Un article de l’excellent Geoff, paru sur le non moins excellent site Cliscep.
Lundi dernier, l' »Independant » (guillemets de rigueur…) publiait cet article prophétiquement intitulé :
Donald Trump peut-il gagner l’élection ? Voici la raison mathématique pour laquelle il est impossible qu’il devienne président.
Cherchez l’erreur.
Oui, mais à part ça.
L’article a été écrit par un certain Bryan Cranston, un enseignant en ligne en sciences politiques et thésard de l’université de Swinburne, en Australie, parce que l’un des principaux journaux anglais n’était pas capable de trouver quelqu’un en Europe capable de lire un graphique tel que celui-ci et de le commenter ? Réponse valable, mais ce n’est pas encore celle que j’attends.
Vous ne voyez pas ? Allez, un petit coup de main. Essayez ceci :
Voici la raison théologique pour laquelle il est impossible qu’il devienne président.
Ou encore cela :
Voici la raison numismatique pour laquelle il est impossible qu’il devienne président.
Vous y êtes ? Là vous pouvez voir le problème, parce que même si vous n’y connaissez rien en théologie ou en collection de pièces de monnaie, vous savez ce que les mots veulent dire. Tout comme vous savez ce que « mathématiques » et « raison » signifient.
Beaucoup de journalistes et d’éditorialistes sont incapable de faire des maths, mais on attend d’eux qu’ils comprennent le sens des mots. Et s’ils en sont réduits à devoir embaucher un thésard pour comprendre les maths à leur place, on espère qu’ils sauraient en trouver un qui comprenne ce qu’on peut faire ou pas avec elles.
Les maths peuvent vous dire que 49% est plus grand que 48%, mais ne peuvent pas vous dire qui fera 49% et qui fera 48%.
Tout comme les maths peuvent vous dire que 0,17°C par décennie font 1,7°C par siècle mais ne peuvent pas vous dire sous combien de mètres d’eau sera noyé Manhattan, ou combien de Bangladais arriveront en 2100, ou s’il y aura des coupures d’électricité cet hiver. Seule une réflexion précise menée par des être humains rationnels peut le faire.
Y a-t-il quelqu’un, dans les médias où ailleurs, encore capable d’une pensée rationnelle ?
Geoff Chambers. (Source)
Post-scriptum : Sur Cliscep, Paul Matthews a fait remarquer à Geoff que, deux jours après l’élection, The « Independent » a publié cet autre article, intitulé « Pourquoi personne ne devrait être surpris que Donald Trump ait gagné l’élection ». The « Independant » est décidément très fort pour avoir toujours raison.
Cela fait longtemps que j’ai ce genre de réflexion, et je ne suis pas le seul loin s’en faut. Simplement les journalistes n’ont tout simplement aucune culture scientifique, rien, nada.
Ils ont fait un cursus littéraire pour l’écrasante majorité.
Ils voient, comme tout le monde, la communauté scientifique comme un groupe de personnes rationnelles et cohérent d’où nos fameux 97% des scientifiques chers aux réchauffistes, d’où les phrases comme : « Une étude à démontré ».
Ceux qui ont reçu ou qui se sont forgés une culture scientifique n’ont pas fini de hurler devant leur écran TV 🙂
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Même en faisant un cursus littéraire, on passe par le primaire et le collège.
Moi on m’a appris qu’une réponse doit avoir la bonne unité. La bonne valeur numérique avec la mauvaise unité ne rapporte pas de points. Des années après la « catastrophe de Fukushima », les articles qui parlaient de radioactivité ne distinguaient les doses et les débits de doses.
Et combien de fois voit-on des puissances en « Watts par seconde »? Des énergies en « kW/h »?
Même à l’école, un graphique doit avoir des axes légendés. Un graphique non interprétable ne rapporte aucun point.
Combien de fois ai-je vu les mauvaises unités et des graphiques avec des légendes illisibles et plus généralement des données non interprétable dans le journal de référence?
Le fait de ne pas avoir une licence de physique n’est pas une excuse! Le fait d’avoir fait autre chose que du présentéisme à l’école « obligatoire » doit permettre de repérer certaines bourdes.
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Si c’est « impossible », la probabilité doit être infiniment petite. Tout pari avec un gain non null est intéressant et devrait être pris, dans la mesure où :
– le pari est légal là où vit la personne
– la personne n’est pas moralement opposé aux paris.
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Grain 2 Sel
“Simplement les journalistes n’ont tout simplement aucune culture scientifique”
Et moi non plus je n’ai pas une culture scientifique, mas j’ai une culture “humaniste” suffisante pour pouvoir faire la différence entre la vérité nécessaire (logique et mathématique) et la vérité contingente. Qu’est-ce que vous faîtes, vous français, en philosophie pendant 7 heures par semaine au lycée?
Comme dit simple-touriste, “Même en faisant un cursus littéraire, on passe par le primaire et le collège.”
Toutes les personnes qui passent aux médias en donnant leurs opinions sur les sondages, le climat etc; ont Bac plus 5 ou 7. Ils n’ont pas d’excuse, sauf: “”Nous sommes l’élite, vous savez. On n’a pas le temps pour entrer dans les détails…”
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La classe cancaneuse, pardon je voulais dire les experts en « science politique » racontent que le résultat est inattendu (lire : suspect, peut être frauduleux, un re-comptage serait nécessaire) parce que « les » sondages donnaient une « probabilité » de gain élevé (jusqu’à 99%) pour la candidate démocrate. (Je pensais que les sondages donnaient des estimations des intentions de vote et non des probabilités.)
Tout cela étant présenté comme très scientifique. Mais depuis des semaines un seul sondage sort complètement du lot, donnant à Donald Trump un score bien plus élevé : c’est « LA Times/USC Tracking », qui utilise une méthode complètement différente, et qui a été amplement critiqué par des « experts » qui ont expliqué en gros qu’il ne valait rien. Ce n’est donc pas par un hasard étrange qu’une estimation sortait du lot, mais par construction; on pouvait effectivement se demander si cette construction était solide et justifiée.
En tout état de cause, l’excuse de l’ignorance ne peut pas être invoquée concernant cet « outlier », la classe piailleuse le connait!
Comme les résultats électoraux « qui ont surpris tout le monde » (enfin pas tout le monde, seulement tous les « experts ») sont proches de ce « outlier » qui avait une méthodologie différente, on pourrait penser que ça va plutôt dans le sens de la confirmation de l’intérêt de cette approche originale. Au lieu de ça, les blablateurs se sont empressés d’ignorer le « outlier » pour ne conserver que les estimations qui sont très loin du résultat!
Cela me rappelle autre chose…
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