L’anorexie de l’Occident

Une tribune parue dans Valeurs Actuelles.

Le succès médiatique de l’alarmisme climatique ne résulte pas seulement d’une stratégie de communication bien menée par des ONG environnementales rompues à l’exercice. Bien plus profond, le phénomène s’inscrit dans une idéologie moderne de la privation qu’à la suite de l’anthropologue René Girard l’on peut faire remonter au xixe siècle.

La jeune Greta (mineure, on ne devrait donner que son prénom) a été élevée au rang de sainte à l’échelle planétaire pour sa « grève scolaire pour le climat ». En d’autres temps ses parents, ou à défaut le juge pour enfants, l’auraient illico saisie par le bras pour la ramener dans sa salle de classe. Que s’est-il donc passé pour que, au lieu de cela, les grands de ce monde se pressent d’apparaître à ses côtés ?

L’emballement a de multiples explications circonstancielles : les alarmistes du climat aiment parler de « la planète que nous laisserons à nos enfants » ; l’embrigadement idéologique des jeunes est un procédé vieux comme le monde ; le talent des militants écologistes dans le registre de la communication n’est plus à démontrer.

Pourtant, devant l’ampleur du phénomène, les explications de cet ordre ont un goût d’inachevé.

L’œuvre de René Girard, cet anthropologue français décédé il y a quatre ans, permet une lecture plus profonde à partir sa théorie du « désir mimétique ». Il s’agit d’une perspective explicative globale dont une partie de la structure est la suivante : lorsque quelqu’un désire quelque chose, il conduit indirectement son entourage à estimer que la chose en question est désirable. Par imitation, de plus en plus de gens désirent alors à leur tour cette même chose. Rapidement, celle-ci perd de son importance au profit de la compétition qui s’enclenche et devient le seul vrai moteur de chacun.

Une déclinaison de cette vision du monde a été proposée par son auteur dans un texte saisissant, Anorexie et désir mimétique (L’Herne, 2008). Il y analyse l’émergence de la puissante pression sociale contemporaine pour la minceur corporelle, et en localise l’origine à l’époque des impératrices Eugénie et Sissi, qui aimaient à comparer leurs tours de taille respectifs. Par la suite, l’obsession mimétique de la minceur a contaminé de plus en plus de milieux sociaux, jusqu’à s’imposer partout en Occident au fil du xxe siècle — et s’étend désormais au-delà.

Selon Girard, nous avons affaire à une maladie civilisationnelle, car nous ne faisons pas seulement face à une injontion raisonnable de sveltesse qui se justifierait par des raisons d’ordre médical : obligation nous est faite d’aller toujours plus loin, jusqu’à l’anorexie s’il le faut — une extrêmité qui est la marque des malheureux (plus souvent malheureuses) « vainqueurs » de ce triste concours.

La compétition planétaire de minceur ne se déroule pas seulement dans les défilés de mode ou les méthodes de régimes. Elle s’infiltre aussi dans les salles de sport, dans les magazines féminins et leurs inévitables rubriques culinaires, ainsi que dans toutes ces publications médicales qui « découvrent » régulièrement de nouveaux méfaits causés par chaque kilo en trop.

Écrit en 1995, le texte de Girard annonce : « nous ne sommes toujours pas arrivés à la dernière surenchère. Nous devrions donc nous préparer à des choses encore plus spectaculaires et dramatiques. ». Du bio au véganisme en passant par les mouvements locavores, ces dernières années ont malheureusement confirmé cette intuition. Sous prétexte d’écologie, nous ne cessons d’inventer ou de réinventer toujours plus de façons de compliquer l’acte pourtant banal et indispensable de se nourrir.

Girard analyse l’anorexie de l’Occident comme expression d’un désir mimétique plus profond qui est celui de la privation. Le gagnant est celui qui se dispense le plus de tout, car « s’abstenir volontairement d’une chose, quelle qu’elle soit, c’est la meilleure façon de montrer qu’on est supérieur à cette chose et à ceux qui la convoitent. »

Les plus brillants performeurs actuels à ce concours profondément malsain ne se trouvent que trop facilement. Il suffit de tourner son regard vers tous ceux qui affichent leur ostentatoire sobriété. Par exemple, il y a quelques temps un étudiant normalien fraîchement diplômé est parti vivre en ermite pendant plusieurs mois — non sans publier sur internet forces vidéos de son expérience, bien entendu. Qu’a-t-il fait ensuite ? Ça ne s’invente pas : il a commencé un doctorat en climatologie.

C’est là que nous retrouvons Greta. Assise chaque vendredi avec une pancarte affichant sa « grève pour le climat », elle a de façon transparente revisité la symbolique de la grève de la faim. Sa décision de s’interdire ensuite les déplacements en avion ou en voiture relève du même objectif, mais cette fois dans sa version globale : se hisser en tête de la course à la privation.

« Notre culture toute entière ressemble de plus en plus à une conspiration permanente pour nous empêcher d’atteindre les buts mêmes qu’avec perversité elle nous incite à poursuivre », explique encore Girard. L’anthropologue pointe toute la souffrance infligée par ces magazines et émissions télévisées qui nous font si bien saliver devant de bons petits plats tandis que, dans le même temps, nos repas sont fustigés pour n’êtes jamais assez sains, jamais assez équilibrés et, peut-on hélas ajouter aujourd’hui, jamais assez sans OGM, jamais assez sans glyphosate, jamais assez sans gluten.

De telles injonctions contradictoires sont un instrument de torture mentale fort prisé des écologistes. Côté pile, ceux-ci valorisent l’ouverture à l’autre ainsi que l’émerveillement devant les beautés de la planète. Côté face, ils nous condamnent pour notre usage de l’avion, de l’automobile, du smartphone ou même d’internet — c’est-à-dire les instruments mêmes de notre entrée en relation avec le monde. Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand incarnent à la perfection cette violente et odieuse dissonance, tout à la fois publicités vivantes pour le tourisme planétaire et maîtres censeurs carbocentrés qu’ils sont.

Le portrait de la situation est-il donc aussi sombre ? Pour mettre en scène la plus grande des privations, Greta a substitué la grève scolaire à la grève de la faim, reconnaissant ainsi, en creux, le besoin vital qu’a chacun de s’instruire. Voilà au moins un hommage du vice à la vertu.

47 réflexions au sujet de « L’anorexie de l’Occident »

  1. Le théâtre écologique actuel ne cesse de nous étonner et l’analyse de ses ressorts est tout à fait intéressante à décrypter. En voilà un excellent exemple. Malheureusement cela n’intéresse que les incroyants

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  2. L’argument relatif au désir mimétique peut aussi être utilisé pour fustiger ceux, qui tombent dans l’ extrême inverse, à savoir la jouissance à tout prix , la surconsommation. Quelques écolos idéalistes qui portent des sandales , mangent vegan et habitent dans une cabane pour réduire leur empreinte carbonne, ca pèse quoi face à ces hordes de beaufs qui rêvent d’avoir le même standard de vie que leur chef de bureau : la villa , la berline allemande et les vacances aux Seychelles ?

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    • Le désir mimétique n’est pas un argument. C’est juste une observation faite par un anthropologue pour tenter d’expliquer certains comportements.

      Les écolos idéalistes peuvent s’habiller comme ils veulent et manger ce qu’ils veulent. Les hordes de beaufs peuvent rouler dans le véhicule de leur choix et partir en vacances où ils veulent. Ils ne font de mal à personne (au contraire: ils font travailler les marchands de sandales, de produits bio, de berlines allemandes et de séjours aux Seychelles…) Personne n’a le droit de leur dicter leur mode de vie.

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      • Ce qu’il fait qu’ils s’octroient le droit de dicter leur mode de vie, c’est que sur une base scientifique, le GIEC sert la soupe de l’épuisement du climat à absorber notre consommation de ressources notamment carbonées jusqu’à la catastrophe.

        Si l’épuisement des ressources est acté du point de vue la science, il est clair que l’on passe pour des fous niants la science si on dit que ce n’est pas vrai.

        Et pourtant, des ressources énergétiques, la Terre en a bien plus qu’elle n’en a besoin, il suffit juste de ne pas mentir sur l’histoire des science, puisqu’en fait le but du GIEC est de maintenir dans l’esprit de la population, une ignorance scientifique qui se transforme en peur, puis panique comme le recommande la jeune Gréta.

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      • Moi je ne veux rien imposer de tout.On a le droit d’être anti écolo et d’adopter un mode de vie incompatible avec la survie de la planète. Tout ce que je demande c’est qu’on n’enrobe pas ca avec de l’idéologie et des considérations pseudo scientifiques.

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      • « survie de la planète » comme vous y allez ! C’est ce qui soutien une idéologie décroissante qui, elle, existe bel et bien. Je n’en connais pas d’autre, la recherche de la vérité scientifique n’en étant pas une.

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    • Oui enfin, si près de l’épisode de de Rugy, il est maladroit de pointer les beaufs qui veulent profiter de ce qu’offre la société… avoir sa maison, une voiture et partir en vacances, c’est mal ? et entre une Peugeot Partner de Gilet Jaune et une berline allemande, il n’y a pas trop de différence sur le bilan de construction et d’exploitation : si certains veulent acheter leur bagnole 2 fois plus cher, que vous chaut ?

      Les « quelques écolos idéalistes qui portent des sandales » est une tentative de disculper ces idiots utiles, pour éviter de focaliser sur ceux qui sont aux manettes, et qui projettent de démanteler les centrales nucléaires et d’interdire les moteurs thermiques. Rien que ça. Là on n’est plus dans l’idéalisme, mais dans la destruction assumée de notre société.

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  3. Intéressante explication que celle du désir mimétique de Girard.
    Il en est d’autres, car les causes de la surenchère escrologique sont multiples.
    Courants d’idées-à-la-mode valorisés par une presse conforme.
    Désir narcissique de se faire voir (et de se croire) bon et sain.
    Masochisme rédempteur (la mauvaise conscience de l’Occidental).
    Illusion de croire combattre efficacement le chaos du monde ainsi que sentiment de lutte contre l’inutilité de sa petite existence.
    Etc.

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    • Le récent rapport du GIEC prétend définir ce qu’on peut manger, comment on peut se loger, ce qu’il est autorisé à débattre, en plus d’imposer qui a le droit de se déplacer et comment et qui a le droit de se chauffer et comment.
      Leur décision d’élargir leur champ de compétence de la climatologie à l’environnement, la vie quotidienne et à la morale rend légitime d’en parler dans ce blog.

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      • Coucou,

        faut arreter la fumette et l’entre soi !

        Cela n’est pas big brother et on en est loin . Arretez le catastrophisme !

        Bonne Soirée

        Stéphane

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      • paulaubrin>Le récent rapport du GIEC prétend définir ce qu’on peut manger…

        Oui. Le GIEC accepte de prendre en charge des « SPECIAL REPORTS ». Les politiques (états membres et aussi organisations non gouvernementales) viennent voir le GIEC pour lui demander des expertises.
        – parlez nous de l’énergie;
        – parlez nous de l’utilisation des terres;
        – parlez nous de la cryosphère et des océans;
        – parlez nous des villes;
        – parlez nous de la démographie, du glyphosate, du RIC et des retraites.
        C’est ainsi que les climatologues parlent.
        Non sans avoir consulté une boule de cristal qui sait juste dire « Trop de CO2… Ca chauffe trop… Urgence ».

        ****

        At its 41st Session in February 2015, the IPCC decided to produce a Sixth Assessment Report (AR6). At its 42nd Session in October 2015 it elected a new Bureau that would oversee the work on this report and Special Reports to be produced in the assessment cycle. At its 43rd Session in April 2016, it decided to produce three Special Reports, a Methodology Report and AR6.

        The IPCC decided at its 43rd session in Nairobi, Kenya (11-13 April 2016) to prepare the report after member states and observer organizations were asked to submit views on potential themes for Special Reports during the current Sixth Assessment Report cycle. Nine clusters were considered on different themes, including land, cities, and oceans. The Special Report on Climate Change and Land represents the second largest cluster and covers 7 proposals from member states and observer organizations that related to land.

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  4. « ces hordes de beaufs qui rêvent d’avoir le même standard de vie que leur chef de bureau : la villa , la berline allemande et les vacances aux Seychelles »
    Tolnus, ce sont très souvent eux qui ont les fantasmes ecolo-dirigistes les plus rigides…

    Pour fréquenter des amis (plutôt à gauche) avec lesquels je débats entre autre de la question climatique, je me suis rendu compte qu’après m’avoir traité de laudateur de Trump et Bolsonaro (ce qui me fait plutôt mal, compte tenu de mes convictions politiques), il remontent dans leur Mercedes dernier modèle et parfois me parlent de leurs vacances (super écolo) dans une île perdu du pacifique ou de leur visite du Taj-Mahal quand ce n’est pas d’un diner dans une restaurant étoilé (ce qu’on pourrait appeler le syndrome Hulot ou de Rugy)
    Pour ma part je hais le tourisme et je roule dans une modeste voiture made in Roumanie parce que je me fous des voitures, je mange peu de viande, j’ai des (vraies) passions très peu ou pas « carbonées », mais j’écoute avec amitié leurs leçons d’écologie…
    Le billet nous parle avec raison « d’injonctions contradictoires », je préfère ma place à la leur !

    On doit se poser la question « qu’est ce qui coute le moins cher ? » Nager dans le courant ou a contre courant ? (cette question vaut pour les positions personnelles en société, mais aussi pour les laboratoires de recherche en budgets et pour les hommes politiques en popularité).
    Nager avec le courant est bien plus rentable et facile pour tout le monde. même si cela est « dissonant » avec son mode de vie.
    Mais comme le dit le proverbe « seuls les poissons morts nagent avec le courant ».

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  5. Le problème, c’est que les élites qui sont l’image du peuple, sont encore plus soumises que nous à la compétition, et se proposent, dans une course insensée à celui qui en fera plus dans la recherche de privation salvifique, de l’appliquer aux centrales nucléaires et aux moteurs thermiques, puisque l’énergie est au coeur du fonctionnement de nos sociétés, et donc de nos comportements.

    Les décennies qui arrivent vont êtres intéressantes.

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  6. Non, cher Benoît

    Girard a fasciné, comme Bourdieu mais il fait aussi l’objet de lourdes critiques, notamment d’être comme le dit Bourdieu un escroc intellectuel.
    Dans ce cas de figure , pourquoi cela se passe-t-il maintenant?
    Il y a une explication plus simple: jusqu’à la fin des années 60, le christianisme d’une part mais aussi le marxisme sont très présents: ils offrent une explication parallèle, la rédemption par Jésus d’un côté par le prolétariat de l’autre.
    Dieu meurt un peu après 1970 : les anars écrivent sur une église de Rennes: « Dieu est mort mais tout le monde n’a pas reçu le faire-part » Dans le même temps l’illusion marxiste meurt au fur et à mesure que le système soviétique révèle son échec.
    Gaiä va être le Jésus et le prolétariat de substitution car si la conquête de la lune et la découverte des exoplanètes ainsi que de l’ADN sont dévastatrices pour la foi, elles n’effacent pas 2000 ans de culture de la culpabilité. En jeûnant la Grétasse s’assimile au Christ et ça marche

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    • On ne peut pas rejeter Girard parce que d’autres anthropologues le critiquent (chamailleries entre spécialistes pour savoir qui a raison, rien de nouveau sous le soleil). La mort de Dieu est une explication comme vous le précisez, mais trop simple pour décrire pourquoi nous en sommes arrivés là ; après tout, une fois Dieu enterré vers les années 60..70, les hommes auraient pu vivre enfin leur vie, libérés de toute contraintes, et vaccinés pour ne pas se soumettre à une autre culpabilité, de pacotille celle-là. Or il s’y précipite avec enthousiasme : il y a donc des mécanismes plus subtils que la simple mort de Dieu à l’oeuvre. Girard en décrit quelques-uns, et ils sont quand même pertinents.

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      • Eh non justement: Dieu peut mourir parce que des éléments scientifiques invalident son existence mais la culture qui est associée au Dieu chrétien ne disparait pas comme par enchantement. D’ailleurs , dans les années 70, les maoïstes ( c’est à dire quand même les pires horreurs qui aient été produites puisqu’ils ont applaudi le génocide Khmer) sont très souvent des cathos de gauche! Et assez bizarrement, ces mêmes khmers sont devenus….khmers verts (Lipietz) alors même que les non chrétiens flirtaient plutôt avec le trotskisme et sont allés pourrir le PS !
        Quant à Girard, j’ai été séduit par « Mensonge romantique et vérité romanesque » qui décrit le désir triangulaire et la médiation interne mais le reste n’est qu’escroquerie militante.
        Tapez Girard sur Google et vous verrez quels merdias en font l’apologie !

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    • René Pommier est un critique universitaire décrit comme le « dernier des voltairicans » qui massacre Girard mais aussi Freud (comme Onfray)

      http://rene.pommier.free.fr/OEdipe.htm

      Remarquez que ni LiMmonde , ni Telerama ne font son apologie!
      Eh oui! la pensée unique se loge partout , y compris dans des pensées à priori séduisantes comme celles de Girard ou Bourdieu.
      J’ai été séduit par la Distinction qui est peut être le seul ouvrage non escrologique de PB mais à la réflexion….
      Vous savez, j’ai relu un bouquin d’Attali datant de 1981 et je me suis demandé comment ce type avait pu vendre les écrits totalement abscons de ses nègres !

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      • René Pommier est un anti-religieux qui mène son combat. Son existence se fait contre quelque chose. A l’image de Bourdieu,son intérêt est polémique. Il s’inscrit dans le mouvement classique de l’émancipation sans rien produire d’intéressant ni de constructif pour l’avenir. On serait méchant on dirait que sa démarche s’apparente a celle d’un nain qui cherche la notoriété en se hissant sur l’épaule de géants. C’est assez courant à notre époque. Quand a google, j’ai cherché Girard. A part la fnac et amazon, wikipedia et quelques universités américaine, rien même jusqu’à la 5e page.

        Quand à lire 2 fois le même Attali… il faut le faire ! La aussi : mauvais signe 😉

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      • Pour finir

        « Eh non justement: Dieu peut mourir parce que des éléments scientifiques invalident son existence »

        C’est un parti pris rationaliste et scientiste qui place la science au dessus de la religion et qui fait l’erreur de subordonner la seconde à la premiere alors que ce ne sont pas les mêmes modèles de connaissances. C’est l’objectivisation des connaissances et la crise de la technicité. Le sujet comme maitre du monde. Nous pensons des objets qui sont défini par les conditions de l’expérience et les conditions de l’expérience sont fixé par le sujet (kant). C’est efficace mais cela ne concerne que les objets, c’est inadéquat quand les conditions de l’expérience ne sont pas fixé par le « je transcendantale ». C’est justement le cas des événements, comme par exemple une révélation.

        Plus simplement, la science a pour objet le comment. Pas le pourquoi. Sinon elle sort de son domaine de compétence pour s’aventurer sur celui des problèmes métaphysiques. Et quand la métaphysique s’aventure sur le terrain scientifique, elle fait la même erreur que la science en bloquant son développement. Chacun doit rester a sa place, l’un sans l’autre reviens à amputer l’esprit humain d’un pouvoir de connaissance. Ce fut très bien expliqué par Gilson.

        Science et religion ne s’oppose pas. La meilleure preuve en est que la théorie du big bang et l’ADN, par exemple, sont deux avancées scientifiques majeurs produite par 2 prêtres… Mais c’est un autre débat qui n’a pas sa place ici.

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    • Opposer Girard (historien et philosophe), a Bourdieu (sociologue) en donnant crédit a Bourdieu… comment dire. Ce n’est pas bon signe. Pour savoir quoi penser du travail de Bourdieu, il suffit de juger l’arbre à ses fruits (voir son travail sur l’école comme terrain de reproduction des inégalité) et contempler l’état de l’éducation nationale aujourd’hui.

      Qu’un marxiste attaque systématiquement ce qu’il subodore être teinté de religiosité, quoi de plus normal quand on sait que Girard était catholique ? Le désir mimétique mise en lumière par Girard lui permet de penser l’origine de la violence avec le renversement opéré dans le christianisme avec la notion du bouc émissaire innocenté. Cela ne peut qu’irriter le courant de pensée marxiste qui résume les rapports humains au seul concept de domination et de violence coercitive.

      Si vous voulez opposer quelqu’un a Bourdieu, parlez plutôt de Raymond Boudon qui a su justement révéler la vacuité des modèles causalistes de Bourdieu, dont on peut dire sans trop se tromper qu’a l’image de la théorie freudienne (dont il s’inspire) ce dernier est moins animé par une recherche de vérité scientifique que par celle de l’influence a exercer sur un large public. Une démarche qui nous ramène a l’affaire Greta, dont les acteurs et comédiens sont de la même famille idéologique. Il est donc tout naturel de voir ressurgir ce nom ici.

      Enfin, dire que Dieu est mort en 1970 et oublier de préciser que cette fracassante déclamation avais déja été faite 100 ans auparavant avec Friedrich Nietzsche (Gott ist tot) la aussi interpelle sur les angles morts et autre partis-pris. Il en va de même avec la fausse opposition entre foi et science qui n’a plus d’intérêt depuis le 19e (discordisme – concordisme) mais qui reste faussement entretenu dans l’esprit de quelque rationalistes et scientistes sectaire.

      Le seul point d’accord se situerais éventuellement sur la tonalité religieuse du phénomène en cours, mais cela nous renverrais a Chesterton. Greta ne produit aucune théologie, c’est une marque, un produit marketing, c’est une idole, non pas une icone. C’est une image que l’on prend au serieux pour exorciser la peur et implorer protection contre des forces obscures. Nous assistons a la résurgence des religions du mythe, un archaïsme païen panthéiste et animiste instrumentalisé et mis en scène par des vendeurs de soupe qui trouvent bien bien pratique l’asservissement de l’homme aux forces de la nature. Derrière le Rousseausime du bon sauvage et de la fausse harmonie comme promesse produit ne se trouve aucun logos, aucune dignité, mais bien un assujettissement aux éléments naturels. Une régression tribale qui charrie en générale son lot de violence.

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      • @dov kravi

        Ce n’est pas ce que j’ai dis. Mais si c’est tout que vous avez retenu… Je ne vois pas ce que je pourrais dire pour me mettre à votre niveau. Sophisme ?

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      • à Olivier : votre texte :  » a l’image de la théorie freudienne (dont il s’inspire) ce dernier est moins animé par une recherche de vérité scientifique que par celle de l’influence a exercer sur un large public.  »
        Il ne s’agit pas de  » vérité scientifique  » mais d’une relation pratique/théorie qui se soucie peu d’élargir son audience.
        Mais c’est HS, et Benoît va encore m’engueuler.

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      • Non Dov, je trouve que tout ça sont des approfondissements bienvenus.
        Merci aussi à Olivier pour ses commentaires très intéressants – j’aurais évité moi aussi la pique contre Freud, mais j’apprécie beaucoup le reste.

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      • Olivier a écrit
        « Pour savoir quoi penser du travail de Bourdieu, il suffit de juger l’arbre à ses fruits (voir son travail sur l’école comme terrain de reproduction des inégalité) et contempler l’état de l’éducation nationale aujourd’hui. »
        Bourdieu n’est pas responsable de la situation désastreuse dans laquelle se trouve le systéme éducatif actuellement. Je vous encourage à visionner cette vidéo dans laquelle on peut entendre Bourdieu exprimer sa vision de l’école. Vous verrez qu’il formule des propositions raisonnables , pas du tout démagogiques. https://www.youtube.com/watch?v=WurL7b-Z_MU
        Ca m’amuse toujours quand des libéraux reprochent à Bourdieu d’avoir contribué à tuer l’école d’antan (cette école exigeante qui accordait une grande place aux humanités).Si l’école a été tellement défigurée, ce n’est pas seulement à cause de quelques pédagos irresponsables, c’est aussi parce que la France s’est laissée contaminer par la nouvelle doxa pédagogique qui prévaut aujourd’hui dans la plupart des pays industrialisés , à savoir l’approche par compétence ,cette saloperie encouragée non seulement par les milieux économiques mais aussi par une série d’organisations internationales (OCDE , commission européenne, banque mondiale etc… ) désireuses de faire de l’école un pur instrument au service du marché . Laissez Pierre Bourdieu reposer en paix , et demandez-vous plutôt si une école qui n’a plus d’autre ambition que de rendre les enfants employables, sera encore en mesure de produire des Rimbaud ou des Proust. Personnellement j’en doute très fort.

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      • Merci à l’un et l’autre pour vos remarques. Quelque soit les désaccords, je suis honoré de votre attention. Sans allez plus loin sur la question freudienne qui nous emmènerais dans une digression trop lointaine et HS, j’aimerais clarifier un point : je n’avais nulle intention polémique au sujet de Freud, mais je reconnais un flou dans la formulation. S’il n’est pas anormal de d’évoquer Freud avec Girard (désir mimétique, violence et sacré), pour éviter le début de malentendu il faudrait commencer par dissocier les termes « audience » et « influence » qu’une lecture trop rapide pourrait brouiller. Il ne faudrait pas non plus perdre de vue l’expression « à l’image de » que j’emploie, qui, si elle induit bien la notion de reflet, n’en est pas pour autant une stricte copie : je parlais de Bourdieu, qui cherchais à être pour la sociologie ce que Freud voulais être pour la psychologie (les 3 blessures narcissique de l’humanité). Et j’ajoute, Bourdieu plus que Freud 🙂 Freud comme Bourdieu veulent révéler les faces cachées qui sont structurées par des relations d’intérêt et de domination, dans une position réactive et destructrice (Jung pour la théorie freudienne).

        Pour finir de comprendre enfin le terme d’influence tel que je l’évoque, il faudrait accepter les ponts entre Marx et Freud (qui nous ferais parler d’anthropologie et nous ferais passer par Fromm et l’Ecole de Francfort par exemple) et bien se souvenir que Marx, qui a théorisé l’idéologie et qui est aussi un grand penseur de la technique, est le premier philosophe à vouloir passer d’une « philosophie de la contemplation » à celle de l’action, pour changer le monde (influence volontaire – Prométhée). Au cœur de la pensée de Marx on trouve la conscientisation. Logique pour celui qui pense que la praxis détermine le logos. Il faudrait enfin dissocier également le freudisme de Freud, comme le marxisme de Marx, entre ce qu’ils ont dit et ce qu’on a fait dire aux marques qu’ils sont devenus. Sans rentrer dans des querelles de chapelle, il me semble – au regard du sujet – qu’il n’est pas inutile de faire la généalogie de la technique et du besoin de libérer le monde pour le rendre meilleur.

        Pour finir une petite remarque qui fera le lien avec l’hystérie médiatique actuelle : le terme apocalypse (qui n’est pas a proprement parler une révélation) à une étymologie qui signifie « soulever le voile », qui se différencie du terme Alètheia (vérité) en ce qu’il ne concerne pas la nature, mais le mystère.

        J’espère ne pas avoir trop digressé. Sinon je vous prie de bien vouloir m’en excuser.

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      • @tolnus

        Vous êtes loin du compte. Tres loin. Les « pédagogies nouvelles » ont pratiquement toute une origine progressiste (Piaget, Steiner, Decroly, Freinet, Cousinet…) : votre fonctionnement par savoir être, compétences, socialisation des personnalités etc etc, avec souvent également une belle filiation rousseauiste. Mais vous n’avez pas tort, il n’est pas le seul, Merieu par exemple est aussi du voyage. Vous faite l’erreur classique d’une opposition manichéenne « gauche droite » « liberal-libertaire ». Pour comprendre Bourdieu, un exercice de communication au format vidéo ne suffira donc pas. L’influence de sa sociologie (neo-marxiste) – prépondérante au sein des sciences sociales (60-70) – a imputé à la culture scolaire une fonction sociale de reproduction des inégalités (classe sociale – héritage culturel). Ce logiciel irrigue encore fortement aujourd’hui les politiques scolaires, avec tout le bien que l’on constate. Bref, fermez vite cette parenthèse HS que vous ne maitrisez manifestement pas.

        Ceci dis, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’école est aujourd’hui l’otage de cette hystérie « Gretasienne », qui y trouve une belle résonance avec le soutien actif des enseignants eux même dans de nombreux cas.

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      • Olivier
        Bourdieu s’est contenté de mettre en évidence les mécanismes sociologiques permettant d’expliquer les inégalités scolaires , il n’a jamais milité pour qu’on abaisse le niveau d’exigence. La meilleure preuve , c’est que Quand Richard Descoing a créé une filière d’accès à l’IEP de Paris pour les élèves issus des zones d’éducation prioritaire , Pierre Bourdieu a jugé ca démagogique. Il a toujours défendu une vision extrêmement élitiste du savoir (lisez son petit livre sur la télévision ,vous verrez) .

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      • @ Tolnus
        Toujours pas. Vous partez du principe que Bourdieu a raison et vous ne tenez aucun compte de ce qui est écrit. C’est votre droit. Bourdieu est de toute façon une figure sacralisé qui a fini par avoir le même statut d’idole que Greta. Il sera donc défendu en dépit du bon sens car c’est exactement ainsi que fonctionne l’idéologie : devant l’évidence qui s’écarte de ce qu’on attend (para-doxa), on lui préfère l’interprétation (l’idée) qu’on s’en fait. Pour se faire, on tronque les faits, on les tords. Ainsi, dans le cas présent, on s’accrochera mordicus à quelques propos de bon sens en évitant soigneusement de contempler l’héritage (legs) dans son ensemble. Un arbre, des fruits ? Non, juste une jolie branche. Il ne s’agit pas d’en faire un bouc émissaire, mais vous n’avez pas compris le rôle que joue la lutte contre les inégalités dans la baisse de niveau ni le poids qu’elle pèse dans la politique scolaire et le choix des techniques pédagogique. Bien évidement nous touchons la un impensé, une injonction morale, puisque se poser en désaccord revient chez un moderne « de-bonne-volonté » à se déclarer favorable aux inégalités, horresco referens. Un système dualiste et stéréo-typé suffisamment puissant pour que la majorité des moutons se garde bien de franchir le Rubicon. Nous avons le même processus incapacitant sur la question du climat, et maintenant la survie de l’humanité (rien de moins pensez donc ! ou non justement).

        Le structuralisme à eu son « moment », son apogée. C’est intéressant, mais c’est fini depuis les années 80. Qu’on y adhère dans les années 60, c’était la mode, mais aujourd’hui… Il semble qu’il reste encore vivace chez beaucoup, dans l’éducation nationale par exemple, tout comme le constructivisme que la science torpille joyeusement à qui mieux mieux depuis quelques années. C’est un phénomène typiquement français que Levi-Strauss n’avais pas prévu, le pauvre. Pour le comprendre il faudrait retracer l’histoire de l’université française et je vous dis franchement que ce sera sans moi. Certains se réservent de belles migraines avec la décennie à venir. Bref, tout le monde désire une éducation exigeante et de qualité, tout le monde désire une planète saine exempt de pollution. Ca ne va pas suffire. De quoi parlions nous déjà ? ah oui, du désir mimétique.

        @ Dov Kravi
        Merci de votre compréhension. Je tâcherai de m’en souvenir.

        @ Benoît Rittaud
        Je vous remercie chaleureusement pour ce compliment ainsi que pour votre invitation. Je vous suis depuis un moment avec le plus vif intérêt, cela ne me laisse donc pas indifférent, tant s’en faut ! Mais mon horizon est aujourd’hui obscurci d’un front nuageux de complications multiples, je ne peut donc que réserver ma réponse pour le moment. Gratitude.

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  7. HS : Une conférence de présentation de CMIP6 se tiendra à Paris, le Mardi 17 Septembre.
    Conférence par des scientifiques français.

    Conférence de presse
    Mardi 17 septembre 2019, à 9h30
    au Tank (salle « La Source », rez-de-chaussée)
    22 bis rue des Taillandiers, Paris 11e
    Métro Bastille (lignes 1, 5 et 8)

    La communauté internationale en climatologie est engagée dans un important exercice de simulations numériques du climat, passé et futur. Les scientifiques français impliqués dans ce travail, notamment au CEA, au CNRS et à Météo-France, vous présenteront leurs résultats le mardi 17 septembre à Paris. Ces conclusions contribueront notamment à la réalisation du premier volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC1, dont la publication est prévue en 2021.

    Le GIEC réalise environ tous les 6 ans une synthèse de l’information scientifique disponible sur le changement climatique, ses impacts et les solutions pour l’atténuer et s’y adapter. Dans cette optique, la communauté internationale en climatologie se mobilise au travers du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC), pour concevoir et réaliser un nouvel exercice de simulations du climat passé et futur (CMIP6)2.
    http://www.cnrs.fr/fr/changement-climatique-les-resultats-des-nouvelles-simulations-francaises

    Si une publication est prévue en 2021, ça implique que la Fin du Monde Irréversible n’aura pas lieu pendant le réveillon à Noël ? flute… 😉

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  8. Ces divers commentaires résument bien la situation. Je discute aussi avec des proches ou collègues qui sont soit d’accord avec les thèses du RCA ( l’avis de certains ayant changé ces toutes dernières années au gré des événements météorologiques), soit ceux qui ont des doutes (genre « il y a toujours eu ce genre d’évènements mais on les a oubliés…je me souviens …etc). Dans tous les cas pour ou contre, on continue à vivre sa vie exactement comme avant. Et pour cause, l’exemple de l’ermite écolo en sandale est une vue de l’esprit. Les gens veulent profiter des plaisirs de la vie et de la consommation maximum en fonction de leurs moyens et souvent au au-delà. C’est humain. On est là au coeur du problème. Et c’est encore parti pour longtemps. Très longtemps. D’ailleurs tout est construit autour de ce modèle, du besoin premier ,manger, boire, travailler,…jusqu’au plus futile. Toute la vie a besoin de cette énergie sacrée devenue normale et indispensable. Qu’ils nagent avec ou contre le courant , on émet tous une quantité de GES très importante. Beaucoup plus pour un américain qu’un français, lui aussi 10 fois supérieur à un indien ou un africain. Les prévisions du Giec sont basées sur une diminution (optimiste) ou une stagnation (pessimiste) des GES , or il semble plus probable que c’est une augmentation (c’est toujours le cas actuellement) qui va arriver avec plus d’humains et un développement des pays émergents de loin les plus peuplés. Donc ces modèles n’ont pas fini d’évoluer et d’alarmer les populations.

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  9. je trouve cette discussion extrèmement enrichissante et qui change avec les habituelles polémiques sur « je crois » ou « je ne crois pas » … le niveau s’élève !

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  10. A propos de l’éducation nationale et du GIEC, il se trouve que des places sont proposées par le rectorat de Nice aux enseignants à l’occasion de la petite fête pour la publication du rapport Spécial Ocean Cryosphère à Monaco.

    https://www.gouv.mc/Action-Gouvernementale/L-Environnement/Actualites/Le-GIEC-officialisera-son-Rapport-Special-Ocean-Cryopshere-et-Changement-climatique-le-25-septembre-prochain-a-Monaco

    Plus haut je lis :
    « ’influence de sa sociologie (neo-marxiste) – prépondérante au sein des sciences sociales (60-70) – a imputé à la culture scolaire une fonction sociale de reproduction des inégalités (classe sociale – héritage culturel). Ce logiciel irrigue encore fortement aujourd’hui les politiques scolaires, avec tout le bien que l’on constate.  »

    Je pense que le « logiciel » n’irrigue pas « encore fortement », en fait il est la pierre angulaire de l’enseignement actuel ; et ce depuis des décennies.
    Ce qui est ironique, c’est que les cadres et les intellectuels qui font la pluie et le beau temps sur les méthodes pédagogiques (lire « qui pourrissent la vie des enseignants »), se cooptent et se reproduisent exactement comme les bourgeois que critiquait Bourdieu.
    Brighelli, qui se classe lui-même pourtant à gauche a largement décrit le naufrage de cette idéologie.
    https://blog.causeur.fr/bonnetdane/les-aventures-pedagogiques-de-jennifer-cagole-i-001825

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  11. Coucou,

    Toute cette science et ces concepts étalés pour arriver à la conclusion que l’education nationale est nulle et c’était mieux avant, « regardez comme je reflechi », çà me laisse dubitatif.

    Qui sont les hystériques, dans cette histoire ?

    Ceux qui critiquent, violemment , une jeune fille de 16 ans qui fait partie d’un plan de communication et qui par leurs imprécations amplifient le phénoméne ,
    ou ceux, les jeunes et les moins jeunes qui approuvent les idées ou la publicité données à ces idées ?

    Bonne journée

    STéphane

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  12. Encore un exemple : hier soir au jt, on nous montre de bons touristes français, vertueux parce quils sont allés dans un lodge écolo pour leur safari en famille (4 ou 5 personnes) en… Tasmanie !

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  13. Le désir mimétique dans l’ascétisme écologique est peut être à opposer à la théorie de la consommation ostentatoire. De manière plus anthropologique, il y aurait des cultures égalitaires qui pronent l’ascétisme par rejet des riches ; riches qui affichent leur statut et leur appartenance de groupe par leur luxe (consommation ostentatoire). L’ascétisme, en renonçant au pouvoir d’achat, serait donc une alliénation, un refoulement des conditions matérielles de sa domination. Or, ce refoulement créé les conditions de l’explosion sociale car l’épanouissement des individus et d’une société ne peut se faire en renonçant à toute évolution matérielle, dans un monde physique, matériel, en perpétuel changement.

    Nous avons donc avec l’ascétisme écologique ici évoqué, une forme d’hypo-résilience dans le sens où elle nous prive des moyens matériels de nous adapter aux changements du monde, notamment aux changements climatiques.

    Dans un cadre de mimétisme ascétique, comment concrètement enrayer cette dynamique hypo-résiliente ? Il semblerait qu’en France, l’Etat ait décidé de prendre en charge cette carrence en subventionnant certaines adaptations matérielles (pompe à chaleur, rénovation thermique, système assuranciel collectif).

    Mais à mon avis, c’est dommage pour la société de se passer des dynamiques individuelles. La problématique serait donc : comment encourager les individus, par mimétismes, à investir materiellement, à consommer des biens dont ils n’ont pas forcément besoin tout de suite mais qui pourraient leur être utiles, et qui pourraient limiter les dommages en cas de catastrophe d’origine météorologique ?

    C’est évident qu’un Nicolas Hulot, une jeune Greta ou les bobos d’#OnEstPret n’y aident pas en pronant l’abstinence matérielle au nom de l’écologie. Mais du côté des consommateurs ostentatoires, l’exemple est il donné ? J’aurais plutôt tendance à dire qu’eux-aussi renvoient de plus en plus à l’ascétisme pour la planète (même s’ils cachent qu’ils font le contraire). Donc, d’un côté comme de l’autre du mimétisme, quelle porte d’entrée pourrait t-on trouver ici pour améliorer la résilience aux aléas météo ?

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    • Je serai plutôt pessimiste sur le moteur vertueux à l’action: seul le besoin immédiat guidera le choix des individus…Il ne faut pas rêver!
      C’est d’ailleurs pour cette raison que la transition énergétique échoue, que le CO2 augmente etc… On ne s’adaptera que devant une urgence visible suffisamment motivante. Or on ne voit rien, d’où le développement d’une mystique de l’invisible hystérisante surtout chez les jeunes mais assez inefficace quand il faut s’affronter au réel.

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