J’aurais préféré éviter le premier avril, mais bon : aujourd’hui paraît mon nouveau livre, La Peur exponentielle, aux Presses Universitaires de France.
De tous les livres que j’ai publié, c’est celui qui m’a demandé le plus d’efforts. Pardon pour le lieu commun, mais c’est là la stricte vérité. Il m’a fallu près d’un an et demi pour cerner vraiment mon sujet, et encore deux ans pour donner à l’ouvrage sa forme achevée. Avec un ultime bonus : la quête d’un éditeur, qui m’a pris un an de plus.
Deux raisons à cette dernière difficulté :
1) le livre est dans la veine du Mythe climatique, c’est-à-dire très mal-pensant. En signant un bouquin pareil, je vais encore me faire des amis : critique de l’alarmisme climatique, des discours néomalthusiens, de la mode actuelle autour dudit « Anthropocène » et plus généralement des peurs globales contemporaines… pas bon, ça, coco.
2) le livre est un ovni qui refuse obstinément d’entrer dans les cases des collections d’un éditeur normalement constitué. Un livre inclassable, quoi, alors non vraiment, coco, c’est pas possible.
Sans présager de la manière dont il sera reçu, j’ose prétendre qu’il s’agit d’un livre original (ce qui ne veut pas dire que c’est un bon livre). Il s’agit en effet à ma connaissance du premier livre intégralement consacré à la représentation sociale d’un concept mathématique abstrait. Il ne s’agit pas de mathématiques, ni d’histoire des mathématiques, ni d’histoire tout court. Pressés par leurs représentants (les petites fées en charge d’expliquer au monde entier — et en particulier aux prescripteurs de tous poils tels que journalistes et libraires — combien ce livre est indispensable à toute bibliothèque digne de ce nom), les PUF ont finalement décidé qu’il s’agissait d’un livre de sociologie. Ça fait bizarre, mais tout bien pesé il s’agit sans doute du meilleur choix.
Ce livre est en quelque sorte une synthèse de deux de mes principaux ouvrages antérieurs. Le côté « histoire totale d’un concept mathématique » tient du livre intitulé Le Fabuleux destin de √2 (Le Pommier, 2006), tandis que l’aspect « fais-toi des amis en critiquant la pensée dominante » est dans la droite ligne du Mythe climatique (Seuil, 2010).
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur (pour d’autres infos, cliquez ici) :
C’est une nouvelle venue à ajouter à la liste de nos peurs collectives, et son objet est des plus inattendus : un concept mathématique abstrait. Déclinable à l’infini, la peur de l’exponentielle est une réalité contemporaine aussi répandue que méconnue. Scientifiquement construite bien que parfaitement irrationnelle, elle constitue la matrice originelle de quantité de discours alarmistes fondés sur la crainte que nous irions collectivement bientôt heurter de plein fouet les limites du monde : épuisement des ressources naturelles, démographie mondiale, réchauffement climatique…
La première partie s’intéresse à la structure de la peur. Affirmer le caractère exponentiel d’un phénomène permet à peu de frais de prophétiser une catastrophe. La seconde partie mène une critique de cette peur, qui peut conduire au rejet de l’autre (peurs démographiques, critique du « juif usurier »). La troisième partie s’intéresse à l’histoire des représentations sociales liées : idée de croissance proportionnelle sous-jacente au « passage du local au global », étroitesse supposée du monde, visions anciennes de l’exponentielle comme créatrice de richesses (par exemple grâce à la magie des intérêts composés), et établit un lien avec le « désir mimétique » de René Girard. La dernière partie propose des pistes pour surmonter la peur : dépassement de la sidération causée par les grands nombres de l’exponentielle, reconsidération de notre rapport au temps et à l’infini.
Table des matières
Première partie – Mécanisme
Chapitre 1 – Structure générale
Chapitre 2 – Une peur nourrie de science
Chapitre 3 – Grands récits
Deuxième partie – Critique
Chapitre 4 – Une peur dangereuse
Chapitre 5 – Une mystique mathématique
Chapitre 6 – Les sophismes d’une courbe
Chapitre 7 – Achever l’exponentielle
Troisième partie – Origines
Chapitre 8 – Urbi et orbi
Chapitre 9 – Le temps du monde étroit
Chapitre 10 – La bombe e
Chapitre 11 – Plus forts que la mort
Chapitre 12 – La mère de toutes les peurs
Quatrième partie – Remèdes
Chapitre 13 – Faire face aux grands nombres
Chapitre 14 – Réunir le cercle et la ligne droite
Chapitre 15 – Subjectiver l’infini
Envoi : Sonder l’avenir
Tiens ! mais oui c’est original ; j’avais bien connaissance des nombreux phénomènes exponentiels donnés en exemples pour monter l’emballement induit par les activités humaines (la droite plate depuis l’époque des dinosaures qui monte à la verticale à partir de l’invention de la T.S.F., en gros), et je constatais d’un autre coté le caractère social et fédérateur des grandes peurs archaïques que ne se privent pas d’utiliser ceux qui veulent prendre une place de leaders, mais je n’avais pas rapproché et vu le lien intime qu’il y avait entre ces deux constructions intellectuelles ! il y a du paroxystique dans les peurs qu’on voudrait nous inculquer, et du point de rupture dans la fonction exponentielle que décrit les phénomènes humains d’aujourd’hui. Je viens de découvrir qque chose 🙂 je vais continuer à creuser !
J’aimeJ’aime
Benoit Rittaud révèle-t-il ses arguments scientifiques dans ce livre ou doit-on attendre encore un peu ?
J’aimeJ’aime
hello,
Je lis régulièrement le blog de paul jorion. Je ne sais pas si vous connaissez ; il etait et est toujours trés catastrophiste dans ses prévisions. j’aimais et j’aime beaucoup ses analyses ; je ne sais pas s’il craint ou souhaite un cataclysme (financier, politique,climatique … ?). Depuis quelques années (oui çà fait un bail !) , aucune des catastrophes prévues n’est arrivée, malgré ses dénégations, elle est toujours pour demain, là maintenant. cela devient risible et pourtant ses idées sont trés intéressantes.
c’est aussi un peu son fond de commerce, même si je le crois sincère.
Je crois que le cas jorion rentre « pile-poil » dans ce que vous sembler pointer. Ce n’est pas un inculte mathematiquement, il semble maitriser les stats, les probabilités et le calcul differentiel, les auteurs grecs, martiens, enfin bref, un sociologue trés cultivé, un ingenieur à grenoble, ou un savant de marseille comme disait coluche.
Je suis curieux de lire votre livre. peut-etre.
De mon niveau bac + o et mon cap de cuisinier, ….
non rien, je pense soudain aux interrogations essentielles
« quelle quantité de boeuf faudrait il pour faire du bouillon dans le lac de geneve? »
bonne soirée
stéphane
J’aimeJ’aime
Merci, je vais aller voir ce que raconte Paul Jorion.
J’aimeJ’aime
Ping : Conférence à Marseille | Mythes, Mancies & Mathématiques
Bonjour,
Je viens de terminer votre livre : très original et très intéressant, du début où on découvre l’étendue de l’utilisation à la fin aux concepts bien développés (le « surfini » est vraiment une bonne trouvaille !).
En commençant le livre, j’associais la peur exponentielle à Sam Carter, la scientifique de Stargate, qui régulièrement n’hésite pas à dire que le naquada va connaître un échauffement exponentiel… J’ai bien ri en voyant tous les exemples réels de « scientifiques » qui l’utilisaient dans la vie de tout les jours, pas beaucoup mieux qu’elle dans une série aux fondements techniques plus douteux !
Je me suis noté deux commentaires rapides :
Vous citez rapidement le jeu 2048. Il me semble qu’il est intéressant à analyser dans la mesure où l’association en puissances de deux intervient là comme une méthode de densification, un peu tout le contraire d’une explosion exponentielle, et plutôt à rapprocher de la loi de Moore. Quel est votre avis sur le sujet ? De manière générale, la loi de Moore (et ses dérivés) est traitée un peu vite à mon goût (sans doute déformation professionnelle, puisque je suis ingénieur). Peut-être devrais-je consulter les liens que vous avez indiqués avant de faire ce commentaire, mais il me semble que du coup le livre penche beaucoup du côté de la peur… mais bon, c’est son titre ! Prévoyez-vous du coup un autre opus sur le côté positif ? 🙂
Et plus rapide : étant également musicien, je me suis étonné que votre partie sur les « lunettes logarithmiques » (très intéressante par ailleurs), ne mentionne pas un clavier de piano, exemple connu de tous de transformation : de la suite géométrique des fréquences en la suite linéaire des touches.
Bravo en tout cas,
Bonne continuation à vous
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup de votre compte-rendu. Je ne me souvenais pas de Sam Carter !…
Pour 2048, je n’ai pas vraiment réfléchi, mais votre idée me semble intéressante. Il faudrait voir ce qu’en pensent les connaisseurs du jeu (qui, d’ailleurs, est peut-être déjà démodé).
Le côté « rêve d’abondance » de l’exponentielle mis en scène par la loi de Moore fait que j’ai choisi de ne pas trop en parler, effectivement parce que le sujet était d’abord la peur. Mais on pourrait sûrement creuser davantage. (La même chose peut être dite sur la DÉcroissance exponentielle, qui mériterait elle aussi un livre entier.)
L’exemple du piano : je n’y ai même pas pensé, alors que j’ai écris plusieurs fois sur la question. Comme quoi on oublie toujours quelque chose… Je vais me consoler en me disant que le fait que les fréquences progressent géométriquement n’a peut-être pas beaucoup d’incidence sur les représentations sociales de l’exponentielle.
Encore tous mes remerciements.
J’aimeJ’aime
Mickaël Launay parle des très grand nombre ici : https://www.youtube.com/watch?v=oqMYAVV-hsA
Il parle brièvement de l’histoire de Sissa à partir de la 2e minute.
Il indique que le nombre de grains de riz sur l’échiquier est grand mais… pas tant que ça. Même sa présentation des puissances itérées de Knuth et du nombre de Graham n’invite pas le spectateur à renoncer à toute tentative de comprendre ou de se représenter ces nombres. Ce n’est que dans les dernières secondes de la vidéos qu’il parle des « nombres inaccessibles », ceux qui sont bien au-delà du nombre de Graham.
J’aimeJ’aime
C’est avec un grand plaisir que j’ai lu votre livre, « La peur exponentielle ». J’ai beaucoup aimé les notes bibliographiques complètes et commentées. J’ai trouvé dans ce livre de nombreuses idées, de nombreux concepts forts intéressants. Voici quelques exemples : la version des deux nénuphars de Gaston Boucheny, la notion de surfini, le fait que P n’est pas un invariant par affinité, l’exponentielle à base variable, la virgule glissante, etc.
J’aime aussi le style et l’humour… bref, je l’ai dévoré !
Petites remarques sans gande importance : page 264: un grain qui donne 42 épis, ça fait beaucoup, non ? Page 374, 7e ligne, « … l’erreur d’assimiler le surfini au fin, … », il manque un « i » non ?
J’aimeJ’aime
Merci, cher Tom, de votre mot.
Pour les 42 épis de la page 264, je viens d’aller vérifier (la référence se trouve sur Gallica), l aphrase est sans ambiguïté : « L’année suivante, je vois entrer chez moi le père Jamet, mon ancien interlocuteur, me présentant une touffe de blé portant quarante-deux épis sortis du grain de blé que je lui avais confié l’an passé. » Et c’est paru dans le n°1 de la revue « L’Agriculture comme source de richesse » !…
Pour la coquille page 374, je plaide coupable. Le genre de coquille indétectable par un correcteur d’orthographe, grrrr…
J’aimeJ’aime
Pour les commentaires de lecture (tous bienvenus), je viens de créer une page : https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/livre-dor-de-la-peur-exponentielle/
Je viens d’y copier les commentaires de Thibaud et de Tom, que je remercie une nouvelle fois.
J’aimeJ’aime
Ping : Climathon, semaine 18 : l’arme de propagande massive | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Exponentielle symbolique et « tipping point | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 18 : l’arme de propagande massive | Contrepoints
Ping : Les peurs exponentielles du jour | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Obésité, Internet : les peurs exponentielles du jour | Contrepoints
Ping : L’exponentielle optimiste | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Premier cas de censure de « La Peur exponentielle | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Peur exponentielle du jour : la biodiversité | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Les climato-sceptiques ne sont pas les bienvenus sur Radio France | Contrepoints
Ping : Peur exponentielle du jour : la biodiversité | Contrepoints
Ping : Climathon, semaine 24 : socle commun de propagande | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 25 : le climat reconnaîtra les siens | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 25 : le climat reconnaîtra les siens | Contrepoints
Ping : Un p’tit tour sur Amazon | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 27 : la dérèglementation climatique | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Les exponentielles apocryphes | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 27 : la dérèglementation climatique | Contrepoints
Une intéressante idée que cette peur de l’exponentielle ! La loi de Moore citée plus haut dans les commentaires est un célèbre exemple de loi exponentielle empirique, et je suis vraiment étonné que vous ne l’ayez pas approfondie davantage dans la mesure où cette « loi » est la source d’une inquiétude grandissante dans le milieu scientifique : le danger pour l’humanité que représenterait le développement des intelligences.
Stephen Hawking et Bill Gates, parmi d’autres, ont récemment exprimé leur peur à ce sujet. Ce sont des personnalités respectables qui méritent d’être écoutées je pense 🙂
Pour résumer, la loi de Moore serait responsable dans un futur proche d’une explosion de la capacité de calcul mondiale. Cette explosion pourrait donner naissance à une nouvelle forme inédite d’intelligence artificielle, une sorte de « super IA ». Le grand danger serait que la première « super IA » s’emballe en tentant de faire de mieux en mieux la tâche pour laquelle elle a été programmée (une IA, même complexe, restant un programme informatique dédié à une tâche et un périmètre donné, et conçu pour s’auto-améliorer). Cet emballement à réaliser sa tâche pourrait amener cette super IA à prendre une décision radicale, celle de supprimer l’humanité. Il faut bien comprendre que dans cette hypothèse, cette super IA ne prend pas « conscience » soudainement, ou ne fait pas preuve d’une « intelligence démoniaque » : elle reste un programme informatique, mais qui est simplement redoutablement efficace.
J’ai récemment lu un article sur le sujet qui présente les points de vue de plusieurs experts actuels en intelligence artificielle. Certes, l’article (en anglais) est un peu long et n’est pas écrit par un scientifique, mais il a le mérite de présenter assez clairement les concepts. Je n’ai pas eu l’impression de perdre mon temps en le lisant : http://waitbutwhy.com/2015/01/artificial-intelligence-revolution-1.html
Bien sûr, cela reste aujourd’hui une hypothèse, mais quelle peur serait plus grande que la disparition pure et simple de l’humanité ?
J’aimeJ’aime
Cher Fiat Lux, avec ce que vous me dites, je me rends compte en effet que j’aurais dû approfondir la loi de Moore. Les propos que vous rapportez suggèrent la naissance d’une façon originale d’avoir peur de l’exponentielle : non pas en association avec l’étroitesse du monde, mais avec l’étroitesse de la condition humaine. Sans doute un gros travail à mener.
J’aimeJ’aime
Oui sans doute. Concernant la loi de Moore, je pense clairement qu’elle a certes été vérifiée jusqu’à présent, mais elle ne sera certainement pas éternelle : à mon sens l’augmentation de la puissance de calcul peut tout à fait ralentir ces prochaines années/décennies, pour des raisons physiques (la course à la finesse de gravure des processeurs arrive à sa fin) ou encore économiques (les coûts de production peuvent eux aussi augmenter exponentiellement !)
Les peurs fondées sur la loi de Moore peuvent donc être raisonnées je trouve, ce qui n’empêche pas de rester vigilant sur certains aspects comme les dangers potentiels de IA vu que celles-ci se développent de plus en plus. A suivre ces prochaines années.
J’aimeJ’aime
Ping : Climathon, semaine 35 : la Révolution est en marche | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 38 : l’art climatologique | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Autour de « La Peur exponentielle | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : L’exponentielle dans « Tangente | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climathon, semaine 40 : à travers les éléments (et la presse) déchaînés | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : « La Peur exponentielle en tête des ventes Amazon pour les mathématiques | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Désormais, la peur exponentielle s’enseigne | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Climat et santé | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Cécile Duflot ou le carbocentrisme constitutionnel | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : La nouvelle exponentielle de Nicolas Sarkozy | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : BREAKING NEWS : Nicolas Sarkozy se déclare climatosceptique ! | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Sur la primaire de l’écologie | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Le livre mystère : première partie | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Sur la primaire citoyenne | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Migrants et peur exponentielle | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Un épisode de peur exponentielle frappe 15 364 scientifiques | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Pierre blanche | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : « Flash Talk ou la désinvitation invisible | «Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Encore l’exponentielle | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Retour sur la Contre-COP24 | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : La peur exponentielle de Jean-Luc Mélenchon | Mythes, Mancies & Mathématiques
Ping : Coronavirus : quelle ampleur pour l'épidémie ? | Mythes, Mancies & Mathématiques