températures de natures très différentes n’auraient pas dû être mises à bout à bout les unes des autres à cause des marges d’erreur et des maillages des relevés trop différents d’une série de température à l’autre. Mais nous l’avions compris, nous ne situons pas là dans le registre d’une démonstration scientifique des plus rigoureuses mais bien dans celui de l’argumentation politique et militaire.

La première courbe, celle de Michael Mann, est sans conteste la courbe scientifique la plus controversée, la plus critiquée et la plus réfutée de l’époque contemporaine. Nos armées ont donc trouvé hautement judicieux de s’en servir de base à leur prospective, histoire de projeter dans le futur nos moyens de défense avec des fondements des plus solides.

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Cette courbe de Mann montre des températures des plus constantes depuis l’an 1000 sur 900 ans (une variabilité d’à peine qq dizièmes de °C sur 900 ans, effaçant l’optimum médiéval de température et le petit âge glaciaire) suivi d’un pic des températures, en forme de crosse de hockey, peu après 1900. Cette crosse apparaît bien plus nette si on resserre l’axe des abscisses, comme lorsqu’elle fut présentée en version originale dans le rapport du GIEC de 2001 et reprise à grand bruit médiatique pour tenter de corréler le développement industriel avec le réchauffement des températures.

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Cette courbe a fait l’objet de plusieurs démentis scientifiques en bonne et due forme comme dans le rapport Wegman, commandé par la maison blanche et basé sur des analyses statistiques, si bien qu’elle n’apparaîssait plus dans le rapport 2007 du GIEC. On se demande donc bien pourquoi Science Po, en 2011, déterre cette courbe de Mann, pourtant largement réfutée jusqu’au GIEC lui-même, et que les prospectivistes du Ministère des armées ont décidé malgré tout de sélectionner. Peut-être pour illustrer un parti-pris pour un changement des plus dramatiques et anthropiques du climat ?

« Si les faits vous donnent tort, c’est parce que votre théorie était fausse. Changez donc votre théorie, mais ne touchez pas aux faits. »

Notre défense nationale aurait pu par exemple utiliser la courbe de Moberg ou celle de Grudd, qui corrigent la courbe de Mann (très bien expliquées dans la vidéo ci-dessus par le professeur Vincent Courtillot), voir les montrer toutes par soucis de pointer les incertitudes scientifiques sur cette période afin de ne pas prendre parti. Mais non, les conseillers de notre défense nationale continuaient piteusement en 2011 et 2012 avec la seule courbe de Mann.

Pour la deuxième partie de la courbe, ça repart aussi fort dans le registre de la rigueur : cette partie est notée dans l’axe des abscisses « observations instrumentales mondiales » alors même que le titre du graphique nous parle de « l’hémisphère nord » . Du pur Sciences Po.

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Plus délicat encore, la courbe de Michal Mann va jusqu’en 2000 et Science Po note que les prévisions climatiques des modèles sont illustrées à partir de 2000 ; alors que ce graphique date de 2011. On se demande bien où est la place des seules mesures de températures mondiales et si oui, de quelle base de donnée elles en seraient issues. Mais, reprendre la courbe en crosse de Mann pour illustrer l’évolution des températures jusqu’en 2000 et enchainer dans la foulée par les prévisions des modèles du GIEC, effaçant du même coup le plateau de température de 2000 à 2010, ça donne un bel effet réchauffiste, d’autant plus que la courbe de Mann présente la singularité d’être pratiquement plate de 1000 à 1900, amplifiant plus que n’importe quelle autre courbe l’effet de hausse. En effet, si l’on y avait montré l’optimum médiéval de températures des courbes de Grudd ou de Moberg, l’effet de l’homme sur le climat aurait été moins évident. Mais au diable la précision ou la rigueur, il s’agit d’être efficace, de délivrer un visuel cadre pour guider nos élites militaires.

La troisième partie de la courbe de Sciences Po réussie l’exploit non négligeable d’amplifier la crosse de hokey de Michael Mann d’un facteur 10 dans une exponentielle vertigineuse, digne des ouvrages de science fiction les plus apocalyptiques, rivalisant outrageusement avec le record de catastrophisme détenu par le film d’Al-Gore lui-même (condamnation des erreurs/manipulations du film d’Al-Gore par la justice britanique ici). Saluons l’exploit.

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Mais d’où vient cette exponentielle ? Des modèles climatologiquesu GIEC peut-on y lire.

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« Bon sang, mais quelle sacrée imagination je peux avoir ! (Shalmanaser, l’ordi qui contrôle le monde.) »

On ne mettra jamais assez en garde le lecteur non averti sur le fait que les modèles numériques de prévision des températures du GIEC (sur)chauffent systématiquement et s’éloignent très rapidement des mesures, donc des faits. D’où peut-être ici aussi le caractère hautement raisonnable de montrer leurs projections jusqu’aux années 2100. Dans cette logique absurde d’un paroxysme climatique sans fin, il aurait été fort avisé de laisser les modèles produire leurs prévisions jusqu’en l’an 3000. Ainsi cela aurait permis de représenter une exponentielle bien plus vertigineuse, bien plus effrayante, signifiant une planète devenue une véritable étuve en subissant une hausse d’une quarantaine de degrés supplémentaires par rapport aux températures de 2011 !

Une partie de la perversité issue de cette représentation exponentielle des prévisions des températures, se trouve dans le fait que les prospectivistes (mais aussi la crême de la crême de notre élite nationale chargée de la rédaction du livre blanc de la défense nationale) la prennent presque pour argent comptant et se basent sur un avenir climatique au réchauffement catastrophique inéluctable et n’envisagent à aucun moment dans leurs scénarii un plateau de températures ou un refroidissement. Or, s’il y a bien une certitude pour beaucoup de climats, c’est que ceux-ci sont marqués par une très forte variabilité et que le scénario d’un refroidissement en Europe ou ailleurs sur plusieurs décennies devrait être raisonnablement envisagé comme un cas de figure possible. Est-ce vraiment si déraisonnable que de l’envisager ? En tous cas, pas pour les très pragmatiques (et oh combien utiles) gestionnaires des digues de la Loire qui déplorent dans leur dernier rapport (pages 11, 39 et 45)  l’absence de littérature scientifique sur un refroidissement climatique mettant ainsi en lumière les effets pervers de la doxa réchauffiste sur notre connaissance scientifique mais surtout dans la prévention des risques majeurs qui engage chaque année la sécurité bien réelle de nombreux de nos concitoyens. Mais ce serait faire preuve de sceptisisme envers les projections du GIEC, compulsées par LE gratin scientifique mondial de la climatologie politique, et qui ne sauraient donc être contestées, sous peine de passer pour un affreux négationiste.

Les impacts cataclysmiques de ce réchauffement inéluctable

Bien entendu, avec de telles projections paroxystiques des températures, si bien fondées dans la vision hautement pertinente de la crème des crèmes de nos prospectivistes nationaux (et internationaux), les impacts climatiques à venir ne peuvent être que cataclysmiques.

Commençons déjà avec le moins catastrophique d’entre eux mais non moins important au niveau stratégique, l’ouverture imminente des voies navigables dans l’Arctique, mentionnée également en 2013 dans le livre blanc de la défense et de la sécurité nationale.

Il est fortement probable que nos amiraux attendent encore un bon moment l’ouverture de cette voie navigable par l’Arctique nord-ouest issue de la fonte de la banquise du pôle nord comme le montre l’évolution des surfaces de glaces arctiques mesurées par images satellites depuis 1979 . Contrairement à une idée reçue des médias et ici de l’armée française, on peut voir que depuis 2012 (date du minimum de banquise arctique depuis les relevés et où les voies navigables n’étaient toujours pas ouvertes), la surface de banquise a été chaque année supérieure à ce minimum. Là aussi, la vision d’un réchauffement climatique inéluctable issue des modèles du GIEC, et de sa conséquence sur la navigabilité au pôle nord, se heurte très frontalement aux faits, et cela ne date pas d’hier (elle est annoncée comme imminente dans les médias depuis au moins les années 80).

D’ailleurs, pour ceux (dont je faisais déjà partie en 2012) qui auraient des doutes sur la qualité des données de températures dans les bases de données mondiales et des prévisions des modèles, la navigabilité au pôle nord constitue un très bon état réel de la situation car les politiques ou les erreurs systématiques dans les données ne changeront jamais la superficie de la banquise dans le monde réel. Tant que les bâteaux de fret ne passent pas sans brise-glace en été, la voie n’est pas ouverte et donc, les prévisions réchauffistes sur la navigabilité au pôle nord sont fausses, malgré des taux de CO2 en augmentation continuelle depuis leurs annonces. Malheureusement pour la crédibilité de notre classe politique, certains discours à destination des crédules font croire que la voie arctique nord-ouest a été récemment ouverte.

Mais passons maintenant au registre des prévisions cataclysmiques de la défense nationale. Tout d’abord, selon elle, « le changement climatique semble inéluctable » et « devrait se traduire par une aggravation et une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes ». On retrouve également cette idée dans le livre blanc de la défense nationale de 2013.

Même si cela saute aux yeux, notons déjà que les prospectivistes de notre sécurité nationale ne s’embarrassent pas à faire la différence entre des phénomènes météorologiques extrêmes et des phénomènes climatiques extrêmes, ce qui n’est pourtant pas du tout la même chose. C’est quand même une différence fondamentale, probablement la plus importante, pour comprendre le climat et relativiser la portée d’une catastrophe naturelle précise sur l’analyse d’une évolution climatique.

Rappelons donc ici qu’un phénomène météorologique se juge à l’aune de quelques heures minimum à quelques mois maximum alors qu’un phénomène climatique se juge à partir de plusieurs décennies. Par exemple, la puissance exceptionnelle, même record, d’un phénomène météorologique comme un cyclone tropical ne préjuge en rien d’une évolution climatique extrême. Seule une augmentation sensible, et sur plusieurs décennies, de cyclones tropicaux très venteux ou très pluvieux dans un bassin donné peut servir à l’illustrer. Il en est de même pour les inondations, les sécheresses, les canicules, les vagues de froid ou plus classiquement des précipitations, des températures… Par exemple, pour illuster ce raisonnement logique, ce n’est pas parce que le plus grand carambollage de voitures de l’histoire vient de se produire sur une route particulière que toutes les routes d’une région, voir du monde, sont devenues bien plus accidentogènes. C’est la raison pour laquelle il est si incongru d’associer une vague de froid, un cyclone ou une sécheresse d’une année particulière comme étant liée à l’évolution climatique ; chose que n’hésite pourtant pas à faire des organismes parfois très sérieux et officiels. C’est pourtant un des points majeurs, si ce n’est le principal, qui explique l’irrationalité de beaucoup de points de vue sur les changements climatiques. Mais cela demande un petit effort intellectuel de la part des médias ou des politiques qui ont abandonné, pour beaucoup et depuis trop longtemps ce registre, notamment de la part de la presse scientifique à destination des plus jeunes qui est devenue un véritable lavage de cerveau emplie d’idéologies et de scientismes, qui représente la forme la plus perverse et durable de cette régression intellectuelle.

Mais qu’en est-il de l’évolution pluriannuelle de ces phénomènes climatologiques météorologiques extrêmes ? Ici, l’étude « Horizons stratégiques 2030 » se garde bien de nous montrer quelque graphique que ce soit pour le prouver et dont on pourrait en évaluer les sources, les méthodes statistiques et les biais de représentation des données. En cette absence de fondement de notre défense nationale sur cette question, nous vous invitons à lire cet article sur l’absence de dégradation dans la fréquence et l’intensité des phénomènes extrêmes, issu du site de l’association des climato-réalistes.

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A la vue de ce graphique, les régions concernées par les cyclones tropicaux ne sont pas confrontées à une tendance les amenant vers un « phénomène climatique extrême », que ce soit à une échelle globale comme ici ou à une échelle régionale.

Mais quelles seront les régions les plus impactées par ces « phénomènes climatiques extrêmes » ? Les lumières prospectivistes de la nation nous éclairent (Ch V page 128) : ce seront « les régions arides ou semi-arides » donc, en des termes purement climatologiques, les déserts pluviométriques comme par exemple le Sahara et leurs bordures comme la zone sahélienne ; les zones de climat-méditerranéen n’étant pas considérées comme ayant un climat semi-aride car leur aridité, moins prononcée, ne dure que 2 à 3 mois de l’année.

Là aussi, il semble que les projections du GIEC et l’œuvre propagandiste de Jean Jouzel aient produits leurs effets sur la vision catastrophiste d’une désertification en cours et à venir du Sahel. Toutes les personnes un peu avisées savent pourtant que sur les dernières décennies, la pluviométrie dans le Sahel a augmenté et qu’il reverdit progressivement depuis les grandes sécheresses des années 70/80.

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Plus à une incohérence près, on apprend cette fois au chapître IV page 116, que « les premiers effets du changement climatique » devraient se répercuter sur l’Afrique subsaharienne. Et là, une liste de zones géographiques et de pays est citée mais dans laquelle, on se demande bien pourquoi, n’apparaissent pas les pays de la zone sahélienne (à l’exception du Sénégal) pourtant considérés au chapitre V de ce livre comme les plus concernés. On notera aussi la finesse de l’analyse géographique qui vise à mentionner l’Egypte dans cette liste de pays d’Afrique sub-saharienne menacés par le climat. D’autres zones de la planète apparaissent elles aussi sous le joug de ces « phénomènes climatiques extrêmes » comme le bassin du Mékong, qui n’appartient plus, selon nos experts de la défense, à la zone géographique d’Asie du Sud-Est, comme conventionnellement admis, mais maintenant à l’Asie du Sud, aux côtés de l’Inde et du Pakistan eux aussi exposés.

Pour nos prospectivistes nationaux de la défense et de la sécurité, le monde court à la famine à cause des gaz à effet de serre. Si, vous avez bien lu, il ne s’agit pas d’un énième remake apocalyptique de René Dumont dans les années 80 pour les années 2000 mais bien de la vision prospective de nos armées en 2012. L’étude « Horizons stratégiques 2030 » va même jusqu’à citer une étude hors sol de l’IFPRI selon laquelle le changement climatique entraînerait, dans le monde en développement, une disponibilité en calorie inférieure à celle de l’an 2000 ! Gardons nous bien de tout catastrophisme et remarquons que ce type de prévision apocalyptique déjà assénée dans les années 70-80 ne se sont jamais matérialisées dans les faits, pourquoi cela serait-il différent demain ? A cause de changements climatiques supposés catastrophiques pour l’agriculture et pourtant si mal fondés comme nous venons de le voir ? Par contre, ce qui est certain, c’est que le manque d’énergie issu de possibles restrictions autour des énergies fossiles dans les pays en développement freinerait à coup sûr le développement de leur agriculture industrielle.

« EXPLOSION DEMOGRAPHIQUE : événement unique de l’histoire humaine. C’est arrivé hier, et tout le monde dit que c’est pour demain. »

Même si, dans les années 60, les annonces catastrophistes pour la stabilité mondiale de la « Population Bomb » (explosion démographique du monde) ont eux aussi été démentis par les faits, cette vision pour le moins négative de l’humanité hante toujours les prospectivistes (C’est en fait un anti-humanisme primaire). Ainsi, selon ce roman de science fiction ce rapport PP30 de la défense nationale, la croissance démographique « amplifiera » les difficultés causées par les évolutions climatiques et des faillites d’états et des conflits apparaîtront, peut-on y lire. Et, dans leur logique, elle s’accompagnera « de 220 millions de réfugiés climatiques en 2040 », habilement mis en parallèle abyme des « 240 millions de migrants transcontinentaux » que l’on compte aujourd’hui, migrants climatiques compris.  Ce n’est pas sans rappeler les prédictions démagogiques de l’apocalypse selon (Saint) Jean Jouzel qui va jusqu’à affirmer que ces centaines de millions de migrants climatiques : « ne viendront pas dans de fragiles esquifs mais affréteront des gros bateaux. ».

Alors, qu’en est-il réellement de cette supposée déferlante de migrants climatiques (que n’hésitent pas à brandir certains pour emporter l’adhésion de l’électorat d’extrême droite dans leur projet global regressif) ? Déjà, il suffit de regarder de près la plupart des crises migratoires internationales actuelles au niveau mondial comme au Vénézuela, au Honduras, en Syrie, en Afghanistan, en Libye… pour voir que les causes en sont politiques, militaires et économiques et si peu climatiques. Mais outre les mauvais fondements de l’étude prospective sur les évolutions climatiques, notons que la très très grande majorité des migrants climatiques est « intra-nationale » et d’assez courte durée et quand ils le sont de longue durée, c’est dans le cadre de l’exode rurale classique que connaissent tous les pays en transition démographique (3% seulement de migrants en exode rurale sont liés aux aléas météorologiques). En effet, en contexte de catastrophe naturelle, même répétées, les dynamiques spatiales de population, impactant d’abord les pauvres majoritairement en zone à risque, qui n’ont pas ou plus les ressources financières pour envisager des migrations de longues distances, se produisent à l’intérieur du territoire national. Et pour finir, beaucoup de sinistrés reviennent dans leur zone géographique d’origine, une fois le rétablissement effectué. Je l’ai observé moi-même à plusieurs reprises en contexte de catastrophes naturelles dans des pays pauvres au Burkina-Faso, au Niger ou au Cambodge, où des stratégies adaptatives se mettent en place lors du retour.

Dans ce contexte des plus alarmistes sur la question climatique, la défense nationale envisage plusieurs scénarii dans la réponse mondiale qui en disent long sur sa vision (ethnocentrée) des enjeux géo-politiques liés au climat, notamment par l’évincement des scénarri plausibles de la liste des futurs possibles.

Les scénarii dystopiques d’un monde forcé de tendre vers l’idéal de la neutralité carbone

Selon ce rapport, l’ampleur du réchauffement climatique dépendra de la « mobilisation à l’échelle internationale ». Là aussi, pour les prospectivistes de notre défense nationale, il n’est envisagé aucun facteur purement naturel qui viendrait forcer le cours des choses attendues, ce qui relève pour le moins d’un manque de discernement sur le fonctionnement du climat. Il n’est pas non plus envisagé l’hypothèse épistémologique probable que la théorie des gaz à effet de serre soit purement et simplement abandonnée suite à la découverte de preuves scientifiques minorant cet effet ou parce que les faits la contredisent depuis trop longtemps. Cela démontre également une vision surréaliste (le mot est faible) selon laquelle nos sociétés auraient les capacités de pouvoir contrôler le climat si elles le souhaitaient (NDLR : c’est incroyable d’avoir à le justifier mais faisons oeuvre de pédagogie : s’ils prétendaient pouvoir contrôler le climat de la planète entière, qu’ils commencent déjà à contrôler un cumulonimbus orageux qui s’étend sur quelques km seulement, ce qui rendrait à coup sûr service pour éviter des catastrophes naturelles mais ils en sont incapables, même à ce si petit échelon, alors à l’échelle mondiale, c’est totalement irréaliste de prétendre contrôler le climat).

Dans ce cadre irrationnel, « L’adaptation des modes de vies et de consommation deviendra un défi crucial auquel nos sociétés ne pourront se soustraire » y lit-on. Selon les prospectivistes de nos armées, toute la difficulté réside dans le fait de faire accepter aux pays en développement et émergeants leur « fardeau de réduction de Gaz à effet de serre » alors que, disent-ils, les pays industrialisés ne pourraient pas les financer dans cette tâche car « durement touchés par les crises économiques et financières ».

Cette étude du Ministère des armées envisage une gouvernance globale en matière d’environnement avec des mécanismes de contrôle et de régulation et, si nécessaire, une pénalisation du droit (international) appliqué à l’environnement (et donc une pénalisation des émissions des gaz à effet de serre). Autrement dit, des mécanismes d’ingérence dans les politiques énergétiques des états en développement, à effets contraignants dissuasifs, voir potentiellement punitifs.

Si ce n’est pas ce système international global de gestion de l’environnement qui se met en place et pousse à la réduction des gaz à effet de serre, ce pourrait l’être à travers les sphères d’influence des puissances régionales (UE, EU, Chine, Inde…) qui s’inscrivent, selon eux, de plus en plus dans une logique de développement durable. Pour la zone d’influence de l’Union européenne, ce n’est pas sans rappeler l’idée de l’idéologue en collapsologie, M. Pierre Larrouturou, selon laquelle l’Afrique financerait avec l’Europe les milles milliards d’euros par an nécessaires à la transition énergétique et donc à la réduction des gaz à effet de serre. Sinon, nous dit-on dans un pis-allé au futur toujours aussi menaçant, ce sera un renforcement des comportements prédateurs des Etats « mis sous pression ».

Voici donc pour les scénarii dystopiques du département de la prospective du ministère français des armées dans un monde devant tendre vers l’idéal d’un climat bas-carbonne.

Emettons une autre hypothèse, moins dystopique et bien plus réaliste : les pays en développement profitent pleinement à leur tour de toutes les ressources en énergies fossiles dont ils disposent pour alimenter leur économie en énergie bon marché et abondante, sortir leurs populations de la pauvreté,  participer au progrès scientifique et technique de l’humanité et ouvrir de nouveaux marchés de croissance à l’économie mondiale avec une classe moyenne émergeante dont les pays du nord tirent eux aussi profit grace au commerce international en circuits longs. De cette nouvelle richesse, ces pays plus robustes financièrement investissent alors plus facilement dans la prévention et la préparation aux catastrophes naturelles, catastrophes naturelles qui ne manqueront pas de se produire, gaz à effet de serre ou pas. C’est une hypothèse réaliste et pragmatique, surtout depuis que les Etats-Unis (et d’autres) sont sortis des accords internationaux sur le climat, faisant voler en éclats tous les scénarii élaborés en 2012 par nos si judicieux prospectivistes nationaux.

Mais pourquoi cette vision si mal fondée du climat dans les études prospectives de nos armées ?

En se basant sur une courbe en forme de crosse de hockey des plus apocalyptiques et sur les mêmes rapports collapsologistes que ceux du siècle dernier (qui ont pourtant tous été  démentis par les faits depuis), on ne peut pas dire qu’il soit ici question du meilleur renseignement possible pour nos armées au sujet du climat.

Dans la lignée des propagandes militaires du XXème siècle, on pourrait raisonnablement supposer que cette vision alarmiste du climat cherche à générer des peurs pour établir des formes de coercition des individus ou de pays entiers à travers une gouvernance globale des énergies fossiles des gaz à effet de serre, à l’image de ce que notait le rapport de la Trilatérale « Beyond interdependance » de 1991 (page 69) « La crainte d’un conflit nucléaire qui a exercé une pression psychologique considérable (…) est en train de s’estomper. Mais certaines menaces environnementales pourraient exercer la même pression dans l’esprit des peuples ». C’est en effet tentant d’expliquer par cette thèse tout le catastrophisme ambiant autour du climat à ceci près que le Livre blanc de la défense nationale et de la sécurité, bien que relativement influencé par la doxa ambiante sur le réchauffement climatique catastrophique, ne fait pas de l’action climatique un enjeu prioritaire mais considère l’évolution climatique comme un facteur de désordre parmi d’autres, plein d’incertitudes, ce que, à juste titre, le climat a toujours été. L’armée, et en particulier leurs prospectivistes, ne seraient donc pas créateurs et ordonnateurs de ces peurs mais influencés eux-même par les représentations anxiogènes dérivées des travaux du GIEC.

Ainsi, selon moi, il est probable que nous frisions ici toute l’absurdité de la situation. Je vous laisse alors avec cette dernière citation de « Tous à Zanzibar » qui ira à ravir au GIEC et à ses modèles de prévision du climat :

« Un superordinateur dont l’intelligence vaut celle de mille hommes ? Il n’y a pas de quoi se vanter parce qu’il suffit de mettre mille d’entre nous ensemble pour qu’ils se comportent comme des idiots. »

20 réflexions au sujet de « Les dystopies climatiques de la défense nationale »

  1. Merci pour ce long développement.
    En première lecture j’ai trouvé une coquille lapsus amusante sur l’argent « content », au lieu de « comptant », sauf erreur volontaire.
    De même en « emmettant » au lieu de « émettant ».
    A part ça, texte très intéressant, mais qui, hélas, ne va convaincre que… les convaincus.
    Un peu rassuré sur nos militaires avec la conclusion que les variations climatiques ne sont qu’un facteur potentiel de désordre parmi d’autres.
    Et quand on entend notre gouvernement justifier la hausse des carburants par l’impérieuse obligation de « sauver la Planète » et que « on n’a pas le choix », on se dit qu’on n’ est pas sorti de l’auberge collapsoide ! 😬

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    • Merci pour vos remarques et je vais rectifier les erreurs d’orthographe dans la foulée de ce commentaire. Cela montre également que Benoît ne me relit pas forcément avant publication et me laisse libre de publier sur son blog comme je l’entends.
      Oui, il y a une différence entre la vision prospective des armées et la mise en place de moyens opérationnels. A priori, notre élite a joué un rôle de régulateur en pointant les incertitudes autour de la question de l’évolution climatique. D’ailleurs, le livre blanc de la défense et de la sécurité nationale n’a qu’un seul paragraphe sur le climat sur 160 pages et traite ci et là des catastrophes naturelles sans faire référence au climat. La question du climat y tient donc beaucoup moins de place que dans « les horizons stratégiques pour 2030 », montrant un certain discernement/tempérance de l’élite nationale et c’est bien ce qu’un peuple peut attendre de son élite. Dommage que beaucoup de politiques ne soient plus dans ce registre.

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  2. Merci à vous pour ce billet.
    .
    Une suggestion de correction ?
    « […] refroidissement en Europe ou ailleurs sur plusieurs décades »
    Sauf erreur de ma part…
    En français, une « décade = dix jours ;
    Decade (en anglais) = décennie (en français).

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  3. Merci pour cet excellent article.
    Il serait toutefois beaucoup plus explicite si vous faisiez une correction. En anglais « decade » se traduit par « décennie ». Le français « décade » désigne un espace de dix jours. Cette confusion, malheureusement trop fréquente, rend incompréhensible la distinction que vous faites entre évènements climatiques et évènements météorologiques.

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  4. En restant dans les prévisions les plus apocalyptiques, qu’il ne fait pas rejeter, non pas que les modèles soient bons, mais justement qu’on soit dans le risque essentiel eu décrit bien Judith curry, le « unknown unknown », il convient plus que la climatologie et les travaux du WG1, ni même les travaux très alarmistes du WG2 qui tente clairement de nous faire peur (qui sait si dans leur délire ils ne décrivent pas un de ces unknown unknown qu’ils ne comprennent pas plus que quiconque), de démonter à la hache les travaux suicidaire et malthusiens du WG3.

    Les climato-orthodoxes pro-nucléaires ont démonté depuis longtemps ce délire malthusien, qui se prétend bas carbone, mais ne l’est même pas. Les éoliennes tourne comme le photovoltaïque au gaz russe ou au schistes du Dakota.

    Pour résister aux effets d’un climat catastrophique comme le WG1 le prévoit dans ses pires cauchemars, et le WG2 en tire les pires conséquences possibles, la meilleure solution pour les plus faibles, les pauvres est :

    *S’enrichir !*

    Il est plus facile au japon de se prendre un typhon que Haithi un ouragan. La priorité devrait donc être au développement, et c’est une stratégie « no regret » dont on bénéficiera même si les WG1 et WG2 se sont trompés. En plus ça réduira la pollution, et la déforestations, sachant que la déforestation est un facteur clé du bilan CO2.

    L’arnaque des ONG sur « joru du dépassement » est basée sur l’idée d’absorber du CO2 avec des éoliennes et pas des forêts

    pour le bas carbone, qui est une stratégie secondaire, résoudre la cause même si c’est incroyablement plus dur et moins fiable, que l’enrichissement, la meilleure solution est un mélange très peu promu de :
    – nucléaire à toutes les sauces
    – isolations
    – augmentation des rendements agronomiques (agriculture de conservation des sols , OGM, irrigations)
    – éducation des pauvres (basse de la fécondité).

    Je sais que pas mal de climatosceptique sont simplement écœurés par l’exploitation honteuse de la problématique climatique pour promouvoir des idées malthusiennes, tout en rejetant les solutions techniques simples et bénéfiques, le nucléaire, la croissance économique, les OGM, l’agronomie moderne.

    Judith Curry, qui reste une des climatologues les plus sincère, ne nie pas le RCA, se questionne sur sa gravité sans l’exclure, mais est choqué par la confiance du consensus actuel, et surtout les biais des WG2 et WG3. Elle promeut comme beaucoup de réalistes climato-orthodoxes les « no regret solutions ».

    Le très climatique Jancovici, même le sincère alarmiste Hansen, et à demi-mot le GIEC (qui visiblement a du mal à l’admettre a cause de son biais anti-nucléaire évident), poussent le nucléaire, qui sera une bonne solution quel que soit le climat futur, et la cause de son évolution.

    Ça commence à se savoir
    https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2018/10/29/top-climate-scientists-warn-governments-of-blatant-anti-nuclear-bias-in-latest-ipcc-climate-report/#4cf2b2d23973

    Il ne faut pas jeter le bébé climatique avec l’eau du bain malthusienne.

    Vous n’êtes je l’espère pas certain qu’il n’y ait aucun RCA catastrophique dans le futur.
    Je ne suis pas plus certain qu’il y ait un RCA catastrophiques dans le futur.
    Et le débat est encore plus grave si on s’inquiète d’un quelconque changement climatique, endogène, anthropique, réchauffement ou glaciation, voir simplement oscillations…

    Mais nous pouvons tomber d’accord sur le fait que d’enrichir et éduquer les pauvres, monter les rendements agricoles avec des OGM et de l’agriculture de conservation des sols réduisant les intrants les plus toxiques, et les surfaces cultivées, et donc reforester, déployer des énergies nucléaires sans CO2, ni particules, ni découpeurs de journalistes, sera un bon investissement quoi qu’il arrive.

    Battons-nous pour des solutions, même si nous somme plus ou moins en désaccord sur la gravité et la certitude de la situation.

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    • Je suis globalement d’accord avec vous sur le fait que le développement des pays pauvres sera le meilleur moyen pour qu’ils se sortent de certains déterminismes climatiques et pour qu’ils deviennent plus résilients aux aléas météorologiques tout en participant à la croissance mondiale.

      Là où je ne vous suis pas, c’est sur le développement du nucléaire. La solution nucléaire, quoi que très intéressante en terme de rendement, ne peut être appliquée partout dans le monde pour plusieurs raisons : sites d’implantation trop exposés aux risques naturels selon les pays, capacités technologiques et politiques nécessairement avancées pour gérer cette industrie de pointe et sa matière première (le combustible nucléaire enrichi), stabilité géopolitique également nécessaire. Pour preuve, même le Japon et la Russie, pays avancés, ont été quelques peu été dépassés par certains de leurs accidents nucléaires. Mais le nucléaire, c’est aussi bien des avantages et il ne faut pas y avoir que du danger, sur ce point je vous suis et c’est pour cette raison qu’il est mieux de parler de risque. Mais cette énergie nucléaire peut être mieux apprivoisée qu’elle ne l’est maintenant d’où l’intérêt de la recherche dans ce domaine. C’est probablement l’énergie de l’avenir mais pas encore celle d’aujourd’hui pour le monde entier car elle est toujours un défi de maitrise technologique pour les pays les plus avancés.

      Selon moi, les ressources fossiles représentent bien la seule énergie immédiatement disponible pour les pays pauvres ou intermédiaires afin d’alimenter de manière abondante et peu onéreuses leurs économies, sans trop de risques majeurs directs. Là où je suis d’accord avec vous, c’est que les énergies renouvelables sont ruineuses, en plus d’être inefficaces au niveau économique et malheureusement, tout se foin autour du CO2, leur ayant permis de capter des sommes faramineuses, n’ont pas eu comme effets escomptés de leur faire faire le bon technologique en avant qu’en attendaient beaucoup (des Rockfellers à Bloomberg en passant par Google ou l’AFD).

      Un réchauffement climatique catastrophique n’est bien entendu pas à exclure mais les bases scientifiques sont trop faibles pour que l’hypothèse de la survie l’emporte sur celle de continuer le développement de l’humanité entière avec les énergie fossiles. Et au passage, on vit très bien dans des pays chaud aux moyennes de températures bien plus élevées qu’en Europe. Un réchauffement climatique n’engendrera pas d’effets tellement brutaux, à cinétique tellement rapide que la population humaine en serait dévastée, sur ce point, j’en fais un scénario de très faible probabilité, d’autant plus que les sciences et techniques sont déjà très avancées et permettront de s’adapter à des phénomènes à cinétique plus lente. Par exemple, si jamais une élévation de 7m de la mer se produisait par un quelconque effet de seuil que la science n’aurait pas pu déterminer de manière précise, il y a peu de chances que cela se produise abruptement, il me semble que la physique et la thermodynamique est formelle sur ce point. Donc, on s’y adaptera vu l’état avancé de nos techniques qui pourrait nous laisser bien d’autres solutions que la migration.

      Pour la baisse nécessaire de la fécondité dont vous parlez, c’est probablement une erreur surtout que c’est le spectre d’une « immigration massive » de vieux non actifs dans les pyramides des âges qui pèsera sur la démographie et l’économie mondiale pour la deuxième moitié du siècle. Si le Japon et l’Allemagne ne l’ont pas vu venir, espérons que l’on saura l’anticiper à l’échelle de la planète. Il n’est plus certain que l’immigration de jeunes soient aussi mal vu qu’aujourd’hui. Il se pourrait même que le monde se dispute cette immigration avant la fin du siècle, car pour ma part, je ne souhaiterais pas une robotisation trop poussée de la gestion des populations du 3ème âge.

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      • Sur le nucléaire il est difficile d’admettre les faits.
        Les faits c’est que la loi linéaire sans seuil, une règle de radio protection à la louche qui prétend que 1 litre d’est tue 1000 fois moins qu’une tonne d’eau quand on la largue d’un canadair est réfutée et qu’il y a des seuils, non seulemen en dose, mais surtout en débit de doses. LEs enfants de l’école de Ramsar se protent bien, et ceux de tchernobyl n’on souffert que de la débilité des autorité qui les ont laissé boire du lait contaminé…

        LEs radiations ont tué 50 personnes, uniquement à tchernobyl, une trentaine de pompier suicide dont un tiers est mort de doses massives (l’autre 2/3 a survécu je ne sait pas comment), et quelques enfants dont l’opération de la thyroide a raté.
        La crise des graines germées bio aux e-coli a tué tout autant de personne et on continue à e pas javeliser les graines.
        George Monbiot avait pondu vers 2011 des articles incendiaires contre les antinuclaires (c’est un radical),
        La plus grosse mortalité c’est les évacuations délirantes, justifiées au début mais trop en panique au Japon (ils ont abandonné des malades à la mort), et injustifies et criminelles avec le temps. des milliers de morts évitables , dues au stress, au déracinnement.
        On parle des terres contaminées, mais pour une parte c’est aussi un problème d’exagération, mais avouons que toutes les terres mêmes inutillement interdites par ces accidents, sont ridiculement petites comparées à ce qu’il faudrait verouiller avec les éoliennes, les panneaux solaires, les STEP.

        De toite façon, la peur du nucléaire, comme celle des OGM, du glyphosate, est une construction sociale des malthusiens.
        https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2018/06/11/if-nuclear-power-is-so-safe-why-are-we-so-afraid-of-it/#4180b39f6385

        Bon j’avoue aussi que pour moi le nucléaire fission, n’est pas ma cible.
        Il n’y a pas que le WG2 et WG3 qui fument, mais aussi le Caltech et le MIT sur certains sujets à budget sensible.
        Si le nucléaire est une solutions fiable, même dans des pays qui gèrent leurs centrales aussi mal que les soviétiques (les SMR devraien améliorer la situation, mais comparé au charbon/gas/terres-rares, CO2 ou pas, ya moins de morts), j’ai plus d’ambition… autre histoire, qui n’est pas pertinente ici.

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      • Et pour une fois que (quasiment tous) les pays de l’ONU se sont mis d’accord sur 17 « Objectifs de Développement Durable » qui partaient bien de l’éradication de la pauvreté (N°1 même si, en théorie, il n’y a pas de classement dans les ODD), puis éradication des famines et de la malnutrition, Santé, Education pour tous.tes, égalité des sexes, eau potable et assainissement, Paix et justice, villes et communautés « soutenables » ( quoi que cela puisse dire), vie des océans, lutte contre la déforestation et la désertification, consommation « responsable » (idem), travail décent et croissance économique (si si), réduire les inégalités, accès à l’énergie facile et « propre » (idem) coopération internationales pour atteindre ces objectifs.
        Voilà, oh pardon j’en oublie un « action climatique », UN des 17 ODD, et toujours en l’absence de classement officiel, N°13 sur 17.
        Ces objectifs sont déclinés en 169 cibles, et suivis par des indicateurs quantitatifs, si possible et qualitatifs.
        Objectifs « signés » en 2015, juste avant LA COP « de Paris-Fabius », pour résultats attendus en 2030.
        Certes tous les pays signataires ne sont pas toujours de bonne foi pour certains ODD (allez savoir pourquoi je pense à l’égalité des sexes pour certains pays de religion officielle et unique musulmane, par exemple). D’autres auront des difficultés à atteindre des objectifs « de base » (pauvreté, santé, éducation, eau+assainissement), mais c’est déjà un grand pas dans la bonne direction.
        Et « en même temps », la présentation du rapport du GIEC (le SPM de 40 pages objet du fameux « consensus », donc entièrement politique) a le culot d’intégrer les 17 ODD, en faisant en quelque sorte du Climat LE pivot central, ce qu’il n’est absolument pas dans les ODD.
        Quant au nucléaire, vous avez tous les deux raison, c’est comme la démocratie « la moins pire de solutions » (à court/moyen terme et à défaut du reste aka Enri )
        Espérons toutefois qu’entre la fusion, à l’horizon de 50 ans ?, les SMR, le thorium ou les neutrons raopides, des solutions nuke efficaces, produisant de l’électricité « pas chère » et peu ou pas de déchets seront acceptées en attendant une hypothétique percée technologique immense dans le stockage de l’électricité ou la production de « bio carburants » (au sens large) robuste, non concurrentielle de l’alimentation, et à un équivalent baril de produit fini entre 50 et 80$.

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  5. Très bon article, merci beaucoup cher Cédric (et désolé de le dire un peu tard : cordonnier mal chaussé, j’ai parfois du mal à publier un commentaire sur mon propre blog !). Tout cela illustre tristement non seulement la dérive idéologique de notre temps, mais aussi l’absence de réflexion approfondie pour ce genre d’études qui mériterait mieux. Me reviennent en mémoire ces lignes de Jacques Duran sur nos élites qui « ignorent à peu près tout du merveilleux potentiel scientifique de notre beau pays ».

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    • Merci.
      Jacques Duran avait raison ici aussi, je viens de voir la vidéo (que tu viens de poster) de la conférence du Pr. Courtillot à l’hotêl de l’industrie qui l’illustre à merveille.
      Si on pousse un peu plus loin la prospective en ce qui concerne la clairvoyance de la prochaine génération de nos prospectivistes militaires, la censure qui a frappé le Pr Gervais au lycée Hoche est plutôt un mauvais signal qui montre que cette dérive idéologique pourrait se perpétuer dans l’élite de demain.

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  6. J’aime beaucoup cet article, de Zanzibar au Sahel en passant par le bassin du Mékong.
    😉

    Et j’encadre :
    « En choisissant un graphique de Science Po, nos élites militaires ont l’avantage de jouer la transparence et donnent le ton : les questions climatiques se situent dans le registre du politique, même lorsqu’il s’agit de l’analyse de paramètres purement physiques comme la température. Dans le fond, l’armée prouve ici-même ce que les climato-réalistes dénoncent depuis longtemps, à savoir que le politique influence très fortement l’état de notre connaissance des sciences climatiques. »

    Inquiétant…

    Mais la suite va nous faire rire :

    https://www.defense.gouv.fr/dgris/recherche-et-prospective/observatoires/observatoire-geopolitique-des-enjeux-des-changements-climatiques

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  7. Bonsoir.
    Merci pour l’intérêt que vous avez porté à la lecture de cet article. Je correspondais avec Benoît sur les forces en présence qui avaient basculé dans le dogme collapsologique et je lui disais que je ne connaissais pas la position des forces armées, qui était primordiale. J’ai donc creusé sur ce sujet puis j’en ai parlé ici même.
    Pour Sciences-Po, la catastrophe climatique, c’est le dogme absolu, j’imagine totalitaire pour les étudiants, d’où la déconnexion de nos jeunes élites politiques, qui explique en partie le mouvement des Gilets Jaunes, plus réaliste et critique vis à vis du pouvoir.
    Lorsque j’aurais le temps, je regarderai avec intérêt ces travaux de prospectivistes, plus récents que ceux que j’avais analysés dans cet article.
    Merci vraiment pour ces liens.

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