France : démographie et mortalité

Par MD

Il ne paraît pas inutile de replacer l’épisode pandémique actuel dans l’histoire sanitaire récente. Afin de fixer les idées, on présente ci-après un certain nombre de graphiques illustrant l’évolution de la population et de la mortalité en France métropolitaine pendant ces dernières décennies. Les séries utilisées, qui commencent généralement en 1946,  sont accessibles sur le site de l’INSEE.

Les données des trois dernières années sont réputées provisoires.

1/ Population annuelle (en milieu d’années).

La courbe présente de légères fluctuations autour d’une augmentation tendancielle sensiblement linéaire ; on notera un ressaut visible entre 1962 et 1964, dû principalement au rapatriement des Français d’Algérie (estimés à plus d’un million de personnes).

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2/ Espérance de vie.

L’espérance de vie des personnes de 65 ans reflète convenablement l’allongement progressif de la durée de vie.

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Le gain a été d’environ 8 à 9 ans depuis 1946. L’écart entre femmes et hommes est persistant.

L’espérance de vie à la naissance, indicateur classique, a pour sa part augmenté de 20 ans depuis 1946, mais ce gain a résulté majoritairement de la diminution de la mortalité aux très jeunes âges, grâce aux progrès sanitaires : le taux de mortalité infantile (décès pour 1 000 nés vivants) était de 78‰ en 1946, et il est de moins de 4‰ depuis une quinzaine d’années.

3/ Nombres et taux de décès annuels.

En se limitant à la période 1975-2019, on a représenté sur un même graphique, d’une part le nombre absolu de décès annuel, d’autre part le nombre de décès rapporté à la population. Actuellement, environ 9‰ de la population française décède chaque année (un peu plus de 580 000 personnes).

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L’année 2003 a marqué un saut de série sur lequel on reviendra.

4/ Nombre et taux de décès mensuels.

Pour la période de janvier 1975 à février 2020, on a représenté sur le même graphique les chiffres en valeur absolue et en proportion de la population. Le quadrillage vertical correspond aux mois de janvier de chaque année.

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L’allure générale du graphique caractérise bien la surmortalité hivernale (décembre à mars). L’écart entre janvier et août est couramment de l’ordre de 10 000 décès, mais peut atteindre plus de 20 000 décès certaines années. On sait que cette surmortalité est attribuée principalement à la « grippe saisonnière », à laquelle s’ajoutent parfois des pandémies spécifiques.

Pour mieux détailler ce phénomène, le graphique suivant a été limité à la période 2002-2020, où on distingue sans peine les pics de 2009 (grippe aviaire) et 2017.

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On peut aussi représenter graphiquement les fractions mensuelles des décès de l’année (en tiretés, la droite d’ordonnée 1/12=0,083).

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Les mois de janvier à mars enregistrent une forte dispersion, que l’on peut probablement relier aux variations des conditions météorologiques ainsi qu’à la virulence des grippes et à l’efficacité des vaccins.

Le mois d’août 2003, marqué par une canicule prolongée, apparaît comme tout à fait exceptionnel (sans équivalent même sur la totalité de la période 1946-2019). On avait alors dénombré près de 57 000 décès, soit environ 15 000 de plus qu’un mois d’août normal.

Les creux des mois de février ne sont que des artefacts dus au nombre de jours du mois, comme le montre le graphique ci-dessous, en moyenne pour la période considérée et avec correction des nombres de jours.

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5/ Conclusion.

On pourrait ainsi multiplier les représentations graphiques, en détaillant certaines périodes caractéristiques. Les quelques aperçus présentés ici sont simplement destinés à fournir des ordres de grandeur et des tendances. Chacun pourra en tirer ses propres conclusions et les approfondir en se reportant aux nombreuses publications sur le sujet, notamment celles auxquelles ont donné lieu certains épisodes notables de surmortalité. On peut trouver sur Wikipedia des synthèses qui semblent bien documentées.

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19 réflexions au sujet de « France : démographie et mortalité »

    • Oui, mais plutôt que « psychose collective », j’aurais précisé: « psychose créée médiatiquement par volonté politique. » La conclusion est limpide. La grave atteinte aux libertés fondamentales n’est pas justifiée par la taille de l’épidémie. C’est donc bien un coup d’Etat. Je risque de finir par vous lasser en le répétant. C’est pourtant la vérité.

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      • Je n’irai pas jusque là mais il est cependant clair que des gouvernements n’ayant pas la démocratie chevillée au corps (ceux qui pensent que les élites doivent imposer leurs vues aux sans dents !) sautent un peu trop facilement aux solutions liberticides alors que ce ne sont pas forcément les seules et les meilleures.

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      • Je suis assez d’accord avec votre point de vue. Si l’on considère que le traitement a la chloroquine était déjà connu depuis longtemps, mais interdit juste avant le début de l’épidémie, et désormais autorisé en hôpital, donc de façon évidemment trop tardive, si l’on se rappelle de la polémique autour des masques, de leur inefficacité proclamée et de leur pénurie, et pour finir du refus de pratiquer des tests, qui auraient permis de ralentir voire stopper l’épidemie, on ne peut en conclure qu’une seule chose: le confinement des personnes et l’arrêt quasi total de l’économie, (qui vont mener a un désastre bien plus grand que le mal en question), sont le but de notre gouvernement. On peut donc bien appeler ceci un coup d’état.
        Des temps très difficiles sont devant nous, ce d’autant plus que pour complètement casser l’organisation de notre société, il faudra un temps de confinement encore très long. Comme je l’ai déjà écrit: l’été sera chaud, et l’hiver sera glacial, et tous doivent se préparer autant que possible, a une période extreme de notre histoire.

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      • Je pense que le confinement est juste là pour éviter l’embouteillage aux services de soins intensifs qui peuvent être dépassés.
        Cet embouteillage met surtout en évidence les problèmes de moyens à l’hôpital (le problème du manque de masques est révélateur).
        Le problème ce sont les politiques d’économies qui sapent en permanence les services publiques. Quand on pense à tout ce temps perdu sur la réforme des retraites alors qu’il y avait un vrai travail à faire sur les pb hospitaliers qui sont mis en évidence depuis des années…

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    • Pour ajouter a mon commentaire précédent, je voudrais juste ajouter que cette crise organisée a son doute pour but de recréer une société moins énergivore. Avec 100 millions de barils de pétrole jour consommés, nous allions probablement droit dans le mur. (et nous y sommes). Une fois l’économie détruite, seule les compagnies durables seront relancées. La fin de notre confinement coïncidera donc probablement avec la disparition (ou tout au moins l’affaiblissement notable) du fameux triptyque Ikea, Easy-Jet et Airbnb. (On décore un appartement avec IKEA, que l’on loue via Airbnb, a des touristes venant par Easy jet). Notre vie va donc devenir assez basique. On peut d’ailleurs noter le caractère re-educatif de notre confinement. La liste des objets que nous avons le droit de consommer n’a rien a voir avec la dangerosité d’un virus, mais a plutôt valeur de carême consumériste.

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  1. peut-être faudra-t-il conclure… à l’heure de la conclusion mais je ne suis pas mathématicien… cela dit, si tous les respirateurs sont occupés, comment opérer, comment gérer la chirurgie courante, la traumatologie ou toutes les IRAigues ? Dépister peut-être mais on attend la sérologie dont le positionnement reste à définir et les PCR sur prélèvement nasal comptent des tas de faux négatifs. Les traitements sont peut-être prometteurs (au moins 25 protocoles en cours dont chloroquine, immunorégulateurs, antiviraux…) mais quel protocole ? je hais ce confinement, je partage votre analyse sur la faible incidence sur les courbes mais quelle est la solution ? étant libéral, l’idée d’une responsabilité personnelle (distance d’un mètre, gel, masques…,) me séduirait mais elle implique de tolérer les écarts de la frange minoritaire de tocards, d’anencéphales et de c… incapables se maitriser. en attendant, pour le moment, cliniques vides à Toulouse… désert des tartares

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  2. rpf, Vous avez tout à fait raison de signaler ce lien, qui par exception de la part de l’INSEE fournit des données de mortalité en temps réel. On peut toutefois regretter que la carte de comparaison 2019-2020 se limite à « moins de 1,1 » ; il aurait été intéressant d’ajouter la tranche « moins de 1,0 » (mortalité inférieure à celle de 2019). Si quelqu’un avait un contact à l’INSEE, il serait intéressant de leur suggérer
    Michel

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  3. Bonjour, je me suis donné la peine d’étudier aussi ces chiffres de l’INSEE, et il faut faire attention à une chose dans leurs données :
    Les chiffres correspondent aux enregistrements d’état civil de métro + Dom et chaque mois.
    Et on enregistre en moyenne 24,4% de décès du mois précédent le mois suivant, ainsi qu’en moyenne 2% de l’année précédente.
    Donc pour obtenir un chiffre comparable entre le dernier mois passé (mars 2020) et le même mois n-1 (mars 2019) il faut appliquer une correction de 26,4%
    Le même raisonnement s’applique de façon pondérée sur les mois précédents. Au bout de trois mois antérieurs à la date actuelle la correction devient négligeable (< à 0,3%)
    Voici les 27 derniers mois ci-dessous selon ce principe.
    Avec notamment le mois de mars 2018 ayant une surmortalité saisonnière très forte (+ que celle de cette année en mars) du fait de la grippe 2018 très mauvaise (et vaccin de 2018 peu efficace)
    Je ne peux pas joindre ma courbe ici car on ne peut y laisser que du texte,
    mais voici un lien :
    https://jopechacabri.blog4ever.com/courbe-mortalite-mensuelle

    Mois / Nb Décès
    Janv. 2018 60615
    Fév. 2018 52904
    Mars 2018 61184
    Avr. 2018 51116
    Mai 2018 48540
    juin 2018 45695
    Juil. 2018 49044
    Août 2018 48019
    Sept. 2018 46473
    Oct. 2018 50645
    Nov. 2018 50421
    Déc. 2018 53709
    Janv. 2019 61149
    Fév. 2019 56475
    Mars 2019 54347
    Avr. 2019 49759
    Mai 2019 49696
    Juin 2019 47033
    Juil. 2019 48765
    Août 2019 47643
    Sept. 2019 46726
    Oct. 2019 50918
    Nov. 2019 52417
    Déc. 2019 55293
    Janv. 2020 60584
    Fév. 2020 53708
    mars 2020 ~57000

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  4. Dans votre étude on voit surtout qu’on meurt moins quand il fait chaud ! Vive le réchauffement climatique ! Vive le CO2 ! (ah ben non, zut, j’avais oublié que je ne crois pas que ce soit le CO2 qui est responsable du réchauffement récent…)

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  5. Ping : Démographie et mortalité d’une année pas comme les autres | Mythes, Mancies & Mathématiques

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