Au fond

Les mouvements de fond qui agitent les sociétés sont difficiles à percevoir tant nous sommes accaparés par les problèmes et l’humeur morose qu’ils engendrent. Mais décidément il faut tenter de les déchiffrer pour rester lucide et, au moins, ne pas pécher par naïveté face au tragique de l’histoire.

Dans l’ombre des réunions, colloques, rapports divers, conférences, comités, sommets en tous genres, se dessine le futur que devra prendre en compte, bénéficier ou subir, le bon peuple. Il fut un temps où ces décisions se prenaient à l’échelle humaine, commune ou pays, et chacun pouvait peser un tant soit peu sur son destin. Désormais l’avenir se dessine sous forme de normes à appliquer, d’interdits en tous genres, de procédures tatillonnes élaborées loin des réalités derrière des bureaux où siègent des cerveaux déconnectés du terrain et le plus souvent sans aucun mandat électif (comme la commission européenne). Et au plus bas de l’échelle décisionnaire, le visage de Kafka apparait devant toute démarche administrative, désormais soumise au bon vouloir de l’appareil règlementaire appliqué à l’aveugle par un préposé anonyme…voire une boite vocale ou un algorithme. L’interdit règne.

Les mondes d’Orwell et d’Huxley se mettent en place petit à petit avec pour objectif la contrainte à un ordre du bien et du bonheur obligé : La 5G et les GAFAM  annoncent la surveillance généralisée que la Chine emploie déjà pour normaliser les comportements, et le bonheur nous est servi comme la soupe par des spécialistes qui pondent des recettes à longueur de pages ou par des humoristes agrémentés de rires et applaudissements enregistrés censés nous amuser…

Le paradoxe vient qu’aprés l’avènement d’une société individualiste considérée comme libérale, chacun doit pourtant se soumettre aux courants de pensées normées en dehors desquelles la liberté, de penser et d’agir, s’exerce de moins en moins : le bonheur prend obligatoirement la forme de l’addiction au gadget, du confort maximum, de la soumission et du laisser-faire sans vagues, du « lâcher prise ». Malheur à la contestation et à la rébellion, à l’esprit critique et au gout personnel. Les empêcheurs d’être heureux en rond sont vite étiquetés comme mauvais citoyens détruisant la cohésion nationale face au danger planétaire.

Quant au bien, sa dictature nous a déjà été bien analysée par P.Murray. Il s’exprime dans une doxa bien-pensante qu’il est difficile de remettre en question.

La puissance de l’information, les techniques de « nudging » modèlent et nivèlent progressivement les consciences qui, sans s’en rendre compte exécutent ce que le courant profond attend d’elle. A l’heure de la mondialisation l’homogénéisation des modèles de pensée et de civilisation est en route. Au moins en occident.

Dans cette optique, le climat répond parfaitement aux critères pouvant amener un ordre mondial : Il n’a pas de frontière, aucun pays n’en détient le monopole mais tous sont censés avoir une influence par le biais de leurs émissions de CO2. Cependant si tous ne collaborent pas rien ne pourrait changer. Il faut donc culpabiliser les foules au maximum pour que personne n’échappe au diktat vert. C’est toute l’équation symbolisée par les accords de Paris. 

L’apparition du virus en est un autre symbole mondialisé et une autre raison de faire se coucher les opinions diverses face à l’«urgence». L’inquiétude virale est un passager de ce train de la peur qui empêche l’analyse à froid de la situation : ainsi celle des vaccins qui, même certainement utiles, n’en sont pas moins encore en phase 3 de leur expérimentation, alors que les traitements possibles sont occultés. A-t-on le loisir d’en prendre conscience ?

La langue, comme nous l’a appris Orwell, est aussi un élément structurant majeur de la pensée et l’adoption de l’anglais, le « globish », est l’exemple de cette conscience mondialisée. La pression de l’Europe pour l’utiliser sur les cartes d’identité nationales, alors que le Royaume Uni en est sorti, traduit bien cette évolution normative, globalisante, homogénéisant les esprits. On ne peut que se désoler de la manière dont une certaine modernité, d’un certain snobisme, passe par l’abandon du Français au profit de la langue de l’économie.

En élargissant le propos, la dilution, la disparition progressive des spécificités quel qu’elles soient, nationales, personnelles, de genre, de culture, d’exigence, s’effacent devant le commun, le non discriminant, l’intérêt général, le collectif, la lutte nécessaire contre l’ennemi planétaire. Il faut donc avant tout déconstruire, et tout déconstruire, pour faire advenir un monde nouveau. 

Quels sont donc les acteurs de ce théâtre mondial que certains spectateurs regardent avec terreur pendant que d’autres jouent à se faire peur, et que d’autres encore, moins nombreux, se désolent devant la pauvreté des arguments et des dialogues enflammés en essayant de résister ?

Plutôt que suspecter une machination ourdie dans les profondeurs de l’ONU ou des sociétés plus ou moins secrètes animées par de puissants milliardaires, (Soros, B.Gates…) il vaut mieux considérer la mécanique des foules : concernant le climat par exemple, après le coup de starter enclenché par les premiers faux résultats comme la crosse de M. Mann et autres avanies,, la peur a tout de suite été exploitée par les faiseurs d’opinion dont l’espoir était précisément d’«éduquer » les foules à leur profit sur le plan mondial. Saisir l’opportunité de manipuler les consciences, prendre le train de la peur en marche… Il suffit de marteler le message en veillant à ne pas laisser suffisamment de temps de cerveau disponible au citoyen pour exercer sa critique. Les médias et les cercles d’influence y veillent consciencieusement. On en revient au nudging, à la captation des cerveaux par le numérique, à l’abrutissement par le jeu, au divertissement par le rire sur commande, gras de préférence, bref à tout ce qui peut distraire des vrais problèmes du temps.

Il y a donc tout un cocktail de phénomènes affectifs, psychiques, économiques, de pouvoir et de technologies qui sont à l’œuvre et s’auto suffisent pour faire avancer le monstre globalisant, normatif, prédateur des libertés. La population autant que les dirigeants y participent et appuient sur l’accélérateur bien-pensant, sans que le frein de la raison ne puisse y faire grand-chose.

Les forces qui dirigent le village global sont, elles-mêmes globalisées et souterraines. Elles échappent de plus en plus au villageois. Pourront-ils, voudront-ils résister ?

Au fond, Houellebecq nous a prévenu : « le monde nouveau sera le même que l’ancien, mais en pire » 

28 réflexions au sujet de « Au fond »

  1. Klaus Schwab a exposé le projet mondialiste: « Vous ne posséderez rien, vous n’aurez plus de vie privée, et vous serez heureux. » Il s’agit bien d’une machination ourdie par une poignée de psychopathes milliardaires. Je vois que vous n’avez pas encore balancé le téléviseur… A remplacer par exemple par « L’info en questions » sur Fulllifechanel ou les chaînes Odysee de Salim Laïbi ou Chloé Framery, ou encore le site d’Ema Krusi.

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  2. De grâce, déchiffrer, pas décrypter !
    Sinon excellent papier, mais une question demeure, qu’il pose et à laquelle il ne répond pas :  « …la peur a tout de suite été exploitée par les “faiseurs d’opinion ” » . Qui sont-ils et comment agissent-ils de concert ?

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    • Correction faite merci. Quant aux faiseurs d’opinion j’ai justement voulu montrer que, bien sur quelques milliardaires ont des projets pour leur boutique et que les médias se régalent du pire, mais que surtout le corps social est lui-même partie prenante dans cette galère en alimentant à ses dépends la crédulité et la soumission, tout heureux qu’on lui serve la soupe de ses peurs excitantes et de ses distractions abrutissantes, de ses divertissements comme dirait Pascal. La société entière génère le monstre et avance vers son destin…

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  3. Bonjour,

    Excellent billet qui résume parfaitement la situation présente. Je serai simplement un peu moins formel en ce qui concerne des grandes institutions internationales comme L’ONU. De simples, nécessaires et utiles champs de confrontation des pays du monde, j’ai le sentiment qu’elles sont devenus, pas forcément de leur fait, des outils aux mains de personnes ou structures mal-intentionnées qui, par leur maîtrise des outils de communication modernes, arrivent à imposer leurs vues à l’ensemble du monde. Ce n’est pas tant au climat que je pense qu’à tout ce qui touche les mœurs et le vivant (euthanasie, eugénisme, etc,…). Et au nom de quoi et comment critiquer ce qui peut venir d’une structure qui représente l’humanité. Il y a là, je pense, de quoi alimenter une saine réflexion.

    Bonne journée

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  4. Merci.
    Bien d’accord pour la « combinaison » Orwell ET Huxley !
    Comme disait SS Jean-Paul II lors de son voyage en france : « Nayez pas peur »… mais bon, comme il s’agissait du pape…
    Concernant les humoriste, je vous rcommande tout de même » les Goguettes », saynétes chantées et jouées par un trio ou un duo, de grande qualité, courtes et savoureuses, facilement accessibles sur YT. (amha bien sur)
    Enfin, oui, pas besoin de « complot » de je ne sais quelles instances, groupes de pression etc; même si je rejoins plutôt les remarques de H ci-dessus.

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    • Bonjour Murps, excellente remarque, je partage votre optimiste, le retour de balancier est d’autant plus intense et rapide que la supercherie est grotesque. Des amis « bons écolos », mais non bobo-éscrolos, nous disaient qu’ils ne supportaient plus les publicités faisant systématiquement référence au C02 et qu’ils boycotteraient les annonceurs ayant systématiquement recours
      à cette référence. Au fait, qu’est devenu le trou de la couche d’ozone…et la publicité qui régnait autour de cette histoire ? Bien à vous. Résistons. JR

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    • Oui l’histoire a toujours fonctionné comme ça, et les plus grandes choses sont souvent arrivées de manière totalement imprévisibles. Donc ne jamais désespérer. Il y a un mouvement de fond de résistance au mondialisme politique progressiste. Ce mouvement est parti, mine de rien, de Poutine. Puis il a gagné de nombreux pays comme la Hongrie, la Pologne, le Brésil et a atteint une taille critique quand Trump est arrivé au pouvoir aux Etats-Unis. Tout ce mouvement de résistance au globalisme est disqualifié en permanence, populiste voire fasciste, mais ce sont des mots. Les gens réélisent ces dirigeants qui sont proches d’eux et des soucis réels de leurs peuples. Trump a littéralement gelé pendant 4 ans toutes les avancées globalistes, à commencer par le délire climatique. Il a été battu par la plus vaste fraude électorale jamais organisée, mais ce n’est que partie remise. Le mouvement est en marche. Tout peut arriver, et des choses étonnantes vont advenir, pas forcément dans le sens attendu.

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  5. Bonjour H, l’ONU et ses satellites ont été créés dans une optique bienfaisante, cela ne fait aucun doute. Les organisations deviennent ce que les acteurs en font, avec le temps elles subissent les influences et s’écartent de l’objet initial. Rappelons-nous tout de même que De Gaulle défiait deja  » ce machin là ». Bien souvent et sur de nombreux thèmes, force est de constater qu’il avait très souvent raison (énergie, souveraineté, défense, immigration, culture, etc..). Cela étant dit, il se lit fréquemment que l’ONU est l’organisme le plus corrompu au monde. Mon niveau de confiance aujourd’hui, dans cet organisme est de 50 % et de 0 % sur sa filiale le GIEC. Merci pour cet échange. Bien à vous. JR

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  6. Le mot villageois m’a rappelé la petite phrase assassine de l’individu qui se prétend chef d’état alors qu’il visitait de véritables chef d’état, sur les Gaulois pas facile a manipuler.
    Eh oui Jules, 2000 ans plus tard, un petit village d’irréductibles résiste toujours.

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  7. Le trou dans la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique en 2020 est l’un des trous les plus grands , les plus profonds et les plus durables depuis le début des activités de surveillance de la couche d’ozone , il y a 40 ans !
    Source OMM , publié le 6 janvier 2021 .

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  8. Le lien n’a rien à voir avec l’ozone , je me suis trompé !
    Ce sont des statistiques du ministère de l’intérieur sur les vols et violences dans les réseaux de transports en commun en 2019 .

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  9. Quand je lis l’article de l’OMM recommandé par SAEZ
    https://public.wmo.int/fr/medias/nouvelles/apr%C3%A8s-avoir-battu-un-record-le-trou-dans-la-couche-d%E2%80%99ozone-2020-sest-referm%C3%A9
    et qu’on lit ceci en introduction
    « « « « « « Il s’agit de l’un des trous les plus grands, les plus profonds et les plus durables observés depuis le début des activités de surveillance de la couche d’ozone, il y a 40 ans » » » » »
    Et ceci en conclusion

    « « « « « Dans leur dernière évaluation scientifique de l’appauvrissement de la couche d’ozone, publiée en 2018, l’OMM et le Programme des Nations Unies pour l’environnement concluaient que la couche d’ozone était en voie de rétablissement et que les concentrations de l’ozone au-dessus de l’Antarctique pourraient retrouver d’ici 2060 les valeurs qu’elles avaient avant 1980 » » » » »

    On se demande sur quelles analyses ils se basent puisque celles-ci ont débuté en 1980
    En fait l’OMM raconte autant de conneries concernant le trou d’ozone que L’OMS concernant la pandémie du Covid

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  10. Le trou est saisonnier, sur 40 années d’observations on peut sans doute découvrir qu’il bat un record un hiver.
    Ca ne démontre pas que ce sont les cfc qui « trouent la couche ».
    Ca ne démontre pas que l’origine du trou est anthropique.
    Les prévisions d’il y a 30 ans étaient déjà foireuses, alors l’histoire de la reconstitution en 2060 est franchement risible.

    La notion de « couche d’ozone » est franchement mal choisie, on y trouve en moyenne 8 ppm, c’est à dire 0,0008 % en volume. Vous parlez d’une couche !!!

    Pour les pluies acides, il y avait un joli documentaire de l’INRA intitulé « Pluies acides, la peur oubliée ». Je suppose que comme il date de 1998, on ne le trouve plus sur le site officiel de l’Inra. Si quelqu’un trouve un lien…

    Evidemment, le docu en question est un petit peu dérangeant.

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  11. Pluies acides, la peur oubliée ?
    Vidéogramme. Réalisation et images : Gérard Paillard
    Conseillers scientifiques : Etienne Dambrine et Guy Landmann
    Son : Stéphan Brunclail et Patrick Allex
    Retour… vers le futur. Ce pourrait être le sous-titre de ce film, qui retrace d’un oeil de scientifique les
    grandes étapes de l’histoire des pluies acides.
    En 1967, Svante Oden, chercheur suédois disparu en 1986, attribue la forte mortalité des poissons des
    cours d’eau à l’acidification des eaux de pluie. Les responsables ? Principalement les industries qui,
    de près comme de loin, recrachent leurs émanations polluantes (dioxyde de soufre, d’azote…) dans
    l’atmosphère.
    En 1979, les scientifiques alertent l’opinion publique. Cette pollution, responsable de la dégradation
    des forêts, constitue le fond d’un problème qui dépasse le cadre local. L’Europe entière est concernée
    et ce, à plusieurs niveaux. Science, écologie, environnement : les pluies acides arrosent aussi le
    politique.
    Alors que l’on rend hommage à l’engagement citoyen des scientifiques «pionniers», ceux
    d’aujourd’hui semblent faire preuve d’une plus grande timidité. « Le dépérissement des forêts résulte
    d’un cocktail de causes… », fondamentalement juste, cette conclusion témoigne néanmoins d’un
    climat plus « tempéré »… L’engagement citoyen, à l’instar de celui de Svante Oden,. se serait-il dilué
    dans les eaux de pluies ? Sans se réclamer d’une position contestataire, il est vrai que l’INRA affiche
    dans ce film une modestie qui, face à la prestance des compères suisse, suédois ou allemands, ne
    souligne peut-être pas suffisamment l’ampleur des travaux menés sur le sujet.
    Quoiqu’il en soit, le film suscite bien joliment la discussion, puisque de la Suède aux forêts de l’Est,
    les images sont de très belle qualité. Un voyage en quête de certitudes, de doutes, d’hypothèses et de
    confrontations : au travers des témoignages de nombreux scientifiques de toute l’Europe, le film
    démontre clairement que l’affaire des pluies acides, loin d’être classée, reste toujours d’actualité…
    Vidéogramme disponible à la Salle d’actualité, service Information et Communication audiovisuelle de l’INRA
    147, rue de l’Université, 75338 Paris cedex 07.
    Tél. : 01 42 75 94 51 ; fax 01 45 50 27 16 ; sa@paris.inra.fr

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