Censuré par les Sceptiques du Québec

par Robert Girouard.

Les Sceptiques du Québec sont une organisation dont l’objectif premier est d’encourager la pensée critique et rationnelle fondée sur la démarche scientifique dans l’analyse de croyances et idéologies diverses, dont l’étude d’allégations de nature pseudo-scientifique. « Le scepticisme des Sceptiques du Québec est une attitude de questionnement qui vise à faire progresser la connaissance en amenant à distinguer entre croyance subjective, opinion plausible et connaissance établie », peut-on lire sur son site.

Dernièrement, j’ai soumis un article pour publication dans la revue que publie Les Sceptiques du Québec. Le titre résume bien le contenu de l’article : Climat : quand une controverse scientifique devient publique et dérape. L’article vise à amener le lecteur à faire la différence entre d’une part, la science du climat, qui est généralement très discrète et très incertaine sur un grand nombre de points, notamment sur la sensibilité climatique, et, d’autre part, le narratif climato-catastrophiste bruyant véhiculé par les médias, les écologistes et les célébrités qui se targuent de vouloir sauver la planète. Il met aussi en garde contre la politisation de la science par l’ONU et le GIEC et contre la pseudo-science des modèles climatiques supposément censés capables de prédire l’avenir du climat et de la planète.

L’article conclut que si l’hypothèse du réchauffement climatique anthropique dangereux s’est imposé comme un dogme dans l’espace public, malgré toutes les incertitudes de la science, la raison en est que c’est devenu une croyance, une idéologie politique comparable à l’eugénisme et au lyssenkisme. Voilà qui rejoint parfaitement l’objectif premier des Sceptiques du Québec. 

Or, je viens d’apprendre que l’article a été refusé par le Conseil d’administration. Les raisons invoquées sont les suivantes : 

Nous avons eu plusieurs discussions concernant votre article et j’ai même consulté certains membres de l’AFIS (association française de l’information scientifique) qui publient la revue Science et pseudo-science. Bien que votre texte soit relativement bien écrit, les thèses que vous défendez vont à l’encontre des connaissances scientifiques actuelles reconnues par une très forte majorité de scientifiques spécialisés en climatologie. Nous ne publierons donc pas votre texte.

J’ai demandé des précisions sur les fameuses thèses en question, car je n’en défends aucune et je ne fais qu’exposer les incertitudes de la science et l’absence de fondement scientifique du narratif. Mais on n’a pas été en mesure de me présenter quelque argument que ce soit. 

La lettre de refus se termine comme suit :

De plus, publier votre texte, même en ajoutant une note en introduction mentionnant que ce texte ne représente pas l’opinion des membres du comité de rédaction de notre revue, nous occasionnerait des critiques à l’effet que nous serions climatosceptiques et que nous offrons une tribune aux climatosceptiques. Notre réputation en serait irrémédiablement entachée, et ce, même si nous arrivions à réfuter toutes vos allégations dans un texte qui suivrait.

Voilà la vraie raison : ils ont la trouille, ils ont peur qu’un questionnement tout à fait légitime qui vise à distinguer entre croyance subjective, opinion plausible et connaissance établie concernant le climat passe pour du climato-scepticisme honteux. C’est dire à quel point la très catholique province de Québec a basculé dans le totalitarisme écologiste. Je suis maintenant convaincu que dans mon pays qui se définit par l’hiver, il n’y a aucune place dans l’espace médiatique public pour tout message qui aborde le climat de façon rationnelle.

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30 réflexions au sujet de « Censuré par les Sceptiques du Québec »

  1. Ils ont consulté l’AFIS; sachant que son président est actuellement FM Bréon, il est probable qu’ils aient eut une injonction polie mais ferme de surseoir. Bréon a retourné l’AFIS qui était avant sa présidence plutôt réservée sur le sujet du climat.
    Même chose à l’Union Rationaliste.

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  2. Une association de sceptiques qui refuse un avis documenté sur des thèses qui « vont à l’encontre des connaissances scientifiques actuelles reconnues par une très forte majorité de scientifiques spécialisés en climatologie » ? Dans leur réponse, j’attendais le mot complotiste, mais ils se sont contenté de l’argument d’autorité.

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  3. Bonjour,
    Pourriez-vous publier sur votre site l’article en question ou me transmettre une copie ? Armé  de ce texte, je pourrait à mon tour interpeller les ”sceptiques du Québec” et l’AFIS.
    Je vous remercie

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  4. Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir. (Marcel Proust)

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  5. Robert Girouard,

    La vraie raison du refus que vous avez essuyé n’est pas la trouille. Il me semble que vous faites deux erreurs de jugement.

    1.
    Les associations promouvant le scepticisme ont une histoire s’insérant dans l’histoire des idées en général, elles ont une idéologie, des fondamentaux.

    La démarche scientifique est une méthode. Elle est en soi une pensée critique et elle peut certainement distinguer dans les démarches celles qui sont ou ne sont pas d’ordre de scientifique. En tant que méthode, son champ est assez limité et elle est bien incapable d’analyser les croyances et les idéologies hors de son champ de validité restreint.

    Je ne connais pas l’histoire des Sceptiques du Québec mais ces associations promeuvent en général le rationalisme qui est une idéologie. En cela, elles ont une relation fondamentalement ambigüe avec le scepticisme qui est lui une attitude, part d’une méthode.

    Nous sommes là donc plutôt dans une confrontation idéologique qui s’est traduite historiquement par une confrontation d’institutions. Les rationalistes avec la science, non la science comme méthode mais la science comme institution.

    2.
    Votre seconde erreur de jugement est là :
    L’article vise à amener le lecteur à faire la différence entre d’une part, la science du climat, qui est généralement très discrète et très incertaine sur un grand nombre de points, notamment sur la sensibilité climatique, et, d’autre part, le narratif climato-catastrophiste bruyant véhiculé par les médias, les écologistes et les célébrités qui se targuent de vouloir sauver la planète.

    Comme la plus grande partie des sceptiques, vous sous-estimez la cohérence interne du mouvement. Le catastrophisme n’est pas un militantisme qui travestirait la science du climat pour des raisons idéologiques. L’idéologie a créé la climatologie moderne dans le bouillon de culture des années 1960.

    La pseudo-science du climat peut très aisément être confondue. Elle n’aurait jamais dû éclore dans un environnement sensé et encore moins survivre au scandale du climategate. Ses contradicteurs, en faisant une erreur d’analyse probablement pour des raisons idéologiques, ne sont pas pour peu de son insolente vigueur actuelle.

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    • Je crois que vous tenez-là quelque chose de très consistant. Cela mérite des développements:
      – Comment analyse-t-on la cohérence interne des mouvements environnementalistes?
      – Comment l’idéologie (et laquelle) a créé la climatologie moderne?
      – Qu’aurait fallut-il faire pour confondre cette pseudo-science?
      – Approfondir la compréhension de l’erreur d’analyse et comment a-t-elle renforcé cette pseudo-science.
      C’est certainement un gros travail qui va orienter les opinions sceptiques pas toujours plus cohérentes que les opinions réchauffistes.
      C’est un changement de paradigme, comme on dit dans les cercles raffinés, et ça m’excite.

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    • Merci pour vos réactions. Je m’attendais à quelque chose de vous, andqui, peut-être pas sous cette forme mais vous posez de bonnes questions et je vais essayer d’y répondre très succinctement.

      1.
      Il ne s’agit pas de la cohérence des mouvements environnementalistes mais de celle du mouvement qui va des articles des pères de la théorie de l’effet de serre à la fin des années 1960 au discours des activistes d’aujourd’hui, de l’article fondateur Manabe et Wetherhald en 1967 à Extinction Rebellion et Greta Thunberg en 2023.

      D’articles en articles se construit un scénario cohérent. Cohérent et inspiré par la réalité comme celui d’un bon roman mais tout aussi globalement fictif. De ces articles nous passons aux résumés du GIEC, puis à la communication officielle, médiatique et finalement à de jeunes révoltés. Je ne vois pas du rupture dans cet enchaînement mais à chaque pas une continuation logique du précédent.

      2.
      Celle qui aux Etats-Unis a cherché à redéfinir la place de l’Homme dans l’univers et qui a engendré mai 1968 en France.
      Le CO2 était un candidat idéal dans les circonstances de l’époque pour devenir un outil d’action politique. Les présomptions étaient scientifiquement fondées (Manabe et Strickler 1964) bien qu’encore impossible à instrumentaliser.

      3.
      Je n’en sais rien. Le mouvement correspond à une recherche de sens dans un monde déboussolé, meurtri par deux guerres mondiales industrielles et fuyant dans un matérialisme effréné. D’un point de vue purement scientifique, l’affaire se construit sur le papier de Manabe et Wetherhald 1967. Normalement, il n’aurait pas dû être publié parce qu’il ne respectait pas le principe de non contradiction. Encore moins aurait-il dû devenir le fondement d’une science nouvelle.

      4.
      Mon interprétation est que les réactions au discours sur le climat sont dominées par des critiques d’ordre politique, en particulier de politique énergétique. Ce débat est bien sûr légitime et sain, mais, ce faisant, la fable est légitimée.

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      • Merci Phi, on rentre dans le dur. Vos propos sont ceux du physicien que vous êtes et vous constatez avec amertume que le débat a quitté le domaine du savoir pour celui du politique et que par conséquent le délire est légitimé. Je partage votre point de vue, mais je crois que le mal est fait et qu’on ne repartira pas de zéro, d’autant plus que le discours politique est compris de tous même si personne ne comprend la même chose, alors que le discours du physicien n’est compris par personne, sauf que le peu qui le comprenne comprend évidemment la même chose.
        Il nous faut approfondir tout ça et les pistes que vous proposez sont les bonnes

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      • Dans mon petit livre à moi, tout mythe, toute religion, toute idéologie, tout narratif est une recherche de sens. L’écologisme est venu combler le vide laissé par le déclin du Christianisme et le dégonflement du Marxisme. Car Homo Sapiens est d’abord et avant tout un conteur d’histoires (storytelling). C’est ainsi que sa pensée s’articule, il a besoin d’histoires pour comprendre le monde et toutes les histoires que l’esprit humain tisse doivent respecter des règles, à commencer par la cohérence. À la fin de la journée, ce sont les sciences cognitives qui peuvent nous apporter le meilleur éclairage sur ce phénomène. Hugo Mercier, l’auteur de Not Born Yesterday (que je je vais bientôt lire), avance que nous ne croyons pas vraiment les histoires que nous racontons si celles-ci se distancent trop de la réalité.

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      • Pour enchaîner, et pour terminer car je pars en voyage, il y a une nette différence entre la science et l’idéologie. Les deux sont le produit de l’esprit humain, les deux sont des recherche de sens, ce sont des discours, il y a donc des similitudes, mais la science doit constamment être confrontée à la réalité, alors que les discours non scientifiques peuvent partir en «baloune». Aussi, la science relève du slow thinking, l’idéologie, du fast thinking. Anyway, pour revenir à l’écologisme et à son dérivé climatique, on a affaire ici à une idéologie politique qui vise à transformer le monde selon un credo idéaliste, voire utopiste. Certes, il est intéressant d’étudier comment une nouvelle idéologie comme le climatisme se développe à partir d’idées, qui peuvent être scientifiques ou non (e.g. Manabe). Que je sache, peu d’auteurs se sont penchés là-dessus mais sûrement le groupthink y est pour quelque chose. Dernier point, en ce qui concerne la déformation du discours scientifique du GIEC (qui est déjà biaisé), on est ailleurs, on est dans le domaine de la communication. Je m’y connais, je sais comment les communiqués de presse sont écrits. Le rapport Lost in translation de la GWPF explique très bien comment le message est massagé pour être rendu conforme à l’idéologie. Là-dessus, bonne journée à tous.

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      • andqui,

        Une précision. J’interviens en anonyme sans faire état d’une formation particulière. Mon point de vue n’est pas celui du physicien mais, disons, du citoyen inquiet du contre-emploi de la science dans le domaine politique. Si je m’intéresse particulièrement à la question du climat, c’est parce que, celle-ci dépendant d’une science dure, il est beaucoup plus aisé de mettre en évidence les dérives que ce contre-emploi produit sur la science elle-même et par conséquent sur le non sens de s’en servir sur le plan politique.

        Dans cette optique, c’est sans doute tard mais pas trop tard.

        Robert Girouard,

        Juste un point. Je ne pense pas que la science puisse répondre à une recherche de sens. Quand on commence à chercher un sens par la science, on perd à la fois son chemin et la science.

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      • Avis sur la science et le sens …
        «  » » Robert Girouard,
        Juste un point. Je ne pense pas que la science puisse répondre à une recherche de sens. Quand on commence à chercher un sens par la science, on perd à la fois son chemin et la science. » » »

        La science ne cesse de démolir les histoires , et l’homme en reconstruit de nouvelles au delà de ce qui est scientifique. Le sens c’est une hypothèse pour expliquer ce qui est au delà du scientifique connu ou … compris…. Pour quelques humains « comment se fait il que les paramètres de l’univers tombent aussi juste? » Ya plusieurs livres en français qui expliquent que cela prouve l’existence d’un créateur tout puissant (pas pour régler vos petits problèmes, juste pour régler l’univers). Et avec cette hypothèse les voilà hyperactifs et créateurs…
        On peut dire que l’hypothèse du CO2 maléfique a déclenché de l’agitation. Sera ce heuristique … L’erreur sera-t-elle juste ? ou un énorme tâtonnement et détour pour la matière pensante?

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  6. Les sceptiques du Québec font défausses septiques.
    Je note qu’ils n’ont même pas fait l’effort de chercher d’autre personne que FM BREON. Celui qui rêve d’une dictature pour son sauver le monde.

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  7. C’est un vrai et solide sujet . La température de janvier 2023 est plus basse que janvier 1988 et que la moyenne 1990-2020.
    https://www.drroyspencer.com/latest-global-temperatures/

    Les années prochaines vont être passionnantes pour voir comment les gens et lesquels continueront de dire pour le climat l’équivalent de  » le soleil se lève à l’est » vs  » la terre se tourne vers le soleil par l’est ».

    . Pour continuer le dialogue avec les pseudos sceptiques :

    Leur parler de Karl Popper et leur demander leur résumé de l’analyse scientifique des évolutions climatiques actuelles , pour taquiner un seul point faible à la fois.

    « Des sources de la connaissance et de l’ignorance » de Karl Popper
    livre exceptionnel d’une conférence de 1961.

    recension Rivalland contrepoints
    https://www.contrepoints.org/tag/karl-popper

    et très longs extraits analyses
    http://chevet.unblog.fr/2010/05/30/des-sources-de-la-connaissance-et-de-lignorance-karl-popper-1960/ grosse analyse par un prof
    «  » CHEVET Professeur de philosophie au lycée Descartes à Rennes (Ille et Vilaine), je propose ce blog à mes élèves pour les aider dans leur travail d’initiation à la réflexion philosophique.
    «  »

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  8. Un froid polaire «extrême» s’abat actuellement sur le Québec. Température ressentie de moins 40 à Montréal, et encore plus froid ailleurs. À tel point qu’Hydro-Québec, qui craint de manquer de jus, nous demande de rester couchés. Les froids extrêmes au Québec, on connaît ça depuis le premier voyage de Jacques Cartier. Mais, aujourd’hui c’est différent : ils sont causés par le réchauffement climatique !

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    • ……… Réchauffement climatique qui provoque un dérèglement.
      De toute façon, qu’il fasse chaud, froid, venteux, ensoleillé, pluie, neige, sècheresse, il y a toujours une bonne raison de s’affoler devant un climat qui change tout le temps !
      Si le climat actuel ne vous convient pas, attendez ! Le cycle naturel de celui-ci nous amènera — provisoirement — à celui que vous idéalisez !
      Climatiquement vôtre. JEAN

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    • Ah ben dam’ Cé ben vrai,
      cé sûr y a pu d’saison
      Mais ma j’vous l’dis
      Cé à cause de tous ces maudits satellites qu’y z’envoient dans l’ciel
      Ça dérèg tout ma foi.
      Et même le Pape y sait pu c’que fair’ !!

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      • Merci jopechacabri pour cette évocation particulièrement précise d’un souvenir frappant de ma jeunesse. C’était au début des années 60. J’entends, et je vois encore, la concierge de l’usine où travaillait mon père faire cette importante déclaration, à la lettre près et avec le même accent. N’auriez-vous pas vécu en Mayenne profonde à cette époque ?

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      • C’était pas en Mayenne mais en Île et vilaine dans le pays malouin…c’est en effet très proche.
        De délicieux souvenirs d’ailleurs !

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  9. Ce matin, une température douce et fort agréable de -77°C a réveillé les habitants du New Hampshire.
    Sous réserve d’erreur, vu que c’est une très basse température qui détonne : https://wiadomosci.dziennik.pl/swiat/artykuly/8653492,temperatura-pogoda-mroz-usa-new-hampshire.html
    Je leur souhaite que ce soit une erreur, parce que même juste une dizaine d’heure à ces températures, c’est mortel.
    Mais vu qu’il y a eu des 43°C récemment…
    Envoyons y nos écolos 🙂

    Aimé par 1 personne

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