David contre Goliath au Havre

Mise à jour (20/01, 13h) : Tout le monde commet des erreurs, moi le premier. Quelqu’un m’a fait prendre conscience tout à l’heure du caractère excessif de certains propos de cet article. C’est dur à admettre, surtout pour quelqu’un qui se pique volontiers de tâcher d’apaiser le débat, mais il faut le reconnaître : je suis allé inutilement trop loin dans certains passages. L’article a donc été remanié. Je présente humblement mes excuses.

Samedi au Havre, donc, s’est tenue une après-midi de débat public au sujet de possibles nouvelles éoliennes en mer au large de la Normandie. Nous autres climato-réalistes y étions. Notre petit stand avec ses deux affiches A3 a tenté d’exister à côté des écrans géants et des gros posters des promoteurs (industriels et institutions publiques). L’exposé critique de Rémy Prud’homme a été l’îlot critique au programme des interventions, les quatorze autres étant intégralement acquises à la cause.
Spoiler : David a quand même gagné. Il ne s’agissait hélas que d’une petite bataille.

Deux salles du Port Center du Havre avaient été réservées pour l’après-midi. Celle du rez-de-chaussée était pour les conférences. Entre 60 et 80 personnes s’y sont trouvé rassemblées au fil des exposés. Rémy s’y est installé pour écouter les interventions, qui se sont déroulées sans interruption de 14h à 17h30 environ. Pour ma part, je suis resté aussi souvent que possible à l’étage pour tenir le stand, quelques personnes y passant au fil de l’après-midi, avec un pic après la fin des conférences. En tout j’ai dû discuter avec une grosse trentaine de personnes.

La partie stand n’a pas été la plus spectaculaire, mais elle a été l’occasion d’un indispensable travail de fourmi pour présenter au public les climato-réalistes. Comme d’habitude, les citoyens se sont montré très ouverts d’esprit et aimant discuter. C’est dans ce genre de moments que l’on perçoit le plus clairement la fameuse « coupure des élites » : seules ces dernières sont si certaines de détenir la vérité qu’elles refusent l’idée même de confronter ce qu’elles pensent à un point de vue dissonant. Personne de tous ceux qui sont venus au stand (et qui n’avaient pour la plupart aucun a priori) ne m’a traité de négationniste ou de je ne sais quoi. Cordiaux, intéressés et à l’écoute, les visiteurs m’ont rassuré une fois de plus sur ce que je pense être l’opinion du plus grand nombre sur le fatras alarmiste actuel : concernés par les questions environnementales, les citoyens n’en gardent pas moins une méfiance instinctive envers les marchands de peur, et ont toujours un appétit fort pour tout ce qui leur permet de se forger leur propre avis — notamment, donc, des points de vue vraiment variés.

Les personnalités politiques présentes semblent considérer que le principe de l’installation des éoliennes est acquis, ce qui n’est pas le cas. Le débat public a entre autres pour objet de discuter de l’opportunité du projet. Les précédents débats publics ayant eu lieu après que l’appel d’offre ait été attribué, la démarche nouvelle de le mener aussi en amont n’est sans doute pas encore entrée dans les mœurs.

Une présentation qui s’intéressait aux critères de choix pour le meilleur emplacement pour les éoliennes était à la fois technique et intéressante, on avait vraiment l’impression d’être au cœur de l’étude. Des représentants d’institutions officielles ont ensuite présenté leur point de vue dans la ligne du Parti. Rémy et moi avons cordialement discuté avec l’un d’eux au stand en fin d’après-midi. Nos points de vue ne se sont pas spécialement rapprochés, mais la discussion a été possible et c’est très bien.

Je suis plus sévère sur d’autres présentations, dont une qui misait d’entrée de jeu sur l’émotion avec la couverture d’un mensuel pour enfants illustrant la fonte des glaciers. J’ai posé la question de savoir quelle quantité d’émissions de CO2 serait évitée par d’éventuelles nouvelles éoliennes normandes, sachant que l’électricité française est déjà presque entièrement décarbonée… Il est quand même difficile de comprendre comment ce genre de confusion peut encore régner dans les esprits sur cet aspect du débat.

J’ai dit au début que c’est David qui a gagné. Plus précisément, c’est Rémy.

Tout ceux qui l’ont déjà entendu le savent : un exposé de lui se place systématiquement sous le signe des trois C. Calme, compétence, clarté. (Tout comme Vincent Courtillot, d’ailleurs.) Rémy y a associé cette fois-ci une petite dose d’humour qui s’est révélée très efficace. La preuve que David-Rémy a gagné contre Goliath-éoliennes est que, des quinze exposés de l’après-midi, seul celui de Rémy a été applaudi. Et pas qu’un peu. Toute la salle s’y est mise, après être restée invariablement silencieuse à la fin des autres présentations.

Un petit mot pour finir, pour remercier l’organisateur d’avoir invité les climato-réalistes. Notre présence hier était peu de chose, elle marque toutefois une vraie volonté d’assurer le pluralisme des débats. On ne peut que s’en réjouir.

33 réflexions au sujet de « David contre Goliath au Havre »

  1. je pense comme Marco40. A mon petit niveau, après avoir pu présenter nous arguments lors d’une première réunion publique, le promoteur (KDE Energy France) a bien travaillé au corps le conseil municipal. Résultat: les autres réunions publiques ont été saucissonnées avec des horaires impossibles pour les gens qui bossent.
    Ca s’appelle de la démocratie participative…

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    • Fine analyse (et je ne suis pas, trop, ironique !
      La démocratie « participative est trop souvent « tout le monde peut exprimer ses opinions… à condition qu’elles rentrent dans le moule (soit celui du « démocrate-animateur-en chef, soit celui de l, soit-disante, majorité) « 

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  2. Je me demande pourquoi lors de ce type de réunions, les climato-réalistes ne sont-ils pas également représentés par un climatologue, un physicien ou un chimiste, etc.

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  3. Bravo pour cette intervention qui revient à mettre directement les mains dans le cambouis.

    Des petits tracts formats A5 avec une infographie sympa et un lien vers le site des climato-réalistes, ça peut le faire aussi peut-être… Le prix est dégressif.
    Ca peut être une plaquette, mais c’est plus cher.

    Quoiqu’il en soit c’est toujours un support de discussion intéressant.
    Si vous pensez que l’idée est bonne…

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  4. Proposition de loi pour un développement responsable et durable de l’éolien, par 27 députés.

    Quand on lit cette proposition, on constate qu’elle propose à peu près tout ce que nous avons dénoncé.

    http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion2571.asp?fbclid=IwAR1DretTWLvu3dY1YlZdLESIj96HVjtRW_mnxZmOCP_M7vOhN2sYobHPGRk

    J’ignore ce que cette proposition de loi deviendra (elle sera vraisemblablement refusée ou vidée de sa substance), mais il est quand même rafraîchissant de voir que des politiciens sont encore lucides, malgré le matraquage idéologique des élus et des promoteurs de l’éolien.

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    • Il me paraîtrait intelligent de contrebalancer l’euphorie des maires. Donnons aux municipalités la charge financière du démantèlement des socles béton.

      Si on avait le RIC, un moratoire des installations d’éoliennes serait voté depuis longtemps. Illustration d’une démocratie en panne.

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    • @Murps: Merci pour le lien. Très belle proposition de loi: argumentée, factuelle, lisible…je vois que mon député est dans la liste de ses promoteurs. Je m’en vais le féliciter et l’encourager dans cette voie 🙂

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    • Bravo pour cette information ultra pertinente
      À quand un réel investissement français sur l’énergie houlomotrice pour laquelle la France aurait la meilleur place mondiale sur le potentiel géographique..?
      Haro sur les dissonances et élucubrations de nos pseudo géniaux décideurs…
      L’énergie de chez nous c’est la houle.

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  5. Bravo pour ces applaudissements, cela doit être très motivant ! cela veut dire que vous avez touché ou éveillé la conviction des auditeurs, qui ont réagi avec spontanéité à un exposé qui devait être clair et honnête. Percer la carapace des enjeux économiques et politiques qui protège les intérêts des « décideurs » semble long, mais le bon sens populaire finira par se réveiller.
    Si ce n’est tout simplement la réalité : les lignes additionnelles sur les factures.
    Encore bravo

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  6. Bravo! scientifique à la retraite je compte rejoindre bientôt votre association pour vous aider dans la faible mesure de mes moyens dans ce combat de David contre Goliath. En espérant que l’histoire se finisse de la même façon. Intéressant de voir que face au rouleau compresseur médiatique les citoyens de base restent ouvert à la discussion

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    •  » …. Scientifique à la retraite, je compte rejoindre bientôt votre association  »
      C’est un preuve indéniable, que le débat n’est pas possible ! Car pourquoi attendre la retraite pour s’exprimer ? Risquerait-on des ennuis à ne pas adhérer à la Doxa ambiante, lorsqu’on est en activité ?
      Bienvenu au club …. des climato-realistes ! Car pour ce qui est des scientifiques, mes connaissances sont pour le moins sommaires en la matière !
      Climatiquement vôtre. JEAN

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      • ça n’a pas de rapport! je ne me suis intéressé au problème que relativement récemment et ça fait plus de dix ans que je suis retraité. Le déclic a été la montée de l’hystérie ambiante des médias et en particulier le jour ou j’ai entendu à la télévision à une heure de grande écoute Corine lePage mettre les tsunamis comme conséquence du réchauffement climatique! du coup j’ai regardé de plus près et ça m’a effaré. J’ai compris qu’il était temps de s’opposer!

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  7. « Le débat public a entre autres pour objet de discuter de l’opportunité du projet. »
    Ayant participé à un débat public coté maitre d’ouvrage (=promoteur du projet), je peux dire que dans le cas de grands projets d’infrastructures de transport ou industrielles, ce n’est pas vraiment le cas. Un maitre d’ouvrage n’attend pas l’avis du public pour décider ou non de l’opportunité d’un projet. Il ne se lance dans la procédure (débat public puis enquête publique) que dès lors qu’il a acquis la conviction que le projet présente un intérêt, charge à lui de convaincre le public de l’opportunité effective du projet qu’il souhaite réaliser. Chose qui ne doit pas être évidente dans le cas de l’éolien, car la seule opportunité, elle est pour l’industriel et son compte en banque : toucher les juteuses subventions…

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  8. Habitant du Havre, je suis passé pour vous rencontrer. Hélas, le stand était vide à ce moment là. La salle était pleine : pas de place assise et il y faisait trop chaud, même pour quelqu’un qui ne croit pas trop au réchauffement à venir. Ce sera pour une prochaine fois.
    Les hommes politiques locaux ne voient qu’une chose dans les éoliennes, c’est les emplois créés pendant la construction. Le coût, l’utilité, je ne suis pas sûr qu’ils s’y intéressent.
    Le journal local « Paris Normandie » relate l’événement, parle d’un représentant « climato réaliste «  sans citer son nom, et précise que le pont de vue des opposants au projet était minoritaire dans l’assemblée.

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  9. Le problème est éminemment complexe. Pour la plupart des gens, il y a un problème réel (RCA), mais ils ne veulent pas vraiment admettre que les remèdes à adopter vont présenter des inconvénients, comme dans le cas présent, des paysages un peu défigurés par des éoliennes un peu trop visibles dans leur entourage. Du coup, quelques arguments supplémentaires sur les rendements assez faibles, un pseudo surcoût de l’électricité produite les fait aisément basculer de l’interrogation au doute, puis à une opposition plus marquée. Il est certain que l’effort est toujours plus pénible que la passivité. Maintenant il est certain que tout ces projets de transition semblent bien insuffisants à un niveau local et même national comparé à l’immense défi mondial. Alors on peut les critiquer ,ne rien faire et continuer comme avant. Difficile de changer les choses.

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    • Arrêtez Zimba avec vos prêches de Curé en chaire.
      Le problème ce n’est pas « les paysages un peu défigurés »… mais bien l’énorme gâchis économique de ces investissements qui ne contibueront pas à décarbonner l’atmosphère bien au contraire. Et ça ça n’est pas un petit « argument supplémentaire » comme vous tentez si bien insidieusement de le dire.

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      • Ah bon ? Mais je croyais que ce carbone n’avait rien à voir avec le réchauffement climatique ! Ou j’ai dû mal comprendre, ou alors certains adaptent leurs discours au fil du temps…
        Gâchis économique, ça on verra bien, lorsque les démantèlements de centrales nucléaires commenceront (parce qu’alors elles dureront un bon nombre d’années avec des techniciens spécialisés, années qui coûteront très cher sans rien produire), les comparatifs de prix d’énergie remettront mles pensules a l’heure et lâcherons leur verdict.

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      • @Zimba, ah, le poncif du coût du démantèlement. Le coût complet du nucléaire a été étudié en long en large et en travers, en particulier par la Cour des comptes. Le coût du démantèlement est provisionné depuis longtemps.

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    • Le problème n’a rien de complexe, il est au contraire très simple. Les éoliennes n’ont d’intérêt que pour les industriels qui les fabriquent et les industriels qui les financent via des tarifs de rachat de l’électricité garantis et très généreux. Pour le consommateur, rien de mieux qu’avant au contraire, une facture alourdie via la cspe pour couvrir le coût du rachat d’électricité sus-cité et un risque de coupure d’électricité plus élevé du fait de la déstabilisation du réseau liée à la forte variabilité de la production de l’éolien.
      En bref, c’est l’escroquerie du siècle.

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    • Pour Zimba et « Pour la plupart des gens, il y a un problème réel (RCA) »
      Ah, les gens… ! 😥
      Climatologie : aspects de la désinformation actuelle
      23 décembre 2019 / Association des climato-réalistes
      Extrait de la Lettre d’information n° 12 de Jean Claude Pont
      « On lit dans le journal Le Temps (voir note 5) cette affirmation de Raphael Neukom : « Notre analyse montre que le réchauffement actuel ne peut être expliqué par aucun facteur naturel, ce qui indique implicitement que les activités humaines en sont la cause. » L’auteure de l’article du Temps ajoute, dans la foulée : « Des activités qui occasionnent beaucoup trop d’émissions de gaz à effet de serre. Et qui ont ainsi donné naissance à un ”monstre climatique” à nul autre pareil. »
      Voilà une argumentation que l’on balaie sans coup férir, et dont on se demande même comment on a pu la formuler. Les grandes glaciations, les déglaciations, l’optimum du Moyen Age, le petit âge glaciaire récent, les grandes avancées du Glacier d’Aletsch, les grands reculs de ce Glacier, oscillant entre deux positions extrêmes, les très importantes variations du niveau des mers et des océans au cours des âges, etc., ne sont pas expliqués non plus par des causes naturelles. Cela indique-t-il « implicitement que les activités humaines en sont la cause » ?

      https://www.climato-realistes.fr/climatologie-aspects-de-la-desinformation-actuelle-jean-claude-pont/

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  10. # Pigouille: avant de penser au démontage des socles de béton, on n’est même pas certain que le démontage des éoliennes soit assuré. Chez moi le promoteur se vante d’avoir abondé 50 000 euros pour le démontage de chaque éolienne. Ce qui fait marrer tous ceux qui connaissent l’entourloupe.
    1. les devis connus varient entre 200 000 et 30 000 euros/éolienne,
    2. entre temps, les bécanes auront été revendus à d’autres sociétés bidons, qui bien entendu feront faillite au bon moment,
    3. cerise sur la gâteau, chez moi la moitié des propriétaires sont belges, donc ils nous feront un super beau bras d’honneur lorsqu’il faudra aligner les bifetons

    @Arcandier: les emplois locaux c’est du pipeau puisque les éoliennes sont pilotées à distance! Les travaux ne durent que QQ mois et puis c’est fini.

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  11. #Zimba
    1.implanter des installations industrielles comme les éoliennes dans un Parc Naturel régional n’indispose absolument pas les écolos autoproclamés.
    2. Les fonctionnaires flemmards du parc naturel régional ne se risquent absolument pas à faire des comptages et observations ornithologique ni des chyroptères en arguant du fait que c’est le promoteur qui paie l’étude d’impact sur la biodiversité!!!!! C’est évidemment une vaste fumisterie puis que les cabinets d’études peuplés de jeunes ornithologues de salon voient se déverser plein d’euros éco-conscientisés distribués par les promoteurs. Notre contre-étude d’impact souligne la présence d’espèces rares (type hibou grand Duc fort opportunément négligé par les comiques cités).
    3. Quant au pseudo-surcoût, faut vous réveiller: consultez de vrais sites d’information (@Le mont Champot animé par JP Riou par exemple) et renseignez vous sur le coût des électrons verts chez les Teutons!

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