Une interview sur Atlantico

Elle est parue hier, la voici en intégralité ci-dessous.

Atlantico : Petteri Taalas, secrétaire générale de l’Organisation Mondiale de Climatologie, a publié une réponse aux alarmistes et aux catastrophistes du climat le 6 septembre. Que contient-elle exactement ?

[Remarque : il s’agit en fait de l’Organisation météorologique mondiale, OMM.]

Benoît Rittaud : Il s’agit de quelques remarques de bon sens. Depuis des années, un certain discours médiatique et idéologique essaie de nous faire croire que l’apocalypse climatique est pour dans dix ou vingt ans, quand on ne nous explique pas carrément qu’elle a déjà commencé ! C’est évidemment complètement faux, et les propos de Petteri Taalas sont un appel bienvenu à ce que cessent ces exagérations. Les gros titres des rubriques environnementales de nos médias, y compris d’ailleurs ceux considérés comme « de référence », en ont beaucoup rajouté dans le catastrophisme.
En admettant même, ce qui est déjà contestable, que l’évolution actuelle du climat serait plus brutale que par le passé, le fait demeure que nous disposons aujourd’hui d’un outillage scientifique, technologique et économique bien plus considérable que jadis. Il y aura toujours des drames causés par les ouragans ou les sécheresses, mais globalement nous sommes de mieux en mieux armés pour y faire face. Le principal risque que nous courons en la matière, c’est de continuer à nous raconter des histoires de fin du monde, qui nous conduiront à envisager de façon inadaptée les vrais problèmes d’adaptation posés par un climat qui change depuis toujours. Nous courons ainsi le risque de diminuer notre capacité de résilience, pour des raisons purement irrationnelles.

En quoi est-ce un geste et un intervenant déterminant sur ces questions climatiques ? 

Par ses déclarations critiques, Petteri Taalas, qui n’est pourtant pas un climato-réaliste, vient peut-être d’ouvrir une brèche intéressante pour libérer un peu la parole. L’OMM, dont il est le secrétaire général, est tout de même, avec le Programme des nations unies pour l’environnement, l’un des deux organismes à l’origine de la fondation du GIEC, cette structure scientifico-gouvernementale qui donne le la sur les questions climatiques depuis des années.

Même si on ne les entend guère, beaucoup de gens pondérés et compétents ont parfaitement compris que l’alarmisme climatique actuel résulte pour une large part d’une ferveur déraisonnable. La science est encore bien trop balbutiante pour prétendre faire des prévisions assurées sur les climats terrestres dans 50 ou 100 ans ; malgré cela, il n’y en a toujours que pour le réductionnisme climatique, qui croit pouvoir présenter le gaz carbonique comme facteur dominant, voire unique, dans l’évolution du climat. Ce « carbocentrisme » survit par habitude de pensée, par conformisme académique et médiatique, mais aussi grâce à son discours moralisateur qui rend si difficile la discussion, toute contestation étant immédiatement assimilée à une pensée déviante, à un déni, à un égoïsme, à un soutien à la politique de Donald Trump, parfois même à un crime.

C’est si vrai que plusieurs scientifiques qui se sont essayés à contester le discours dominant l’ont payé cher. L’un des exemples les plus récents est celui de Peter Ridd, un scientifique australien reconnu qui a été licencié de son université l’an dernier. Sa faute ? Avoir affirmé, en tant que spécialiste de la Grande Barrière de corail, que celle-ci n’était pas si menacée que le voudrait le discours alarmiste. Ridd a récemment remporté une importante bataille judiciaire contre son ancien employeur, toujours est-il qu’on comprend que, dans un contexte pareil, les gens hésitent avant d’exprimer une position critique. Nous le voyons aussi à l’association des climato-réalistes : régulièrement nous parviennent des témoignages de gens qui regrettent de ne pas pouvoir nous soutenir tout haut, pour ne pas compromettre leur position. 

Les initiatives « climato-réalistes » commencent-elles à percer dans le débat publique ? Quelles sont les principales initiatives de ce genre ?

La chape de plomb est encore pesante, mais petit à petit les choses évoluent. La « Contre-COP » que nous organisons chaque année en décembre est invariablement un succès, ainsi que nos événements plus ponctuels.

S’il est trop tôt pour parler d’emballement climato-réaliste, la pensée conforme écologiste subit tout de même des revers de plus en plus sérieux. Songeons à ce qu’est devenue la taxe carbone sous l’action des Gilets Jaunes ! De même, l’opposition de plus en plus massive aux éoliennes est en train de montrer qu’il ne suffit plus de peindre un discours en vert pour le faire accepter sans discussion. Ce n’est pas le cœur de la question climatique qui est ici atteint, mais une telle évolution ouvre la voie. En un sens, les propos de Petteri Taalas ne font donc que s’inscrire dans cette tendance émergente.

Source.

25 réflexions au sujet de « Une interview sur Atlantico »

  1. Coucou,

    « Ilmastoguru Petteri Taalas: Ilmastonmuutos ei ole vielä riistäytynyt käsistä, mutta keskustelu siitä on – ”Siinä on uskonnollisen ääriliikkeen piirteitä »

    Je dois avouer que j’ai un peu de mal avec le finlandais, il y a une traduction en frnaçais ou en anglais ?

    Bonnes journée

    Stéphane

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    • Traduction bing (brute de décaissage): « Le gourou du climat Petteri Taalas : Le changement climatique n’est pas encore hors de contrôle, mais le débat à ce sujet est : « Il y a des caractéristiques de l’extrémisme religieux »
      L’article à priori est payant…
      Il y a des extraits (forcément un peu orientés) dans un article du GWPF intitulé :
      «WMO Secretary-General Rejects Climate ‘Doomsters and Extremists’»

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  2. Son « statement » est pourtant clair, vous faites un peu dans le cherry picking là :

    « We have seen recording-breaking temperatures and greenhouse gas concentrations, the smallest amount of sea ice in the Arctic, melting mountain glaciers and rising sea levels.

    It is highly important that we rein in greenhouse gas emissions, notably from energy production, industry and transport. This is critical if we are to mitigate climate change and meet the targets set out in the Paris Agreement on climate change. »
    https://public.wmo.int/en/media/news/statement-wmo-secretary-general-petteri-taalas

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  3. « En admettant même, ce qui est déjà contestable, que l’évolution actuelle du climat serait plus brutale que par le passé »
    Les méthodes utilisées en paléoclimatologie sont suffisamment solides pour qu’on puisse reconstituer les climats passés avec une relative bonne précision.Si un réchauffement climatique comparable à celui qu’on observe actuellement s’était déjà produit, les paléoclimatologues ne seraient pas passés à côté.

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    • Relative bonne précision peut-être, mais résolution je demande à voir : il faudrait que la paléoclimatologie puisse discerner des évolutions sur 20 ou 30 ans sur les climats passés, pour comparer avec notre minuscule période de 30 ans qui a vu un léger pic d’augmentation de CO2. Comme je doute que cela soit le cas, les courbes reconstituées ne permettent pas de voir des pics rapides qui auraient pu avoir lieu, en CO2 ou en températures. Donc à moins que je me trompe (à mon avis, la résolution ne doit pas être inférieure à 50..100 années, à la louche je ne suis pas spécialiste), les paléo-climatologues n’ont pas pu voir des pics d’évolutions rapides tels que nous le connaissons. Donc ils ont pu très bien passer à coté.

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  4. L’OMM compte mettre le paquet sur l’adaptation, qu’elle dit complémentaire à la réduction des GES. Pour cela, elle dresse les perspectives suivantes :
    https://gca.org/global-commission-on-adaptation/report
    – Without adaptation, climate change may depress growth in global agriculture yields up to 30 percent by 2050. The 500 million small farms around the world will be most affected.
    – The number of people who may lack sufficient water, at least one month per year, will soar from 3.6 billion today to more than 5 billion by 2050.
    – Rising seas and greater storm surges could force hundreds of millions of people in coastal cities from their homes, with a total cost to coastal urban areas of more than $1 trillion each year by 2050.
    – Climate change could push more than 100 million people within developing countries below the poverty line by 2030. The costs of climate change on people and the economy are clear. The toll on human life is irrefutable. The question is how will the world respond: Will we delay and pay more or plan ahead and prosper?

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sont des bases scientifiques très fragiles. Qui peut sérieusement envisager ces prévisions comme certaines pour 2050 ? Pour moi, le futur n’est en fait qu’un champ des possibles, surtout à des horizons aussi lointains. Avec ces prévisions à 2050, on sort du pragmatisme pour entrer dans le champ de la pseudo-science, qui n’est en fait pas sans en rappeler d’autres qui elles aussi savaient prédire le futur lointain et la fin du monde (astrologie/numérologie pratiquée par de grands savants de l’époque). Par contre, ce qui est clair, c’est que l’histoire nous apporte bien plus d’indications sur ce champ des possibles.

    Néanmoins, l’adapation promue ici (la banque mondiale s’y met aussi) est en effet l’option gagnante, dans tous les cas, contrairement à celle de réduire le CO2 qui peut être hypo-résiliente, car changement climatique catastrophique ou pas, il y aura toujours des aléas exceptionnels (plus fréquents pour les catastrophistes) et c’est bien ce qui pose problème dans le fond. Pour donner un cas pratique, les organismes de défense civile savent depuis les années 60 que des cyclones aux vents supérieurs à 300 km/h peuvent se produire. Que l’on en ait un ou trois sur un siècle ne change pas grand chose, ce qui compte est d’être prêt à affronter ce type de cyclones, notamment en prévoyant des constructions adaptées ou des plans d’évacuation pour celles qui ne le sont pas encore. Ainsi, le bilan humain et économique sera bien moins fort sur 3 cyclones de catégorie 5 où l’on est bien préparés que sur un seul cyclone, même de catégorie 3, où on ne l’est pas.

    Idem pour les sécheresses, en avoir une exceptionnelle ou trois dans le siècle ne change pas grande chose si on s’est préparés, avec par exemple plus de bassins de rétention et des espèces mieux adaptées. Les romains ont peut-être été la civilisation modèle de leur époque car ils ont su maitriser l’irrigation lors de l’optimum climatique romain là où d’autres civilisations ont décliné, par exemple à s’en remettant à de fausses solutions comme les incantations.

    Tout cela pour réagir à la phrase de Benoît : « Nous courons ainsi le risque de diminuer notre capacité de résilience, pour des raisons purement irrationnelles. » Penser que l’on peut diminuer les aléas météo en changeant les principaux systèmes énergétiques dans le monde entier afin d’espérer réduire les émissions de CO2″ (si peu que le CO2 soit le principal paramètre des aléas météo) relève d’un pari très risqué, voir naïf, qui pourrait même peser sur la croissance et donc nos moyens de résilience et de préparation aux aléas. Par contre, améliorer notre adaptation et notre résilience est beaucoup plus fiable, raisonnable et profitera à dimunuer le bilan des pertes sans grêver la croissance mondiale.

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    • « Penser que l’on peut diminuer les aléas météo en changeant les principaux systèmes énergétiques dans le monde entier afin d’espérer réduire les émissions de CO2″ (si peu que le CO2 soit le principal paramètre des aléas météo) relève d’un pari très risqué, voir naïf, qui pourrait même peser sur la croissance et donc nos moyens de résilience et de préparation aux aléas »

      L’idée qu’on puisse être résilient dans un monde ou la température moyenne à la surface du globe aura atteint les 4 ou 5 degrés (ce qui se produira si on reste passif), est encore plus naive. A un tel niveau de réchauffement il n’y a plus aucune agriculture possible.

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      • Pas d’agriculture à 4 ou 5°C de température de plus !?!?
        Pour votre information, la température moyenne annuelle à Bangkok est de 28,1°C, soit 13°C de plus que celle de la France et ils exportent à fond la caisse du riz et autres denrées agricoles dans le monde entier (alors même à 4°C/5°C, qui me semblent très peu probables en plus, on pourra s’adapter vu nos connaissances scientifiques et techniques…).
        Profitez un peu d’être sur un blog de climato-réalistes pour sortir du lavage de cerveaux des alarmistes et remettre les pieds sur terre svp. Cela aidera au débat.

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      • Si une augmentation de 1 petit degré c’est déjà suffisant pour provoquer une sécheresse prolongée qui affecte les rendements agricoles, je vous laisse deviner ce qu’il adviendra quand on sera à +5 . N’oubliez pas que 5 degrés c’est ce qui nous sépare d’une ère glaciaire .

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      • Bonjour Tolnus. Comme vous avez l’air de savoir ce qui va arriver dans le futur, pouvez vous me dire aussi ce qui va arriver dans ma vie? Je suis deja allé chez un Marabout, mais il n’a pas su me dire. Vous m’avez l’air bien meilleur, car je suis a la recherche d’un vrai devin.

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      • Keppeler a écrit  »
        Le Giec a fait plusieurs scénarii dont l’un,le plus pessimiste, prévoit une telle hausse. Etant donné que les prédictions faites il y a 30 ans collent assez bien à la situation climatique actuelle , j’accorde une assez grande confiance à ce que nous raconte le GIEC.Si la relation entre l’augmentation de la concentration en gaz carbonique dans l’athmosphère ,et la hausse de la température moyenne à l’échelle du globe était fausse, les modèles élaborés il y a 30 ans auraient logiquement échoué à prévoir la situation actuelle.Quand un médecin pose un diagnostic sans avoir de certitude absolue, mais que par après ,tous les symptômes de la pathologie suspectée se manifestent ,allez vous le traiter de charlatan ?

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      • Voyez vous monsieur Tolnus, la difference entre la catégorie des devins, a laquelle vous appartenez avec des milliers d’autres (c’est très a la Mode) et un médecin, c’est que celui-ci aura le temps de répondre de ses prévisions, alors qu’aucun d’entre vous n’a jamais répondu des siennes, ni ne pourra le faire. Cela fait une grande difference, et grace a l’art divinatoire moderne, on peut faire tout un tas de predictions, gagner un maximum d’argent dessus par exemple, sans jamais qu’elle se produisent. On peut ainsi effrayer le chaland, lui vendre la fin du Monde, car le bougre est naif. Mais cela dure ce que cela dure, et qui vivra verra. Quand a vos predictions, vous pouvez vous appuyer sur autant de devins que vous voulez, ca ne les rend pas plus crédibles. Car il en est ainsi depuis la creation du monde: le futur est a tout jamais incertain, et nous devons nous méfier de ceux qui prétendent le connaitre, car ce sera toujours a nos dépends.

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  5. « Le changement climatique n’est pas encore hors de contrôle »
    Euh je crois pouvoir dire qu’il n’a jamais été contrôlé par quiconque. Le climat on le subit et on (essaie de) s’adapte. Vous répétez souvent qu’il y a toujours eu des sécheresses, cyclones, canicules et autres. Personne ne dit le contraire. Ce que l’on craint,c’est d’abord de subir de plus en plus souvent et de plus en plus fort ces phénomènes. Alors proposer de continuer ainsi , de ne rien changer (fossiles vsus ENR), et de mettre plutôt l’argent dans les moyens de résilience ou d’adaptation est très dangereux. Vous le dites vous même, personne ne sait quelle ampleur tout ça va prendre. Vu les changements déjà observés sur 40 ans (avec juste +1°C au global), pouvez vous sérieusement affirmer que l’on pourra « s’adapter  » avec une augmentation de +5°C ?? on va vers une totale inconnue !!! Et si cette inconnue comportait un risque d’emballement, quelles conséquences pour vos descendants ? C’est ça l’alarmisme. Le risque est là, de ne plus pouvoir s’adapter un jour. Et on sait qu’il va falloir des décennies pour ne plus émettre de GES. Alors bien sûr dire dans 10 ans c’est la fin du monde (plutôt de l’humanité) est un peu débile, ça reflète la peur que suscite ce phénomène inédit et inquiétant. Les romains dont vous parlez n’ont pas eu à faire face à un tel défi. Pour ma part je resterais prudent sur l’avenir, en tentant de trouver des remèdes préventifs, (si c’est encore possible) plutôt que d’attendre et chiffrer les dégâts.

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    • Toujours la même question : y a-t-il vraiment un défi à relever ou celui-ci n’est-il qu’un fantasme construit de toutes pièces sur des données très minces voire surfaites …?
      Pour beaucoup la fascination du pire est extrêmement plaisante. Cela ne veut pas dire que le pire est à venir.
      Pour d’autres ce n’est pas une fascination mais un vrai calcul politique.
      La mission du Giec n’était elle pas de déterminer les causes HUMAINES des modifications du climat. La cause était entendue dès le départ de cette étude : l’homme est responsable.

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    • « Ce que l’on craint,c’est d’abord de subir de plus en plus souvent et de plus en plus fort ces phénomènes. »

      Voilà. Vous avez identifié un risque. Maintenant il ne faut pas se contenter de craindre, il faut appliquer une méthode de gestion de risques. Ce qui implique d’évaluer les coûts des différentes options afin de faire un choix éclairé. Les alarmistes qui trépignent qu’on va tous mourir ne font pas avancer le sujet. Ceux qui veulent imposer aux autres leurs soi-disant solutions (décroissance, etc.) non plus.

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