La communication réchauffée du Journalderéférence

Fidèle à sa tradition de pravda climatique, le Journalderéférence nous relate, sous la plume de Corine Lesnes, la dernière stratégie publicitaire inventée pour « éveiller les consciences » sur le climat. Celle-ci utilise l’une des pratiques les plus détestables de la communication climatique : l’instrumentalisation des enfants.

L’info date du 8 avril dernier, comme quoi l’actualité française doit être suffisamment morne ces jours-ci pour que Le Monde juge nécessaire de racler les fonds de tiroir avec un peu de réchauffé climatique. L’article nous apprend (enfin… apprend à ceux qui n’avaient pas eu l’info il y a un mois et demi) que 21 jeunes Américains ont déposé plainte contre le gouvernement de leur pays, celui-ci étant coupable à leurs yeux de ne pas en faire assez contre le CO2-qui-tue et les cyniques-lobbys-du-pétrole. Les brebis innocentes ont enregistré une première victoire : leur plainte a été jugée « recevable » par un juge.

Attention, ça ne veut heureusement pas encore dire qu’ils ont gagné leur procès : juste que leur plainte n’a pas été considérée comme trop délirante. À mon avis elle l’était, mais passons.

C’est-y pas mignon, des enfants aux yeux emplis de larmes qui s’inquiètent pour leur avenir climatique ? Tellement mignon que la journaliste n’a pas jugé bon de se poser quelques questions de bon sens sur la démarche. Parce que les jeunes en question sont quand même très jeunes : entre 9 et 19 ans. Je veux bien qu’on m’explique que les États-Unis sont le pays des self-made men, mais mon côté soupçonneux me fait me demander si, par le plus grand des hasards, ces enfants ne seraient pas un tout petit peu les faux nez de quelqu’un d’autre.

Petit poucet involontaire, Corine Lesnes a laissé traîner quelques cailloux qui permettent de nourrir le soupçon.

Premier caillou : l’article nous apprend incidemment que l’une des « plaignantes » n’est autre que la petite-fille de James Hansen, qui est à l’alarmisme climatique militant ce que le pape est aux Évangiles.

Second caillou : cette association Our Children’s Trust qui, nous apprend l’article, « organise la défense légale des ’21’« . Ne comptez évidemment pas sur le Journalderéférence pour en dire trop dessus. Comptez en revanche sur lui pour ne pas dissiper le parfum de magie qui entoure l’initiative des enfants. Là, saluons le très beau travail de journalisme communiquant qui consiste à ne mentionner le nom de cette association qu’après nous avoir détaillé l’activisme de la petite Avery McRae (11 ans) et des motifs de la plainte des « jeunes ». Ainsi organisé, le texte suggère (sans le dire) que l’association ne se serait jointe qu’après coup à l’initiative spontanée de ces braves petits.

Troisième caillou : l’article indique que « la plupart des plaignants » sont de la ville d’Eugene, dans l’Oregon. (Ce serait drôle si « la plupart » signifiait en fait « tous sauf la petite-fille de Hansen », non ?) Je ne suis certes pas, comme Corine Lesnes, « envoyé spécial » du Journalderéférence aux États-Unis et ne peux donc pas faire une enquête de terrain pour en apprendre autant qu’elle peut le faire. Il me faut me contenter d’internet pour obtenir quelques informations sur cette association qui aide bravement les enfants innocents. Et là, attention, voyez ce que donne un clic de Sherlock Holmes sur la page de contact :

ChildrenTrustContact

Énorme, que dis-je, COSMIQUE surprise : l’assoce en question est précisément sise à Eugene, dans l’Oregon. Franchement, le hasard fait bien les choses.

On comprend le Journalderéférence : on s’en voudrait de risquer, par une enquête journalistique malvenue, d’affaiblir la portée d’une si heureuse coïncidence, n’est-ce pas ?

Une réflexion au sujet de « La communication réchauffée du Journalderéférence »

  1. Je me demande s’il y a niveau en dessus duquel le torchon pourrait refuser de descendre.

    Dans la soi-disant affaire Tapie, la phrase de Tapie « j’ai les sous » a été reproduite alors que c’est une pure invention, une phrase non prononcée, une non-phrase; par ailleurs, le journal a fourni – avec la même assurance de vérité – deux histoires contradictoires du bidonnage de l’arbitrage « controversé » à quelques jours d’interval (d’abord un arbitre met les deux autres « hors jeu » on ne sait comment, ensuite c’est un arbitre « hors jeu » qui rédige la partie de la sentence arbitrale la plus « scandaleuse »).

    Et finalement c’est Médiapart qui révèle une pièce essentielle était dissimulée à la Justice et aux arbitres, et qui donc les exonère (certainement sans le réaliser).

    En fait A => B quels que soient A et B, pourvu que ça aille dans le « bon » sens. Quel que soit le domaine.

    Quand le grand n’importe quoi touche au divin!

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