BREAKING NEWS : Nicolas Sarkozy se déclare climatosceptique !

Il faut se pincer pour y croire, mais c’est fait : pour la première fois depuis que le monde est monde, et surtout depuis que le GIEC est GIEC, l’un des plus sérieux candidats à l’élection présidentielle française de l’an prochain affiche ses doutes sur le rôle de l’homme dans l’évolution du climat, comme le rapportent Marianne ainsi que Le Figaro.

Selon Le Figaro :

« On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement« , a affirmé l’ex-chef de l’Etat, selon des propos rapportés à l’AFP par son directeur de campagne, Gérald Darmanin.

Qu’on aime ou pas Nicolas Sarkozy, l’événement est de taille. Désormais, la muraille du conformisme climatique n’est plus inexpugnable.

Pour ma part, j’ai toujours espéré réussir un jour à convaincre à haut niveau, sans jamais toutefois imaginer obtenir davantage qu’une adhésion tacite. Certes, il ne faisait aucun doute qu’un responsable de premier plan finirait bien un jour par accepter les arguments climato-réalistes. Mais quant à le dire publiquement… cela semblait si risqué, pour un gain politique si faible, que les chances d’un solide coming out climato-réaliste avant plusieurs années apparaissaient très minces — au mieux pouvait-on tenter de limiter les décisions les plus délirantes prises au nom de l’alarmisme climatique.

On paierait cher pour savoir ce qui a conduit à une telle prise de position de la part de  Nicolas Sarkozy. Ceux qui veulent avoir une idée de ce qu’était jusque là mon rêve le plus fou concernant la position de l’ancien président de la République peuvent lire ici l’épisode 5 du feuilleton Le Référendum maudit, publié il y a un an dans les colonnes de L’Opinion. Tout est dit dans ce passage :

Pourtant, alors qu’il recevait naïvement les chaleureuses accolades de l’ancien président, [Nicolas Hulot] ignorait deux choses essentielles. La première, c’est que Nicolas Sarkozy n’était plus aussi convaincu qu’en 2009 de l’urgence climatique. Il se gardait certes soigneusement de l’afficher, ayant compris qu’il n’y aurait eu aucun bénéfice à le faire. Il était toutefois devenu circonspect sur la question, qu’il avait purement et simplement supprimée de son agenda politique. La seconde, c’est qu’il avait été fortement conforté par la lecture des rapports qu’il s’était fait remettre ; ils montraient que, depuis quelque temps, un nombre conséquent de parlementaires de tous bords, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, commençaient à avoir des positions équivoques sur la question. Aussi l’ancien chef de l’Etat s’était-il rapidement fait sa religion sur le référendum : cette consultation n’intéresserait pas les Français, le meilleur moyen d’être en phase avec l’opinion publique consistait donc à afficher une ostensible indifférence.

La réalité a donc dépassé la fiction. On ne va pas s’en plaindre, d’autant qu’une chose dont j’avais peur jusque là est que le climato-réalisme ne soit d’abord endossé par le Front National. À présent, un tel risque s’éloigne, ou du moins ses conséquences potentielles (à savoir : un ostracisme renouvelé de la part de tous les grands médias et partis de gouvernement).

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici d’un appel à voter pour Nicolas Sarkozy aux prochaines échéances électorales. C’est d’autant moins le cas que ses déclarations faites simultanément sur le prétendu « choc démographique » sont aussi antiscientifiques et rétrogrades que l’est l’alarmisme climatique le plus outrancier. Lorsque Nicolas Sarkozy, à peine déclaré climato-réaliste, affirme qu’il « préfèrerai[t] qu’on parle d’un sujet plus important : le choc démographique« , il me semble clair qu’il tombe à pieds joints dans le piège dont j’ai parlé dans mon dernier bouquin :

Il est souvent demandé aux climatosceptiques de dire quels sont alors pour eux les « vrais problèmes », comme s’il était acquis que la fin du monde est proche et que la seule question en suspens est la manière dont elle surviendra. Laissez-nous avoir peur, semblent clamer ceux qui reprochent aux climatosceptiques de refuser l’idée d’un désastre climatique prochain.

Face à une telle question, la pente la plus naturelle, suivie par beaucoup, consiste à faire montre de bonne volonté en proposant telle ou telle apocalypse alternative. L’un expliquera à quel point est crucial le problème de l’accès à l’eau potable, l’autre s’alarmera de la pollution, notamment dans les grands ensembles urbains, un troisième évoquera les problèmes d’approvisionnement énergétique, un quatrième la question des inégalités, et ainsi de suite. Indépendamment de ce qu’il faut penser de ces autres questions, leur mise en exergue permet d’être réintégré d’une certaine manière au discours dominant qui s’appuie avant tout sur la peur et la repentance.

En me relisant, j’ai commencé par m’en vouloir de ne pas avoir mentionné dans ce passage la surpopulation parmi les « apocalypses alternatives ». Avais-je raté l’occasion d’une prophétie ? Je me suis rassuré quelques paragraphes plus loin :

Dans une telle perspective, la question « de quoi faut-il avoir peur ? » adressée à un climatosceptique est l’expression d’une tolérance religieuse. La question sous-jacente n’est pas exactement « quel est votre dieu ? » mais plutôt « en quel instrument punisseur croyez-vous ? » Or il est sans doute peu de climatosceptiques vraiment satisfaits de leur position de seul contre tous. Beaucoup d’entre eux (moi compris) voudraient sincèrement que leur opinion ne soit pas considérée comme hérétique. Beaucoup détestent qu’on les regarde comme des brebis égarées, voire des démons. Beaucoup, donc, sont tentés de saisir cette perche qui leur est tendue pour se racheter en affichant leur foi. Celle-ci ne pouvant être tout à fait quelconque – l’ombre de Zeus plane tout de même sur son foudre –, il est de bon aloi de ne pas trop s’éloigner des peurs environnementales. On aurait d’autant moins de raison de le faire que l’étal est fort bien achalandé : surpopulation, épuisement des ressources, chute de la biodiversité, chute des rendements agricoles… faites votre choix, messieurs-dames les climatosceptiques.

Il est possible que les inquiétudes affichées de Nicolas Sarkozy sur le soi-disant « choc démographique » relèvent d’une simple tactique ponctuelle destinée à « rassurer » en affichant une peur exponentielle quelconque pour faire passer la pilule du climato-réalisme. Mais le doute est permis, et que le lecteur me pardonne de me citer encore une fois, cette fois-ci en anglais puisqu’il s’agit de mon exposé à Londres de vendredi dernier :

So, in a sense, the climate fear is the newest avatar of the irrational exponential fear. It is not the first one. And it is probably not the last. Hence, we should be concerned by the fact that, sooner or later, it will be replaced by another one. (…)

May we be able to prevent its emergence.

Chaque chose en son temps. Pour ce qui est du climat, vu le poids de l’ancien président, le fait qu’il lance le débat sur la question constitue un game changer qui devrait permettre au climato-réalisme d’exister pour de bon dans notre pays. À présent, le débat existe enfin en France ! La boîte de Pandore a été ouverte, notre rôle immédiat est désormais de faire en sorte qu’elle ne se referme plus.

Hier j’évoquais le Brexit et la fin des plafonds de verre… les temps ne sont décidément plus aux consensus conformistes et confortables. Aujourd’hui c’est le climato-réalisme qui en profite, et c’est là une bonne nouvelle ; gardons-nous toutefois de perdre la mesure et de laisser sans prudence le torrent emporter dans son élan les digues qui nous sont nécessaires.

24 réflexions au sujet de « BREAKING NEWS : Nicolas Sarkozy se déclare climatosceptique ! »

  1. Le problème est celui que vous avez identifié avec le FN : Sarkozy est le même repoussoir. En revanche, il faudra bien suivre de probables contorsions de sa part, car on comprend mal, au point où nous en sommes dans l’unanimisme médiatique sur le climat, où se trouve son intérêt.
    Connaissant le personnage, qui n’a aucune conviction sur rien, sauf celle d’être exceptionnel, il est difficile de comprendre qu’il veuille concentrer les tirs de la bienpensance climato-médiatique en cette période sensible, où il sait mener un dernier – et très probablement désespéré – combat politique, avant une longue plongée judiciaire qui fera l’essentiel de son agenda durant les 5 prochaines années…
    On voit mal Sarkozy endosser volontairement un rôle de martyr du climat, alors qu’il coure par ailleurs derrière tous les lièvres populistes relayé par les médias.
    En fait, j’attends un démenti de sa part, pas vous ?

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    • Justement son combat politique est désespéré parce qu’il apparaît comme un mou et un faible (tout comme Juppé le candidat de droite de la gauche) qui parle fort et se met la bien-pensance à dos pour ensuite composer et mener une politique intégrant les principaux marqueurs de gauche. Il doit casser cette image en montrant qu’il est capable d’être une sorte de Le Donald français, un anti-système (sic lol).

      (Le Donald lui aussi a longtemps fréquenté les milieux de gauche et ses partisans ne lui en tiennent pas rigueur.)

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    • Un repoussoir qui a quand même des chances non négligeables d’être le prochain président…
      De la part de Sarkozy, il y a une certaine rationalité à se faire sciemment détester de la bien-pensance. Voilà pourquoi un démenti de sa part m’étonnerait. Toutefois, peut-être adoucira-t-il le propos histoire de pouvoir passer à autre chose quand il le jugera utile (genre « j’ai dit que l’homme n’était pas cause à 100%, ça ne veut pas dire qu’il l’est à 0% »). Mais ça ne changera rien au fait que les portes auront été ouvertes. Aux climato-réalistes de saisir cette chance.

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  2. Sarko après avoir organisé le Grenelle a dit l’écologie ça suffit…

    Affirmer qu’on n’a pas de peur millénariste est comme affirmer ne pas avoir de Dieu. C’est très dangereux – en plus la plupart des gens qui affichent leur athéisme/neutralisme/rigueur scientifique finissent très souvent pas se révéler en tombant dans une arnaque scientiste grossière (p.ex. communisme, climatisme, vaccinalisme…)

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  3. Vu du Canada, on imagine Trump à la tête de son pays et Sarkozy à la tête du sien… et surtout le tête que feront les autres chefs d’états en matière de changement climatique…

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    • Bonsoir Reynald,
      C’est vrai que l’élection de Donald Trump pourrait bien être le vrai mot de la fin. Un président des États-Unis climatosceptique et fier de l’être aurait plus que quiconque les moyens de transformer à brève échéance les usines à gaz onusiennes climatiques en coquilles vides. En France on s’agite, mais la vraie bataille décisive aura peut-être lieu le 8 novembre…
      (PS : quelle dommage que vous n’ayez pu être des nôtres à Londres !)

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  4. Il est possible que NS fasse une erreur d’analyse; il s’est exprimé sur le sujet lors d’une réunion avec des chefs d’entreprise, croyant sans doute leur faire plaisir. Or mon expérience personnelle me dit qu’ils n’ont aucune envie d’entendre cela, compte tenu des opportunités de business que présente le sujet, en particulier les banques. Si NS persiste, il peut bien perdre le soutien de la grande industrie et de la finance, sans lesquelles il n’est rien.

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    • La finance mondialiste (quasi)mafieuse, oui. Les banques, peut-être.

      Les consommateurs d’énergie, donc la grande majorité des industriels, du tertiaire, n’aime pas l’énergie chère et non fiable! Et ni les banques, et ni l’industrie du renouvelable!

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  5. Coucou,

    S’il vous plait,mr Rittaud, pas le derwiche tourneur, s’il vous plait.Pas de pub ou de reprise pour ce clown , cette catastrophe !

    Thank you d’avance

    Bonne journée

    Stéphane

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  6. Coucou,

    Je suis triste. triste pour la gauche.

    Qui doit autant que faire se peut suivre les voies de la raison.

    Depuis dix ans ou plus ; de mon « vasisdas », je m’interroge, je me dis que j’ai tort, que ce n’est pas possible ce delire.

    Comment eviter que les gens ne soient complétement deboussolé , les faire revenir au bon sens, sans les empecher de croire, d’avoir envie de croire, de comprendre.

    Le trumpisme triomphe, après le bushime qui nous aura couté tant de morts …

    la terre est plate.

    Dompter la sauvagerie qui eructe, tapie la au fond de nous.

    oh misere,

    Allez, je vais rever en allant lire le blog de mR luminet.

    Bonne journée

    Stéphane

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  7. Evidemment cela peut surprendre si l’on fait référence à sa précédente position sur le sujet, mais que l’on aime où pas le personnage cette prise de position de la part d’un politique est un événement positif pour la cause climato-réaliste et qui laisse penser que peut-être celle-ci fera son apparition sur la scène publique !

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    • Si l’on fait référence à sa précédente position sur le sujet (lequel? les GES? l’écologie politique?)… on rappellera sa dernière phrase ultra-médiatisée sur le domaine de la verdiatrie était :

      « ça commence à bien faire ! »

      Je crois qu’il parlait des normes agricoles. D’ailleurs Cash Investigation en a remis une couche sur les zorribles nitrites dans la charcuterie.

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      • Je commentais simplement l’article de B Rittaud dans lequel il évoque la position de NS sur l’urgence climatique en 2009, il est vrai que la précision n’a jamais fait de mal à personne…

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      • Très peu de gens parmi le « public » n’ont jamais pensé qu’il y avait effectivement un problème climatique, au moins potentiellement.

        En tout cas, j’ai cru un jour que la Science était robuste et autocorrective, et c’est la plus grande honte de la vie.

        Par « public », je veux parler de tous ceux qui n’ont jamais étudié la paléo-climato.

        Par « la Science », je désigne les sciences « dures » uniquement – socio, psycho, etc. ne sont pas concernées; biomédecine non plus. (Les scandales répétés de la médecine et notamment le vaccinalisme m’ont fait comprendre que « 97% » des gens « sérieux » étaient échappés de l’asile.)

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  8. Attention aux idées reçues ! ce n’est pas par ce que la médiacratie nous gave de pseudo-certitudes sur l’extrême minorité sceptique qu’il faut s’imaginer que c’est vrai. Je crois ‘à l’instar de la majorité silencieuse, le nombre de personnes qui se doutent d’un supercherie (comme c’est étonnant il n’y en a jamais en politique), ce nombre est très très loin d’être négligeable. Parallèlement les écarts de nombres de votants dans les différents camps politiques se rétrécissent de quinquennat en quinquennat… La logique ne paraît donc pas si absente de ce genre de calcul ?

    Mais ce qui me fait le plus rebondir sur ce genre de courant d’air ou bruit de coursive, c’est qu’il me paraît imminent de bien faire attention à notre ré »torique, et pour citer Didier RAOULT : je suis Climato-sceptique peut être… ! sûrement même …! mais surtout, surtout SCEPTIQUE Tout Court !

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  9. Climatorealiste moi aussi , et sceptique tout court , j’apprécié qu’un politique ai eu ce courage parce qu’en la matière , les sceptiques doivent plutôt se taire
    Mais beaucoup d’autres sujets sont tabous encore , en matière d’ecologie , et j’espère que beaucoup d’impostures et mensonges seront devoilés un jour ( on peut rêver ! )
    N’oublions pas que Sarkozy apprécie Claude Allègre ( pour moi c’est La Référence ) il lui avait même proposer un poste . Quel dommage pour la France qu’il l’ai refusé

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  13. « sérieux candidats à l’élection présidentielle française » : il faudrait definir ce que vous entendiez par serieux car si vous vouliez dire de serieuses chances de gagner…il n a pas atteint la ligne de depart.

    « Pour ma part, j’ai toujours espéré réussir un jour à convaincre à haut niveau, sans jamais toutefois imaginer obtenir davantage qu’une adhésion tacite. » : il ne faut pas etre pessimiste, aujourd hui il ne faut douter de rien, rien n est trop enorme, il faut tout oser… Que disait Audiard au sujet d oser?

    « On paierait cher pour savoir ce qui a conduit à une telle prise de position de la part de Nicolas Sarkozy. » Dans l argumentaire developper je ne vois guere de reflexion sur l aspect oppose. Et si Sarko était devenu Climato sceptique non par convicition mais justment pour simplement se demarquer largment de la classe politique ? Je ne veux pas dire par la que Sarko aurait des conviction dans un sens ou dans l autre, j emets seulement l hypothese qu il nen a aucune et que ses prises de positions sont simplement guidees par son sens de l opportunisme politique.

    Mais en fait comme pour vos reticences par rapport a Trump, peut importe si ce sont pour de mauvaises raisons le camp des climato-sceptiques utilise toute personne allant dans la meme direction quelle que soient ses motivations.

    Et le point positif, c est que Sarko maintienant n aura plus grand choses a faire, je pense que vous pouvez le motiver et s’il s engeage il emmenera votre cause a des sommets qu un mathematicien du CNRS ne pourra jamais atteindre. Allez : osez !

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    • « justment pour simplement se demarquer largment de la classe politique ? »

      Vous voulez dire qu’il a vu la fusée Donald Trump (tea party, alt-right) s’envoler et qu’il voulait en faire autant? Pourquoi alors parler d’une taxe CO2 si Donald Trump revient sur le pseudo accord climatique?

      Nicolas Sarkozy tire des bords! A-t-il déjà fait autre chose?

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