Énergie : « Statistical review of world energy » en images

Par MD

1/ Introduction
La compagnie BP vient de mettre en ligne son document annuel de référence Statistical review of world energy. Ce document, toujours très attendu, comporte des séries longues de données énergétiques mises à jour chaque année, jusqu’à l’année 2019 incluse. Les illustrations qui suivent donnent un aperçu des premiers enseignements que l’on peut tirer de cette nouvelle édition.

Le présent article a trait à la consommation d’énergie. Par extension, et compte tenu de l’importance que la communauté internationale lui accorde, on aborde le sujet des émissions de dioxyde de carbone (CO2). On reviendra dans un autre article sur la production d’énergie et les réserves énergétiques, selon le même document.
Par rapport aux éditions antérieures, la principale innovation du rapport BP a consisté à abandonner l’unité énergétique de mesure traditionnelle, la tonne-équivalent-pétrole (tep), pour adopter le joule (J), unité réglementaire du système international SI. Compte tenu des ordres de grandeur en jeu, l’unité pratiquement utilisée est l’exajoule (EJ) qui correspond à 1018 J.

2/ Consommation d’énergie : répartition entre les différentes sources d’énergies.
Le graphique ci-dessous représente l’évolution depuis 1980 de la consommation mondiale d’énergie primaire répartie entre les différentes énergies (en EJ), et en superposition celle des émissions de CO2 dues à la combustion des énergies fossiles (en millions de tonnes ou Mt de CO2).
image001Les courbes des émissions de CO2 et de la consommation totale d’énergie sont restées sensiblement parallèles jusqu’en 2015 environ, puis le CO2 a décroché en raison du recours accru aux nouvelles énergies non fossiles, notamment les énergies intermittentes éolienne et solaire.

La répartition des différentes sources d’énergies en 1990 (année souvent prise comme référence) et en 2019 est illustrée par les deux graphiques suivants. Dans l’intervalle, la consommation d’énergie a été multipliée par 1,75.
image002image003Les énergies intermittentes (solaire et éolien) ne représentent encore que 3,3% du total. Les énergies fossiles sont passées de 87% à 84% : le pétrole a cédé du terrain au profit du gaz naturel, et le charbon a conservé sa part à 27%.

Le graphique suivant représente l’évolution de la répartition entre les énergies non-fossiles (réputées non émettrices de CO2 tout au moins en phase de production). Pour l’essentiel, il s’agit d’énergies utilisées pour la production d’électricité.image004

3/ Consommation d’énergie : répartition entre régions du monde.
Le graphique ci-dessous illustre l’évolution entre 1990 et 2019 de la consommation des principaux pays ou grandes régions qui représentent 90% de la consommation mondiale (la partie supérieure en grisé représente le reste du monde).image001En pourcentages.image006La Chine, les USA et l’Union européenne totalisent, en 1990 comme en 2019, plus de la moitié de la consommation mondiale ; mais la répartition entre ces trois entités a été bouleversée : la Chine occupe désormais le premier rang, avec près du quart de la consommation mondiale. L’Inde est encore très loin derrière.

4/ Emissions énergétiques de CO2 : répartition entre régions du monde.
Il s’agit ici des seules émissions de CO2 dues à la combustion des énergies fossiles, à l’exclusion de celles qui résultent des changements dans l’utilisation des sols. Sur le même modèle que précédemment, les graphiques suivants illustrent la répartition des émissions entre grandes entités géographiques (le reste du monde est en grisé). On retrouve la hiérarchie précédente à quelques détails près.image007image008

Le graphique suivant montre que le contenu en CO2 de l’énergie consommée varie considérablement selon les régions et les pays. On notera en particulier la position de la France dans le concert des nations. Par ailleurs, l’exemple des pays nordiques laisse à penser qu’il existe une sorte de minimum technique aux alentours de 20 MtCO2 par exajoule, mais grâce aux conditions géographiques très spécifiques de ces paysimage009Le contenu en CO2 de l’énergie primaire est globalement en baisse régulière depuis une dizaine d’années. Mais cette baisse est loin de compenser l’augmentation de la consommation d’énergie, qui a été multipliée par 1,75 depuis 1990. Ceci explique que les émissions de CO2, de leur côté, aient été multipliées par 1,60 pendant la même période.

5/ Conclusion provisoire.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet, notamment sur le contenu de l’économie en énergie et autres considérations. Cependant, ce bref aperçu peut déjà alimenter quelques réflexions sur les perspectives d’énergie « décarbonée » que certains appellent de leurs vœux. Il s’agirait, si l’on a bien compris, de ramener le contenu en CO2 de l’énergie à zéro, et ceci dans des délais relativement brefs : en effet, comme les phénomènes énergétiques ont une inertie considérable, on peut considérer que les deux ou trois prochaines décennies sont d’ores et déjà engagées.
Certes l’année 2020 aura été profondément perturbée par la pandémie. Il s’ensuivra probablement un accident de parcours, à l’instar de celui de 2009 qui est clairement visible sur certains des graphiques précédents. Mais il n’est pas sûr que cet épisode affecte durablement les tendances à long terme comme le souhaiteraient certaines écoles de pensée.

11 réflexions au sujet de « Énergie : « Statistical review of world energy » en images »

  1. Merci
    Pour la Norvège, on sait bien la part prépondérante de l’hydroélectricité.
    Pour la Suède, il me semble que la biomasse consommée, essentiellement à partir du bois est sensée être neutre en émissions de CO2.

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    • Certes, mais la Suède est surtout très « nucléarisée ». Elle occupe à ce titre le second rang mondial (environ 27% de sa consommation d’énergie primaire) derrière la France (37%), selon BP.
      Michel

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  2. Le décrochement (incident de parcours) de l’émission totale mondiale de CO2 de 2009 par rapport à la moyenne de 2008-2009, qui aurait dû être sa valeur, est approximativement de 3%, et ce, pour toute l’année 2009.
    Ce décrochement n’est pas du tout visible sur la courbe de variation du CO2 de Mauna Loa.

    La pandémie de cette année « aurait causé » (mentionnent certains journaux) une baisse d’émission mondiale de 4% pendant les trois mois de mars, avril et mai. Pour le moment cette chute n’est pas du tout visible sur les courbes de Mauna Loa. La NOAA écrit qu’il faut attendre un an pour s’en apercevoir. Pourquoi en 2010 n’a-t-on rien remarqué de la chute de 2009 ?

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    • Il ne faut pas faire de confusion :
      1/ Ce qui est mesuré à Mauna Loa est un stock, soit actuellement environ 410 ppm ou environ 3 200 Gt de CO2 dans l’atmosphère (1 ppm # 7,8 Gigatonnes de CO2).
      2/ L’émission de CO2 (calculée à partir des combustions d’énergies fossiles) est un flux annuel, d’environ 34 Gt de CO2 en 2019 ; la théorie officielle précise en outre que plus de la moitié de ce flux est absorbée par les «puits». On aboutirait ainsi à accroître le stock d’environ 34/2=17 Gt par an : on observe en effet, bon an mal an, une augmentation de 2 ou 3 ppm par an).
      3/ Il est donc compréhensible qu’une variation de quelques pourcents d’un flux annuel déjà de l’ordre du pourcent du stock soit peu perceptible.
      Michel

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      • oui bien sur….
        sauf que la baisse d’émission a été telle qu’elle va impacter notre économie pour une dizaine d’années,avec un baril à prix négatif, du jamais vu
        Faudra-t-il que l’on ferme toutes nos industries, que l’on devienne tous académiciens vélocipédiques pour que l’on voit un pouillème de variation du CO2?
        Quant aux autres terribles menaces dans nos villes, les particules tueuses, les terribles NOx, et bien… on n’a rien vu

        Ce que je vois, de façon éclatante dans les graphes,c’est que même si les émissions de l’Europe disparaissaient, suite à un caca nerveux de Greta, la Chine, et l’Inde combleront la différence, comme cela s’est produit ces 20 dernières années, car la Chine est pour quelques années encore exclue des élucubrations des COP, et que de toute façon, Chine, Inde, USA, ne comptent absolument pas ravager leurs économies.
        La Chine a sur pas mal de sujets, une attitude pour le moins suspecte, et particulièrement sur la question du climat
        a ce propos, cela vient de sortir

        https://notrickszone.com/2020/06/20/new-german-study-e-car-climate-benefits-based-on-great-miscalculation-actually-exacerbate-global-warming/

        en Allemagne, comme ils n’ont bientôt (d’ici quelques années…)plus de centrakles nucs, l’e-car macronnienne est pire que le diesel
        logiquement, on va imposer la e-acr chez nous, et fermer les centrales nucs

        on ne change pas une équipe qui gagne

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    • Il me semble que vous vous trompez : les émissions de CO2 (courbe en violet) ont bien été superposées aux consommations d’énergie (histogrammes empilés). Les échelles ont évidemment été choisies pour mettre en évidence le quasi-parallélisme, puis le léger décrochage en fin de période
      Michel

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