Contre-COP22 : court rapport d’étape

Jeudi après-midi a eu lieu le début de la Contre-COP22 de l’association des climato-réalistes. Une demi-journée très réussie, qui promet de belles choses pour demain.

Le début a été marqué par l’intervention introductive de Claude Allègre, qui n’a pas pu être physiquement présent mais avait accepté de faire un enregistrement vidéo il y a deux jours. Cet enregistrement, comme celui des autres intervenants de la Contre-COP22, sera mis en ligne très prochainement. L’académicien ancien ministre de l’Éducation nationale s’y exprime avec lucidité et pondération, dans un exercice où il demeure excellent malgré sa maladie qui rend son élocution parfois hésitante. Ce fut un beau moment de recueillement collectif que d’entendre ainsi celui qui fut l’un des premiers en France à porter une voix dissidente sur la question climatique.

Son successeur à la tribune fut aussi son successeur à la tête de l’IPGP, à savoir Vincent Courtillot, toujours aussi efficace dans ses présentations. Nous avons parlé un bon moment durant le dîner qui nous a réuni par la suite. Vincent est quelqu’un qui porte sur lui l’enthousiasme de la science, et qui l’allie à une humilité qui est pour lui une véritable boussole. On ne peut que souhaiter que, sur cette question du climat, justice soit un jour rendue à ses efforts.

Jean-Claude Bernier a parlé de l’irréalisme fondamental des politiques climatiques avec le regard du chimiste. Une utile remise de pendules à l’heure, qui a permis de fixer les idées sur des sujets où règne bien souvent la pensée magique.

François Facchini s’est intéressé à la manière dont une croyance peut se diffuser dans le corps social. Je n’ai pas pu tout suivre à cause de tâches d’organisation qui m’ont éloigné de la salle de conférences au début de son intervention, mais un des points saillants de sa présentation a été le fait que le carbocentrisme est une « croyance à bas coût » : ça n’engage à rien de se dire sauveur de planète (bien qu’en réalité personne ne veuille payer pour sauver les ours polaires), et le plaisir d’afficher sa vertu et de passer pour une « bonne personne » vaut bien une soumission aux arguments d’autorité. François, qui ne se considère pas comme climato-réaliste et n’a présenté la question que sous l’angle de l’analyse intellectuelle des mécanismes à l’œuvre dans la croyance en général, cultive un côté « poil à gratter » qui s’est révélé dans une discussion que nous avons eu par la suite. Rebondissant sur la distinction que j’avais tenté de faire en introduction à la Contre-COP  entre le bien et le vrai (distinction que je sais gré à Vincent Courtillot de m’avoir signalée), il m’a, dans un sourire à la fois amical et critique, reproché d’ignorer le fait qu’un tel discours est lui aussi moral : selon lui, prétendre séparer le vrai du bien pour préserver l’autonomie du premier sur le second, c’est indirectement considérer que le vrai est bien. Je ne suis pas vraiment d’accord, mais j’adore ce genre de propos qui stimule la réflexion et oblige à réfléchir à ses présupposés. François, attends un peu que je récupère…

La dernière partie de cette après-midi a été animée par Christian Buson et François Lucas. Ce fut un moment précieux où ont été présentés les effets délétères concrets de la religion climatique sur l’agriculture, par des hommes de terrain parfaitement au fait des réalités qui échappent à nos bureaucrates climatiques (lesquels ne mettent jamais les pieds dans une exploitation agricole autrement que pour faire la leçon aux « agriculteurs pollueurs »). L’exposé à deux voix a fourni des arguments précis pour comprendre la vacuité des propos carbocentristes tels que ceux sur la précocité de la date de vendanges. Un beau moment de vérité.

Nous avons également reçu la visite de plusieurs journalistes avides d’écouter nos arguments. L’une d’elles a convenu avec moi qu’elle ne rendrait sans doute pas compte de la Contre-COP22 dans les termes objectifs qu’il faudrait, soucieuse qu’elle était de ne pas froisser la ligne éditoriale du média pour lequel elle travaille. Je ne lui en veut pas, il faut bien manger. D’ailleurs, le matin même, Nathalie Fontrel, sur France Inter, a choisi la Contre-COP22 comme sujet de sa chronique sur l’environnement et construit son sujet sur la base d’une interview de moi que je lui ai accordée la semaine dernière : elle a mentionné tel et tel terme inutilement équivoque que j’ai pu prononcer en dix minutes de conversation, m’y a fait dire le contraire exact de ce que je lui avais expliqué sur la démographie, et enfin a passé sous silence les principaux éléments que j’ai soulignés. Elle n’avait rien d’autre à faire, en somme, que de répéter la litanie habituelle (déterrant  pour la énième fois Arrhénius, c’est dire le pathétique). Bien plus qu’aux climato-réalistes, c’est aux journalistes venus aujourd’hui à la Contre-COP qu’il faut souhaiter de ne pas avoir à recourir à ce genre de procédés pour pouvoir continuer à exercer normalement leur métier.

Vendredi, on commence à 9 heures. Si vous êtes dans le coin, venez ! De passionnants exposés nous attendent : Sebastian Lüning sur l’optimum médiéval, François Gervais sur la sensibilité climatique, Reynald du Berger venu spécialement du Québec pour nous parler de son action dans les écoles… L’entrée est libre et gratuite, le programme est ici. À tout à l’heure !

4 réflexions au sujet de « Contre-COP22 : court rapport d’étape »

  1. Bonjour,

    J’ai vraiment aimé les conf sur les 2 jours, V.Courtillot était en pleine forme, il a répondu á beaucoup de questions. Par contre les tables rondes étaient à mon avis tres mauvaises. Pour les agriculteurs, on n a pas eu la moindre presentation de publies de rang A, pas une etude systemique presentee, donc leurs propos sur les engrais, pesticides etc, ne sont pas credibles du tout et en plus hors sujet. Ensuite, le lendemain , on a eu par ex, les propos de Girodeau sur les benefices de la sncf et la ratp, la encore sans voir ces benefices comme systemiques . La encore ces propos vraiment comme l a souligne notre chevalier blanc V Courtillot, du niveau du cafe du commerce. Pas Bon du tout. Melangeant tous les pb, donc en plus faisant comme les rechauffistes ! Si il pense que sous pretexte que l ideologie rechauffiste est fausse, on doit aller forcement vers le neo liberalisme, c est a dire une autre ideologie, et bien il se trompe lourdement. Il y a plein d autres choix non ideologiques. On sentait clairement le poids des lobbys dans ces 2 tables rondes, de quoi se faire en plus tranquillement alumer par les rechauffistes. L’association des climato realistes s extend sur le pb du climat, mais rien d autre. Rien . D autres personnes que moi (avec sans doute V Courtillot ) ont ete choquees, etudiant,medecins,geographes…

    Bon, mais pour les conf, qui heureusement ont pris plus de temps, ca valait vraiment la peine!

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