par Rémy Prud’homme.
Un trop grand nombre d’analystes nous présentent la vie politique des Etats-Unis comme un combat de boxe entre deux partis : les Démocrates, qui incarnent la gauche des travailleurs, et les Républicains, qui représentent la droite des capitalistes. Ces deux partis seraient des ennemis anciens, acharnés, en désaccord sur tout, au bord de la guerre civile. Cette vision dichotomique est fort éloignée de la réalité.
Tout d’abord, le paysage américain n’est pas bipolaire, mais multipolaire. Ni les Démocrates ni les
Républicains ne constituent des blocs idéologiques homogènes, il s’en faut de beaucoup. En simplifiant grossièrement, on a au moins quatre groupes ou tendances : chez les Démocrates, un groupe d’extrême gauche (illustré par Sanders) et un groupe de centre-gauche (représenté par
Biden) ; chez les Républicains une tendance de centre-droit (personnifiée par Bush) et une tendance d’extrême-droite (incarnée par Trump). Les différences à l’intérieur des deux partis sont au moins aussi grandes que les différences entre les partis. Biden est plus proche de Bush que de Sanders, et Bush moins loin de Biden que de Trump. Du point de vue de la diversité des opinions politiques, les Etats-Unis sont comme la plupart des autres pays démocratiques, comme la France. Les règles électorales américaines (et anglaises) conduisent à dissimuler cette diversité et obligent les politiciens à se ranger sous deux bannières seulement. Mais il ne faut pas s’y tromper. Sur le ring, il n’y a pas deux mais au moins quatre boxeurs.
Cette hétérogénéité n’est pas nouvelle. Pendant longtemps, le parti démocrate abritait l’eau et le feu. Dans les années 1960, il était en même temps le parti des syndicats de travailleurs du Nord et celui des sénateurs ségrégationnistes du Sud. Un Européen avait alors bien du mal à comprendre comment Walter Reuther (le patron de United Auto Workers) et Storm Thurmond (le patron des Dixiecrats), que tout opposait, pouvaient appartenir au même parti.
Les positions ne varient pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. C’est ainsi par exemple que pendant longtemps, le parti républicain était le parti des riches, généreusement financé par les grandes entreprises. Au cours des années, l’argent a changé de camp. Dorénavant, les banquiers, les magnats du cinéma, les grandes chaînes de radio et de télévision, les startupers, les universités sont les meilleurs soutiens du parti démocrate. Wall Street, Hollywood, Times Square, Cambridge (Mass), et la Silicon Valley votent Démocrate. Mieux, ils payent Démocrate. Regardez le financement des candidats aux élections (dans les rapports la très officielle Federal Election Commission). Pour la présidentielle de 2020, le démocrate Biden a dépensé 6,9 milliards de dollars, presque deux fois plus que les 3,6 du républicain Trump. L’écart est presque aussi grand pour les élections au Congrès de la même année : 8,4 milliards pour les candidats démocrates contre 5,3 pour les candidats républicains. Cela ne colle pas avec les préjugés de la grande majorité des journalistes français, qui font tout pour nous persuader du contraire. Ce matin encore, une radio qui dénonçait le poids de l’argent dans les élections américaines en cours en brandissant le montant total des dépenses, se gardait soigneusement de le ventiler entre Démocrates et Républicains. Et Le Figaro illustrait ce même thème en racontant l’histoire d’un milliardaire républicain qui finance des candidats républicains. Deux jolis exemples de l’usage de faits vrais pour véhiculer une idée fausse.
Pour analyser convenablement la signification des élections de mi-mandat, il faut d’abord essayer de comprendre la diversité et les particularités du paysage politique américain – et ne pas trop croire le manichéisme simplet des médias français.
Il me semble qu’il en va de même pour la France, la GB, l’Allemagne…etc.
Le gros soucis c’est qu’on nous vend une Star de moment, et qu’on appelle ça un Président, un 1er Ministre, un Chancelier… et qu’on lui attribut des pouvoirs qu’il n’a pas, ou qu’il outrepasse sans résultat pérenne.
Faudrait-il voter pour une Commune.??
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Moi, je suis pour la suppression de tout et le remplacement par autre chose, mais personne ne m’écoute.
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Il existe cependant des candidats affiliés à l’aile droite du old party représentés en arme avec le drapeau noir flottant au vent sur les photos de leur candidatures, ce qui signifie ‘pas de quartier’ dans leur référence sudiste, et c’est un peu radicalement ‘nouveau’. Une partie des candidats trouvera logique de refuser le résultat des urnes le cas échéant, c’est là tout le problème depuis le 6 janvier. Donc les US sont bien dans une crise politique sans précédent, crise larvée depuis 30 ans, qui n’arrangera rien aux tensions de ce monde.
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« Pour analyser convenablement la signification des élections de mi-mandat, il faut d’abord essayer de comprendre la diversité et les particularités du paysage politique américain – et ne pas trop croire le manichéisme simplet des médias français »
On pourrait critiquer avec autant de facilité les médias US ainsi que la classification « extreme-droite » très simpliste du trumpisme que l’on retrouve ici. Un mème repris par E Musk a ce sujet représente assez simplement la polarisation de la politique US.
https://www.foxbusiness.com/politics/elon-musk-tweets-meme-about-americas-political-polarization
https://a57.foxnews.com/static.foxbusiness.com/foxbusiness.com/content/uploads/2022/04/1024/512/elon-meme-thumb64.jpg?ve=1&tl=1
On pourrait également en soutenance de cette démonstration évoquer l’endorsement des médias US, affiché et assumé la bas mais pas en France.
https://en.wikipedia.org/wiki/News_media_endorsements_in_the_2020_United_States_presidential_election
https://en.wikipedia.org/wiki/Newspaper_endorsements_in_the_2016_United_States_presidential_election
Un rapport de 623 a 28 en 2016 contre Trump, une couverture favorable inférieure a 5%. A la louche ce sont 80% en faveur du camp démocrate, ce qui crée un déséquilibre qui laisse songeur, et inquiet surtout qu’il se pérennise (omerta sur le portable du fils de Biden ?). L’utilisation détonante des réseaux sociaux – échappant un temps a l’hégémonie – à d’ailleurs été au cœur de la guérilla informationnelle . La question n’est pas de rendre ce dernier sympathique, mais « de comprendre la diversité et les particularités du paysage médiatique et politique américain – et ne pas trop croire le manichéisme simplet des médias américain ».
Ceci afin d’éviter de sombrer dans les ornières catégorielles qu’ils ont tracé dans leur seul intérêt.
Pour les septiques à l’esprit curieux et à la critique aiguisée nous finirons sur un article d’un journal étiqueté « de référence ».
https://time.com/5936036/secret-2020-election-campaign/
« The Secret History of the Shadow Campaign That Saved the 2020 Election »
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Pardonnez moi, il me reviens cette jolie perle de l’administration de « centre gauche ». Ici s’exerce l’art et la manière de placer les extrêmes pour mieux imposer un centre « raisonnable ». Toute similitude avec la question climatique (au hasard) est purement fortuite. Bien évidement.
White House: « When you are not with what majority of Americans are, then you know, that is extreme. That is an extreme way of thinking. »
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