Le climato-réalisme est bien vivant !

par Guillermo GM, étudiant en physique à l’Université Catholique de Louvain. (Article initialement paru sur l’excellent Science, climat et énergie dont il a justement été question hier.)

En août 2020, un climatologue belge affirma ceci : « Je crois que les climatosceptiques sont plutôt une espèce en voie de disparition, et heureusement » [1]. Que nenni ! Une étude parue en décembre 2021 par Ipsos et pour l’Électricité de France (EDF) permet précisément de démentir cette affirmation. En réalité, les sceptiques du changement climatique d’origine humaine, en plus de couvrir près d’un tiers de la population mondiale, sont une espèce qui soit stagne, soit s’étend, mais qui n’est certainement pas en voie de disparition. Cet article le démontre en détails.

Méthodologie du sondage [2]

L’enquête intitulée Obs’COP 2021 (pour Observatoire International Climat et Opinions Publiques 2021) réalisée par Ipsos et commandée par EDF concerne 30 pays des 5 continents. Selon EDF, la sélection des pays est principalement fondée « sur la base de leurs émissions en CO2 en tonnes par an, mais aussi en tenant compte de leur localisation géographique ou de leur valeur d’exemplarité dans la lutte contre le réchauffement climatique ». Un échantillon total de 24 000 individus est ainsi formé. Ce dernier est composé de 30 échantillons représentatifs de la population âgée de 16 ans et plus dans chaque pays. En outre, la représentativité a été assurée selon la méthode des quotas. Les quotas utilisés sont le sexe, l’âge, la région, la profession ou la catégorie sociale ainsi que la taille d’agglomération. 500 ou 1 000 individus ont été interrogés dans chaque pays. Notons également que le sondage ne comporte malheureusement pas de marge d’erreur. Enfin, un point particulièrement intéressant est que le sondage a été réalisé par Internet (PC, tablette ou mobile) entre le 30 août et le 21 septembre 2021. Autrement dit, au moment où les sondés européens ont participé au sondage, ils étaient bien informés des catastrophiques inondations de mi-juillet (voir https://www.science-climat-energie.be/2021/07/17/sce-info-une-inondation-catastrophique/). Dans le cadre de notre analyse sur le scepticisme climatique, nous nous limiterons au cas de la Belgique et du monde entier.

Résultats sur le monde entier

La figure 1 suivante vaut probablement plus qu’un long discours :

Figure 1 : dans le monde entier, proportion de sceptiques du changement climatique d’origine humaine VS proportion de convaincus du changement climatique d’origine humaine. Échantillon de 24 000 individus. [3]

Contrairement à l’assertion de notre précédent climatologue, il semble bien que la proportion de sceptiques du changement climatique d’origine humaine est non seulement considérable (plus d’un tiers en 2021!), mais surtout ne décroît absolument pas depuis 2019.

Mais que signifie précisément le terme sceptique du changement climatique d’origine humaine ? La figure 2 suivante permet de réaliser qu’il existe effectivement divers types de sceptiques :

 Figure 2 : Classification et proportion des deux types de climatosceptiques (en rouge et en jaune) concernant le monde entier en 2021 [4]

Les 34 % de sceptiques du changement climatique d’origine humaine (c’est-à-dire de climatosceptiques selon la terminologie de Ipsos et de EDF) sont subdivisés en deux grandes classes :

  • d’une part les sceptiques, voire les négateurs du changement climatique lui-même (les 9 % de « sceptiques du changement climatique ») ;
  • d’autre part les personnes qui, bien qu’admettant la réalité du changement climatique, considèrent celui-ci comme naturel ou ignorent son origine (les 25 % de « sceptiques de l’origine humaine du changement climatique »).

 La figure 3 suivante sera plus explicite :

Figure 3 : Q1 sur l’existence même du changement climatique (sans parler de son origine) concernant le monde entier en 2021 [5]

Il y a seulement 1 % de la population mondiale qui considère que nous ne sommes « certainement pas » en train de vivre un changement climatique, ce qui est rassurant puisque l’existence du changement climatique actuel est avérée. De plus, 5 % considèrent que nous ne sommes « probablement pas » en train de vivre un changement climatique et 2 % « ne savent pas » si ce changement climatique est actuellement en cours. Cela devrait faire au total 8 % de sceptiques du changement climatique. Mais en réalité, ils représentent 9 % (et non 8%) en raison de l’arrondissement des chiffres par le logiciel de traitement [6]. Ces 9 % sont directement classés comme des sceptiques du changement climatique, ce qui correspond parfaitement au contenu de la case rouge de la figure 2. Ils n’appartiennent donc pas à la case jaune de la même figure qui concerne uniquement les sceptiques de l’origine humaine du changement climatique.

La figure 4 suivante concerne l’origine du changement climatique à laquelle tous sont autorisés à répondre hormis le 1 % considérant qu’il n’y a « certainement pas » de changement climatique.

Figure 4 : Q2 sur l’attribution de l’origine du changement climatique (posée à tous, sauf à ceux soutenant qu’il n’y a « certainement pas » de changement climatique) dans le monde entier en 2021 [7]

Le 1 % de la population mondiale qui « ne croit pas au changement climatique » est exactement le même que le 1 % qui considère que nous ne sommes « certainement pas » en train de vivre un changement climatique. De plus, 4 % « ne savent pas » quelle est l’origine du changement climatique, 6 % précisent « qu’on ne peut pas savoir » cette origine, 21 % déterminent le changement climatique comme « principalement dû à un phénomène naturel » tandis que 68 % le considèrent comme « principalement dû à l’activité humaine ».

Attention : Ces derniers chiffres, bien qu’utiles à titre informatif, ne peuvent malheureusement pas à eux seuls nous permettre d’établir avec précision les pourcentages de 66 % de convaincus du changement climatique d’origine humaine (le contenu de la case verte de la figure 2) et de 25 % de sceptiques de l’origine humaine du changement climatique (le contenu de la case jaune de la figure 2). En effet, ces chiffres de 66 % et de 25 % dépendent entièrement de la combinaison des réponses sélectionnées aux Q1 et Q2 par un individu déterminé. Par exemple, quelqu’un qui à la Q1 « ne sait pas » si le changement climatique existe, restera quoi qu’il arrive un sceptique du changement climatique, même si à la Q2 il pense que le changement climatique est « principalement dû à l’activité humaine » ! Ainsi, dans la figure 4, parmi les 68 % qui pensent que le changement climatique est principalement dû à l’activité humaine, il y a également des sceptiques du changement climatique. On ne peut donc obtenir précisément ces chiffres de 66 % et de 25 % que par logiciel de traitement, en analysant les réponses effectuées par chacun des 24 000 participants au sondage.

Nous pouvons par conséquent résumer cela par la figure 5 suivante :

 Figure 5 : Résumé schématique de la classification des climatosceptiques (les proportions à droite concernent le monde entier en 2021)

Résultats sur la Belgique

En Belgique, la proportion de climatosceptiques était de 36 % en 2019, de 31 % en 2020 et de 32 % en 2021.

Autrement dit, l’année passée, malgré les catastrophiques inondations de mi-juillet et malgré la médiatisation de l’apparition du nouveau rapport du GIEC début août, le climatoscepticisme n’a en rien diminué par rapport à 2020 (ceci est également valable pour l’Allemagne).

Figure 6 : Proportion de climatosceptiques en 2021 dans certains pays, dont la Belgique et l’Allemagne [8]

Plus précisément, voici la proportion des réponses des Belges sur l’existence du changement climatique :

 Figure 7 : Q1 sur l’existence même du changement climatique (sans parler de son origine) en Belgique en 2021 [9]

On observe à nouveau qu’il n’y a que 1 % qui croient qu’ils ne sont « certainement pas » en train de vivre un changement climatique. 3 % « ne savent pas » si ce dernier existe et 7 % pensent qu’il n’a « probablement pas » lieu.

Concernant l’origine de ce changement climatique, les Belges sont presque aussi sceptiques que la moyenne mondiale :

Figure 8 : Q2 sur l’attribution de l’origine du changement climatique (posée à tous, sauf à ceux soutenant qu’il n’y a « certainement pas » de changement climatique) en Belgique en 2021 [10]

Le 1 % de la population mondiale qui « ne croit pas au changement climatique » est exactement le même que le 1 % qui considère que nous ne sommes « certainement pas » en train de vivre un changement climatique. De plus, 6 % « ne savent pas » quelle est l’origine du changement climatique, 5 % précisent « qu’on ne peut pas savoir » cette origine, 19 % déterminent le changement climatique comme « principalement dû à un phénomène naturel » tandis que 69 % le considèrent comme « principalement dû à l’activité humaine ».

Pour finir, reprenons une citation mots pour mots de Brice Teinturier, Directeur Général délégué Ipsos France qui confirme pleinement notre analyse : « Pour la 3e année consécutive, l’Observatoire reste un formidable outil de compréhension et d’action dans la lutte contre le changement climatique. Il révèle cette année quelques surprises :  d’abord, et malgré la progression des événements climatiques extrêmes [note de l’auteur : en réalité, le nombre de catastrophes naturelles mondiales diminue depuis plus de 20 ans, voir ici https://www.science-climat-energie.be/y-a-til-plus-de-catastrophes-naturelles/ et ici https://www.science-climat-energie.be/2022/01/21/sce-info-global-weather-and-climate-disasters-2000-to-2021/], la part de climatosceptiques augmente au niveau mondial, ce qui montre qu’il n’existe pas de lien systématique entre la survenue de ces événements et la prise de conscience de l’origine humaine du changement climatique ou de sa réalité même. Ensuite, et contrairement aux idées reçues, les jeunes de moins de 25 ans n’accordent pas plus la priorité à l’environnement que leurs aînés à l’échelle mondiale et il serait abusif de les décrire comme une génération plus en colère » [11].

Conclusions

De cette analyse, nous pouvons conclure que :

  • Le climatoscepticisme, tel que défini par Ipsos et par EDF, a touché en 2021 34 % de la population mondiale.
  • Malgré la médiatisation du nouveau rapport du GIEC et malgré les désastreuses inondations de mi-juillet, le climatoscepticisme a touché en 2021 32 % de la population belge.
  • Il est difficile d’affirmer si depuis 2019 la proportion de climatosceptiques est restée stable ou a légèrement augmenté en raison de l’absence de marge d’erreur du sondage. Mais quoi qu’il en soit, il est clair qu’elle n’a certainement pas diminué.
  • Il n’existe pas de lien systématique entre la survenue de ces événements extrêmes et l’opinion publique sur l’origine humaine du changement climatique.
  • Il est donc complètement faux d’affirmer que « les climatosceptiques sont une espèce en voie de disparition ». Bien au contraire : les sceptiques du changement climatique d’origine humaine sont en nombre considérable et, compte tenu des remarques précédentes, absolument rien ne prouve qu’ils disparaîtront de si tôt.

Références et remarques éventuelles

[1] Entretien avec Jean-Pascal VAN YPERSELE, Professeur de climatologie à l’Université Catholique de Louvain, Jean-Pascal Van Ypersele : « C’est l’habitabilité même de la planète qui est en jeu », interview de Zorah Ben Miloud, France 24, lundi 24 août 2020, de 3’45 à 3’50, disponible sur https://www.france24.com/fr/video/20200824-jean-pascal-van-ypersele-c-est-l-habitabilit%C3%A9-m%C3%Aame-de-la-plan%C3%A8te-qui-est-en-jeu.

[2] « Obs’COP 2021 : Méthodologie », EDF, disponible sur https://www.edf.fr/observatoire-opinion-rechauffement-climatique-methodologie.

[3]  « Obs’COP 2021 : Presentation of the findings of the international climate and public opinion observatory », Ipsos & EDF, décembre 2021, p. 21, disponible sur https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2021-12/ObsCOP-2021-report.pdf.

[4] « Obs’COP 2021 : Presentation of the findings of the international climate and public opinion observatory », Ipsos & EDF, décembre 2021, p. 20, disponible sur https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2021-12/ObsCOP-2021-report.pdf.

[5] « Obs’COP 2021 », Question 1/7 concernant le monde entier, EDF, disponible sur https://www.edf.fr/observatoire-international-climat-resultats/fr/2021.

[6] Les pourcentages de 1 %, 5 % et 2 % sont effectivement tous arrondis. Les pourcentages non arrondis sont respectivement 1,5 %, 4,8 % et 2,3 %. Au total, cela donne 8,6 % qu’on arrondit donc à 9 %. Ces données non arrondies ne sont malheureusement pas disponibles sur le Net, mais le lecteur pourra s’il le souhaite demander confirmation à Arnaud Tagger, responsable du Pôle Études externes chez EDF, via son adresse arnaud.tagger@edf.fr. C’est par ailleurs cette même personne qui a communiqué les données non arrondies par courriel à l’auteur de l’article que vous êtes en train de lire.

[7] « Obs’COP 2021 », Question 2/7 concernant le monde entier, EDF, disponible sur https://www.edf.fr/observatoire-international-climat-resultats/fr/2021.

[8] « Obs’COP 2021 : Résultats complets par pays de l’Observatoire International Climat et Opinions Publiques », Ipsos & EDF, décembre 2021, p. 11, disponible sur https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/obs-climat/2021/obscop2021_resultatscomplets_fr.pdf.

[9] « Obs’COP 2021 », Question 1/7 concernant la Belgique, EDF, disponible sur https://www.edf.fr/observatoire-international-climat-resultats/fr/2021.

[10] « Obs’COP 2021 », Question 2/7 concernant la Belgique, EDF, disponible sur https://www.edf.fr/observatoire-international-climat-resultats/fr/2021.

[11] Dans « Obs’COP 2021 : Malgré l’augmentation des événements climatiques extrêmes, la mobilisation des citoyens pour le changement climatique ne progresse pas », citation de Brice TEINTURIER, Directeur Général délégué Ipsos France, 16 décembre 2021, disponible sur https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-presse/obs-cop-2021-malgre-l-augmentation-des-evenements-climatiques-extremes-la-mobilisation-des-citoyens-pour-le-changement-climatique-ne-progresse-pas.

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20 réflexions au sujet de « Le climato-réalisme est bien vivant ! »

  1. Bonjour, félicitations et merci pour ce billet. C’est d’autant plus remarquable que votre génération a été lobotomisée à ce sujet depuis son plus jeune âge à l’instar des jeunesses hitlériennes en 1933. Pourriez-vous lancer le même sondage auprès des adhérents de l’ACR ? Merci. Bien à vous

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  2. Ravi d’apprendre qu’EDF a de l’argent en trop qu’elle utilise pour faire des sondages …

    Plaisanterie à part, il faut quand même constater que la croyance absolue dans la propagande écolo a du plomb dans l’aile, peut-être pas auprès du grand public (mais peut-être bien que si au vu des performances de EELV et d’A. Hidalgo aux dernières élections), mais parmi les gens qui s’estiment suffisamment impliqués et informés pour s’exprimer dans des blogs ou des commentaires. Les blogs qui n’ont pas une stratégie de modération « écolo-dictatoriale » sont maintenant largement envahis par des commentaires climato-réalistes (voire « négationnistes » !). Il y a une dizaine d’années, c’était l’inverse !

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  3. La peur d’être ridicule incite certainement beaucoup de personnes à se censurer concernant ce sujet qui s’apparente à une religion. Personne n’a envie d’être excommunié même s’il ne crois pas. Je pense d’ailleurs que les sondages politiques et les votes qui s’en suivent, taraudés par cette peur de la malséance, présentent le même biais. Les Russes qui soutiennent poutine à 80% selon les sondages n’ont certainement pas envie d’avoir affaire au KGB (désormais FSB mais toujours aussi virulent ) si il donnent la mauvaise réponse…Il faudrait sonder les cœurs

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    • Bonjour Philippe, je compatie, pour le vivre au seing du comité de direction d’une grande entreprise, au début tout le monde dit « mais comment…vous doutez…pourtant… on ne parle que de cela à la télé… ». Puis après quelques explications plausibles, 70 % change d’avis. De ce que j’ai perçu, une grande confusion règne entre deux sujets bien différents « il y a trop de monde sur terre » et  » le C02 réchauffe, puis dérègle le climat » pour terminer avec la fameuse réplique  » oui mais, il y a du plastique dans les océans ». Pourtant tous bardés de diplôme, ils oublient la locution « toutes choses étant égales par ailleurs » pourtant préalable à toutes analyses qui était la base dans l’ancien enseignement. Que sont devenus les Universitaires ? Merci. Bien à vous

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  4. Pour avoir pas mal voyager et dans des coins reculés, les gens à travers le monde et dans leur immense majorité en ont vraiment rien à faire des Gaz à effet de serre et du climat.

    1/ Leur système médiatique d’actualité est déjà beaucoup moins présent dans leur vie que chez nous en Europe de l’ouest pour faire le lavage de cerveau scientiste sur ce sujet.

    2/ Les émissions de CO2 ne sont presque jamais abordées dans leurs médias d’actualité. Allez regarder par vous-même des sites d’actualités francophones ou anglophones tenus par des journalistes locaux (donc pas la BBC, France 24, RFI…) en Afrique, Asie, Moyen-Orient ou Amérique Latine sur internet, vous allez voir que la lutte climatique n’est même pas un sujet.

    Sur la forme, l’étude citée ne vaut rien.
    – EDF commande un sondage à IPSOS et vous le traitez comme une évidence scientifique. EDF a pour logo une éolienne et vend aussi du nucléaire. Vous ne voyez pas le conflit d’intérêt sur cette étude ? C’est comme si Gilead commandait une étude sur le Remdesivir, ça vaut rien. Mais c’est vrai qu’en Sciences du climat, on ne parle même plus de conflit d’intérêt tant les chercheurs payés par le lobby nucléaire français sont devenus Vice-Présidents du GIEC.
    – La méthode de sondage utilisée est internet : « CAWI survey – Online panel » (Computer Assisted Web Interviewing). Vous imaginez donc le type de public à travers le monde qui a envie de sa taper une enquête sur le climat, si peu qu’il ait une connexion internet qui ne lui coûte pas grande chose ? Ce ne sera jamais le paysan du coin, la ménagère de TV Novellas ou le mécano qui iront répondre, bref la majorité de la population mondiale. Ils ont autre chose à faire. Donc, cela va être quelqu »un d’éduqué et qui a une sensibilité en environnement et qui a envie de s’exprimer sur le sujet. Si vous ne voyez pas le biais de cette enquête IPSOS, je ne peux plus rien pour vous maintenant.

    – J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog et ailleurs de la lutte climatique dans les représentations mondiales et c’est le dernier des soucis de la population mondiale :

    Bref, ce 34% de climato-sceptiques au niveau mondial n’a aucun sens car les gens s’en foutent du sujet et si on leur demandait de choisir entre une énergie pas chère et fossile ou la lutte climatique par diminution des GES, la réponse serait toute vue.

    Mais le pire, c’est qu’EDF arrive à convaincre certains climato-réalistes qu’ils ne pèsent que 34% au niveau mondial. A vrai dire, je comprends maintenant pourquoi on perd depuis si longtemps.

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    • Merci de votre réponse. Je suis clairement d’accord avec vous sur le fond : il existe bel et bien des biais dans cette enquête d’Ipsos. En outre, il semble assez clair que ceux qui répondent au sondage sont plutôt ceux inquiets par le réchauffement climatique, contrairement à ceux qui s’en fichent ou qui sont sceptiques. Je n’ai pas parlé de ces biais dans mon article parce que j’ai volontairement voulu considérer ce sondage comme fiable, malgré les biais que vous mentionnez. Je pense maintenant que j’aurais effectivement peut-être dû parler dans mon article de ces biais. Vous semblez également dire que ce 34% de climato-réalistes est sous-estimé, alors quel chiffre proposez-vous ?
      J’ai fouillé internet et le seul sondage que j’ai trouvé sur la proportion de climato-réalistes au niveau mondial est celui d’Ipsos/EDF. Si on veut se faire une idée de la véritable proportion de climato-réalistes, il faut s’informer avec ce que l’on a…
      Je trouve tout de même que 34%, c’est considérable : c’est 1 personne sur 3 (au moins).

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      • En France y a eu un sondage en 2015 de ce qui s’appelait ministère de l’Écologie et du Dév’Dur’, puis une enquête (2017 ?) de la Fondaption Jean Jaurès avec Conspiracy Watch, dont j’avais fait û compte-rendu ici. En 2019 il y a eu un sondage YouGov (France mais pas seulement).
        Tous ces sondages donnent le même genre de fourchette de 35-40% de climato-réalistes. C’est sûrement sous-estimé, les climato-réalistes s’assumant sans doute moins que les sauveurs de planète.

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      • On va aller vite :
        – Seulement 500 interviewés pour l’Arabie Saoudite sur 33 millions d’habitants alors qu’il y en a 1000 en Belgique pour seulement 11 millions d’hab. Il y a clairement non représentativité. Et je ne parle pas de l’Inde (1,3 milliards d’habitant ! ) qui a aussi 1000 interviewés au même titre que la Belgique ! Donc, l’avis de 1000 Belges pèse autant que l’avis de 1,3 milliards d’hab. On croit rêver.
        – Les pays occidentaux sont sur-représentés dans cet échantillon soit-disant mondial, ceux où s’exercent le plus la propagande climatique. Les pays « européens » à hauts revenus sont très sur-représentés dans l’échantillon (9 pays sur les 30 pris au niveau mondial alors qu’ils ne pèsent même pas 1/6ème de la population mondiale).
        A l’inverse, les pays à faibles revenus, en pleine croissance démographique, sont très sous-représentés (seul le Nigéria est représenté ; l’Afrique noire est largement oubliée comme toute l’Asie pauvre en fait). Des mastodontes mondiaux sont ignorés comme le Pakistan mais cela n’est pas étonnant puisqu’un pays comme l’Inde a le même poids dans l’enquête qu’un pays comme la Belgique.
        Enfin, cerise sur le gâteau, beaucoup de pays producteurs d’hydrocarbures sont ignorés (on prend le Maroc et l’Egypte pour le Magreb avec peu d’hydrocarbures et non l’Algérie ou la Libye, on ne prend pas l’Angola, le Gabon, l’Irak, l’Iran, le Bruneï, et le Vénézuela dans l’échantillon,
        Bref, cette étude n’est pas du tout représentative, elle fait la part trop belle à l’Europe et l’Amérique du nord, et encore en Europe avec 1 seul pays de l’est sur 9 pays pris.
        Cette étude est une manipulation car elle fait croire qu’on a interviewé la population mondiale de manière équitable, ce qui est archi-faux.
        J’écrirais bien un article détaillé sur cette manipulation de non représentativité mais je n’en ai pas le temps.

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      • Pardon, 9 pays pris pour l’Europe sur les 30 au niveau mondial alors que l’Europe pèse environ 1/20ème de la population mondiale (et non 1/6, ce qui est pire encore).

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      • @Cédric Moro et @Benoît Rittaud

        Merci pour vos analyses respectives. Je suis finalement entièrement d’accord avec vous.

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      • @Guillermo Merci à vous de le reconnaître. Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour ce ton un peu expéditif sur la forme (cette propagande climatique permanente et insensée m’agace tellement), en étant en plus un peu taquin en prenant votre pays, la Belgique, comme exemple de sur-représentation dans l’échantillon mondial 😉 J’aime beaucoup les belges et la Belgique, sachez-le mais là n’était pas la question.

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  5. Il manque des questions qui me semblent essentielles à cette enquête:
    – pour ceux qui pensent que nous vivons un changement climatique: pensez-vous qu’il est catastrophique?
    – pour ceux qui pensent que nous vivons un changement climatique: pensez-vous qu’il faut radicalement changer la société pour tenter d’atténuer le changement?

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  6. Bravo @benoitrittaud, si même les climato-réalistes disent sur leur site internet qu’ils sont minoritaires au niveau mondial, à partir d’une étude commandée par un lobby anti-CO2, dont les échantillons sont clairement non représentatifs de la population mondiale, c’est que l’ACR a fort bien intégré les conditions de sa domination. Pauvre de nous.
    https://www.climato-realistes.fr/plus-dun-tiers-de-la-population-mondiale-serait-climato-sceptique-selon-edf/

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    • @Cédric Moro
      Permettez-moi de revenir sur ce que vous aviez dit lors de notre précédente discussion :
      « Seulement 500 interviewés pour l’Arabie Saoudite sur 33 millions d’habitants alors qu’il y en a 1000 en Belgique pour seulement 11 millions d’hab. Il y a clairement non représentativité. Et je ne parle pas de l’Inde (1,3 milliards d’habitant ! ) qui a aussi 1000 interviewés au même titre que la Belgique ! Donc, l’avis de 1000 Belges pèse autant que l’avis de 1,3 milliards d’hab. On croit rêver. »
      En fait l’avis des 1000 Belges ne pèse pas autant que celui de l’Inde, puisque j’imagine que les résultats sont pondérés par la suite. Donc au final, l’Inde pèse bien plus que la Belgique.

      Deuxièmement, beaucoup de personnes pensent que les climato-réalistes sont très minoritaires, voire inexistants (j’ai déjà vécu cette situation). Je pense donc que c’est une bonne idée de montrer que non seulement au moins 1 personne sur 3 est climato-réaliste, mais en plus que ce nombre est en augmentation.

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      • « puisque j’imagine que les résultats sont pondérés par la suite. » dites-vous. Le terme j’imagine n’a aucune rigueur et les critères de la pondération à priori n’ont rien à voir avec la représentativité mondiale (par exemple, prendre plus d’interviewés dans les pays à revenus avancés, surtout en Europe de l’ouest).
        Sur quel critère « imaginez »-vous qu’ils ont pondéré l’avis de l’Inde vis à vis de la Belgique ou inversement ? La Belgique, c’est 100 fois moins d’habitants que l’Inde. Croyez-vous qu’ils aient pondéré l’avis des Belges d’un facteur 100 vis à vis de celui des Indiens ? Bien sûr que non, s’il y a 1000 interviewés pour l’Inde tout comme pour la Belgique, c’est qu’ils les mettent à égalité dans les résultats ; aucune pondération à posteriori une fois les 30 échantillons (non représentatifs) créés.

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      • @Cédric Moro
        Je pense effectivement qu’une pondération de ce type a été appliquée.
        Je reprends mes paroles précédentes auxquelles vous n’avez pas répondu et j’aimerais que vous y répondiez :
        « Beaucoup de personnes pensent que les climato-réalistes sont très minoritaires, voire inexistants (j’ai déjà vécu cette situation). Je pense donc que c’est une bonne idée de montrer que non seulement au moins 1 personne sur 3 est climato-réaliste, mais en plus que ce nombre est en augmentation. »

        Pour moi, le véritable biais est celui que vous mentionniez précédemment :
         » La méthode de sondage utilisée est internet : « CAWI survey – Online panel » (Computer Assisted Web Interviewing). Vous imaginez donc le type de public à travers le monde qui a envie de sa taper une enquête sur le climat, si peu qu’il ait une connexion internet qui ne lui coûte pas grande chose ? Ce ne sera jamais le paysan du coin, la ménagère de TV Novellas ou le mécano qui iront répondre, bref la majorité de la population mondiale. Ils ont autre chose à faire. Donc, cela va être quelqu »un d’éduqué et qui a une sensibilité en environnement et qui a envie de s’exprimer sur le sujet. »

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      • Oui, j’ai compris votre approche défensive (et c’est probablement pourquoi il a été publié sur les sites réalistes) mais le faire à partir d’une enquête que je persiste à identifier comme mal-fondée, provenant de surcroît d’une multinationale anti-CO2, cela me gêne. C’est comme si on appliquait à nous même le même manque de sérieux que les alarmistes appliquent à chacune de leur sortie médiatique.
        Et aussi, méthodologiquement, prendre seulement 3 années successives d’enquête pour en déduire une tendance à l’augmentation du nombre de sceptiques, vous ne trouvez pas cela un peu court comme série ?
        Bonus desinfo, à partir de cette étude pourtant, :
        Pour TF1, « 8% de la population mondiale est climatosceptique » :
        https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/environnement-sondage-changement-climatique-la-carte-des-climatosceptiques-etats-unis-chine-france-2139024.html

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      • @Guillermo Mais dans le fond, cela ne vous gêne pas qu’un seul pays à faibles revenus (le Nigéria) ait été pris dans un échantillon prétendu mondial de 30 pays ? Ces pays pauvres sont ceux sur lesquels s’exercent le plus durement un renchérissement de l’énergie et qui paieront cher la taxe carbone aux frontières de l’UE. IPSOS a t-il pondéré les autres pays à revenus plus élevé à partir du seul cas du Nigéria ? Même s’ils l’avaient fait, cela n’aurait aucune base scientifique car ce n’est pas un seul pays qui peut représenter à lui seul l’opinion mondiale des pays pauvres sur ce sujet. Vraiment, cette étude ne vaut rien. C’est ce que je me suis dit tout de suite en regardant les échantillons pris quand cette étude est sortie (et avant même que vous publiez votre article).

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      • @Cédric Moro

        « Pour TF1, « 8% de la population mondiale est climatosceptique » »→ Le terme « climatosceptique » employé par TF1 est erroné. Au lieu de « climatosceptique », ils devraient utiliser le terme « sceptique/négateur du changement climatique lui-même » (voir la figure 3 de mon article).

        Pour le reste, je ne sais pas comment Ipsos a pondéré tout ça. Mais je pense que l’essentiel est là : si une grande organisation anti-CO2 comme Ipsos affirme 1) qu’il y a 1/3 de climatosceptiques et 2) que ce nombre est en augmentation, c’est franchement pas mal.

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