Voyez ce qu’ils font de la science

Nouveau cas d’école de la gangrène idéologique qui imprègne la science : l’institut de neurologie de l’University College de Londres publie une offre d’emploi pour recruter un chercheur sur un programme de recherche qui porte, tenez-vous bien, sur « changement climatique et épilepsie ». Non, nous ne sommes pas le premier avril.

Dépéchez-vous de préparer votre CV, l’offre d’emploi prend fin ce soir à minuit. Une opportunité pareille, ça ne se rate pas…

Pour ceux qui, de façon compréhensible, croiraient à un hoax, voici le lien vers l’offre, sur le site Euraxess que connaissent tous les chercheurs ayant un jour caressé l’idée de faire une carrière à l’étranger. Vous la retrouverez aussi sur le site Nature Careers.

L’annonce commence dans un style qui conviendrait davantage à une start-up qu’à un institut médical :

Nous offrons l’opportunité excitante pour un chercheur clinicien enthousiaste et motivé de rejoindre un groupe de recherche clinique dynamique dirigé par le professeur Sanjay Sisodiya, dont les recherches portent sur le changement climatique et l’épilepsie, et les sujets connexes.

La suite détaille le type de « recherches » qui seront poursuivies par l’heureu.x.se élu.e (écriture inclusive de rigueur, il est écrit « UCL Taking action for Equality ») :

L’objectif principal du poste est d’étudier les relations entre le changement climatique et l’épilepsie, à l’aide des connaissances standard et d’investigations cliniques. Les impacts du changement climatique sur la santé est un sujet émergent clé pour la santé humaine. (…) La personne recrutée travaillera avec Epilepsy Climate Change (EpiCC), une nouvelle initiative virtuelle globale dont le but est de favoriser la recherche, partager le savoir, diffuser l’information et promouvoir les pratiques qui réduisent les contributions au changement climatique et aident à limiter ses effets sur l’épilepsie.

On voit bien l’intérêt tactique que peut trouver le carbocentrisme à concevoir un projet de « recherche » de ce genre : non seulement cela apporte encore plus de moyens pour la cause, mas cela permet aussi de ratisser toujours plus large dans la communauté scientifique, et ainsi de rassembler une foule toujours plus dense de « chercheurs qui s’occupent de la crise climatique dans toutes ses dimensions », de renforcer l’image du « consensus ». Sur le court terme c’est bien joué, d’autant qu’on ne va pas jeter la pierre à celleux qui postuleront. (Devenir chercheur passe toujours par une recherche qui n’a rien de scientifique : celle d’un emploi.)

Mais sur le long terme, et pour la recherche scientifique en général ?

La recherche scientifique est une fleur fragile, éternellement attaquée par ceux qui l’accusent d’être « déconnectée du réel ». Combien de fois, après avoir répondu à la question de mon sujet de recherche, ai-je dû faire face à l’insidieux « et alors, ça a des applications ? » Un chercheur normalement compétent sait répondre. Oui, mes recherches ont des applications (même si ce n’est pas moi qui les fait). Et même des recherches qui n’ont pas d’intérêt immédiatement visibles valent souvent la peine d’être menées, soit qu’elles serviront plus tard, soit qu’elles œuvrent « pour l’honneur de l’esprit humain » comme disait le mathématicien Jacobi.

En revanche, on ne peut pas défendre une recherche menée pour des raisons aussi évidemment militantes. Quel sérieux le grand public peut-il accorder à la recherche scientifique lorsqu’elle se travestit de cette manière ? Comment le quidam normalement cultivé ne se dira-t-il pas qu’il s’agit là d’un scandaleux gaspillage d’argent et de moyens ?

Comme dit l’expression, ne nous arrêtons pas de rire, sinon nous nous mettrons à pleurer. Au fond, il vaut peut-être mieux faire semblant de croire que nous sommes réellement le premier avril, après tout.

30 réflexions au sujet de « Voyez ce qu’ils font de la science »

  1. Il suffisait d’y penser. Quant au résultat des recherches à venir il établira formellement que: « Oui, il y a bien un rapport entre épilepsie et changement climatique, au moins dans certains cas ». Et puisque c’est la science qui le dit…..Pauvre science.

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    • Les conclusions précèdent la recherche comme dit dans l’intitulé du poste  » promouvoir les pratiques qui réduisent les contributions au changement climatique et aident à limiter ses effets sur l’épilepsie. »
      1ère partie : trouver une stratégie de baisse du CO2 en épilepsie (atténuation) et non, y a t-il un lien avéré et solide entre pratiques médicales en épilepsie et évolution climatique ? Même avec la sensibilité climatique du GIEC, on doit être au millier de milliardième de degrés C qui pourrait être épargné par des pratiques médicales vertueuses dans ce domaine. C’est donc un axe de recherche débile car complètement inutile.
      2ème partie : Puisque le climat a un effet sur les crises épileptiques, comment réduire ses impacts (adpatation) et non, est-ce que l’évolution climatique a un impact mesurable sur l’intensité et la fréquences des crises épileptiques et sur la vulnérabilité des organismes qui les subissent ?

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  2. Le biais est dans le fruit dès le départ pour parodier « le vers est dans le fruit ».
    Ce genre de recherche est inexploitable. Du gaspillage d’argent public.

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  3. « Le problème, me semble-t-il, vient largement de l’invasion du monde académique et intellectuel par des groupes militants qui ne prennent pas la peine d’étudier suffisamment pour savoir à quoi ils ont affaire, mais qui définissent tout de même leur position en agendas politiques. Ces agendas politiques ont pour objectif d’appartenir à un groupe rédempteur: “ nous sauvons notre âme parce que nous croyons à ce qui est bien, et nous épions partout ces corps toxiques qui nous empêchent d’obtenir ce qui nous est dû ”.

    « Et toutes ces nouvelles causes ont le même fondement. Ce sont des causes faites pour des gens qui veulent se sentir exclus de l’ordre établi qu’il faut donc renverser pour se donner une place au sommet de celui-ci. Une fois au sommet, ils le réorganiseront alors de manière à le purifier de toutes ces influences anciennes et corruptrices qui ont eu trop d’importance jusqu’ici. Je pense que cette invasion de l’activisme politique dans les universités et dans les Humanités et dans tous les pans de la civilisation est une des grandes catastrophes de notre époque.  »
    Roger Scruton

    Roger Scruton sur l’Université: “il est encore permis de rire”

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  4. Le thème du changement climatique est médiatiquement porteur, donc ça aimante les sous, donc l’invoquer (L’inwoquer !) est taper dans le mille, ça attire les bienveillances. Pour les missions orbitales en apesanteur, on nous laisse entrevoir plein de manipulations en microgravité, pour faire des médicaments, bien sûr ! Et évidemment dans le cadre de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, grand sujet touchant tout le monde, Même pour l’Ukraine, on voit d’audacieuses digressions faisant rappliquer le climat, sur le ton de l’évidence. Plein d’élucubrations empilant les choses les unes sur les autres, encore entendu dimanche matin, sur France Culture, une nommée Aurélie Filippetti exiger une accélération de la transition énergétique de manière à pouvoir se passer du gaz russe : Plusse de moulins à vent, et donc plus de Poutine ! Ecole normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, Diplôme d’études approfondies (DEA) de lettres modernes, agrégation de lettres classiques, diplôme de l’Institut des hautes études de l’entreprise (IHEE), les nouvelles femmes savantes…

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    • Aurélie Filipetti est, avant toutes choses, une escrologiste de la même lignée que Jadot – Duflot – Hulot – Batho. Pas étonnant qu’elle raconte les mêmes sottises.

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  5. Bravo Benoît. Bel exemple des dérives actuelles du monde de la recherche au RU. Mais la France fait encore bien pire en ce domaine. Il suffit de parcourir les résumés de thèses en histoire ou en sociologie. Le Point a compilé à ce sujet un dossier édifiant.
    Comment corriger ces dérives pseudo-scientifiques autrement qu’en mettant un terme à l’autonomie des universités et en instituant une commission nationale des thèses?

    PS: Appel à tous les universitaires de ce forum: pensez à contacter rapidement vos collègues historiens ou politologues pour leur suggérer un sujet de thèse traitant des causes climatiques de la guerre en Ukraine. Le fil directeur est tout trouvé: le dérèglement climatique aurait engendré sur le terrain des conditions météorologiques particulières (pluie, neige, gel ou n’importe quoi d’autre) de nature à favoriser le passage des chars russes et/ou à mettre en péril la logistique ukrainienne, …etc. Ce sujet de thèse pourrait utilement s’inscrire dans une problématique plus vaste visant à évaluer les causes climatiques de tous les conflits de ces 30 dernières années, depuis les guerres de Yougoslavie en passant par celles d’Irak, de Tchétchénie, de Syrie, sans oublier les révolutions arabes évidemment (*). Il y a probablement de quoi monter un ambitieux projet financé par l’ANR, ou mieux, par l’UE.
    (*) Pour les révolutions arabes, le lien avec le changement climatique ne fait aucun doute, d’après JMJ (voir son essai « Dormez tranquilles jusqu’en 2100… »).

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    • « Commission nationale des thèses » qui, comme toutes les grosses commissions de ce type, ferait passer son propre agenda, de nature principalement politique avant un quelconque agenda scientifique. C’est l’exemple type de la fausse bonne idée, qui s’appuie sur le fait que l’Humain serait vertueux et désintéressé par nature.
      Franchement, il est bon d’y croire. Mais dans le même temps, il faut garder à l’esprit que la réalité est plus proche du contraire, et s’arranger pour que le pouvoir soit aussi éparpillé et fragmenté que possible. Donnez tous pouvoirs à un groupe pour décider de quelle thèse est valide / mérite financement et quelle thèse n’en mérite pas, c’est courir droit à la catastrophe.

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      • @anagrys Cette objection est recevable à l’évidence mais appelle du coup une angoisse : comment diable faire cesser de désastre ?

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  6. j’en ai un autre , qui aurait une certaine utilité

    le compostage des déchets va devenir obligatoire en 2024, y compris pour les particuliers
    compostage signifie émissions de méthane
    quel sera l’impact d’une telle mesure sur le chaos climatique,?

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    • Bonne question. Probable que ce méthane-là sera déclaré inoffensif, alors que celui émis par les vaches ou dégazé par le permafrost, c’est une autre histoire: il est 25 fois plus puissant que le céodeux (ou 100 fois, ou 200 fois, comme vous voulez)

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    • Comme pour les poules, dont les gens en adoptant pour réduire le volume d’ordure domestique et pour faire marrer les gosses avec des œufs tièdes se sont pris pour des paysans, mais ignorant que les gallinacés ça chie grave ! Eh ben le compostage ça attire les rats ! Ce n’est pas mortel, mais il faut le savoir ! Mais bon, le délire naturaliste doit être bu jusqu’à la lie !

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      • Vous mettez un piège à tapette et vous avez un rat bio, et même du rabiot 😉
        Le geste censé pour un écolo : comment avoir des protéines à bas prix 🙂
        Si c’est pas cool ça …

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  7. Mr Rittaud, votre post, qui dénigre un projet scientifique sous prétexte que le sujet de recherche proposé ne vous convient pas m’atterre au plus haut point et ce d’autant plus qu’il est écrit par un scientifique. AVDIATUR ET ALTERA PARS est un principe de droit romain qui devrait guider la démarche scientifique me semble-t-il et que vous semblez avoir oublié.

    Vous n’avez aucune compétence dans le domaine médical, pas plus que moi d’ailleurs, pour juger du bien fondé des recherches proposées. Seuls les paires ( pères ) sont juges, n’est-ce pas ?

    L’institution vous laisse complètement libre de faire les maths qui vous font bander comme elle me laissait libre quand j’étais actif dans mon domaine de recherche. Dieu sait que mes travaux n’ont sans doute aucune application et c’est très bien ainsi, en auraient- ils que je m’en ficherais royalement. Maintenant je suis trop vieux et trop con pour les poursuivre et je laisse les jeunes bosser comme ils l’entendent en suivant ou non mes traces. S’ils souhaitent travailler sur une thématique ahurissante de leur choix, y compris le RC, j’applaudis des deux mains. Il en sortira forcément de nouvelles connaissances. C’est le grand fleuve des idées.

    Le réchauffement climatique, avéré ou non, ne mérite-t-il pas un débat étayé par des travaux académiques et non une bordée d’anathèmes. Comme les autres sujets pas plus, pas moins.

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      • Je ne vois pas en quoi, il y a anathème dans l’article si dessus soumis. L’auteur critique un descriptif d’une recherche indiquant un parti pris.

        « L’objectif principal du poste est d’étudier les relations entre le changement climatique et l’épilepsie »,

        Il y a donc un a priori qu’il a des « relations entre le changement climatique et l’épilepsie ».

        Par ailleurs, l’offre dit bien « réduire les effets ». C’est un second apriori qui induit qu’il est acquis que les effets du réchauffement climatique sont négatifs pour les patients qui souffrent d’épilepsie.

        Il eut été plus judicieux que le projet soit présenté comme une question ouverte, sans apriori, telle :
        L’objectif principal du poste porte sur l’hypothèse que le réchauffement climatique aurait une influence sur l’épilepsie. Le cas échéant où cette hypothèse était confirmée, il se poursuivra par la mise en évidence des mécanismes d’influence du réchauffement climatique sur l’épilepsie et sur les moyens potentiels de réduction ses effets négatifs et/ou de maximalisation ses effets positif.

        Ces aprioris sont renforcés par la référence à l’Epilepsy Climate Change (EpiCC), nouvelle initiative virtuelle globale dont le but porte sur « les pratiques qui réduisent les contributions au changement climatique et aident à limiter ses effets sur l’épilepsie » qui expose les mêmes préposés.
        Notez que je vois mal comment les pratiques en matière de soin de l’épilepsie peuvent contribuer au changement climatique. Mais, il faut bien chasser l’ennemi public numéro 1.

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  8. La Science, c’est créer du savoir pas de créer des richesses ni même poursuivre des finalités matérielles. Être militant dans sa pratique est en opposition à la pratique scientifique, et donc ne pas œuvrer à la connaissance scientifique. La marchandisation de la recherche scientifique que ce soit pour obtenir des moyens financiers ou une visibilité dans les revues scientifiques est une déviance contemporaine qui assassine la Science.

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  9. La Science c’est chercher à répondre à des questions et en aucun cas à militer pour une idée préconçue, prédéfinie. Le parti-pris tue la Science. C’est la neutralité de la recherche qui fait Science.

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  10. qui dénigre un projet scientifique sous prétexte que le sujet de recherche proposé ne vous convient pas

    Oh ! vous avez mal lu.
    M. Rittaud ne dit pas que le « sujet de recherche proposé » ne lui convient pas, il dit que ça n’est pas un sujet de recherche, ce qui est factuel.

    Le fait que le professeur Sanjay M. Sisodiya soit supposément un cador dans son domaine
    https://www.neurodiem.fr/speaker/Sisodiya-2UH0LdcWeiUP751BPovgWy
    ne fait pas de lui un expert en climatologie et en sens commun.

    Toutes ces élucubrations feront le bonheur des historiens et des sociologues dans quelques années.

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  11. Bonjour, nous touchons les bas fonds, incroyable, mais hélas vrai. Merci Benoît pour cette information représentative de cette crasse idéologique menée par le patibulaire Klaus Schwab et ses apôtres du mal. Comment une Université peut-elle raisonnablement penser à cette relation entre l’épilepsie et le changement climatique ? Sans aucun doute, l’objectif est d’alimenter un agenda édicté par les mondialistes Onusiens. L’éscrologie politique et le Greta Recette sont aux firmaments, mais cette religion semble malgré tout prendre du plomb dans l’aile. Le Führer Jadot ne brille pas par ses explications sur les plateaux télévisés, il s’est bien vautré cette semaine.
    A quand une étude pour comprendre la relation entre éscrologues en col blanc, ONG, et financement occultes par une puissance étrangère ? Déséscrologisons la France. Merci. Bien à vous

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    • C’est bien, vous savez saisir des mots-clés sur Google Scholar.
      Maintenant je vous propose de lire les articles concernés, et de revenir ensuite nous expliquer en quoi un article qui commence théâtralement par « Climate change is with us. » (ou un autre qui commence par « Climate change is the biggest challenge facing humanity today. » si vous préférez) vous semble répondre aux canons de la science non-post-moderne.

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