L’Organisation météorologique mondiale se lance dans la science fiction

Le procédé remonte au moins à Soleil vert : raconter un quotidien imaginaire situé après une apocalypse environnementale. Légitime dans le cadre d’une œuvre de fiction, ce procédé est-il admissible de la part d’une organisation scientifique ?

De façon incroyable, l’Organisation météorologique mondiale a répondu que oui.

Pour préparer le prochain sommet mondial sur le climat (dont l’imminence n’a d’égale que l’indifférence qu’il suscite), l’OMM a en effet produit une série de bulletins météo futuristes, aussi catastrophistes qu’imaginaires. Ils sont si épouvantablement ennuyeux qu’on comprend sans peine pourquoi ce pitoyable instrument de comunication climatique est parti pour faire un bide : une semaine après leur mise en ligne, la plupart de ces vidéos n’ont été vue guère plus que quelques centaines de fois. Pour ce qui est des deux exceptions qui dépassent les 20 000 vues, je suis tenté de croire que cela est dû moins aux efforts de promotion de l’OMM qu’à la publication de cet article d’Anthony Watts qui qualifie ces vidéos de « pornographie climatique. » (Rappelons au passage que le site climatosceptique de Watts vient, lui, de franchir le cap des deux cent millions de visites.)

Comment croire après cela que l’OMM serait encore un organisme scientifique ? La science a pour fonction d’étudier les phénomènes, de les décrire à l’aide de lois, éventuellement aussi de faire des prévisions. En revanche, elle n’a pas pour fonction de nous dicter notre conduite, ni d’essayer de nous faire peur, et encore moins de produire des fictions futuristes pour nous inciter à « faire le bien ». Dévier de cette ligne, c’est utiliser la science au profit d’un projet de société. Il s’agit alors d’une démarche politique et non plus scientifique.

Entendons-nous : je n’ai aucunement l’intention d’empêcher qu’on promeuve un projet politique. Ce que je conteste, c’est que cela puisse être fait par un organisme à vocation scientifique. Lisons la manière dont l’OMM se présente elle-même :

La vision de l’avenir de l’OMM consiste à «assumer le rôle de chef de file au niveau mondial en matière d’expertise et de coopération internationale dans les domaines du temps, du climat, de l’eau ainsi que pour toutes les questions environnementales connexes et, par là même, de contribuer à la sécurité et au bien-être des peuples du monde entier et à la prospérité économique de toutes les nations».

Quant à la mission de l’OMM, elle consiste à:

  • Faciliter la coopération à l’échelle du globe pour la mise en place de réseaux de stations permettant d’effectuer des observations météorologiques ainsi que des observations hydrologiques ou géophysiques se rapportant à la météorologie et encourager la création et le maintien en service de centres chargés de fournir des services météorologiques et connexes;
  • Favoriser la mise en place et le maintien en service de systèmes d’échange rapide des renseignements météorologiques et connexes;
  • Encourager la normalisation des observations météorologiques et connexes et assurer la publication uniforme des observations et statistiques;
  • Encourager les applications de la météorologie à l’aviation, à la navigation maritime, aux problèmes d’eau, à l’agriculture et à d’autres activités humaines;
  • Encourager les activités dans le domaine de l’hydrologie opérationnelle et favoriser une étroite coopération entre les Services météorologiques et les Services hydrologiques;
  • Encourager les activités de recherche et de formation en météorologie et, selon les besoins, dans des disciplines connexes et concourir à la coordination des aspects internationaux de ces activités.

 La question qui se pose est alors : dans laquelle de ses missions l’OMM peut-elle bien ranger la « production de prévisions météos imaginaires de l’an 2050 » ?

4 réflexions au sujet de « L’Organisation météorologique mondiale se lance dans la science fiction »

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