par Rémy Prud’homme.
Les taux de mortalité (décès sur population) sont nettement plus élevés dans les pays pauvres (en développement) que dans les pays riches (développés). La pauvreté cause la mort de millions de personnes. De combien ? Pour l’estimer, on calcule ce que serait le nombre de décès dans les pays pauvres si ces pays bénéficiaient des taux de mortalité des pays riches. Le calcul se fait par tranches d’âge.
Le tableau 1 présente les données et les analyses de cette surmortalité des pays
pauvres.

Pour chacun des groupes d’âge, le taux de mortalité est plus élevé dans les pays pauvres que dans les pays riches. Moins d’argent, c’est moins de nourriture, moins d’hygiène, moins de soins, moins d’éclairage, moins de tout, et plus de mort. La différence avec les pays riches est particulièrement importante pour les moins des 20 ans, et provient principalement de la surmortalité infantile.
On note aussi que globalement, le taux de mortalité est moins élevé dans les pays pauvres (36) que dans les pays riches (57). Il ne s’agit pas d’une faute de frappe, mais d’un exemple du paradoxe de l’effet de structure. On rencontre assez souvent ce paradoxe, notamment mais pas seulement dans les analyses régionales. Une région A fait plus mal qu’une région B dans tous les secteurs 1, 2, 3, et cependant mieux au total ; cela se produit lorsque la région A est spécialisée dans le secteur 1 qui croît plus vite que les autres secteurs. (La démonstration de la possibilité de ce résultat très contre-intuitif a toujours un vif succès auprès des étudiants).
Pour chaque classe d’âge, on calcule ce que serait dans les pays pauvres le nombre de décès si on appliquait à la population des pays pauvres le taux de mortalité des pays riches. On compare le chiffre ainsi obtenu au nombre de décès effectivement enregistrés. La différence nous donne la surmortalité dans les pays pauvres par classe d’âge, et, par addition, pour la population toute entière. Si la pauvreté était éliminée, le nombre de décès dans les pays pauvres diminuerait de 13 millions de personnes par an. La moitié de ces vies sauvées le seraient dans la classe d’âge 0-15 ans. Ce chiffre de 13 millions de vies sauvées par la sortie de la pauvreté est important. Il n’est pas incohérent avec une étude de l’OMS qui évaluait à 4 millions le nombre de morts causés dans les pays pauvres par l’inhalation des fumées causées par combustion du bois ou des déjections animales.
Il faut surtout garder à l’esprit ce chiffre de 13 millions de morts causés par la pauvreté dans l’appréciation des politiques de « sobriété » que beaucoup de gens et d’institutions des pays riches proposent, et parfois imposent, aux pays pauvres. L’enfer (des pays pauvres) est pavé des bonnes intentions (des pays riches). Le classique « ne faites surtout pas nos erreurs » en matière de transport, d’énergie, d’agriculture, etc. veut dire : restez pauvres – et continuez de pleurer vos morts. Les taxes carbones à nos frontières, qui vont freiner les exportations , et donc le développement, des pays pauvres au nom de la lutte contre le CO2 auront un prix en morts additionnelles. Les pays pauvres le savent, qui ont toujours demandé « trade, not aid ». Les efforts faits par les banques et les ONG des pays riches pour empêcher les pays pauvres d’exploiter leurs ressources minérales et de produire de l’électricité carbonée, la seule qu’ils peuvent se permettre, auront le même effet désastreux sur la pauvreté, et donc la mortalité. Que les nantis des pays riches se serrent la ceinture pour sauver la planète, pourquoi pas ? Mais cela ne les autorise pas à serrer la ceinture des ventres vides des pays pauvres.
Merci pour cette analyse qui est à mes yeux fondamentale. Que la température monte et que l’homme en soit la cause, on s’en fout, mais que la solution soit le maintien de la pauvreté, c’est là le scandale, l’immoralité absolue de l’écologie politique, cause des milliers de morts en Méditerranée. La récupération cynique par pays riches de ces foutaises écolos permet par exemple, en maintenant le Congo dans la pauvreté et la corruption, de profiter à bon prix de son cobalt pour électrifier nos voitures.
On pourrait dire la même chose pour l’agriculture des pays pauvres, directement menacée par les règlements anti-OGM et anti-pesticides.
Les politiques « climatiques » sont l’une des plus graves menaces pour les valeurs humanistes. C’est là, à mon avis, que nous devons porter le fer parce que la cause est juste et morale.
De plus, susciter l’émotion est toujours plus efficace que d’expliquer la physique de l’atmosphère.
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Oui c’est le coeur du problème de l’écologie politique. Ceux qui prônent la sobriété heureuse sont libres de mener la vie dont ils rêvent. Qu’ils laissent les autres vivre et se développer!
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200% d’accord. En prétendant sauver des millions de réfugiés climatiques de dans 100ans, ils contribuent à freiner aujourd’hui et maintenant, le développement de 6.5 milliards d’humains, développement qui passe forcément par l’utilisation sans réserve d’une énergie abondante, peu chère et pérenne. L’écologie géopolitique est comme un colonialisme pervers du monde occidental dont les victimes ne sont pas pour dans 100ans, mais bien là, tout de suite. La voiture électrique, char magnifique de la bobologie parisienne satisfaite et suffisante, en est le symbole le plus abject.
Amicalement Dominique
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Tout développement économique n’est pas forcément bénéfique pour une population locale. En revanche, empêcher le développement est à coup sûr néfaste. Il ne faut pas se laisser abuser par ceux qui estiment que la « civilisation industrielle » est la cause de tous les maux de l’humanité.
« Isn’t the only hope for the planet that the industrialized civilizations collapse? Isn’t it our responsibility to bring this about? »
Maurice Strong (sommet de Rio)
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Ona déjà répondu ailleurs , on va pas recommencer
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Eh Monsieur fritz, je vous sens bougon. L’article est pourtant bien charpenté sur la forme comme sur le fond et les commentaires sont peu polémiques.
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Sans vouloir parler en son nom, je ne crois pas que Monsieur fritz conteste que l’article soit bien charpenté, mais souligne simplement qu’il l’a déjà commenté là : https://www.climato-realistes.fr/la-pauvrete-tue/#comment-3676 , et ne se sens pas de recommencer.
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COucou;
Je ne lis pas trop un article bien charpenté ! mais je n’ai pas votre niveau .
On peut dire aussi que l’eau bout quand çà chauffe et en faire des courbes savantes.
Je ne vais pas une nouvelle fois citer churchill et les stats .Le faux paradoxe est rigolo puisqu’on change d’echelle .
Je suis rarement convaincu par les papiers de mr prudhomme que je trouve trop évasifs, moins maitrisés. Plus politique en fait.
Je préfére ceux de Mr MD plus carrés et factuels.
Bonne soirée
Stéphane
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Si si, M. Prud’homme, c’est assez cocasse quand on lit votre phrase » Il ne s’agit pas d’une faute de frappe, » mais il y a bien une faute de frappe à votre phrase : « On note aussi que globalement, le taux de mortalité est moins élevé dans les pays pauvres (36) que dans les pays riches (57). »
Si on regarde sur le tableau, il s’agit de 51 de taux de mortalité dans les pays riches sur 2015-2020 et non 57.
Sinon, sur le fond, entièrement d’accord, la gauche écologique est « objectivement » contre le sud même si subjectivement elle fait croire le contraire.
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Je l’avais d’ailleurs dit ici à plusieurs reprises et notamment dans cet article https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2021/04/12/la-gauche-ecologique-contre-le-sud/
Vous n’imaginez pas le nombre d’africains qui plaident, dans une optique sanitaire, pour utiliser le gaz au lieu de la biomasse ou du charbon, à contre sens de cette UE écolo qui freine toute mise en valeur du gaz au nom du climat et donc, pousse à cette surmortalité des pays pauvres. C’est un scandale en soi, un effet des plus ignobles de ce dogmatisme vert qui se traduit en millions de morts ; morts qui ne font jamais l’actualité. Et après, les diplomates fr vous diront que la perte de vitesse de la France et de l’Europe en Afrique est un effet des fake-news russes. C’est faux, la France (au sens diplomatique) n’a pas besoin des russes pour se faire détester, en plus de, comme d’habitude, prendre les africains pour des gros cons qui ne sauraient pas assez intelligents pour savoir quelle énergie est bonne pour eux. Ces ingérences sont terminées et ces prises de haut sont plus que très mal vues maintenant et il n’y a plus que l’UE pour les pratiquer aussi outrageusement, ce qui ruine son image en dépit de beaucoup d’autres actions vraiment louables par ailleurs (santé, sécurité civile, infrastructures, formation…). En ce sens, le pseudo discours de rupture de Macron avec la politique de la FranceAfrique au Gabon le mois dernier n’a pas abordé le sujet et, bien au contraire, à insister sur le cap climatique de la France.
Comme le disais le Président sénégalais, « Mais le méthane est une énergie propre ». Allez leur faire comprendre à ces diplomates français complètement débiles.
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Et j’en rajoute une couche à l’attention des diplomates français : Ils ont vu les standing ovation du public du Moyen-Orient que reçoivent les dirigeants africains quand ils disent qu’ils vont quand même utiliser leurs énergies fossiles pour se développer ? Non, vraiment, c’est pas la faute à la Russie.
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De mon point de vue, le charbon et le pétroles sont aussi des énergies propres.
A aucun moment je ne me salis les mains en branchant mon aspirateur chez moi, même si la centrale qui fournit l’électricité fonctionne au fioul ou au charbon.
Grâce à ces énergies à haut pouvoir calorifique et gérées par notre – vilaine – société moderne de surconsommation capitaliste, à aucun moment je n’ai eu besoin d’allumer un feu de camp chez moi pour me chauffer m’éclairer, cuire mes aliments et éloigner les bêtes sauvages.
Je n’ai pas eu besoin d’aller ramasser du bois mort de mes doigts gourds au milieu de la forêt enneigée.
Je garde juste un poêle à bois d’agrément dans mon salon, je l’allume quand cela me plait, et je le ferais jusqu’à ce qu’on m’interdise de le faire car le chauffage au bois à bilan carbone neutre provoque des myions de morts prématurés par ans.
L’énergie « propre » est une vision de l’esprit, elle est le fruit de théories sociales marxistes recyclées et de projets politiques fumeux et liberticides.
Avec un culot monstre et à coups de sophismes, les écolos, les ignorants et les affairistes nous expliquent que les hydrocarbures sont vilains car leurs combustion produit du CO2, mais pas le gaz qui lui, serait « propre ».
Par contre le nucléaire qui produit zéro CO2 serait sale parce que… Parce que voilà !
Scientifiquement, une énergie s’exprime en Joule ou en kWh, elle n’est ni propre ni sale.
Le reste est une affaire de débat politique contradictoire et de démocratie.
Pas de science là-dedans.
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