Techniques de pickpocket : l’empathie

En cette nuit d’été, les températures sont montées plus haut que d’habitude au point chaud 24/7. Il est 11h du soir, le grand rush des fêtards de la ville, allant du quartier des bars vers celui des boites de nuit, n’a pas encore commencé. En prévision de cette affluence, le vendeur prépare des dizaines de sandwichs tout en servant les quelques clients de passage.

Alors que le four tourne à plein régime, faisant monter au maximum la température d’une salle déjà chauffée par la canicule de la journée, une personne entre en trombe dans la boulangerie :

« Au secours, au secours ! Aidez-moi ! Il va me tuer ! » supplie une jeune femme, le visage visiblement ensanglanté et tuméfié.

Le vendeur stoppe net son travail et s’avance vers elle :

« Qu’est-ce qui se passe ? Etes vous blessée ? »

Sur un ton affolé et légèrement essoufflé, la victime s’explique :

« A cause de la canicule, mon mari a pété les plombs et m’a battue. Il est prêt à me tuer et me poursuit. Aidez-moi svp, c’est un hyper-violent et il est armé ! ».

Le vendeur jette un œil inquiet vers l’entrée puis lui dit :

« Ok, passe dans l’arrière boutique pour te cacher, y a une armoire à pharmacie. Je termine avec ce client et j’arrive. »

Faisant comme si de rien n’était, le vendeur se met à servir le client tout en guettant l’entrée, s’apprêtant à voir un fou furieux débouler, arme au poing, dans sa boulangerie.

Il s’assure que la batte et la lacrymo sont sous la caisse, prêtes à chauffer.

Le client, témoin de la scène, ironise :

« C’est toujours Chicago ce quartier ! ».

Le vendeur :

« Je vous le fais pas dire… Vos paninis poulets sont prêts : 8 € je vous prie ».

Pendant que le client cherche sa monnaie, le vendeur regarde depuis sa caisse en direction de l’arrière boutique où se trouve la jeune femme qui s’y est réfugiée.

Dans son champ de vision, un bureau, sur lequel repose une pile désordonnée de classeurs multicolores et une boite jaune. Cette boite jaune sert à stocker le cash de la nuit afin que la caisse ne soit jamais trop remplie et n’attire les convoitises.

Le client : « Ah, j’oubliais, deux 8.6. Vous en vendez toujours ? ».

Le vendeur : « Oui, depuis l’arrêté d’interdiction de vente d’alcool dans les boutiques, on est les seuls à vendre des bières à emporter à cette heure. Je vous les enroule dans du papier et vous les mets dans la poche avec vos paninis pour que ça reste discret. Cela fera 6 € de plus svp.»

Un énorme coup de tonnerre retenti dont l’éclair illumine un bref instant la vitrine d’une lumière blanche.

« Putain, il est pas tombé loin celui-là ! » remarque le vendeur, déjà sur ses gardes.

Telle la foudre tombée l’instant avant, il reçoit dans la foulée une nouvelle décharge d’adrénaline en regardant l’arrière boutique : la victime, profitant de la diversion causée par l’orage, est en train de mettre la main sur la boite jaune pour s’emparer du cash !

Un rapide tour de clef à sa caisse et il se rue vers elle, furieux :

« Lâche cette boite ! Tu me fais ça à moi qui t’avais protégée ? » « Casses-toi avant que je t’explose ! » gronde t-il en serrant les dents.

La voleuse déguerpie en un éclair !

Heureusement, elle n’a pu prendre aucun billet ; la boite étant encore vide à cette heure de la nuit.

Le vendeur revient de l’arrière boutique, dépité. Le client, ayant assisté à toute la scène, lui dit :

« Je suis videur aux Sunlights et je partais au boulot. J’en ai vu des arnaqueuses mais j’ai vraiment cru que celle-ci était blessée. ».

Le vendeur, qui en a vu d’autres, relativise :

« Eh oui, elle était bien maquillée, avec du faux sang et des faux hématomes. Heureusement, elle n’a rien emporté. En temps normaux, je me méfie des apparences et des discours catastrophistes mais on m’avait jamais fait un coup comme ça. Mais bon, je ne renoncerai jamais à porter assistance, c’est comme ça. »

Le client, répond d’un ton désabusé :

« Bof, le mois dernier, j’ai pris un casier pour avoir explosé le genou d’un client qui lui-même défonçait un bobo insupportable et arrogant. Je ne me fais plus d’illusions sur ce monde. »

Le vendeur :

« T’aurais du faire flic. Au moins, t’aurais jamais eu de casier. »

Le vendeur n’en demeure pas moins déterminé à rester généreux et continue :

« Dans le fond, je pense malgré tout qu’il faut continuer à aider mais aider ceux qui sont vraiment dans l’urgence et non ceux qui cherchent à profiter de nous, cachés derrière leurs bons sentiments, c’est tout le problème…»

Le client :

« Flic moi ? Non mais j’ai été para, je voulais voyager. J’ai fait le Kosovo et le Tchad. Quant à cette femme, je lui aurais dit direct d’aller voir ailleurs. Et si elle avait insisté, je l’aurais sortie en la trainant par les cheveux et lui aurais vidé une lacrymo sur la tronche pour bien la calmer. De nos jours, c’est chacun pour ses tunes et il faut nous protéger. Il suffit de regarder le monde qui nous entoure à commencer par les politiques. »

Le vendeur :

« Ouais, mais pas sûr que le pays puisse continuer comme ça longtemps. ».

 Parce que son four ne peut plus attendre, le vendeur cherche à abréger la conversation en regardant vers la vitrine :

« T’as vu les bourrasques de vent ? Il va bientôt pleuvoir des cordes. Tu peux rester à l’abri ici un moment si tu le souhaites. Moi, j’ai des baguettes qui vont cramer et, avec tout ça, on a toujours pas encaissé :  8 € les paninis et 6 € les bières, 8 et 6 : 14 € au fait. »

Sur le point de partir, le client conclut :

« Tiens, j’ai la monnaie. Orage ou pas, je dois aller bosser. Merci et bon courage à toi. »

Au moment où le client sort de la boulangerie, la pluie éclate, soulevant une légère odeur de bitume chaud suivie d’une onde de fraicheur, tout de suite chassés par les émanations appétissantes sortant du four ouvert par le vendeur. Les baguettes sont bien roussies, prêtes à la vente.

Une nouvelle nuit débute au point chaud 24/7.

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Une histoire, 3 personnages, un événement météo (et non climatique) et un projet de taxe :

  • La pickpocket,
  • Le vendeur,
  • Le videur de passage.

Qui est qui ?

  • La climato-alarmiste, qui fait croire à une urgence vitale et utilise notre empathie naturelle, pour finalement essayer de nous taxer,
  • Un gilet jaune généreux mais méfiant, qui se fait presque berner lorsque l’alarmiste manipule son empathie, mais qui se rend compte à temps de la fourberie,
  • Un citoyen, peut-être gilet jaune lui aussi, tombé dans la désillusion et la violence, face à la perversion et au cynisme de la société.

 

6 réflexions au sujet de « Techniques de pickpocket : l’empathie »

  1. C’est un happy end qui reste hypothétique … je ne suis pas sur que le vendeur ai bien regardé ce qu’il restait dans sa caisse.
    De nos jours le masque climatique cache bien les véritables intentions prédatrices

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    • Le vendeur connaît bien son travail et sait que tant que le rush des clients des boites de nuit n’a pas commencé, la boite jaune dans l’arrière boutique est encore vide. C’est comme cela tous les soirs. Par contre, sa caisse enregistreuse dans la salle de vente commence à emmagasiner du cash depuis 20h avec les clients de passage et c’est pour cela que, prudent, il y met un tour de clef juste avant d’aller chasser la voleuse.

      Au passage, tu remarqueras que le pickpocket (climato-alarmiste) sait très bien utiliser l’occurence d’un événement météo pour placer sa taxe, que ce soit une canicule ou un orage.

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