Freud et l’écologiste

par Philippe Catier

Il est classique dans l’analyse Freudienne de considérer que nous sommes déterminés par notre « çà » et notre « surmoi » auxquels le « moi » serait en permanence soumis. En examinant les ressorts des tenants de l’activisme écologique on peut essayer d’y retrouver les critères de cette analyse :

Il y a chez eux une dimension révolutionnaire sous-jacente fondamentale, le « çà », typique de la jeunesse qui de tout temps a voulu « tuer le Père », en l’occurrence le système marchand dit capitaliste. C’est une donnée tellement banale que l’on en a parfois un sentiment assez désabusé qui permet de rester serein : « Cà leur passera ». L’écologisme a fait le hold up sur la politique en imposant cette stratégie, avouée pour certains, qui ont fait émerger ce projet au niveau de leur conscience, dissimulée dans leur subconscient pour beaucoup qui en sont les idiots utiles comme dirait Lénine.

Le « surmoi » c’est l’allégeance morale au « bien », à la mission rédemptrice que les écologistes ressentent intensément, confondant l’éthique et la responsabilité, se sentant responsable parce que moraux, car, n’est-ce pas, qui pourrait dans notre société moralisatrice contester le bien-fondé de la démarche ? Munis de cette immunité morale aucune accusation à leur encontre ne tient, seules sont dignes d’opprobre les idées contraires où on dénonce l’Argent comme moteur et la Nature comme victime.

Voilà les deux injonctions entre lesquelles le « moi » se débat.

Le « moi » s’en sort par l’activisme qui ne s’encombre plus de la raison mais dont l’essence, l’action elle-même, sert de justification : « Il est temps d’agir, nous ne pouvons plus attendre ni réfléchir, la maison brûle, il est déjà trop tard… » « Action » dirait le metteur en scène de ce drame dont la société qui cherche à se protéger d’une catastrophe fictive paie et paiera encore plus la facture tant que l’enfermement idéologique persistera.

A l’appui de cet activisme l’objectif est assorti de considérations d’allure scientifique, la science objective étant le plus souvent étrangère à ses allégations. Il faut alors masquer ce déficit par le recours à d’autres paravents comme l’unanimisme apparent de ces idées dans la société, la fréquentation d’éminents scientifiques et le consensus que ceux-ci semblent manifester, ainsi que d’autres combats qu’ils relient artificiellement au sujet, ce qui « noie le poisson » : l’égalité homme-femme, les migrants, le post-colonialisme, la pauvreté. Tout sauf réfléchir aux tenants et aboutissants du problème tel qu’il a été posé au départ au GIEC : le climat subit il l’influence de l’homme et si oui comment et dans quelles proportions ? L’argument massue qui permet d’échapper à l’analyse est « tout se tient ». Dès lors, la discussion échappe à tout argument scientifique, la contradiction sur un point aura toujours une issue de secours vers un autre point. La savonnette s’échappe dès qu’on la serre.

Le débat qui a eu lieu sur « Le Crayon » entre Benoît Rittaud et Camille Etienne illustre parfaitement ce propos : La présidente de « On est prêt », fondamentalement attachée à « changer la société », sûre de son Bon droit sans apprécier les conséquences de ses idées, prête à mener l’Action quoiqu’il en soit, débite des mantras, les clichés fusent, les formules et les éléments de langage s’enchainent à toute vitesse pour noyer l’interlocuteur, l’accuser d’incompétence et l’empêcher de répondre point par point. Toute la panoplie des techniques employées par ceux qui, n’étant pas « au niveau », se débattent, s’agitent à la surface des choses.

Cet état d’énervement, signe de l’impuissance de la passionaria, qu’en d’autres temps on aurait nommé autrement, nous oblige à penser que quelques heures sur un canapé Freudien seraient bien utiles.

13 réflexions au sujet de « Freud et l’écologiste »

  1. Bravo, article partagé. Mon épouse, qui ne se passionne pas pour la question, a trouvé B. Ritaud insuffisamment incisif. Je l’ai trouvé parfait, probablement parce que je partage son avis mais la question reste posée : quel ton adopter ? J’aime a user de sarcasme et coller le nez écolo dans son truc mais cela irrite certains quand l’idée est de rassembler… question complexe, à laquelle le livre de PMoore apporte quelques réponses : on y découvre les arcanes du mouvement

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  2. Je pense que la meilleure façon de lutter reste le questionnement en allant vers les contradictions de l’interlocuteur. Exemple:
    Faut-il arrêter l’extraction du pétrole? Si la personne vous répond oui. Comment allez-vous faire sans votre smartphone (ou sans You Tube et l’informatique) qui est entièrement dépendant (transport, plastique, énergie) de ce pétrole? Si l’on vous répond que l’on peut faire des plastiques biosourcés: Combien de terres faudra-t-il cultiver pour faire ces plastiques?…etc

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    • Tout à fait d’accord. C’est une manière de ne pas attaquer de front sur la croyance, qui est aussi la bulle la plus puissante, hermétique du discours alarmiste.
      Tirer le fil de la pelote sur le réel complexe est sans doute plus efficace pour évider l’argumentaire.

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    • Trés juste! Socrate nous l’a appris il y a bien longtemps. Il s’agissait de faire accoucher l’interlocuteur de ses contradictions en le questionnant plutôt qu’en polémiquant : la maîeutique . Ou l’art du judo utilisant l’énergie de l’adversaire pour le faire chuter. Nous avons tous à nous entrainer…
      Mais nous sommes dans un domaine quasi pathologique de la croyance où il n’y a plus de conseil à donner.

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      • Oui ! Merci pour votre éclairage.
        Le psy est un peu un maieuticien de l’âme, je comprends mieux le dernier passage de votre billet, si je ne sur-interprète pas.
        La résistance visible à un argumentaire extérieur est symptomatique.

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  3. Le fétichisme du modèle climatique est au militant de l’écologie politique ce que la psychose est à l’analysé. Toute cette propagande ne tient que par l’acceptation des termes « modèle climatiques » pris comme la loi de Newton. Sans fétichisme des modèles, plus de psychose alarmiste. Le point capital est de rappeler au croyant que leur foi déplace des montagnes d’absurdités car ils ignorent tous la définition stricte d’un modèle du CMIP : les biais génériques dans CMIP5 sont confirmés dans CMIP6 dans toutes les études rétrospectives. Le croyant ne le sait pas, la presse suit le Covered Climat Now dont l’alarmisme est le ressort. Le fétichisme du modèle est partagé par les médias de la classe dominante et devient le moteur de la propagande. Le covered climate now avec ces éléments de langage sont à la classe dominante ce que sont les complots sur les réseaux sociaux. L’alarmisme climatique est une forme aboutie de détournement de la science par les politiciens de métiers et leurs médias complices, nous en payons les frais.

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  4. Hélas, cher Philippe, le divan ne saurait guérir la péronnelle. En effet, il s’agit d’un problème de croyances, par définition hors du champ du rationnel, donc de l’analyse scientifique. Par ailleurs, pourquoi se sentirait-t-elle en souffrance ? On ne vient sur le divan que parce qu’on en a bavé et que l’on voudrait que ça s’arrête.
    À mon sens, il ne s’agit pas d’un conflit moi/surmoi mais plutôt d’une posture adolescente témoignant d’un besoin narcissique.
    Dans la série  » les inepties à la mode qui trotte « , je vous invite à parcourir le site de l’observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, qui parle des dérives des nouveaux fanatiques.
    Amicalement.

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