Note de lecture : Sapiens et le climat, d’Olivier Postel-Vinay

Comme l’indique son sous-titre, elle est en effet bien chahutée, la relation que l’homme entretient avec le climat. Une relation qui ne date pas d’hier, et qui remonte aux origines de notre espèce. Dans son ouvrage, Olivier Postel-Vinay retrace toute l’histoire d’Homo sapiens au travers des multiples évolutions des révolutions climatiques qui ont jalonné son histoire. Un voyage menée de façon à la fois passionnante et dépassionnée.

L’empire d’Uruk a-t-il succombé à un terrible changement climatique ? Faut-il voir dans la splendeur et les aléas de l’époque romaine des reflets du temps qu’il faisait en Europe à l’époque ? Les évolutions climatiques peuvent-elles expliquer comment, autant que pourquoi, Homo sapiens s’est aventuré hors de son Afrique natale ? C’est tout cela que le livre aborde, nourri des références scientifiques les plus récentes et les plus solides, avec des réponses toujours nuancées et prudentes. On cherchera vainement, dans les 350 pages de cet ouvrage, des rapprochements hâtifs, des attaques inutiles, et autres témoins rhétoriques de notre triste époque sur ce type de sujet. Dans un registre plus vulgarisé mais aussi plus large, Sapiens et le climat constitue ainsi, en quelque sorte, une version actualisée de l’Histoire du climat depuis l’an mil d’Emmanuel Leroy-Ladurie.

Comme il est bon d’en apprendre sur le climat sans en apprendre sur notre fin du monde ! Comme il est rafraîchissant, le temps d’un livre, d’en rester à l’histoire et à la science, de se laisser émerveiller par ce que nous savons reconstituer, et de se laisser tout autant fasciner par ce que nous ignorons encore de notre propre passé !

Ce n’est que tout à la fin que l’auteur a, tout de même, quelques mots sur ce que nous vivons aujourd’hui. Il ne prend guère parti, fidèle à sa ligne générale loin de toute polémique. Tout juste s’étonne-t-il de la crise climatique dont nous parlons aujourd’hui « par anticipation » c’est-à-dire avant même qu’elle ait réellement produit des effets comparable à celles que l’Humanité a dû traverser depuis les origines.

Un livre hautement recommandable, à la fois pour son contenu scientifique dense très bien servi par un style doux et envoûtant, mais aussi, et peut-être surtout, pour sa façon de se tenir à distance de tout excès, donnant ainsi un bel exemple de la façon dont doit se penser la science.

Olivier Postel-Vinay, Sapiens et le climat, les Presses de la Cité, 2022.

11 réflexions au sujet de « Note de lecture : Sapiens et le climat, d’Olivier Postel-Vinay »

  1. https://www.alnas.fr/actualite/en-vrac/un-americain-prouve-que-l-humain-ne-vient-pas-de/
    «  » » » » »Selon un écologiste américain, l’être humain ne serait pas originaire de la Terre mais aurait été amené par des extra-terrestres dans un but précis. Il base cette affirmation sur des analyses comportementales de l’Homme qui ne seraient pas adaptées à la planète sur laquelle il se trouve. » » » » » »
    faut_il encore écouter les écologistes , américains ou pas ?

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    • fritz : are you living in a COMPUTER SIMULATION as suggested BY Nick Bostrom
      in Philosophical Quarterly (2003) Vol. 53, No. 211, pp. 243‐255.

      This paper argues that at least one of the following propositions is true: (1)
      the human species is very likely to go extinct before reaching a
      “posthuman” stage; (2) any posthuman civilization is extremely unlikely
      to run a significant number of simulations of their evolutionary history (or
      variations thereof); (3) we are almost certainly living in a computer
      simulation. It follows that the belief that there is a significant chance that
      we will one day become posthumans who run ancestor‐simulations is
      false, unless we are currently living in a simulation. A number of other
      consequences of this result are also discussed.

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    • La conclusion de l’article que vous avez mis en lien n’est pas piquée des hannetons non plus !
      À titre personnel, je pense qu’il est nécessaire d’écouter tout le monde, mais de garder branché en permanence son esprit critique.
      Typiquement pour cet article : « un écologiste américain » : parle-t-il d’un écologiste au sens « scientifique qui étudie l’écologie » ou au sens qu’a le terme en France ? Il semble pencher pour le côté scientifique, mais d’un autre côté il ne cite aucune source, on doit se contenter de l’affirmation de l’auteur. Indépendamment de la fameuse conclusion, ça a tendance à décrédibiliser le propos…

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  2. Le climat est la source de bouleversements depuis la nuit des temps. A ma grande surprise je découvrais, il y a quelques mois dans une émission consacrée à Cleopâtre, que sa disparition était très probablement liée à une très grande sécheresse il y plus de 2000 ans. Sécheresse ayant entraîné famines et révoltes.
    A priori pas de diesel à cette époque!

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    • Pas de diésel non plus (ou même de SP95-98) pour expliquer l’assèchement du Sahara. Alors de quoi ses occupants, qui y ont laissé de nombreuses et spectaculaires traces, étaient-ils coupables??

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    • Dans mes souvenirs d’école, Cléopâtre s’était suicidée avec un serpent, elle serait donc morte à cause de la biodiversité.

      Mais on m’a toujours expliqué que l’Egypte était le grenier à blé de la Rome antique et que le Sahara était tempéré il y a 6000 ans.
      Ces salopards d’éleveurs du néolithique ont complètement fichu en l’air leur environnement, certainement avec les prouts de méthane de leurs vaches.

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  3. Ping : L’Odyssée Climatique d’Homo sapiens | Science, climat et énergie

  4. Merci à Benoît et à l’Association, véritable Rocher de Gibraltar au milieu des vaines écumes provoquées par des dérives de la « pensée » des rageux écolos à la Saint Jean Jouzel (de l’Apocalypse, au fait, que devient-il à part ânonner son catéchisme aux petites n’enfants des zécoles ?) et autres fonctionnaires catastrophiques.
    Courage à tous.

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  5. Fascinant ouvrage que Sapiens et Le Climat, d’O. Postel-Vinay. Oui, les crises climatiques ont émaillé l’histoire, précipitant certaines civilisations vers le chaos. La « crise » actuelle n’a qu’une originalité, qu’elle partage avec les religions : se fonder sur des hypothèses, des projections et des théories. Voilà qui devrait amuser ces descendants que l’on est censé protéger : leurs ancêtres verts redoutaient que le ciel ne leur tombe sur le cornet. Le réchauffement contemporain est ridicule, 1.1 degré en un siècle et, jusqu’alors, et si l’on prend la peine d’analyser rationnellement chacun des fléaux supposés en découler, événements majeurs, cryosphère, niveaux océaniques… aucunement menaçant. Pas d’accord ? Lisez cet ouvrage. Vous constaterez que les innombrables civilisations précipitées dans la tourmente climatique n’ont pas eu le loisir de se demander, depuis leurs logis confortables, si l’avenir serait ou non menaçant. Dans un même ordre d’idées, la peste bubonique et la Covid sont toutes deux qualifiées de pandémies mais les situer à un même niveau d’intensité relèverait de l’audace… Les années de sécheresse dans l’empire de Summer, les années ayant suivi l’éruption du Tambora et la situation actuelle sont tout aussi distinctes. Personne ne maîtrise l’avenir, et plus amusant encore, aucun climatologue sérieux n’avancerait disposer de l’intégralité des déterminants du climat. Tout comme aucun médecin n’avancerait avoir connaissance de l’intégralité des déterminants du cancer. Réduire le climat au CO2 anthropique, c’est un peu réduire le cancer aux perturbateurs endocriniens, en réalité rien du tout. Imaginez… Une communauté de confrères, ne s’en remettant qu’à un seul et unique organisme de communication, disons l’OMS, terroriserait la population en brodant sur les méfaits hypothétiques de ces perturbateurs. Tout cancer serait lié à ces derniers et des simulations numériques de l’organisme humain laisseraient penser qu’en 2050, l’intégralité de la population aurait été nettoyée. Il faudrait, dès lors, traquer les poisons et les éliminer et les industriels et financiers, conscients de la manne, lanceraient des projets tous azimuts. On négligerait les autres étiologies, tabac, génétique, infections virales et bactériennes pour ne retenir que cet unique facteur marginal et, peut-être bien, anodin. Évidemment, on combattrait les réfractaires, ennemis de l’OMS, cancéro-sceptiques. On redirigerait les crédits vers cette cause que les politiques porteraient jusqu’au niveau mondial avant qu’enfin la population ne prenne conscience de l’absurdité de cette lutte, de sa dangerosité et des dégâts phénoménaux qu’elle aurait générés. Ridicule ? Évidemment… Alors pourquoi vous soumettre à des développements de même nature au prétexte d’un risque hypothétique que la science balaiera un jour d’un revers de publication si le climat ne s’en charge pas avant ? Réduire ce dernier au seul CO2 anthropique, soit 5 % de 0.0415 % des gaz de l’atmosphère, est aussi inepte scientifiquement que menaçant pour la société des hommes, qui, outre les crises climatiques, traverse immanquablement des crises morales. L’homme est LA préoccupation, ici-bas, bien avant une Gaïa chimérique et fictive. Sapiens coopère avec son environnement, qu’il souhaite aussi accueillant et préservé que possible mais il lui faut vivre. Il l’égratigne, certes, mais ces blessures superficielles cicatrisent sans peine. Le plus souvent, il coopère avec une planète qui peut, à tout moment, anéantir ses efforts. Un commentateur m’attaquait hier, évoquant la » nature de son grand-père » mais il négligeait ce détail essentiel : la France est totalement anthropisée depuis la fin du XVIIIe siècle. Point de nature sauvage, nulle part. Cessons de fixer des règles arbitraires à propos d’une nature qui va au fil des chaos. L’existence humaine est une lutte, depuis l’aube des temps. Renoncer, céder à la peur, se terrer, est indigne. Aussi indigne que se mutiler dans l’optique de rectifier à un genre jugé insatisfaisant, quand la noblesse réside précisément dans la lutte visant à composer avec ce que la nature nous a offert. Respectons-la. Le poison, c’est l’obscurantisme d’une idéologie verte millénariste prétexte à tyrannie, la tyrannie des lâches. La rhétorique verte, philosophie de peureux, est une véritable insulte au stoïcisme. Socrate tient lieu de référence temporelle, dans Sapiens et Le Climat : que nous dirait-il, aujourd’hui ? Allez, je dois achever Londres, de Céline et Greta a ressuscité Einstein mais le bonheur d’avoir lu Postel-Vinay va me porter des jours encore : merci Monsieur…

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