Londres, jour 1

La première journée de la conférence Geoethics de Londres a réservé quelques moments très intéressants. Comme je l’espérais, la session de ce matin sur l’influence du système solaire sur le climat en valait la peine. Roger Tattersall a parlé du rôle du mouvement des planètes sur l’activité solaire et ses effets sur la durée du jour. (Vincent Courtillot, qui n’a malheureusement pas pu venir, aurait sans doute eu bien des choses à ajouter sur ce sujet qui l’intéresse aussi.) Ned Nikolov a ensuite présenté un point de vue très intéressant liant température et pression à partir d’une analyse dimensionnelle. Le graphique qu’il nous a présenté, qui montre comment, avec seulement deux paramètres, son modèle empirique colle aux observations de 6 astres du système solaire très différents entre eux (Vénus, la Terre, la Lune, Mars, Titan, Triton), a fait une certaine impression. De même, les analyses spectrales de Nicola Scafetta qui établissent une corrélation forte entre la vitesse du Soleil (par rapport au centre de masse du système solaire) et la température de la Terre donnent de quoi réfléchir.

Un moment intéressant s’est produit lors d’une courte discussion entre Richard Tattersall et Peter Ward. Le premier représentait en quelque sorte le point de vue des cycles, que suggère la mécanique céleste : on prend telle et telle courbe et on essaye de la décomposer en morceaux périodiques à partir de cycles de 11 ans, de 60 ans, de 84 ans, etc. (chaque valeur correspondant en principe à une périodicité astronomique). Peter Ward, qui est géologue, estime quant à lui que ce qui commande le climat sont les éruptions volcaniques, qui ne se produisent pas selon des cycles comparables à ceux de l’astroclimatologie.

Il me semble que les deux points de vue sont appelés à se compléter davantage qu’à s’opposer. Un partage doit sans doute être fait entre le déterminisme des cycles de la mécanique céleste et les phénomènes plus erratiques tels que le volcanisme. Les premiers, à grand coup de spectres de Fourier, peuvent espérer dégager des principes fondamentaux gouvernant les grandes tendances ; les seconds, dont l’étude théorique implique plutôt des outils des probabilités et statistiques, ont sans doute de quoi compléter le tableau de manière qualitative. Il y a 25 ans déjà, à l’aide d’une loi classique des probabilités (la loi d’arcsinus), Gordon s’était demandé dans Journal of Climate si la meilleure représentation de la température globale n’était pas tout simplement une évolution aléatoire.

Le principal organisateur de la conférence, Niels-Axel Mörner, n’a pas manqué de faire le spectacle. Au départ très policé dans son exposé introductif, il a fait preuve plus d’une fois de son enthousiasme et de sa passion lors de ses différentes interventions aux séances de questions et de discussions. Ça ne manquait pas de charme.

Parmi les exposés à surveiller demain, je vois notamment ceux de Piers Corbyn (un analyste météo qui connaît un tas de choses) et de Niels-Axel Mörner sur le niveau marin.

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