Rouen : le syndrome Tchernobyl

par Bertrand Alliot.

(Un article de Causeur (republié avec accord). L’auteur précise : « Je vais finir au bûcher. » Ça se pourrait…)

Je l’ai senti venir. L’incendie de l’usine Lubrizol allait créer l’affolement. Je me doutais qu’en voulant calmer le jeu, les autorités allaient ouvrir la brèche par laquelle le vent de panique allait s’engouffrer. Il faut dire qu’elles avaient soigneusement préparé le terrain en reprenant sans nuances, depuis des années, toutes les élucubrations de l’écologisme.

Ne s’apprêtaient-elles pas à fermer Fesseimhem ? N’avaient-elles pas renoncé aux recherches sur le nucléaire de quatrième génération? Face à une poignée de marginaux, n’avaient-elles pas toujours cédé : à Sivens, à Roybon, à Notre-Dame-des-Landes? N’avaient-elles pas interdit toute recherche sur le gaz de schiste ? N’avaient-elles pas mis fin au projet de montagne d’or en Guyane ? Si, elles l’avaient fait… Peu importe que le nucléaire fut une filière française d’excellence, que les risques étaient maîtrisés. Peu importe l’échec de l’Allemagne, championne des renouvelables et ennemie de l’atome. Peu importe que les retenues d’eau artificielles auraient pu abreuver les cultures lors des sécheresses. Peu importe que les habitants de Guyane s’enfonçaient dans le chômage, la misère et la drogue. Peu importe que des milliers d’ornithologues amateurs déferlaient sur des carrières réhabilitées devenues paradis des oiseaux. Peu importe que le gaz d’outre atlantique rentrait dans les ports français par tankers entiers.

Nos dirigeants ont préparé la peur

Contre toute attente et par un manque prodigieux de discernement, elles avaient légitimé par leurs paroles et leurs actes les analyses les plus simplistes et passé leur temps à conforter les peurs. En interdisant le glyphosate dont les agences sanitaires du monde entier prouvaient l’innocuité, la peur de la moindre « trace » de pesticide. En menant la plus risquée des transitions énergétiques contre toute rationalité économique et sociale, la peur panique du gaz carbonique. En resserrant les normes automobiles comme on demande à une anorexique de perdre du poids, la peur d’un air devenu poison. Sur ces sujets, jamais elles n’avaient souhaité calmer le jeu, elles n’avaient semblé prôner la mesure et la tempérance. Elles avaient même déroulé le tapis rouge à une enfant dont la bouche était pleine de paroles insensées.

Bref, elles avaient alimenté un feu, ce feu qui sous leurs yeux est en train de se transformer en gigantesque incendie. Maintenant, leurs Canadairs peuvent bien essayer d’apaiser les esprits, ils sont aussi brûlants que des réacteurs de Tchernobyl en fusion.

Le doute et l’anxiété assaillent le citoyen pour qui les paroles rassurantes sont autant de confirmations du danger. Les pompiers ont malgré eux revêtu les attributs des pyromanes…
Je le sens venir le temps de la paralysie où tous nouveaux projets d’installation d’usines ou d’infrastructures créeront de telles oppositions qu’ils ne verront jamais le jour. Je le sens venir le temps du déclassement où les seules exploitations agricoles qui persisteront seront des fermes pédagogiques où l’on se rend pour caresser les chèvres, où pour toutes manufactures, ne restera que les ateliers de rempaillage et les brasseries où l’on s’abreuve de bières artisanales… Si l’on a encore le courage de boire ! C’est le cauchemar du « Pot au lait », le rêve inversé de Perrette. La fermière n’avait presque rien, mais rêvait de presque tout. Elle comptait sur son lait, sur l’argent qu’il allait rapporter, et, de proche en proche, sur ce quotidien qui allait s’améliorer. Nous avons presque tout, et nous allons nous retrouver, de proche en proche, avec presque rien. « Adieu veau, vache, cochon, couvée » !

Pour regagner la vue claire, Il faut quitter le nuage où nous enferme l’idéalisme écologiste. Sinon, le cauchemar deviendra réalité et nous n’aurons plus que le pot au lait pour pleurer.

42 réflexions au sujet de « Rouen : le syndrome Tchernobyl »

  1. En effet, j’avais un proche qui me demandait conseil à ce sujet (mais je n’ai pas eu le temps de suivre de près cet accident) et qui se demandait s’il ne vaudrait pas mieux interdire les industries Seveso en France. Je lui ai notamment répondu que s’ils voulaient continuer la désindustrialisation du pays et les chutes de niveau de vie dans la population, c’est certainement le chemin à prendre. Mais, ce chemin, on le prend, tranquillement mais sûrement comme le souligne cet article.

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    • Coucou;

      Un enfilage de perles.
      le nucléraire, on maitrise. Comme les Japonais sans doute.
      « une poignée de marginaux » affirmation simpliste.
      echec de l’allemagne. Quand la france échouera comme l’allemagne …

      Peut-être que changer d’énergie de locomotion nous permettra de moins dépendre d’une région du monde, donc non, ce n’est pas insensé

      Bref , je ne suis d’accord sur rien ou pratiquement rien.

      Je suis curieux de savoir si ce monsieur habite rouen. S’il y habite toujours. Si ces enfants vont toujours à l’ecole dans cette ville?

      Les craintes et les interrogations des rouennais sont des craintes légitimes.

      Comment se fait il qu’une industrie seveso se trouve dans une grande agglomération ? N’a t on pas tire d’enseignement de la catastrophe toulousaine ?

      Et je ne suis pas d’accord du tout avec la conclusion. Ce n’est pas parce que un idéal est dévoyé qu’il est mauvais.
      Ne croyez vous pas que c’est la réalité cauchemardesque du quotidien qui rend les gens ouverts à des idéologies qui promettent la lune. Les gilets jaunes nous rappellent à la réalité.

      Bonne journée

      Stéphane

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      • La question est plutôt la suivante : comment se fait-il que des permis aient pu être délivrés autorisant ainsi la construction de pavillons à proximité de l’usine ? nous avons d’ailleurs le même problème avec l’agriculture lorsque certaines exploitations se retrouvent englouties dans des zones péri-urbaines.

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    • « Je le sens venir le temps du déclassement où les seules exploitations agricoles qui persisteront seront des fermes pédagogiques où l’on se rend pour caresser les chèvres, où pour toutes manufactures, ne restera que les ateliers de rempaillage et les brasseries où l’on s’abreuve de bières artisanales…  » cette option du texte est quand même gratinée… Sérieusement ?

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  2. J’ai de la famille à Rouen, et j’ai posté un commentaire sur le Whats app familial « Rouen et Tchernobyl même combat ».
    C’était ironique de ma part (faisant suite à un détournement de Tintin dans objectif Lune où l’on voir Tournesol, Tintin, Haddock et Milou dans des combinaisons anti radiations, avec le titre retoqué en « Tintin à Rouen »).
    ,Je ne sais pas encore combien de membres ont compris mon ironie, bien que je passe auprès de certains pour un affreux climato-sceptique (que nenni, réaliste !).
    Les rouennais ont quand même répondu qu’ils survivaient.

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  3. Ce que je peux dire, c’est l’affolement général sur les produits laitiers (il y en a peu en Normandie comme tout le monde le sait bien) que les autorités ont promis de détruire en totalité jusqu’à temps qu’on ai la preuve de leur innocuité…
    C’est une vaste mascarade autour de la dioxine ! Laquelle se concentre dans le lait quand les herbages sont pollués.
    Le risque est totalement inexistant sur la période concernée mais : « principe de précaution oblige »!
    Inutile de dire que espérer qu’on puisse incinérer les milliers de tonne de lait et produits laitiers concernés est un envisageable sans le recours en masse aux services de l’Allemagne qui elle a su conserver ses incinérateurs. Pour ma part chez nous on est déjà gavés et saturés par tout le reste.
    Mais qu’en est-il du bien fondé de cette décision à la sauvette ?
    Quand un incendie de forêt intervient dans les Landes on ne consigne jamais les maïs qui sont voisins, on les vends aux éleveurs en leur garantissant une qualité sans faire la moindre analyse. Et pourtant un incendie de forêt produit autant si ce n’est plus de dioxine que l’incendie de Rouen.
    Tout cela est de la comm de concierges !
    C’est affligeant.

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  4. Tout à coup une porte s’ouvre, entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime: M. de la Sottise marchant soutenu par Mme Écologie.
    La vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du Président et ferme la porte du progrès.

    (D’après M. François-René de Chateaubriand)

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  5. Coucou,

    Pour finir avec cette litanie de papiers et de commentaires plus reacs les uns que les autres et de plus en plus, a part quelques execeptions, la citation de mr enthoven devant un parterre de bien pensants:

    « En vérité je vous le dis, et je vous le dis car je ne crains pas de vous faire changer d’avis en vous le disant, vous êtes beaucoup trop réac pour gagner quoi que ce soit. Vous préférez le bien, c’est-à-dire l’idée que vous en avez, à la liberté collective. »

    C’est le blog de Mr rittaud, qui de mon petit point de vue a raison sur le climat, et je prend plaisir à lire les commentaires et discussions sur ce sujet Pour le reste, c’est votre blog.

    Bonne soirée

    STéphane

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    • Stéphane, on vous a connu plus constructif dans vos commentaires.
      Seriez-vous pour la fermeture des industries Seveso en France ? Car pour la réduction du risque industriel, on ne peut pas dire que la France ait été inactive, : les industriels ont été obligés de faire des études de danger, de réduire l’aléa, de mettre en place des Plans d’organisation internes en cas d’incidents et d’accidents… et l’Etat a mis en place des Plans particuliers d’intervention, une législation draconiène d’occupation du sol à la proximité des installations.
      Il est toujours possible d’aller plus loin mais ce plus loin, dans la logique, c’est la fermeture de ces usines.

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      • Coucou,

        je n’ai pas lu grand chose sur ce qui s’est passé à rouen. Cependant apprendre que 5200 tonnes de produits plus ou moins inflammables et sans doute légèrement explosifs étaient stockés dans la banlieue de rouen,j’ai trouvé ça pour le moins étonnant.

        Alors je ne sais pas ou l’on doit implanter les usines seveso, mais sans doute pas là ou on habite.
        Je sais que cela ne se fait pas en 1 jour, mais toulouse, ça fait 20 ans, quand même.

        Pour parler de chez moi, il y a une usine seveso à 50 km, dans la banlieue de dole. J’ai été surpris ,lorsque j’ai emmené mon fils jouer au basket de constater que l’usine est entourée de lotissement. C’est assez joli. Il y a de l’espace, des jardins. et , tout d’un coup il y a les panneaux: Vous entrez sur un site classé seveso. On se croirait dans un film. quelques dos d’ânes, Le gymnase. les oiseaux chantent, die sonne scheint.
        S’il y a un accident par fort vent de nord-ouest, on aura interet à dégager fissa en attendant de connaitre la couleur de la fumée ! Encore faudrait il que l’information arrive plus vite que les fumées !
        Si on a aucune information,, c’est sans doute qu’il y a aucun risque. ou minime. J’espère !

        Bonne journée

        STéphane

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      • Globalement, en plus de stratégie de réduction des aléas (manière d’entreposer ces produits, inspections de sécurité, pas d’implantation de nouveaux sites dans des zones urbanisées), l’Etat a aussi mis en place une stratégie de réduction de la vulnérabilité (par exemple en subventionnant les travaux de renforcement des constructions à proximité de ces usines, en essayant de reloger certains habitants dans les périmètres les plus exposés., sirènes d’alerte, confinements dans les écoles..).
        Un des problèmes réguliers est que les industriels SEVESO respectent peu leurs obligations d’informations préventive tous les 2 ans à destination de la population sur les risques majeurs qu’ils génèrent. Les maires ont également des obligations d’organisation de crise (PCS) et d’information préventive mais là aussi, le respect de leurs devoirs est assez variable, souvent déficitaire.
        Les implantations de nouvelles usines Seveso se font maintenant loin des secteurs habités. Le problème se pose pour les anciennes usines, qui se sont installées au contact des villes car la distribution des produits y était plus facile du fait que ce sont des noeuds pour le transport de leurs produits. Si on veut les déplacer, on prend le risque qu’elles délocalisent car une usine SEVESO, ce n’est pas un simple hangar. C’est souvent des systèmes complexes de « pipes », de process de flux de produits sensibles, longuement élaborés et sécurisés, si bien qu’il est très long donc très couteux de démonter et remonter ailleurs. Mais dès que c’est possible de les éloigner des populations, c’est l’option prise par les autorités.
        Contrairement à une idée reçue, les maires, et souvent une grande partie de la population riveraine des usines Seveso, sont très réticents à voir partir leur usine pour plusieurs raisons, le plus souvent économiques.
        Vous dites qu’il faut dégager de la ville dans un cas comme celui-ci pour éviter les fumées en cas d’accident Seveso. Justement, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, il faut bien se confiner pour ne pas prendre le risque d’inhaler des produits toxiques en sortant tout en suivant les consignes des autorités à la radio. Avec ma petite famille, nous avons fait un exercice de confinement il y a à peine 2 semaines dans le cadre de la révision de notre plan familial d’urgence. Le cas de Lubrizol vient de leur montrer un cas pratique d’application de cette mesure.
        Enfin, les obligations réglementaires pour diminuer la vulnérabilité des populations autour des Seveso concernent quelques centaines de mètres, au plus 1 ou 2 km. Lubrizol a montré qu’on peut se poser la question sur des rayons beaucoup plus grands. Je ne suis pas opposé à ce que l’on tienne compte de ce risque dans l’information préventive des populations dans de tels périmètres selon les produits stockés dans les usines Seveso.
        Pour terminer, les gestionnaires de risques (et les Rouennais) savent depuis un moment que cette usine Lubrizol est défaillante par la succession d’incidents intervenus récemment dont certains effets se sont fait sentir jusqu’en Angleterre. Bref, on ne pouvait pas dire qu’on avait pas été prévenu et pourtant, malgré cela, l’accident est arrivé. Cela créé un déficit de confiance automatique dans les autorités car elles savaient qu’il y avait des problèmes sur cette usine et que malgré tout, elle n’a pas été mesure de réduire l’aléa pour éviter l’accident.

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      • « en essayant de reloger certains habitants dans les périmètres les plus exposés »

        Quelles expositions?

        La nocivité d’un nuage toxique n’a pas vraiment de périmètre défini. On devrait éloigner les maisons de centaines de km?

        Pour le risque d’explosion comme à AZF, est-ce que simple talus entourant les zones dangereuses ne pourraient pas diminuer significativement ce risque?

        Et éviter le zonage débile de X m autour de chaque point dangereux qui découpe les maisons en deux par un arc de cercle!

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      • Je ne parle pas du cas du périmètre du PPRT de Lubrizol que je ne connais pas spécifiquement mais des zones rouges de PPR en général car exposées à des effets thermiques et de surpression où les habitant sont obligés de partir (alors que c’est plutôt des stratégies de renforcement du bâti pour les habitants qui ne veulent pas délaisser leur bien en zone bleue) comme c’est le cas par exemple dans la vallée de la chimie. Ces stratégies ont pour effet de diminuer l’installation de nouvelles habitatuons dans les périmètres les plus dangereux ou au moins leur vulnérabilité. Elles sont indispensables. Ces zonages, à défaut d’être optimum, ne sont pas débiles car ils s’appuient sur des études de danger menées en fonction des aléas technologiques susceptibles de se produire. C’est déjà pas mal et cette réglementation a été mise en place en 2003, suite à l’explosion d’AZF.
        Il faut bien qu’une ligne passe quelque part pour délimiter ce qui est inconstructible de ce qui ne l’est pas ou doit être renforcé. Cette ligne est basée sur des périmètres de chaleur, d’effets de surpression selon la quantité de produits stockés.

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    • « plus reacs les uns que les autres »
      Cela appelle une explication: Voulez vous dire qu’il ne faut pas réagir à la pensée unique distribuée larga manu ? Voulez vous dire qu’il faut laisser faire ? Voulez vous que les « réacs » n’exercent pas leur esprit critique ?
      Cela me fait penser, pour rester dans le sujet, à l’utilisation du mot « sceptique » pour discréditer une pensée qui se veut autonome et argumentée. Utiliser un mot valise comme « réac » ne dit rien sur le fond mais signe un déficit de pensée.

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      • Coucou,

        Voila la définition de wikipédia. je n’ai pas regardé celle du robert.

        « Une réaction désigne la politique prônant et mettant en œuvre un retour à une situation passée réelle ou fictive, selon le point de vue, révoquant une série de changements sociaux, moraux, économiques et politiques »

        Ce n’est pas un mot clef ou passe partout.

        Bonne journée

        Stéphane

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  6. Abandon des recherches sur le nucléaires, abandon du glyphosate : je suis d’accord avec vous.
    Cependant concernant l’incendie de Rouen, je ne partage pas votre optimisme et si j’habitais la région, je ne serais pas rassuré : entre les fumées toxiques respirées les 1° jours venant d’une multitude de sources de produits chimiques variés + la suie qui a recouvert le sol et qui a dû s’engouffrer partout… je m’inquiéterais et je ne serais pas serein.

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  7. Il en est du climat comme sur les autres questions de la sécurité et du risque tant bien que mal estimé et maîtrisé. Nucléaire ou chimique, ou météorologique ,en fait, il faut en arriver à la catastrophe pour dire ah oui, on aurait dû, on savait que, on n’a pas prévu que…etc. Et même les plus sceptiques (s’ils sont eux-mêmes exposés ou touchés) se rendent compte des dégâts potentiels. Jusque là, on se moque des lanceurs d’alerte, et on les traite de militants forcenés en proie à des peurs imaginaires voire des mensonges idéologiques. C’est flagrant dans quelques commentaires. Le syndrome saint Thomas en quelques sortes. Et c’est là toute la difficulté d’avoir des débats et des avis sereins et impartiaux. Surtout si ses propres activités qu’elles soient professionnelles ou même privées sont mises en cause dans ces risques. L’imagination ou le militantisme peut jouer des tours ou exagérer ces risques c’est probable. Les écologistes sont à écouter mais souvent à recadrer. Ils devraient moins s’occuper de la réintroduction des ours ou des loups. Et plus se préoccuper de la prolifération des moustiques , tiques, frelons asiatiques et autres parasites. Mais si l’on tient compte de l’avis des scientifiques connaissant bien les sujets, alors on est plus à même d’anticiper ces risques.

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    • On sait évaluer les risques, j’ai participé à ce genre d’étude. L’ennui c’est qu’on ne prend en compte qu’un seul évènement à la fois. On sait analyser ce qui se passe quand un évènement A, B, ou C survient. Pas quand deux ou plus interviennent simultanément ou successivement. J’ai posé la question, on m’a fermement dit qu’il ne fallait pas aller dans cette direction qu’il fallait considérer comme impossible …

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      • Si les potentialité d’apparition sont convenablement estimées, qu’il n’y a pas d’effet de mode commun et que chacun des événements est individuellement peu probable, il parait raisonnable de les évaluer séparément.

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      • @paulaubrin
        Sauf que cela arrive plus fréquemment qu’on le croit, j’en ai été témoin, mais chut, il ne faut pas le dire … Toutes les analyses sont faites à partir d’un seul évènement qui arrive sur une installation en parfait état de fonctionnement. Pas sur un fonctionnement déjà dégradé par un évènement précédent.

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      • Pimpin a dit: «Toutes les analyses sont faites à partir d’un seul évènement qui arrive sur une installation en parfait état de fonctionnement. Pas sur un fonctionnement déjà dégradé par un évènement précédent.»
        Il faut effectivement tenir compte du temps de réparation effectif des pannes.

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      • @paulaubrin
        Il ne s’agit pas seulement du temps de réparation, mais du fait qu’un deuxième évènement peut arriver quelque minutes ou quelques heures après le premier alors que l’installation n’est pas en fonctionnement normal, par exemple dans une procédure d’arrêt suite au premier évènement. La procédure d’arrêt est prévue pour mettre l’installation en sécurité. Il est très mal vu de suggérer que quelque chose puisse se passer pendant cette procédure d’arrêt qui peut durer plusieurs heures. C’est un gros point faible.

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    • Mais on a vu des soi-disant « catastrophes » comme à Fukushima. Des gens promettaient avec assurance qu’il y aurait des millions de leucémies au Japon dans quelques années!

      Donc on a vu et les peurs agitées par les antinucléaires ne sont pas fondées.

      Ce qui ne veut pas dire que ce qui se passe à Rouen n’est pas catastrophique…

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    • Alors qu’ils ne parlent que d’urgences climatiques et de catastrophes à venir, qu’ils prennent 40 milliards par an pour réduire le CO2, la situation chez les Sapeurs Pompiers est des plus préoccupantes et ils sont débordés faute de moyens suffisants. Bref, sur la résilience, on est loin d’être prêts, même pour les urgences courantes.

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      • Tout à fait d’accord avec M. Moro que je salue pour ses interventions, sans réserves. Il faut cesser la gabegie des « politiques climat » qui, en plus d’être ridicules, grèvent des autres budgets indispensables (hôpitaux, pompiers, recherche, etc.).
        Il y a trop de fonctionnaires dans les préfectures et dans les ministères. La preuve: depuis le 26 septembre, pas moins de trois versions de 5 arrêtés préfectoraux ont été publiés et autant de communiqués de presse tous plus brouillons les uns que les autres, avec un effet anxiogène multiplicateur des conneries proférées par (au moins) trois ministres (celui de l’agriculture en particulier est un vrai exemplaire du crétinisme irresponsable absolu..
        Il n’y a pas assez de pompiers et de gendarmes ni de fonctionnaires réellement sur le terrain pour gérer les sinistres et pour accompagner la population dans les démarches d’information (avant sinistres) et de gestion opérationnelle (durant les crises).
        En résulte une légitime perte de confiance en la parole publique (ou plutôt en le brouhaha administrativo-politique) qui est régurgité dans les situations telles celle de Rouen.
        Je suis également Rouennais et je soutiens tant que possible le moral des habitants de la région.
        Sincères salutations.

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      • Ils savent se montrer coercitif pour nous sauver de prétendues catastrophes prévues en 2050 mais quand il s’agit d’affronter les catastrophes très réelles d’ajourd’hui, c’est loin d’être au point. Et si on commençait déjà par être plus résilients pour celles qui nous concernent aujourd’hui ?
        Courage aux Rouennais.

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  8. Pour rappel, la « catastrophe » de Sévéso (comme celle de la centrale nucléaire de Fukushima), c’est une catastrophe qui a fait « zéro morts ». La dioxine est certainement un produit très dangereux, mais les quantités que l’on produit en pratique (on parle de nanogramme par kilo) sont tellement faibles que les risques associés sont insignifiants.

    En cas de forte exposition, le risque principal est la chloracné. Le cas le plus célèbre est celui de Viktor Iouchtchenko, volontairement empoisonné et profondément défiguré par la chloracné. Les symptomes ont disparu depuis longtemps, et cela ne l’a pas empêché de se présenter quelques mois après l’empoisonnement à l’élection présidentielle d’Ukraine !
    D’autres infos sur la toxicité de la « dioxine de Sévéso »: étude INERIS
    NB: Un point à surveiller en cas de contamination des oeufs: la contamination provient-elle de l’usine ou des cendres de la cheminée étalées sur le sol des poulaillers !

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  9. Je pense que l’auteur ne comprends pas vraiment la colère et l’inquiétude des rouennais.
    Habitant à une vingtaine de km de Rouen, je peux vous donner mon ressenti si ça vous intéresse.

    Une usine SEVESO a cramé, en pleine nuit, les routes étaient toujours ouvertes à 5h du matin (plus de 2h après le début de l’incendie). La sirène ne s’est déclenchée que vers 7/8h.
    Il n’y a pas eu de consignes claires de données à la population pendant plus d’une journée. Des suies dégueulasses sont tombées dans les jardins, cultures… entrainant une pollution incontestable qui va finir dans la nappe et/ou dans la Seine. la ville pue depuis près d’une semaine, certes de moins en moins mais quand même. Est ce que certains parmi vous ne verraient aucun inconvénient à se prendre une pluie de pétrole sur leur terrasse ou leur jardin, avec des enfants en bas âge? Je ne pense pas.

    Mais le gros problème, pour moi, c’est qu’il y a eu une preuve flagrante que les soit disant plans de prévention des risques technologiques, toujours très beaux sur le papier et en théorie, n’ont pas du tout fonctionnés. Ma femme est arrivée pour travailler en centre ville en plein pendant l’incendie, paniqué en voyant le brasier et sans aucune consigne ni de confinement, de déviation ou autre info.

    Alors on nous dit pas d’inquiétude, c’est surement pas trop dangereux. Je ne suis pas complotiste, je fais confiance aux autorités qui disent que ce n’est pas trop toxique, mais en même temps elles avouent elles-mêmes ne pas savoir exactement ce qui a brulé, ni tous les risques associés à tous ces cocktails de produits. En tous cas on est quand même certain que ce n’est pas anodin.

    Mais je me dis surtout que si le nuage avait eu une toxicité aigue, il y aurait sans doute eu un paquet de morts vu comment ça a été géré… En gros, on a eu de la chance.

    Pas mal de Rouennais ,dont moi, ont à mon avis pris conscience de façon brutale qu’on jouait un peu à la roulette russe avec toutes ces industries SEVESO et nucléaires dans notre région. Peut être qu’on a eu de « la chance » pour certains sur ce coup là, mais peut être qu’on à plus trop envie de continuer à la provoquer.

    Pour finir sur une note plus légère, la phrase « Peu importe que des milliers d’ornithologues amateurs déferlaient sur des carrières réhabilitées devenues paradis des oiseaux » m’a beaucoup fait rire. Vive les carrières 😉

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    • Dans toutes nos usines seveso ou icpe on a remplacé les personnels de maintenance internes par des porte-plumes qui soutraitent les révisions à des coûts optimisés. Résultats plus de paperasse de compte-rendus et procédures en tous genres, et moins d’autonomie de savoir-faire et d’efficacité. C’est le progrès. Alors les pio ou roi ou ros et tout ce saint-fruscain parait bien théorique et peu protecteur…
      En « Théorie »… En fait c’est là bas qu’il faut aller vivre : en Théorie.
      Car en théorie tout va toujours très bien !

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    • Bien dit.
      Quand on pense aux consignes hyper stricts pour certains sujets (par exemple posséder un thermomètre en mercure est quasi hors la loi…), quand on pense qu’il faudrait s’inquiéter et ne pas avoir la conscience tranquille dès qu’on utilise sa voiture à essence…, et là, pour une VRAIE catastrophe avec émanation de gaz toxiques en masse, une retombée de suie partout (suie qui est cancérigène, je le rappelle), on nous raconte qu’il ne faudrait pas s’inquiéter !
      On va s’inquiéter de la faune et de la flore dès qu’un navire pétrolier perd une partie de son pétrole, mais pour les humains qui subissent une catastrophe, il ne faudrait pas que la population concernée aient de quelconques signes de panique…
      Franchement, parfois j’ai l’impression de vivre dans un monde de fou !

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  10. Une chose m’interpelle à la lecture de l’article et des commentaires.
    Personne ne se pose la question de la cause de l’accident.
    Or pour être résilient face à des catastrophes, le principal enjeu c’est d’enquêter efficacement sur la cause.
    Connaissez vous la cause de l’incident Lubrizol de 2013 ? Celui d’AZF en 2001 ? L’incendie de Notre Dame en avril 2019 ? En Italie le pont de Gènes ? La tour Grenfell à Londres ? Tchernobyl ?
    Si on ignore la cause, ca relève simplement de la fatalité.

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    • Cette remarque est juste. Il me semble aussi qu’avec les accidents des décennies passées, la question de la cause et de la responsabilité arrivait vite et fort dans les discussions sur les médias sociaux, et ce n’est plus le cas, c’est même frappant pour Lubrizol. Dans le même sens, le récent double accident des Boeing 737 max ne s’est traduit par aucune réaction de citoyens contre ce constructeur, ne serait-ce par la parole, cela m’étonne (les marchés, eux, réagiront peut-être de façon souterraine).
      On est devenu fatalistes ? c’est pas bon

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      • « Boeing 737 max ne s’est traduit par aucune réaction de citoyens contre ce constructeur »

        Il y a eu une grosse opération de propagande sur le thème les pilotes n’avaient qu’à désactiver ce système merdique, alors que justement il n’y a pas d’interrupteur pour cela. Les « experts en aviation » patentés invités sur Fr télé ont-ils la moindre idée de ce dont il est question?

        Désactiver le trim motorisé (ce qui n’a rien à voir avec l’autotrim encore actif qui a certainement contribué à la catastrophe du Rio-Paris) n’a évidemment rien à voir avec désactiver le MCAS! On trouve facilement des vidéos en ligne sur ce que représente le trim à force musculaire : c’est un exploit sportif. (De façon générale il est toujours intéressant de regarder les vidéos de Mentour Pilot.)

        Boeing 737 Unable to Trim!! Cockpit video (Full flight sim) [Mentour Pilot]

        Quand on a vu ça, on se dit qu’on n’a pas envie d’avoir à désactiver le trim motorisé (mais non automatique contrairement au A330-200, ne surtout pas confondre Airbus et Boeing même s’il y a convergence vers l’autorité supérieure de l’ordinateur au détriment du pilote) tant que la commande de trim marche parfaitement, ce qui était le cas dans tous les vols de 737 MAX qui ont eu des soucis avec le MCAS! Mais le pilote appliquant la procédure du trim motorisé devenu fou se trouve en situation hyper dégradée avec que c’est l’autorité d’un calculateur qui est en cause, et non le trim en lui-même.

        On regardera aussi cette vidéo en français qui montre la difficulté de gérer la panne :

        Crash des Boeing737MAX : que s’est-il passé dans le cockpit ? MCAS et correctif Boeing [Xavier Tytelman]

        « Boeing 737 max ne s’est traduit par aucune réaction de citoyens contre ce constructeur »

        Désolé mais si vous réagissez seulement maintenant, et que vous remettez en cause le contrôle par la FAA après ces accidents et non il y a des années (comme les médias américains qui espéraient visiblement mettre ça sur le dos du shutdown fédéral de Trump) vous faites parti des somnolents et du problème. Où étaient le public lors des incidents très graves avec la batterie Li-ions (assemblée en France) du tout nouvel avion hyper moderne et très électrique « Dreamliner »? (Comme ce n’était pas l’administration Trump, c’est tout de suite moins intéressant de clouer au pilori la FAA.)

        (Est-ce que AF a attendu très longtemps avant de commander un Dreamliner à cause de la crainte de ces batteries?)

        Ah oui mais pointer du doigt la batterie comme un danger majeur dans un véhicule n’était pas vraiment compatible avec la promotion des véhicules électriques!

        Il y a aussi les somnolents de la SNCF qui ne posent pas la question des accidents de PN quasi-systématiquement attribués à une faute du conducteur (qui souvent est mort, c’est pratique, en plus il n’y pas de témoins) par les enquêteurs (assistés d’experts certainement aussi compétents, avec une grande expérience pratique, que strictement sans lien d’intérêt avec la seule sociétés d’infrastructure du rail du pays, on y croit trèèès fort), qui n’ont aucune objection à la gestion étatique de l’accident de Millas quand le procureur devant les caméras parle d’indice indiquant un impact frontal sur la barrière que personne n’a été capable de démontrer par la suite (publicité d’une thèse qui bien sûr n’a pour effet de mettre la pression sur les témoins, pour la plupart des gosses, pour qu’ils configurent correctement leur souvenirs), ni le fait que dès qu’on échange à ce sujet avec un employé SNCF sur un forum, il balance les éléments de langage puis se ferme comme une huître : il est facile de vérifier que le sujet met très mal à l’aise ces militants, alors qu’en principe il n’y a pas le moindre doute sur le scénario. Il est aussi évident que ces cheminots méprisent d’une façon remarquable tous les non cheminots qui oseraient les critiquer. (Et que le sujet de l’alcoolisation est tabou.)

        Les somnolents comptent les morts et non les défaillances, ce qui permet de mettre les événements au passé et de dire qu’on fera mieux à l’avenir. Ils ne réagissent pas quand un train fou parcourt plus d’une dizaine de km avant de s’arrêter parce qu’il n’y a pas de victimes. Ils retiennent que la catastrophe de Brétigny-sur-Orge a fait X victimes et non qu’un train est passé sur un quai, faisant comme victimes les personnes sur le quai (et que donc il pouvait y avoir beaucoup plus de victimes si le quai était bondé). TF1 a fait une simulation vidéo bidon de cette catastrophe, était-ce par abjecte incompétence (la vidéo montrait un reraillement (!) accidentel (!!!) d’un train) ou bien pour faire plaisir au donneur d’ordres commun de TF1 et de la SNCF?).

        (Bien sûr le CSA n’est pas intervenu pour une fake news aussi débile que de suggérer qu’un train tombe accidentellement sur les rails lors d’une catastrophe.)

        Il est inutile de revenir sur la thèse officielle archi-débile de l’explosion AZF qui fait qu’un seule explosion produit les deux bangs bien nets par transmission des vibrations sol-air…

        On dirait qu’on prend les citoyens pour des débiles profonds, et qu’ils en redemandent.

        Bien sûr qu’on ne peut avoir aucune confiance dans les services de l’Etat. Cela devrait la première question que tout recruteur pose, pour n’importe quel poste à responsabilités : « Avez-vous confiance dans l’Etat? Illustrez la réponse par des exemples. »

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