Les deux cailloux d’hier

Au milieu de la vague médiatique qui a déferlé à l’occasion du One Climate Summit jupitérien, faisant défiler tout ce que le pays compte de courtisans écologistes, il y aura eu deux moments climato-réalistes significatifs. Deux coins enfoncés dans l’unanimisme alarmiste. Deux cailloux dans la chaussure des marchands de peur.

Deux cailloux c’est peu, mais vu d’où nous partons et ce que nous sommes, c’est un grand succès. L’an passé, après la Contre-COP22 des climato-réalistes, nous avions eu une couverture médiatique appréciable (sans doute l’effet Allègre), mais uniquement à charge. Cette fois-ci, sur deux chaînes de télévisions parmi les plus importantes du pays, des climato-réalistes ont pu donner de la voix pour de bon, permettant à un large public d’entendre nos arguments autrement que par les caricatures qui en sont faites par nos adversaires.

La première voix, tout à fait inattendue, a été celle de l’ancien ministre Alain Madelin sur BFMTV. Un moment climato-réaliste de deux minutes – une éternité sur une chaîne de ce genre. Une goutte de réel dans un océan d’alarmisme qu’il convient de déguster en gourmet (à partir de 24’18) :

Il est appréciable qu’Alain Madelin ait utilisé le terme de « climato-réaliste », car cela va peut-être aider à faire connaître cette dénomination et susciter la curiosité. Surtout, l’ancien ministre de l’Économie est bien renseigné : il n’a pas raconté d’ânerie à la Trump, et a visiblement travaillé le dossier de façon sérieuse. Le plus curieux est que rien ne l’obligeait à tenir ses propos. Il a visiblement pris de court ses interlocuteurs, et on ne l’arrêtait plus !

Voilà donc un nouveau nom à ajouter à la liste, encore bien courte, des personnalités françaises ayant exercé des responsabilités politiques de premier plan et ouvertement climato-réalistes. Sauf erreur, avant Alain Madelin il n’y avait eu que Claude Allègre et Nicolas Sarkozy. Trois noms ça reste peu, mais une chose console : les deux derniers ont fait leur coming-out de façon récente. Peut-être est-ce le début de quelque chose. Qui sait, peut-être assistera-t-on plus vite qu’on ne pense à cet élan climato-réaliste que j’évoquais au Contre-sommet du 7 décembre qui naîtra le jour où suffisamment de personnes d’influence oseront enfin dire ce qu’elles pensent.

L’autre occasion d’entendre une voix climato-réaliste s’est produite sur LCI, où, comme annoncé hier, j’ai été invité à participé à un morceau d’émission (à partir de 36’30) :

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Sur MM&M les journalistes en prennent souvent pour leur grade, alors c’est avec d’autant plus de force qu’il faut saisir l’occasion de dire combien ce quart d’heure qui m’a été accordé s’est déroulé de façon digne. David Pujadas a posé des questions à la fois claires et loyales, qui m’ont vraiment permis de lancer mon propos. Il m’a laissé le temps de présenter mes réponses, au point que, pour la première fois peut-être, j’ai eu le sentiment de pouvoir m’exprimer pour de bon sur le climat à la télévision, sans être interrompu toutes les deux minutes par un contradicteur, une incise cornérisante, une coupure publicitaire ou encore l’indispensable reportage sur l’évolution du degré alcoolique du Bordeaux causée par le réch… changem… bouleversement climatique.

Peut-être une expérience doucement grandissante des plateaux de télévision explique-t-elle une partie de cette aisance ressentie, mais l’explication la plus probable réside dans  la façon dont David Pujadas a géré la séquence. Il a agi en homme d’une parfaite intégrité et d’un professionnalisme extrême. Pénétrer dans la fameuse tour TF1 sur les bords de Seine avait eu un côté intimidant (ce n’est pas tous les jours qu’on entre ainsi dans l’antre du pouvoir médiatique), alors que grâce au maître d’œuvre de l’émission le moment s’est en fait révélé serein.

Hors plateau, un employé de la chaîne m’a dit, l’œil complice : « Pourvu que vous ayez raison ! ». Il a fait écho à ce qu’un contradicteur m’avait dit il y a quelques années juste après un autre débat télévisé : « Comme j’aimerais que vous ayez raison ! » Voilà sûrement une piste à creuser pour se faire entendre : insister sur le fait que les climato-réalistes ont une excellente nouvelle à annoncer, à même de soulager considérablement la société.

Quantité de courriers me sont parvenus depuis hier. J’espère n’avoir oublié de répondre à personne (aujourd’hui était une journée professionnellement très chargée, et en plus le serveur de mon labo a l’air d’avoir planté depuis tout à l’heure), en tout cas merci à tous pour vos conseils et vos encouragements.

Stay tuned!

21 réflexions au sujet de « Les deux cailloux d’hier »

  1. J’ai trouvé votre intervention de bonne tenue. Je vous avez trouvé cependant plus percutant contre Yann Arthus Bertrand. Notamment Pujadas vous a (presque) piégé en vous demandant ou se trouvait le verdissement sur la planéte. On vous a senti un peu desarconné et votre réponse aurait pu etre plus precise et affirmée .

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  2. Mais comme vous le notez fort justement , il ne s’agissait pas d’un traquenard médiatique. Et le fait que vous teniez un discours posé , calme, non agressif et rationnel est vraiment primordial

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  3. Ce qui est intéressant c’est que l’animateur a promis un autre débat avec Madelin sur le sujet et qu’il avait quelque noms à inviter. J’espère qu’il va contacter l’association … Sinon demander à Madelin de nous prévenir ! Je ne veux pas rater çà .
    Cà bouge

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  4. Il est vrai que David Pujadas vous a laissé parler et a respecté votre discours, ce qui a été (très) surprenant. Il n’a pas eu non plus de mot « qui dénigre » concernant le fond de l’intervention. il est resté neutre.
    Je me demande si la position Américaine actuelle sur le RC n’induit pas un questionnement sur le « climato-scepticisme » en général (même s’il s’agit ici de climato-réalisme, notion peu connue actuellement), tel que certains journalistes aimeraient tout de même bien savoir et mettre au jour ce que nous avons dans la tête.
    Ils ne vont pas être déçus, car ils vont découvrir (et c’est déjà la cas par votre intervention) un discours assez limpide, qui se tient, et tout à fait argumenté scientifiquement. Plus le temps passe, plus les infos circulent, et plus les thèses alarmistes prennent battent de l’aile puisque l’écart entre les prévisions de température et les mesures grandit.
    Par ailleurs, l’attitude calme et posée est la plus adéquate.
    Je m’attendais à ce que vous soyez coupé très rapidement par un intervenant qui vous aurait fait le coup de l’indignation feinte, à grand coup d’éclats de voix. Je pense que vous avez eu (nous avons eu) de la chance qu’aucun des intervenants ne soit un vrai chien de garde dans les médias du réchauffisme. Avec un Yannick Jadot dans le lot ou une Cécile Duflot par exemple, je pense que votre intervention aurait été torpillée abondamment et donc beaucoup moins fluide.

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    • En effet Monsieur Rittaud n’a pas été coupé lors de ses interventions. Je ne sais pas si c’était prévu comme ça mais il a été perçu par les autres comme le référent scientifique du débat : il a rappelé ce que dit le Giec sur les cyclones et mentionné une étude sur le verdissement de la planète. Les autres intervenants n’ont pu que l’écouter sagement.
      Par ailleurs il y a une chose qui m’étonne vraiment c’est le fait que l’information sur l’augmentation de la population d’ours polaires provienne de Pujadas ( enfin de sa collègue mais c’est sans aucun doute avec sa bénédiction ) . Ca m’interpelle…

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      • Pujadas est un pro, mais son aspect respectueux (je l’en remercie) est une attitude miroir vis-à-vis de Benoît. Néanmoins certaines de ses questions senser gêner Benoît était très bien préparée, heureusement Benoît était bon. Mais c’est quelque chose qu’il faudra travailler (en brandissant des courbes et des références).
        Le seul fait qu’ils continuent ensuite en mode « as usual » pourrait démontrer qu’il ne fallait pas créer d’incident pendant ce 1/4 d’heure pour ne pas en faire un buzz.

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    • J’ai été choqué par cette assertion de la part de Benoît Rittaud. Il aurait pu à la rigueur parler de simplisme ou dans le doute, d’opportunisme populaire s’il pense que Trump n’est qu’un politicien versatile. Mais « ânerie » me semble totalement déplacé et même une erreur…

      Ainsi, en tant que promoteur immobilier, l’aspect des normes ne lui est certainement pas étranger, il sait donc pertinemment la charge qu’ont représentés les multiples réglementations environnementalistes mis en place par Obama sous l’égide de l’EPA, alors que ce même organisme avait déjà une batterie de règles qui ont considérablement diminuées la pollution…

      Mais je n’ai pas encore vu la vidéo de Madelin ; peut-être serai-je ébloui 😉

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    • C’est un raccourci un peu brutal et caricatural type slogan de campagne utilisé pour attirer l’attention et exciter l’auditoire, mais vu que les Chinois seraient un des pays profiteurs et en plus sans garantie du moindre effort, bien au contraire vu le nombre de centrales au charbon prévues avant 2030 alors que les Américains feraient partie des payeurs, je ne crois pas vraiment qu’il s’agisse d’une ânerie.
      Trump s’est largement expliqué :

      Trump : « les Accords de Paris ne protégeaient pas le climat, mais distribuaient notre richesse à d’autres pays »

      Le retrait de Trump des Accords de Paris expliqué aux nuls – pardon – à Nicolas Hulot

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      • « un raccourci brutal et caricatural type slogan de campagne utilisé pour attirer l’attention et exciter l’auditoire » ..Excellente definiton d' »une anerie de Trump » ..
        Mais Trump n’a que faire de l’intelligence ou non de ses saillies ; ce qui compte pour lui c’est l’effet politique qu’il produit et comment il peut en tirer partie

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    • Je réponds à votre deuxième commentaire.
      Tous les politiques font ce genre de phrases. Ce qui compte ce sont les explications et les actes qui vont avec.
      L’ennui avec Trump c’est que seules ces phrases polémiques sont mise en exergue et abondamment commentées bien sûr dans le sens ânerie (ce qui compte pour ses adversaires c’est l’effet politique qu’ils produisent et comment ils peuvent en tirer partie), alors que le silence est fait sur ses explications et ses actes qui eux sont très loin d’être des âneries.
      C’est dommage que tant de gens se fassent prendre à ce genre de manipulation pourtant courante.

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    • @BenHaugue: En avez vous une deuxième ? Je dois dire que c’est le premier exemple qui m’est venu en mémoire, compte tenu de la charge qu’on fait systématiquement porter sur Trump : « America First (alors que ce n’était pas son slogan de campagne), racisme, protectionnisme, unilatéralisme, populisme, bouc émissaire, libre échange, etc…

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  5. Bravo Monsieur Rittaud, vous avez marqué des points. Citer le Giec au sujet des ouragans a été très pertinent. J’en profite pour faire remarquer à Monsieur Pujadas et à sa collègue qu’il ne faut pas confondre accélération et croissance : les températures augmentent mais le réchauffement ne s’accélère pas, il ralentit . Le Giec lui-même le reconnaît dans son dernier rapport ( page 769 ). ( Ce qui pose conduit évidemment à s’interroger sur la pertinence des modèles informatiques qui prédisent le contraire )

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  6. Effectivement le calme sur ce plateau de pujadas est remarquable. Benoit Rittaud également a donné son point de vue, en réponse à I.Autissier et aux journalistes.C’est une bonne chose pour la démocratie, mais hélàs, aucune avancée ou d’explication qui puisse répondre aux questions fondamentales :
    On sait bien que le CO2 n’est pas un poison, et qu’il favorise le verdissement de la planète (jusqu’à une certaine limite), personne le le conteste mais :
    L’augmentation de 1°C de température moyenne du globe (en 40 ans et pas un siècle), est-il dû aux GES anthropiques oui ou non ? Si c’est oui, ce phénomène ne va pas s’arrêter puisque d’une part, ces GES vont rester très longtemps dans l’atmosphère , mais surtout les émissions ne sont pas prêtes de s’arrêter quand on voit le développement des pays émergents, et même de nos pays développés.Même si l’augmentation de température n’est pas linéaire (il y a bien eu un fléchissement de 1998 à 2011 environ), la courbe repart à la hausse depuis et les 4 dernières années sont je crois les plus chaudes. Le delta de +1°C est une moyenne, mais dans certaines régions pays, c’est plus élevé que celà (jusqu’à 2°C ou même plus dans les régions nordiques)
    Et si ce n’est pas le CO2, le méthane et autres GES humains qui provoquent l’augmentation, alors quelle est la raison (le soleil étant plutôt dans une phase « repos »).
    Bref, on attend toujours des réponses …

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    • Comme toujours, vous renversez la problématique.
      C’est au GIEC d’expliquer pourquoi les modèles ne sont pas prédictifs. Ce n’est pas aux climatoréalistes de faire le boulot des climatologues.

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    • BRAVO Benoit ! fallait le faire et c’est un beau et bon début ! proposer à miss Autissier un débat en présence de M. Seux des Echos ?

      Le taux de CO2 dans l’air dépend de la température des océans et pas l’inverse. On ne voit pas de lien entre le CO2 émis, une année ou en cumulé, avec la température globale. Le CO2 n’a aucune chance de doubler d’ici 2100 et les modèles qui prévoient des hausses apocalyptiques de températures comme conséquence du CO2 émis par l’homme sont viciés par des hypothèses contredites par les faits. Le CO2 émis par l’homme induit seulement un moindre dégazage des Océans, pour un équilibre entre le CO2 dans l’air et le CO2 dans les océans qui est fixé par la physique (comme pour le coca et le champagne). Contraindre ou réduire ou supprimer les émissions de CO2 ne sert à rien vis à vis du climat et des températures et coûte déjà très cher (mais ça pourrait être très pire) . La solution de long terme pour des énergies pas trop chères (max 10% du PIB mondial) dont notre civilisation a besoin viendra d’un mix solaire et nucléaire de fusion. La date est juste inconnue, d’ici 2100, où il y aura encore des énergies fossiles.

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