Les morts du confinement

par Rémy Prud’homme.

Le confinement réduit les contacts, diminue les contaminations, limite les complications, et  abaisse le nombre des morts. De combien ? Les épidémiologues ont bien du mal à l’estimer. Avec le confinement, nous allons avoir en France quinze ou vingt mille décès dus au covid19 ; sans cette mesure, nous en aurions peut-être eu le double. La différence donne une idée du nombre de morts évités grâce au confinement. Mais ce décompte macabre ne s’arrête pas là.

Le confinement va aussi appauvrir la France. Malheureux, comment osez-vous mettre en balance des points de PIB perdus et des vies gagnés ? La vie n’a pas de prix ; pour en sauver une, coûte que coûte, je donnerais tout votre PIB ! Ce raisonnement place celui qui le tient dans le camp du bien, et alimente de fort beaux discours électoraux, mais résiste mal à une minute de réflexion. Il se trouve en effet que la pauvreté tue. Les pauvres meurent plus, ou pour mieux dire meurent plus jeunes, que les riches. Le phénomène est indiscutable, bien connu, et même mesuré. A n’importe quel âge, la probabilité de mourir dans l’année est une fonction décroissante du revenu. En abaissant le revenu des Français en 2020, le confinement va augmenter la probabilité de décès et donc le nombre des morts en 2020. Il ne cause pas seulement des morts en moins, il cause aussi des morts en plus.

Combien ? Pour essayer de répondre, il faut connaître, c’est-à-dire quantifier, l’impact du confinement sur les revenus, et la relation qui lie revenu et mortalité. Sur le premier point, on a des estimations qui semblent converger. Si le confinement réduit la production d’au moins 40% (hypothèse optimiste) lorsqu’il est en place, un mois de confinement réduit la production annuelle, le PIB, d’un peu plus de 3%. Trois mois de confinement (deux mois pleins et deux mois de demi-confinement, hypothèse optimiste) réduisent le PIB d’environ 10%. Les flots d’argent public (sans doute désirables) ne doivent pas faire illusion : ce qui n’est pas produit n’est pas consommé, d’autant plus que les importations sont parait-il condamnables ou condamnées. Les revenus des Français vont diminuer d’environ 10% cette année.

Le deuxième point, l’impact d’une baisse de revenu sur la mortalité, ne semble pas avoir attiré l’attention de beaucoup d’économistes, et encore moins de médecins d’ailleurs. La spécialiste française est la professeure Florence Jusot. De ses travaux, je tire (peut-être abusivement) une élasticité par rapport au revenu de la probabilité de décès égale à -0,4. Une variation du revenu de 10% entraîne une variation de la mortalité de -4%, toutes choses égales par ailleurs. La diminution de 10% du revenu estimée pour 2020 causeraient alors une augmentation de la mortalité de 4%. Appliqué aux 610 000 décès de 2018, cela signifie 25 000 morts supplémentaires. Des morts causées par le confinement.

Un bilan honnête du confinement doit prendre en compte les morts évitées et les morts causées. Les estimations proposées ici sont incertaines et discutables. Elles semblent suggérer que le bilan, le bilan sanitaire, est probablement négatif. Ce qui est certain, c’est que l’impréparation (pas de masques, pas de tests, pas de respirateurs, etc. et pas de d’usines pour en produire) suivie de l’atermoiement (trois mois pour en acheter, etc.), qui ont conduit au confinement, auront eu un coût exorbitant.

54 réflexions au sujet de « Les morts du confinement »

  1. Et encore…Certains pays sans confinement ou avec un confinement lâche suivent une courbe équivalente voire moindre de progression du virus. D’autres qui maitrisent leur sujet
    ont une courbe inférieure. L’évitement n’est pas supérieur à la maitrise. Sait on vraiment s’il marche? Ne persiste-t-on pas dans l’erreur qui consiste non pas à s’attaquer au virus (protéger, dépister, isoler, traiter ) mais « simplement » à étaler la courbe pour adapter le problème aux moyens insuffisants? Le virus court toujours et courra longtemps, il nous tuera par asphyxie économique plutôt que clinique.
    Or le ministre vient de déclarer: « Se confiner c’est traiter le virus… »
    Perseverare diabolicum

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    • J’ai appris dans ma longue expérience dans le domaine, en entreprise, et avec des résultats, à résumer que la prévention c’est de limiter l’occurrence au risque, le risque étant ce qui reste du danger une fois toutes les mesures de précautions prises.
      Comme vous le dites il y a erreur dans la prise en compte des séquences et il reste un grand risque.
      En secourisme (en anciens francs) j’apprenais qu’il fallait respecter la séquence : Protéger, Alerter et Secourir. Protéger pour éviter le sur-accident, Alerter les secours et Secourir dans la mesures de ses compétences.
      Nos apprentis d’opérette dans la gestion des risques n’ont pas dus passer leur Brevet national de secourisme. Ce BNS a disparu en 1991 puis a été remplacé par l’AFPS puis par le PSC1 et autre dénomination fumeuse.

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  2. Puisque vous l’avez cherché, voici l’extrait de « Les Alpes Educatrices, mon Chamonix » de Jules Payot (1933) qui va vacciner tout le monde, non pas contre le SARS-Cov-2, mais contre la croyance que l’enfermement réduirait le risque d’infection respiratoire:
    « Autrefois quand la neige tombait en abondance, elle emprisonnait les habitants chez eux. Comment sortir quand les jambes enfoncent à demi dans la neige? Aussi, se calfeutrait-on. Immobilisé dans des chambres sans air, le villageois devenait frileux. Il s’ingéniait à boucher les fentes par où l’air pur du dehors pouvait pénétrer. Casanier, respirant trop longtemps un air vicié, il menait une vie qui sentait le moisi, analogue, dans certains villages reculés, à l’existence de la marmotte. L’ennui d’une vie recluse et malsaine poussait à l’alcoolisme.
    « Heureusement une bienfaisante invention venue de Norvège, le ski, que mon frère, le docteur Michel Payot, a introduit dans les Alpes, a transformé la vie de la vallée.
    « Le ski est un admirable instrument de sport, mais il est mieux que cela. De même que la barque a libéré l’homme du fleuve et de la mer, qui sont devenus, grâce à elle, ses meilleurs alliés; de même le ski libérateur a affranchi le montagnard de la servitude de la neige. Hostile hier, la neige lui est devenue amie. Opprimé par elle, le montagnard l’a vaincue.
    « Dans la légende, certaines formules ouvrent les portes des cachots; d’autres, prononcées par le sorcier, rendent inoffensifs les mauvais esprits. Le ski fait ce qu’accomplissaient le « Sésame ouvre-toi » et les sorciers: il a transformé en routes les fondrières; il a chassé les mauvais esprits de la neige; il a apporté aux montagnards une précieuse extension de leur liberté.
    « Il a aussi apporté la santé et il renouvellera la race. C’en est fait de la longue anémie de l’hiver. Finie les claustrations prolongées. Enfants, jeunes filles, adultes s’y mettent avec ardeur. C’est la vie en plein air. C’est l’impossibilité quand on a le sang en mouvement et les poumons gorgés d’air pur de supporter la nauséabonde atmosphère des maisons à doubles fenêtres. C’est la vie hivernale aérée et ensoleillée, au physique et au moral.
    « Oui, le ski est libérateur et il a plus d’importance pour l’avenir de la vallée que trente changements de ministères. »

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  3. En fait c’est Henri Duhamel qui a introduit le ski en France à Chamrousse…
    Ceci dit enfermer dans un même lieu virus + et virus- reste absurde

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  4. un petit tour ce matin sur les sites officiels de différents pays dans le monde (PB, et dans les pays fédéraux Etat du MIchigan et Etat de Hambourg) montre que globalement le confinement pratiqué est moins attentatoire aux libertés individuelles qu’en France
    on invite partout à rester chez soi, mais il n’y a pas d’auto-autorisation de sortie comme en France, pas de limite dans le temps, pas de restriction aux activités sportives individuelles, non seulement jogging mais vélo
    à Hambourg, on a explicitement le droit de sortir pour rencontrer une personne avec qui on ne confine sans adopter de gestes barrière (ça peut être utile pour les amoureux qui ne cohabitent pas…)
    aux PB, on peut recevoir jusqu’à 3 personnes chez soi pour une visite, sauf pour les personnes de plus de 70 ans ou à la santé fragile, pour lesquels les visites doivent être limitées à une personne
    dans le Michigan, on peut décider de quitter l’Etat pour rejoindre une autre résidence….
    en revanche, sur l’activité économique, l’impact est probablement assez semblable partout, avec les mêmes fermetures de commerces non essentiels, les mêmes recommandations de privilégier le travail à la maison ; en pratique, beaucoup d’usines et de chantiers semblent à l’arrêt ; en Allemagne, par exemple, un peu moins qu’en France pour les chantiers certes, mais ils souffrent du manque de main-d’oeuvre étrangères ; les usines automobiles sont fermées jusqu’à la mi ou fin avril au moins ; de toute façon, les carnets de commande sont vides dans beaucoup de secteurs, l’interdépendance internationale aussi bien pour les fournitures que pour les débouchés en forte ; en Allemagne par exemple, seule une usine du groupe Volkswagen qui fournit la Chine va redémarrer…
    en conclusion, on peut donc dire qu’on a en France un confinement plus strict, très infantilisant, probablement excessivement attentatoire aux libertés individuelles (surtout quand des maires comme à Paris en rajoutent), pour un résultat pas convaincant dans les chiffres pour l’instant, en revanche, pour l’activité économique, le marasme semble général…

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    • hj1966 a dit :«en conclusion, on peut donc dire qu’on a en France un confinement plus strict, très infantilisant, probablement excessivement attentatoire aux libertés individuelles (surtout quand des maires comme à Paris en rajoutent), pour un résultat pas convaincant dans les chiffres pour l’instant».
      L’irrégularité des données rend difficile de quantifier l’efficacité du confinement. Surtout que des facteurs de confusion existent : la météo a une influence très nette sur les épidémies hivernales habituelles.
      La pente du nombre d’infectés était de 1,13 avant la quinzaine avant le confinement et 1,06 la suivante. Mais si l’on regarde le graphe, elle s’est incurvée de façon régulière (et non cassée au jour du confinement).

      Le prolongement de la courbe de tendance passe par un maximum le 107ème jour de l’année (le 16 avril).

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      • oui, mais comme par ailleurs le nombre d’infectés constatés dépend en France de la faible disponibilité des tests…

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  5. 10% de baisse de pouvoir d’achat ça me parait largement sous-estimé, surtout si on a une sortie de l’Euro, ce qui est quand même très probable, vu que les pays les plus confinés sont comme par hasard ceux de la zone euro B de la crise de 2008. Le confinement permettant a nos décideurs de tout organiser dans un calme relatif et de retourner l’attention.
    Dans ce cas, pour les produits importés (et on ne consomme quasiment que des produits importés) la baisse de pouvoir d’achat pourrait facilement être de 50%.
    Le gouvernement vient d’introduire l’autorisation de transformer sa voiture thermique en voiture électrique. Je vous laisser imaginer le prix que litre de gazole doit atteindre pour que l’opération devienne rentable.

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  6. Ne pas oublier que les personnes qui meurent pour causes nouvelles ou peu fréquentes sont d’abord en avance sur leur date « normale » de fin de vie. On n’est pas en régime permanent. Le pic sera suivi d’un creux … qui seront étudiés et nous donneront plus de données pour faire mieux la prochaine fois. Mes deux parents partis n’étaient pas en bonne santé et souhaitaient que le « seigneur » les « rappelle ». Mais il y a aussi des morts injustes et très prématurées .

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  7. Je ne suis pas trop d’accord avec l’analyse de cet article. Il me semble que vous confondez corrélation et lien de cause à effet. D’une corrélation entre les revenus et l’espérance de vie, vous concluez qu’une baisse des revenus cause une baisse des revenus. Or il se pourrait tout aussi bien que ce soit la baisse de l’espérance de vie (la survenue d’une maladie par exemple) qui soit la cause d’une baisse de revenu.

    Comme il est dit dans une célèbre vidéo YouTube sur le sujet : il y a une corrélation entre la consommation de chocolat dans un pays et le nombre de Prix Nobel. Alors vite, faisons une campagne massive de promotion du chocolat en France, et nous aurons plein de Prix Nobel!

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    • Je suis tout à fait d’accord avec cette remarque. Le raisonnement est proche de l’absurde, et si il y a un lien entre revenu et espérance de vie, je doute que la correlation soit de 1. De plus les causes sont a priori complexe et sans doute principalement reliées à une bonne hygiène. Ce n’est pas directement le revenu qui augmente l’espérance de vie des « haut revenus », mais le fait qu’ils prennent plus soin de leur santé. Mais cela reste une hypothèse, à vérifier.

      En tout cas, sauter sur une relation incertaine en terme de causalité, pour faire une règle de 3 et estimer un nombre de mort énorme lié à une diminution de PIB de 10% est vraiment peu flatteur concernant la rigueur scientifique de son auteur.

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      • Je vous trouve bien sévères. L’existence d’une causalité me semble au contraire assez évidente, c’est sa quantification qui ne l’est pas. Si vous êtes moins riche, vous avez moins de moyens pour vous occuper de votre santé. C’est vrai aussi à l’échelle des pays, où ce sont en général les pays les plus riches qui disposent des meilleurs systèmes de soins, tout simplement parce qu’ils peuvent se les payer. On peut évidemment redire à cela en allant dans les détails (par exemple il paraît que Cuba a un bon système de santé), mais le schéma général est assez clair, et les arguments qui le sous-tendent font qu’il n’a rien à voir avec une corrélation coup de bol (genre chocolat et prix Nobel), ni avec une causalité inversée (genre CO2 et température dans les carottes de glace).

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    • Albert dit:«Je ne suis pas trop d’accord avec l’analyse de cet article. Il me semble que vous confondez corrélation et lien de cause à effet […] Or il se pourrait tout aussi bien que ce soit la baisse de l’espérance de vie […] qui soit la cause d’une baisse de revenu».
      Bien sûr, il n’y a pas de relation de cause à effet directe. Depuis plus de deux siècles, le revenu par habitant et l’espérance de vie augmentent pratiquement dans tous les pays, de sorte qu’il pourrait s’agir d’une relation fortuite. Pour savoir si la relation s’applique et dans quel sens, il faudrait comparer les variations des deux séries.
      Il existe toutefois un contre-exemple récent : le Venezuela. L’économie s’est effondrée. L’état sanitaire, qui était plutôt celui d’un pays évolué, est devenu épouvantable.

      NB: On trouve des graphes qui montrent la progression conjointe du PIB/habitant et de l’espérance de vie depuis 1800 sur le site Gapminder (tools).
      https://www.gapminder.org/tools/#$chart-type=bubbles
      On peut sélectionner des pays et voir la trace de la progression au cours de l’histoire récente.

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    • La coorélation entre richesse et santé est bien connue. Elle a été étudiée dans tous les sens et elle est très bien documentée. Voir par exemple https://www.gapminder.org/fw/world-health-chart/

      La causalité est évidemment plus délicate mais il semble tout de même très intuitif que pour soigner la population il faut des moyens. Une population en bonne santé est plus à même de produire des richesses, donc on a un cercle vertueux. Les chantres de la « sobriété heureuse » sont des escrocs.

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  8. Certes il y a un fond de vérité dans l’article, il est plausible qu’une baisse des revenus cause en moyenne une augmentation de la mortalité. La vraie question est « combien? » Mais l’auteur de l’article fait comme si le lien de cause à effet ne marchait que dans un seul sens ici, et comme s’il ne pouvait pas exister d’autres facteurs externes. La quantification qui est faite ici me semble très abusive et demande la plus grande prudence.

    On pourrait prendre aussi en compte aussi les morts économisés grâce au confinement (en gros 500 mots sur la route en moins sur deux mois), les accidents du travail qui n’auront pas lieu, etc…

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      • je m’interroge aussi sur les raisons qui amènent à ce suicide économique…
        d’accord, il y a l’idée que toute vie humaine n’a pas de prix aujourd’hui, et que nos sociétés ne seraient plus prêtes à accepter les 50 000 morts de la grippe de 1957 par exemple ; il y a un large consensus dans la population que le critère de l’encombrement des hôpitaux serait une limite infranchissable, qu’il ne serait pas acceptable de devoir refuser des soins de réanimation à des malades faute de respirateursl etc.
        mais il y a peut-être aussi chez beaucoup la question des engagements climatiques qui jouent ; nos décideurs en gros s’arrachaient les cheveux pour savoir comment ils allaient pouvoir appliquer leurs engagements plus ou moins imprudents (ceux de la Chine le sont moins…) des accords de Paris ; là, certes, la crise économique va rendre tous les projets de décarbonisation de l’économie encore plus infinançables qu’ils ne l’étaient, mais, d’un autre côté, il y a probablement chez beaucoup l’idée que, d’une part, beaucoup de choses qui vont s’arrêter ou faire faillite, les compagnies aériennes au moins low cost par exemple, pourraient ne pas repartir ; d’autre part, les populations vont, avec cette crise sanitaires, s’habituer à une paupérisation massive, ce qui permettrait ensuite de mieux leur faire avaler celle qui va suivre d’une économie décroissante décarbonée ; en somme, la coronavirus permettrait pour la bonne cause d’éviter les réactions type gilets jaunes…

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      • Je crois qu’il n’y aura aucun moyen de faire accepter à la population la paupérisation, la décroissance et toutes ces théories fumeuses. L’homme recherchera toujours fondamentalement son confort et seule la progression de l’économie le lui fournira.Le monde d’après continuera à rechercher des richesses qu’il ne trouvait pas dans le monde d’avant

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      • C’est une excellente question qui mérite d’être retournée a tous les « apôtres » du confinement et du principe de précaution. Mais si la faille de cette question est assez peu visible, elle est pourtant bien présente.

        Je suis en parfait accord avec cet article (voir plus bas) tout en restant très circonspect, comme beaucoup ici je me garde bien de sauter hâtivement aux conclusions mais ce n’est pas pour des questions de chiffres. En effet, cette question du rapport bénéfice/risque est celle typique de la balance et du calcul. On cherche ainsi a soupeser, a mesurer dans un savant calcul d’un maximum de paramètres le meilleur choix moral. C’est une façon de faire qui est loin d’être idiote, mais c’est la pente savonneuse qui mène tout droit a la morale utilitariste, celle de Peter Singer, des végans, des écologistes, des ingénieurs, de « l’intelligence » artificielle, de la techno-science médicale (qui a déjà tellement déshumanisé son « objet d’etude ») etc. On oppose donc chiffres et statistiques dans la recherche d’une maximisation du confort, la santé devenant l’Alpha et l’Oméga de la vie humaine avec la mise en place d’un Bio-pouvoir a l’horizon bassement humain.

        Il est un paradoxe : celui d’une société qui consacre la vie, la santé et le principe de précaution et qui dans le même temps© les foules au pied de la pré-naissance à la mise à mort, l’intermède n’étant plus qu’un jeux de construction en pièce détachées. Il y a peut-être d’autres choses plus importantes que la mort et la santé. L’art de Matisse nous fut donné par la longue convalescence d’une crise d’appendicite alors qu’il se destinait au « bonheur » stable et mesuré d’être notaire.

        Je serait bien gêné pour choisir entre 1 mort a court terme ou 3 morts plus incertains a long terme. C’est un choix qui ressemble au Dilemme du Tramway. Je ne suis donc pas certain qu’il faille poser la question de cette façon.

        « La fabrication massive et démentielle de cadavres est précédée par la préparation historiquement et politiquement intelligible de cadavres vivant » Heidegger et Ardent.

        Bon week-end de Pâques.

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  9. Il y aura probablement un creux de mortalité à la fin de l’épidémie, mais il y aura aussi des morts supplémentaires dus au report des opérations non urgentes.
    Avant la crise, il était courant que des opérations soient reportées pour une raison ou (surtout) une autre, car les hôpitaux travaillent en flux tendu. A la sortie du confinement, il va bien falloir faire ses opérations, ce qui ne peut que prolonger très longtemps la saturation des hôpitaux.
    Pour l’avoir vécu, une opération non urgente reportée a toutes les chances de devenir une urgence avec toutes les complications en terme de traitement, de coût et de chances de survie.

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  10. Enfin !
    https://www.lejdd.fr/Societe/covid-19-voici-ce-quest-limmunite-de-groupe-et-pourquoi-elle-est-importante-pour-le-deconfinement-3960659

    Immunité populationnelle : 10 à 15% en France : calculée dans l’Oise (région bcp touchée) et ailleurs en Europe (?????)

    « ces premiers chiffres se vérifiaient, cela signifierait qu’entre 6,7 et 10 millions de Français ont contracté le virus et sont donc a priori immunisés, y compris ceux n’ayant développé aucun symptôme. »

    11 000 morts au 8 avril / 7 millions d’immunisés = 0,16 % = taux de mortalité de la maladie

    83 000 cas sévères / 7 millions d’immunisés = 1,19 % de cas sévères.

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  11. J’aime bien comparer les Pays-Bas à la France parce que j’ai vécu aux PB pendant 28 ans.
    Si on compare la mortalité entre ces deux pays, depuis 10 jours les courbes de mortalité sont strictement linéaires. Pente 966 morts/jours avec R2=0,9921 pour la France et pente 153 morts /jour avec R2=0,9992 pour les Pays-Bas. Rapportée à la même population que la France; la pente du nombre de décès aux P-B ne serait que de 595 au lieu de 966.
    Vous en tirez votre propre conclusion.

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    • Le problème est qu’il faut rester sceptique même sur le décompte des morts. La façon de compter n’est pas du tout la même d’un pays à l’autre, et même d’un moment à l’autre pour un même pays.

      Il semble que les italiens aient compté large (quasiment tous leurs morts du coronavirus avaient une autre maladie, mais on été comptés comme morts du coronavirus), en France un jour on compte les morts des Ehpad, un jour on ne les compte pas (hier on a eu droit au coup du bug informatique), on ne sait pas si nos morts des Ehpad sont morts du coronavirus ou d’autre chose, on ne compte pas les morts à domicile, etc…
      Même wikipedia n’arrive plus à suivre pour le cas de la France :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pandémie_de_Covid-19_en_France
      Cela fait trois jours de suite qu’ils changent leur façon de compter les décès sur leur graphique.

      Et quand bien même on aurait un chiffrage exact des décès avec une méthode identique pour tous les pays, il faudrait encore tenir compte de la pyramide des âges de chaque pays pour pouvoir faire des comparaisons moins biaisées.

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      • Depuis qques jours, ils comptent les morts des ehpad où c’est l’hécatombe !!!
        Et j’ai l’impression que le gouvernement n’a rien fait à propos de ces ehpad à part empêcher la famille de rentrer dans les établissements.

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      • En temps normal, la France compte environ 1 500 décès par jour, essentiellement des personnes âgées de plus de 70 ans. Sur ces 1 500, combien étaient en Ehpad? Je ne connais pas les chiffres, mais admettons qu’il y en ait 1/3. Cela ferait 500 par jour en Ehpad en temps normal. Pour les morts actuels des Ehpad, on ne nous dit pas quelle est la cause du décès. Est-ce vraiment une catastrophe?

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  12. Bonjour, j’ai trouvé un document de 2008 intitulé « Les Cafés de la Statistiques
    Je découvre la formule R0 = ßcD.
    Benoît, pourriez-vous nous en dire plus ?

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  13. « En temps normal, la France compte environ 1 500 décès par jour, essentiellement des personnes âgées de plus de 70 ans. Sur ces 1 500, combien étaient en Ehpad? Je ne connais pas les chiffres, mais admettons qu’il y en ait 1/3. Cela ferait 500 par jour en Ehpad en temps normal. Pour les morts actuels des Ehpad, on ne nous dit pas quelle est la cause du décès. Est-ce vraiment une catastrophe? »

    Oui c’est une catastrophe : on n’a jamais 20 morts d’un coup dans un ehpad ! Ce sont des morts qui se rajoutent aux morts comptabilisés les autres années ! Les morts du coronavirus ne remplacent pas les morts habituels. Alors on peut s’en moquer si soi-même on n’est pas vieux, mais quand on l’est, il y a de quoi être inquiet.

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    • Ok mais il reste possible que, malgré l’hystérie médiatique, les ehpad qui ont plus de 20 morts se comptent sur les doigts d’une seule main. Le vrai problème, c’est qu’on n’en sait rien, on ne nous donne que des informations tronquées.
      On ne nous dit pas de quoi sont morts les pensionnaires des ehpad (de toute façon ils n’ont pas été testés), on ne nous dit pas quel est le rythme normal des décès dans ces établissements, on ne nous dit pas quelle est la proportion des Français qui a déjà été atteinte (0,1%? 1%? 10%? 20%? il suffirait de tester 1000 personnes prises au hasard pour en avoir une idée).

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    • Je vais peut-être choquer mais je ne considère pas la mort en soi comme une catastrophe car elle n’est qu’un aboutissement normal qui est devenu un tabou. Le problème est plutôt dans la qualité de vie qui la précède… Ou la jeunesse de celui qui est atteint. A vous de juger.
      Combien de fois n’ai je pas entendu dire lors des enterrements : « c’est un soulagement ». J’ai souvent entendu ma propre mère se plaindre de ce que cela n’arrivait pas assez vite. Ce qui n’est pas bien sur un plaidoyer pour l’euthanasie. C’est un sujet délicat mais nous sommes ici pour dire les choses telles qu’elles sont.

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    • Hier j’ai encore entendu un débat surréaliste entre le professeur Perrone (pour le traitement à l’hydrochl.) et un biochimiste du CNRS (donc un gars ultraspécialisé qui n’est pas médecin) qui était à la limite de traiter Raoult d’escroc dans le traitement de ses données… Pourquoi laisse-t-on parler des gens comme ça à la TV ?…

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      • Ce débat est visible ici:

        Il est à craindre que nous perdions encore quelques jours.

        Mais le vrai drame est dans le stupide confinement.
        Le délai pour sortir de cette psychose moyenâgeuse sera encore plus long.

        L’illusion du confinement, la panique idiote et largement infondée, voila qui va probablement provoquer une crise économique … mortelle.

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      • J’espère que ce débat servira d’argument pour une action judiciaire avant la fin de l’année. Ce jeune irresponsable insulte carrément les chercheurs qui ne pensent pas comme lui, sans douter un seul instant que son action va faire augmenter la mortalité d’une maladie qui a semblé, jusqu’au 16 mars dans les données de mortalité quotidienne de l’INSEE, se comporter comme une épidémie voisine de la grippe de 2019 et beaucoup moins mortifère que celle de 2018.

        La justesse de jugement de l’équipe du professeur Raoult et de la majorité de la profession médicale de base est prouvée par l’utilisation des antipaludéens avec succès partout dans le monde. Ce petit chercheur devra, après l’épidémie répondre de ses actes et de ses paroles. Il sera responsables de la mort de nombreuses personnes, il a perdu son honneur, vues les conséquences, il me paraitrait convenable que la justice s’en inquiète.

        Je suivais ces données quotidiennes, elles semblent arrêtées au 16marset nous sommes le 10 avril, il s’agit de données d’état civil, pas de données médicales.
        Quelqu’un pourrait-il me signaler où en est l’état.

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  14. Concernant la vidéo ci-dessus, quel crédit peut-on donner à un biologiste moléculaire devant un chef de service des maladies infectieuses (Garches) ? La théorie du laboratoire devant l’expérience du terrain… Tout cela ressemble a un règlement de compte.

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  15. Excellent post.
    C’est ce que je me « tue » à expliquer depuis 2 semaines. Ca fait du bien à lire Merci.

    C’est quantifiable d’une autre façon. Rien ne vaut l’exemple pour sortir des chiffres et des pronostiques abstraits, même si comparaison n’est pas raison. Un recul de PIB tue, et il suffit de regarder autour de nous pour le savoir. La Grèce a subit ce recul avec la crise de 2008, recul du PIB de -40% en dix ans.

    Les conséquences :
    * http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0007/266380/The-impact-of-the-financial-crisis-on-the-health-system-and-health-in-Greece.pdf
    * https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(14)60250-6.pdf
    * https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6079016/
    * https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468266716300184
    * https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168851014000475
    * https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6649780/
    * etc

    Chiffres à manier avec précautions (mesures difficiles, classification obsolète, etc). Mais il ressort un net un effet négatif malgré le fait que le pays a presque 2 fois plus de médecins par habitant que nous.

    25 à 35% d’augmentation de la mortalité infantile. Augmentation des comportements à risques (drogue, alcool, tabac, agression, suicide…). Un taux de mortalité de 9,50/1000 en 2001, de 9.76/1000 en 2009, il s’envole à 11.60/1000 en 2017 la ou la notre est plus ou moins stable (8.8 a 9). Un différentiel de 18.400 morts entre les taux de 2009-2017. Multiplier par 6,7 chez nous par comparaison = 123.280.

    Il a été estimé que la crise avait causée 242 décès en plus par mois sur la période de calcul de 5 ans. Multiplier par 6,7 chez nous par comparaison : 1621. x12 = 19.452 morts par an. x5 = 97.260.

    Et personne n’y échappe (Chypre, Russie, Corée…).
    https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/j.1742-1241.2009.02124.x

    Il faut bien sur pondérer avec les « bénéfices » : mortalité routière, baisse des crimes et délits par exemple, mais cela reste ponctuel et se contrebalance partiellement avec les accidents domestique, les effets du stress (suicide, HEPAD…).

    Et dire qu’il n’est pas prouvé que le confinement soit efficace. Dans le même temps Castaner invoque l’argument du «ce n’est pas médicalement démontré » pour les masques… Le remède risque de s’avérer plus couteux que la maladie et je ne parle même pas de nos libertés fondamentales.

    Pour l’instant : https://www.euromomo.eu/outputs/images/Pooled-number.png

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  16. Tout à fait d’accord avec le fond de l’article de M Prud’homme.
    Économiquement parlement le confinement n’est pas tenable.
    Le privé et le public vont geler leurs investissements au moins jusqu’à la fin de l’année.
    En fait cela a déjà commencé.
    Seul l’indispensable, c’est à dire les frais de fonctionnement, seront financés et encore tant que ce sera possible.
    Ce serait donc très surprenant qu’il n’y est pas des faillites en cascade particulièrement dans les PME et ETI, même avec la meilleure volonté du gouvernement,
    Pour éviter ça il faut que la machine économique reparte et vite donc :
    Sauvons la France – stop au confinement et retour des enfants dans les classes.

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  17. Et dire qu’on s’imaginait que ce bon monsieur Trump allait sauver l’Amérique des miasmes bridés en balançant du ciel, par tous les moyens, du drone au B52, des milliards de comprimés magiques sur les foules ébahies, et la bouche ouvert, de tant de sollicitude altruiste… Pour le moment, le drone sert surtout à filmer a la sauvette des fosses communes dans lesquelles on empile des rangées de cercueils, dans une île, les uns sur les autres.. En 2020, en Amérique, à New York, kilucru ?… Aussi improbable qu’un Boeing sur le World Trade Center ! L’Amérique, ce tiers monde…

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