Trois interventions matinales

par le Lecteur Discret (que l’on ne félicitera jamais assez pour sa patience à nous retranscrire les inepties véhiculées par les ondes de la radio publique).

Au menu aujourd’hui : Anne Hidalgo, Claude Askolovitch et Brune Poirson. Bon appétit.

Voici d’abord la transcription de certains propos d’Anne Hidalgo, maire de Paris, dans « Le Grand Entretien » du lundi 23 septembre 2019, sur France Inter.

Sur la faible participation lors des manifestations pour le climat en France [séquence de 1:19 à 4:45] :

J’étais dans la marche pour le climat (…). Aujourd’hui, c’est clair (…), il y a depuis cinq ans une accélération d’un certain nombre de phénomènes : le changement climatique, les questions migratoires, des sujets qui se sont invités dans notre quotidien (…) dans tous les territoires du monde. Face à ces accélérations, il faut trouver des solutions. Nous ne sommes plus, et ça je m’en réjouis, dans la période où il fallait se justifier pour dire qu’il fallait baisser la pollution atmosphérique et donc s’attaquer aux causes… on n’en est plus là, parce que les citoyens, les plus jeunes, ont pris la parole : les citoyens sont descendus dans les rues partout dans le monde. Les jeunes, les très jeunes, sont descendus dire à leurs parents, dire aux dirigeants : on ne vivra plus comme vous. Et ça, c’est quelque chose de très important (…). Pourquoi il y a eu moins de mobilisation ? Sans doute parce que la crainte des violences liées à toutes ces manifestations qu’on a connues (…) dissuadent beaucoup de gens (…). Mais nous sommes à un moment où cette prise de conscience est là. 

Sur son analogie entre la situation actuelle et la reconstruction de la France par le Conseil National de la Résistance [séquence de 5:10 à 6:43] :

Nous sommes face à un défi colossal, vertigineux. C’est vrai qu’il faut changer de modèle, changer de modèle économique : ‘faut arrêter d’être dans la prédation des ressources de la planète. Il faut aller vers plus de sobriété dans nos modes de consommation (…). Heureusement, ce n’est pas une page blanche, d’abord parce que ça fait quand même, pour ceux qui ont commencé à alerter, 40 ans/50 ans, qu’il y a des alertes sur ce que sera le monde si on continue à être dans cette prédation et cette surproduction (…). Lorsqu’on agit,  (…) on a des résultats sur la pollution quand, comme on l’a fait, on s’attaque à la cause principale qui est celle des voitures thermiques et au diesel et qu’on fait diminuer la circulation. On a des résultats en matière de production de gaz à effet de serre et de leur diminution lorsqu’on va vers d’autres sources d’énergie que les énergies fossiles.

La radio publique laisse aussi s’exprimer les opinions militantes de ses chroniqueurs, adeptes du récit larmoyant. Voici un extrait de « La revue de presse » du lundi 23 septembre 2019 par le journaliste Claude Askolovitch sur France Inter :

Et elle leur demande [aux « grands de ce monde »], cette petite fille, de préserver la planète pour les générations futures. Mais non, je ne parle pas de Greta Thunberg, mais de celle qui la précéda : Severn Cullis-Suzuki, Canadienne, elle avait 12 ans au premier sommet de la Terre, c’était en 1992 à Rio de Janeiro. Elle avait capté 5 petites minutes l’attention du monde (…). « Ce que vous faites me fait pleurer la nuit » : ce discours d’enfant tourne sur internet (…). Lisez son interview, quand l’ONU s’empare à nouveau du climat, pour mesurer le temps que nous avons perdu et aussi admirer une vie d’engagement (…). L’adulte Severn ne croit plus aux grands de ce monde mais elle croit en Greta Thunberg. Elle se reconnaît en elle et elle en dit ceci : « Heureusement qu’elle vient de Suède et non du Brésil… Elle n’aurait jamais pu rester en vie ». L’adulte Severn, c’est le désespoir des enfants. J’ai reçu un mail d’un père dont la fille s’est suicidée, apparemment à cause de la crise environnementale. Mon fils de 10 ans me dit parfois qu’il préférerait être une grenouille ou un lézard : il ne font pas autant de mal que les humains. Que lui répondre ? Voilà notre part de désarroi, ce matin. Il est aussi de la bonne volonté. Tiens ! A propos de Greta Thunberg qui, on le sait, ne prend plus l’avion mais des bateaux. Et du coup (…), je découvre le portrait d’un Allemand barbichu qui, gamin, sur la mer du Nord, sur le bateau de ses parents, rêvaient aux baleines… Il est devenu skipper de bateaux de course : c’est lui qui convoyait la jeune Greta à New York cet été. Elle ne montait sur le pont que quand le vent faiblissait. Boris avait peur pour elle sur son bateau de carbone mais sur lequel il a fixé des panneaux solaires. Bonnes volontés.(…) [Gisèle Halimi] qui, quand elle avait l’âge de Greta Thunberg, rageait d’injustice dans sa famille en Tunisie (…)

Enfin, Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, pourtant promotrice des thèses réchauffistes, n’a pas caché son exaspération face à la dénonciation de la France par Greta Thunberg. Voici la transcription de ses propos dans « L’invité de 7h50 » du mardi 14 septembre 2019 sur France Inter, à propos de la procédure transmise par Greta Thunberg au Comité des droits de l’enfant, pour « inaction climatique » [séquence de 00:43 à 5:15] :

Moi, je pense que c’est très important d’avoir des personnes qui éveillent les consciences. Maintenant, il y a plusieurs choses (…), je ne vais pas commenter : pourquoi la France, l’Allemagne et pas d’autres pays, etc. ? (…). J’ose espérer que derrière ça, il y a une logique qui est celle de la mobilisation… Je pense qu’effectivement c’est utile, ça fait partie aussi de ces grands discours de vérité qu’il faut avoir à certains moments, peut-être, dans l’Histoire… Alors, je ne vais pas comparer Churchill et Greta Thunberg, mais Churchill a tenu un certain discours de vérité à un moment… Sauf qu’au bout du tunnel, il y avait la victoire, il y avait l’espoir, il y avait des solutions concrètes. Et là, Greta Thunberg -c’est bien, c’est important, elle mobilise- mais quelles sont les solutions qu’elle met sur la table ? Je ne sais pas. Et je ne crois pas qu’on puisse mobiliser la population avec du désespoir, avec presque de la haine et en montant les uns contre les autres, au final. (…) Parfois c’est ce vers quoi on peut finir (…). Le constat, on est tous d’accord, il faut continuer à le marteler (…). En Europe (..) il y a des nations qui nous empêchent d’avancer (…). Est-ce que vous vous rendez compte que cela fait des mois que l’on est en train de discuter de, si oui ou non, on se met d’accord pour obtenir la neutralité carbone en 2050 ? Alors que ce n’est qu’une chose : c’est respecter l’Accord de Paris (…). Aucun pays dans le monde ne le respecte mais il y a des pays qui se mettent en ordre de marche pour le faire (…).

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16 réflexions au sujet de « Trois interventions matinales »

  1. Bon, c’est bien beau de taper à gauche (qui tient la corde en matière de dérive idéologique sur l’écologie) mais, qui tape à droite ? Les perles de la débilité intergalactique en matière d’écologie n’y manquent pas non plus pourtant.
    Je dis cela pour l’image d’objectivité et de neutralité des climato-réalistes. Une broutille ?

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    • Ils sont tous dans le même sac car personne n’ose se démarquer de peur de perdre des électeurs. Cependant l’antiproductivisme qui colore, ou motive ( et pollue) le discours carbo alarmiste n’est pas tout à fait neutre et penche un peu d’un côté (ce que je regrette)

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      • @ Philippe Cartier: Effectivement… Les intérêts qui entravent leur parole sont les mêmes. Et le théâtre politique traditionnel (gauche/droite) est un tel champ de ruines, qu’il devient compliqué d’utiliser cette partition idéologique.

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  2. « Mais nous sommes à un moment où cette prise de conscience est là. ». Je dirais plutôt la prise d’inconscience, pour ne pas dire une totale perte de bon sens et de raison de la part de ces vaillantes brebis de la Sainte Eglise Réchauffiste.
    Il serait en effet temps que la raison revienne aux politiques, à l’UE et au Grand Machin, eux qui décrètent sans aucune analyse vouloir zéro carbone (en fait zéro CO2) en 2050. Pour cela, il faudrait 3 nouvelles centrales nucléaires/jour ou 1500 éoliennes 2,5 MW/jour, ce qui est évidemment totalement irréaliste. Ils ont perdu tout bon sens avec cette idéologie climat-énergie qui est dans le déni de réalité et de délire total, d’autant que l’on sait que les projections des modèles numérique divergent de plus en plus des observations, ce qui veut dire que leurs projections multidécadales n’ont aucune crédibilité, tout comme les thèses du GIEC qui en sont le socle.Or, c’est sur ces projections que se fondent les politiques climat-énergie, qui gaspillent des sommes pharaoniques pour des prunes (sauf par les petits malins qui en profitent), aux frais des ménages victimes de racket d’Etat…
    https://www.forbes.com/sites/rogerpielke/2019/09/30/net-zero-carbon-dioxide-emissions-by-2050-requires-a-new-nuclear-power-plant-every-day/#6244100d35f7

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    • La neutralité carbone en 2050 ? Pour la France, la consommation d’énergie primaire est la suivante (en millions de Tep).
      Pétrole: 78,9 Gaz: 36,7 Charb.: 8,4 Nucl.:93,5 Hydro.:14,5 Autres renouv.: 10,6 Total: 242,6.
      58 réacteurs nucléaires ont assuré la production de 93,5. Zéro émissions en 2050 correspond donc à 113 équivalents-réacteurs nucléaires. Et si un équivalent-réacteur correspond à 1100 éoliennes de 4MW (au facteur de charge 25%), cela correspondrait à 124.300 équivalent éoliennes. Comme la durée de vie d’une éolienne est donnée pour 25 ans (mais il faut parfois faire un lifting des pales au bout d’une dizaine d’années), cela représente la construction, et la mise au rebut de 5000 éoliennes par an, tous les ans, en permanence.
      On n’a considéré ici que l’équivalent moyen en énergie produite. Mais comme les éoliennes produisent trop 1/4 du temps et insuffisamment les 3/4, il faudrait aussi acheter (et opérer) une quantité équivalente de turbines « à gaz » pour assurer la continuité.
      Il y a eu seulement pour 1558MW d’éoliennes installées en 2018.
      La mission de Mme Poirson est donc impossible. Si elle réfléchissait à la réalité, au lieu de vouloir donner l’exemple, elle le saurait depuis longtemps. Il lui faut donc changer de paradigme et cesser de croire au Père Noël écologiste.
      Elle devrait aussi cesser d’écouter les jeunes filles en colère. La colère est mauvaise conseillère.

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      • paulaubrin> les éoliennes produisent trop 1/4 du temps

        En cas de surproduction, c’est la totalité du réseau qui risque de péter, alors on est obligé de débrancher des usines sauvagement (ca nous coute) et surtout on applique des prix négatifs aux producteurs (ca leur coute).

        https://www.epexspot.com/fr/epex_spot_se/fondamentaux_du_marche_de_l_electricite/Prix_n%C3%A9gatifs

        Attention peu de gens le savent. Si vous pensiez faire fortune dans la revente d’électricité à EDF, priez pour qu’il n’y ait pas trop d’acteurs, pas trop de vent, pas trop de soleil. Débranchez vos panneaux photovoltaique quand vous partez en vacances aux baléares. Et prévenez les pompiers, on sait jamais, un incendie est si vite arrivé.
        Smart Energy, on l’appelle.

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      • Coucou,

        On importera de l’electricite de chine à 5 € le megawatt avec les nouvelles technologies ultra haute tension.

        Dans 30 ans,le point névralgique mondial ne sera plus le détroit du golfe mais l’himalaya !

        Bonne journée

        Stéphane

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  3. Vous avez raison Cédric! Ce n’est pas tout de cogner avec passion, endurance, enthousiasme et perfectionnisme! Manque ce goût inné pour la symétrie qu’ont les vrais justiciers. Vous savez, ceux qui tapent sur les pénibles qui ont la présence bruyante, le goût de martyriser les plus faibles et les yeux «brillants d’intelligence».

    On compte sur vous… Grosse besogne! (Merci d’avance)

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    • Oui, comme avec la taxe carbone, décidée sous Sarkozy, montée par Hollande et surélevée par Macron, on voit bien que tout le monde a « le goût de martyriser les plus faibles » ; faibles pour qui l’énergie est un poste de dépenses important. Je crois qu’ils en ont vu une limite avec le soulevement des Gilets Jaunes. C’est pour cela qu’il ne faut rien laisser passer sur l’écologie, d’où que ça vienne, dès que c’est idéologique.

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  4. Anne Hidalgo présidente du Cities Climate Leadership Group va pouvoir regarder les copains défiler et bloquer les voies de circulation, à partir du lundi 7 octobre.
    En effet Extinction Rebellion projette des coups d’éclats dans certaines métropoles, Paris inclus, à partir de cette date. Nom de code RIO.
    Un sitting bobo ? Un dépot de plainte ? Une zad sur le périf ? Bon courage au préfet.

    https://www.paris.fr/pages/climat-deux-jours-de-sommet-international-a-l-hotel-de-ville-6498

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    • Tolnus a dit:«Et la sécheresse au Chili en ce moment…». La sécheresse, c’est de la météo, n’est-ce pas ? Ou bien croyez vous qu’il suffit de respecter l’accord de Paris sur le climat pour que les pluies tombent moyennement un peu chaque jour ? Et qui vous a dit qu’à l’époque pré-industrielle, il n’y avait pas de sécheresses au Chili?

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      • Mais Paul, dès qu’ils auront diminué le CO2 à coup de milliers de milliards de $ par an, ce en sera terminé des sécheresse, voyons !
        Quant à se demander pourquoi on ne mettrait pas ces milliers de milliards de $ par an dans la réduction de la pauvreté (en direction de ceux qui vivent avec moins de 2 $ par jour), c’est pour eux une hérésie car un pauvre qui devient riche, ça détruit la planète (et émet plus de CO2) alors imaginez si le milliard et demi de pauvre actuel avait accès à un niveau décent, ce serait l’effondrement…

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