Par MD
Introduction.
Le microcosme climatique s’est récemment ému d’une nouvelle surprenante : la température de l’Antarctique aurait connu le 18 mars 2022 un pic inédit de plusieurs dizaines de degrés au-dessus de la normale. Bien entendu, la presse s’est précipitamment et bruyamment emparée de cette information censée constituer une preuve supplémentaire du « dérèglement ». Aux dernières nouvelles, il semblerait que cette poussée de fièvre n’ait été qu’un artefact, comme l’avait expliqué un article de WUWT, très opportunément traduit sur le site ACR avec d’intéressants commentaires. La fièvre étant retombée, cet épisode donne l’occasion de s’intéresser à l’évolution des températures sur longues périodes sur le Continent Blanc.
Cadrage général.
Le continent antarctique constitue un inlandsis de 14 millions de km2 (10% des terres émergées) décentré autour du pôle Sud. Son pseudo-diamètre est d’environ 4 500 km. Il occupe partiellement une calotte sphérique délimitée par le cercle polaire (66°S) Il est couramment admis que l’épaisseur moyenne de la glace est de l’ordre de 1,6 km et que cette masse représente 70% de l’eau douce de la planète, soient 25 millions de km3. On pourra trouver plus d’éléments d’information dans cet article de JC Maurin concernant la cryosphère.
Stations de mesures des températures terrestres.
Les séries de températures utilisées ci-après sont celles publiées par le Goddard institute for space studies de la NASA (GISS). Pour l’Antarctique, le GISS répertorie une cinquantaine de stations de mesure, situées pour la plupart au voisinage du littoral. Ces séries sont généralement à jour à février 2022. La plupart d’entre elles ne commencent que vers les années 1990 ou 2000 et sont souvent lacunaires. On a donc sélectionné 13 stations dont les séries commencent entre 1944 et 1961, soit au minimum 60 années d’observations, comportant relativement peu de lacunes. A titre de comparaison, on a rajouté deux stations situées dans deux archipels de l’océan Indien. Voici la liste des stations avec leurs coordonnées géodésiques et les périodes d’observations.La carte schématique ci-dessous indique la position géographique des stations (fond de carte : SCAR).
A l’exception des stations Amundsen-Scott (située au pôle Sud) et Vostok, toutes ces stations sont situées sur le littoral et à faible altitude. Vernadsky et Esperanza sont situées sur la « péninsule antarctique », à 1 000 km de la pointe de l’Amérique du Sud.
Graphiques par stations.
Les graphiques ci-après représentent les relevés des températures moyennes trimestrielles par saisons météorologiques (décembre-janvier-février, mars-avril-mai, etc.). Ce type de présentation permet notamment de mettre en évidence l’été austral (décembre-janvier-février), période où les températures s’approchent du zéro et où peuvent se manifester des phénomènes de fonte en surface et de vêlages en périphérie. Entre les températures moyennes saisonnières d’été et d’hiver australs la différence est de l’ordre de 15°C à 30°C. On donne ci-dessous les 6 graphiques les plus significatifs. La présentation a été uniformisée, seules les échelles des ordonnées varient. Les 9 autres graphiques figurent sur un diaporama donné en annexe.
A l’exception de la « péninsule antarctique » (Esperanza, et Venadsky), les évolutions sur ces longues périodes sont pratiquement étales quelles que soient les saisons considérées, comme il serait facile de le vérifier en traçant des droites de tendance (non représentées). Les températures estivales des stations de la périphérie du continent, dont les latitudes vont de 65°S à 74°S et les altitudes de 10 m à 70 m, avoisinent et parfois dépassent 0°C en décembre et janvier comme on le voit sur ces graphiques en moyennes mensuelles pour Mawson et Dumont d’Urville à titre d’exemples (mêmes échelles que précédemment).
Conclusion.
Tout se passe comme si cette partie du monde avait été climatiquement sanctuarisée, comme elle l’est politiquement depuis le 1er décembre 1959. Considéré globalement, l’Antarctique apparaît comme un continent glacé particulièrement stable, où les températures n’avoisinent le zéro qu’un ou deux mois par an sur le littoral. Ces températures ne donnent aucun signe d’augmentation depuis l’origine des mesures thermométriques, soient au moins six décennies, contrairement au reste de la planète. Seule la « péninsule antarctique » semble constituer une exception justifiant une attention particulière. Au vu des graphiques de températures, la fonte de l’Antarctique parfois évoquée comme une menace relèverait plutôt de l’exercice de pensée, voire du fantasme. A chacun d’en juger.
Complément : que dit l’AR6 du GIEC ?
Concernant l’avenir du Continent Blanc, les extraits du SPM de l’AR6 qui suivent semblent montrer que le GIEC est moins alarmiste que pour d’autres régions de la planète ; si l’on comprend bien, seul un scénario improbable et très incertain de fortes émissions de GES pourrait conduire à une fonte significative de la calotte glaciaire dans les siècles à venir. Les extraits du GIEC sont reproduits en italiques.
-Au sujet de la Figure SPM.5. Les deux premiers planisphères reproduits ci-dessous correspondent à la situation actuelle, « global warming » de 1°C par rapport à la période 1850-1900. On notera pour l’Antarctique l’absence de séries de température suffisamment longues, à l’exception de la péninsule (« White indicates areas where time coverage was 100 years or less and thereby too short to calculate a reliable linear regression”).Figure SPM.5
Les trois autres planisphères sont des projections dans l’avenir.-Au sujet des glaces de mer.
A.1.5 There has been no significant trend in Antarctic sea ice area from 1979 to 2020 due to regionally opposing trends and large internal variability. B.2.5 There is low confidence in the projected decrease of Antarctic sea ice.
-Au sujet des glaciers et de la calotte glaciaire.
B.5.2 (…) polar glaciers are committed to continue melting for decades or centuries (very high Confidence). Continued ice loss over the 21st century is (…) likely for the Antarctic Ice Sheet (…) There is limited evidence for low-likelihood, high-impact outcomes (resulting from ice sheet instability processes characterized by deep uncertainty and in some cases involving tipping points) that would strongly increase ice loss from the Antarctic Ice Sheet for centuries under high GHG emissions scenarios.
C.3.2 Abrupt responses and tipping points of the climate system, such as strongly increased Antarctic ice sheet melt (…), cannot be ruled out (high confidence).
Annexe : graphiques complémentaires en diaporama.
Loin de s’alarmer des variations de température, que ce soit en antarctique ou sur le reste du globe, on devrait s’étonner et se réjouir du miracle que constitue la petite fourchette dans laquelle évolue cette température, quand on se rend compte de cette situation tellement improbable à l’échelle cosmique, et quand on voit qu’il suffit de s’élever de quelques kilomètres pour voir à quel point la température supprime toute vie…
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Bonjour,
En complément, une nouvelle de l’Antarctique en 2021 dans Nature, indiquant aucun réchauffement sur les 70 dernières années : https://www.nature.com/articles/s41612-020-00143-w
La première phrase indique : “The Antarctic continent has not warmed in the last seven decades, despite a monotonic increase in the atmospheric concentration of greenhouse gases.”.
Visiblement, la Terre ne se réchauffe pas « partout et en même temps » contrairement à ce qu’affirmait l’AR5. L’AR5 indiquait que cela rendait notre optimum différent de l’optimum médiéval (lequel serait bien réel selon l’AR5 mais pas partout et en même temps), il va donc falloir trouver une autre différence afin de s’efforcer à trouver une anomalie qui indiquerait enfin une cause artificielle …
Du coup, toujours en ce qui concerne l’optimum médiéval, on remarque que la courbe en cross de hockey de température de l’AR6 (issue de PAGE2K) dans le rapport pour les décideurs plate depuis 2000 ans est en contradiction avec ce qu’indique l’AR5 : en effet, d’après l’AR5 une anomalie de température globale n’est pas possible aux environs de l’optimum médiévale puisqu’il ne s’observe pas partout en même temps. Ce qui est une anomalie supplémentaire liée à cette courbe en forme de cross de hockey.
Et enfin pour revenir à l’Antarctique : on observe une mer de glace dont la surface augmente d’après la NASA (mis à jour en décembre 2020), sans que l’on sache pourquoi : https://earthdata.nasa.gov/learn/sensing-our-planet/unexpected-ice (extrait : « Sea ice in the Southern Ocean defies predictions »). La science n’est pas « settled »..
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Ah ! La grande joie des graphiques colorés « comme il faut »;
Il me souvient de graphiques de températures sur l’Antarctique (déjà) où des écarts de -2° / +2° en « moyenne » étaient colorées respectivement en « bleu glacial » et « rouge fournaise », tout en nuance, quoi.
Ou bien les fameux nuages de radioactivité après Fukushima sur l’Europe : là les couleurs étaient toutes des dégradés de « bistre », alors que les valeurs variaient d’un facteur 10.000 (au moins, voire plus) entre la zone de Fukushima et la France
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Coucou,
Si elle est vrai, c’est dingue cette histoire !
C’est tellement délirant cette course à l’échalote du réchauffement. Il a fallu 40 ans d’étude aux chercheurs pour prouver que oui l’homme influe sur le climat. Gràce à des calculs abscons on a réussi à faire apparaitre l’influence de l’homme dans les bruit des variations de données.
Avait on vraiment besoin de tant d’effort pour démontrer l’évidence? De plus le resultat de cette démonstration, si elle est juste, montre que l’influence est négligeable puisqu’à la limite du detectable.
A t on vraiment besoin de faire des relevés de température puisque les modeles nous donnent la température instantanée, la température passée et future ?
On vit une période formidable ou les dictateurs affirment qu’ils ne font pas la guerre en envoyant des chars, que ceux qui attaquent sont agressé, ou les températures modélisées s’imposent à la réalité.
Je sens poindre bientôt le concept de climat ressenti !
Je vous le demande émile …. il vaut mieux en rire.
Bonne soirée
Stéphane
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Bonjour, en tout cas, cette « course à l’échalotte » cela n’a pas réussi à Pécresse qui voulait, elle aussi « régler le climat ». Décidemment, ils sont nombreux à vouloir mettre la main sur le thermostat😕 (avec notre portefeuille).
Merci. Bien à vous
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Causa vero et radix fere omnium malorum in scientiis ea una est; quod dum mentis humanae vires falso miramur et extollimus, vera ejus auxilia non quaeramus.
Francis Bacon.
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