Le scandale de la Grande Cause nationale 2015

Manuel Valls a annoncé vendredi 28 novembre que la Grande Cause nationale 2015 serait la « lutte contre le dérèglement climatique ». C’est ainsi que, pour la première fois depuis sa création en 1977, le label de Grande Cause nationale peut, et doit, être dénoncé.

Jusque là, le choix des Grandes Causes nationales, qui relève du Premier ministre, s’était toujours porté sur un sujet consensuel, par exemple la lutte contre une maladie grave (le cancer, la maladie d’Alzheimer…), la pauvreté ou encore les mauvais traitements. Des sujets peu médiatisés mais de grande importance ont été Grandes Causes, comme la lutte contre la solitude (2011), l’autisme (2012) ou l’illettrisme (2013). Chacune à sa manière, les Grandes Causes nationales ont tenté de rassembler la communauté nationale, de rappeler son unité ferme et résolue face aux malheurs qui peuvent en frapper les membres. On pouvait ergoter, dire que tel sujet aurait été mieux que tel autre, mais il restait impossible de se déclarer frontalement contre la cause qu’il s’agissait de promouvoir. Cette année, cette impossibilité n’en est plus une.

Pour 2015, le Premier ministre a en effet rompu avec cette tradition d’expression consensuelle de solidarité nationale en retenant un thème qui est tout à la fois scientifiquement ridicule, politiquement dérisoire et, plus grave, facteur de division. Ce dernier point fait du thème de cette année l’exact inverse de ce pourquoi les Grandes Causes nationales ont été initiées.

La Grande Cause nationale 2015 est tout d’abord scientifiquement ridicule, parce que prétendre lutter contre un « dérèglement climatique » implique l’adhésion au mythe du paradis climatique originel. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de nous indiquer à quelle époque situer ces temps bénis de perfection météorologique ? L’hiver 1709, peut-être, au cours duquel, comme le raconte Saint-Simon, « le pain gelait sur la table à mesure qu’on le mangeait » ? Ou les hivers du xixe siècle dont Zola, entre autres, raconte les terribles conséquences ? Il faut le dire avec force une fois pour toutes : quoi que l’on pense des gaz à effet de serre, il n’y a pas, et il n’y a jamais eu de « climat bien réglé » — je défie quiconque d’en produire une définition scientifiquement reconnue. En institutionnalisant une notion de dérèglement impossible à défendre scientifiquement, le pouvoir exécutif fait de cette croyance archaïque en une nature initialement pure et parfaite un élément officiel de son projet politique.

La Grande Cause nationale 2015 est, ensuite, politiquement dérisoire. À notre époque où tant de difficultés frappent nos concitoyens, l’on peine à croire qu’un responsable politique au fait des aspirations collectives puisse porter son choix sur une question aussi décalée. Si le Premier ministre manquait à ce point d’idées, que n’a-t-il pris connaissance de la pétition de la Fédération Française des Diabétiques, par exemple, à qui le label vient d’être refusé pour la seconde fois consécutive ! Il est vrai que les diabétiques ne sont pas à l’agenda de la grand-messe de décembre 2015 à Paris, cet énième rendez-vous mégalomaniaque où l’ordre du jour sera de sauver la planète en empêchent les cyclones de tourner et la mer de monter.

La Grande Cause nationale 2015, enfin, est un facteur de division. Malgré le matraquage médiatique incessant et à sens unique au sujet du climat, nul ne peut ignorer aujourd’hui l’existence des climatosceptiques — le mot est même entré dans le dictionnaire l’an dernier. Ceux-ci, dont je fais partie, doutent de l’importance considérable qui est prêtée aux activités humaines dans les évolutions récentes du climat. Je ne vous demande pas de croire qu’ils ont raison, mais seulement de reconnaître une évidence : ils existent. En août 2013, le commissariat général au développement durable a estimé que 35% l’étaient parmi nos compatriotes. À en croire cette enquête qui émane du Ministère de l’écologie lui-même, promouvoir comme Grande Cause nationale la lutte contre le « dérèglement climatique » revient donc à faire d’un Français sur trois un paria institutionnel, un criminel par la pensée. C’est indigne de notre République.

13 réflexions au sujet de « Le scandale de la Grande Cause nationale 2015 »

    • Je n’ai pas dit que votre question était hors-sujet, mais qu’elle n’était pas intéressante. Copier-coller un bout de texte et dire « nan chuis pas d’accord » ne constitue pas, de mon point de vue, une question intéressante.

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      • J’aime surfer à gauche et à droite sur les sites pro et anti RCA ; j’aime m’informer ; compiler les points de vues, etc.
        Si ce « nan chuis pas d’accord » vous a choqué, il n’est que l’image du bon sur ma chaise. Je n’ai jamais lu / vu jusqu’à présent que «prétendre lutter contre un dérèglement climatique implique l’adhésion au mythe du paradis climatique originel.»
        Je m’étonne donc. Je me demande d’où ça vient. Elle est là la question.

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      • Vous pouvez par exemple lire le chapitre 6 de mon ouvrage, « Le Mythe climatique » (Seuil, 2010), mais aussi quantité d’autres auteurs qui ont évoqué le sujet : Marcel Leroux, Roy Spencer…

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