Les fruits trop verts de la COP27

Charm el-Cheikh est une bien jolie station balnéaire de luxe en Égypte, où environ 400 jets privés se sont rendus ce mois-ci pour que leurs passagers exhortent le monde entier sauf eux-mêmes à la sobriété joyeuse des déplacements à vélo.

Comme lors des épisodes précédents, il fallait à la COP27 un succès arraché de haute lutte. Nous avons donc eu droit à la traditionnelle prolongation de la conférence, pour permettre aux montagnes de tractations d’accoucher de leur souris. Comme toujours, le barnum climatique n’a rien produit qui en vaille la peine, en-dehors d’avoir rempli les poches de divers hôtels cinq étoiles et flatté l’orgueil des négociateurs climatiques.

On peut noter qu’il se confirme que, comme beaucoup de monde l’avait anticipé (y compris moi-même, mais la chose était si évidente qu’elle n’est en rien un titre de gloire), la limite du +1,5°C de réchauffement à ne pas franchir est passée, depuis l’accord de Paris de 2015, du statut de valeur conventionnelle commode à celui de constante climatique fondamentale. Cette transition du politique au scientifique s’est faite grâce aux bons soins du GIEC qui, élève docile, a validé dans un rapport de 2019 les espérances que la climatocratie entretenait autour de ce chiffre magique.

Un autre point, vraiment positif celui-là, est que même l’Union Européenne est en train de s’apercevoir du décalage entre le niveau économique de la Chine et la prétention de cette dernière à s’accrocher à son statut de « pays en développement», c’est-à-dire à qui on donne tout et à qui on ne demande rien.

Dans une dramaturgie aussi éculée que celle d’un hypothétique 27e épisode de Star Wars, il a été annoncé en fanfare une « avancée historique » de dernière minute. Cette percée formidable, c’est la mise sur pieds d’un fonds spécial d’indemnisation climatique à destination des pays pauvres, ceux-là même qui subiront le plus durement, paraît-il, les effets de la « crise climatique ». (Il faut donc croire que la presse alarmiste ne nous a pas tout dit, elle qui nous expliquait il y a quelques jours que l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne.)

Qui versera l’argent dans ce fonds spécial ? Mystère. Quelles seront les règles pour décider que telle ou telle catastrophe est une conséquence totale ou partielle de l’évolution climatique causée par l’homme ? On verra. Comment seront calculés les montants de ces « dédommagements » ? Voyez aux prochaines COP. Comment croire que ce fonds sera mieux abondé que celui créé en 2009 à la COP15 de Copenhague et qui est loin d’avoir jamais atteint les 100 milliards de dollars annuels espérés à l’époque ? Silence.

De même qu’il n’est pas nécessaire d’être croyant pour faire l’éloge de l’Abbé Pierre, il n’y a pas besoin d’être un affolé du climat pour se dire qu’un fonds d’aide aux pays pauvres pourra être utile, bon an mal an. Ayons donc l’espoir que ce sera le cas, sans illusion toutefois sur les risques considérables de détournement et de corruption que ce type de fonds est susceptible d’engendrer. Si, contrairement à ce qu’on veut nous vendre, le paradis climatique originel n’a jamais existé, le chemin vers l’enfer est, lui, toujours autant pavé de bonnes intentions.

Tribune parue dans Valeurs Actuelles.

13 réflexions au sujet de « Les fruits trop verts de la COP27 »

  1. En 2015, le GIEC avait demandé à ce qu’on ne dépasse pas les 2°C de réchauffement. Ce sont les négociateurs  » bas-carbone  » eux mêmes qui avaient décidés qu’on ne devrait pas dépasser les 1,5°C de réchauffement.
    Ce que le GIEC a repris à son compte. Ce ne sont donc pas les scientifiques ( groupe I ) du GIEC qui ont prétendus que le climat prendrait une tournure catastrophique et irréversible au delà de 1,5°C de réchauffement, mais bien les négociateurs.
    Comme quoi, pour un militant, il n’y a pas besoin d’être Expert pour parler climat, mais plutôt d’être Croyant !
    Climatiquement vôtre. JEAN

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  2. Il y a un moment où tout aide,toute subvention devient un fardeau au développement du fait de la corruption et de la facilité à la résolution des problèmes. En exemple on peut donner la Corée-du-Sud et l’Afrique en général qui ont eu leur destin en main à la même époque et dont on peut voir actuellement la différence de niveau économique… Quand je vois les pays du Sud réclamer à corps et à cri une compensation financière pour « atteinte au climat  » de la part des pays du Nord je me demande en effet où va aller cet argent mais je suis sûr qu’il ne sera pas une aide au développement. Selon le proverbe bien connu il vaut mieux donner une canne à pêche qu’un poisson à celui qui a faim.

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  3. Presque hors sujet, quoique…
    Puisque LE sujet du Climat (majuscule obligatoire) ce sont les émissions ( et pas la concentration, mais ne restons pas sur ce ‘détail’), pourquoi les gouvernements, les médias et nombre de scientifiques, hélas, ne mettent-ils pas l’accent sur la nécessité impérieuse de développer les énergies decarbonnees ( au hasard le nucléaire) et non les , soi-disant renouvelables et intermittents donc non pilotables de surcroît ! (Au hasard, éolien et solaire)
    Qui vient de dire Allemagne au fond de la classe ?

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  4. Je veux bien donner une partie de mes impôts pour aider les peuples plus pauvres que moi.
    Mais je ne veux pas que cela serve à les empêcher de cultiver ce qu’ils veulent de la manière qu’ils veulent et qu’en plus on les oblige à planter des éoliennes…

    La priorité c’est l’accès à l’eau potable, à la nourriture, l’électrification et l’éducation.
    Pas le bio et les panneaux solaires.
    Et encore moins les associations à la noix.

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    • Coucou,

      C’est pas vous qui decidez de l’utilisation des impots, c’est les députés qui votent le budget.

      Les priorités, ce sont les députés elus démocratiquement qui les determinent.

      Votre bon vouloir importe comme citoyen. c’est tout.

      BOnne journée

      STéphane

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